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Archive for septembre 2015

Ce matin là n’était pas ordinaire, elle allait être opérée. Son cœur flanchant faisait trop de ratés, alors le chirurgien, l’Ankou dans l’âme, décida de l’opération. Une arithmétique douce, enveloppée de coton. Il fallait revoir tout le paysage thoracique, à commencer par le vocabulaire, la tournure des battements, le rythme qui le scande. L’opération risquait de durer un peu, l’anesthésiste procéda à la perfusion hypnotique. Plusieurs étapes furent respectées. La première étant sa plongée immédiate dans un coma artificiel. Puis vint le moment d’inciser. Plan dermique, plan musculaire, plan osseux. Enfin, le cœur fut visible. Il palpitait. Il y avait tout un réseau de vaisseaux qui dessinaient comme un visage, celui d’une vie. Mais la vie n’a pas qu’un seul visage, elle est à traits multiples. En saisir l’essence n’est que traits fugaces, changeants. Malgré ce, débouchant en direction de l’aorte, le vaisseau de la détermination, bien dessiné, évoque l’idée de choix, de mises à l’épreuve, d’expérimentations, de vision essentielle d’une direction inaltérable. Ce vaisseau là est pourtant raccommodé par endroit, fragile et solide à la fois. Il est constitué d’une synthèse de multitude de déductions, d’introspections, d’options élues, pesées, digérées, disséquées avant que d’être intégrées. Il se laisse remanier, malaxer, désorienter mais reprend toujours son sens, sa direction, car en somme, il est vital. Intermédiaire à sa connexion électrique se trouve le point « E », où siège l’émotion. A la sollicitation, sa luminosité passe du rougeoiement diffus aux éclairs vifs, de l’extinction totale à la noirceur des mines éteintes. On voit bien que toutes les pièces sont en relation les unes avec les autres, dans une intrication complexe, mouvante et variable. Mais l’ensemble laisse deviner une cohérence, une harmonie, un équilibre. Les maillages se serrent et se desserrent au rythme des battements. Une fois dégagé de la gangue thoracique, l’organe est déposé au creux de la main gauche, où il attendra, tranquille, la main du cœur complémentaire, celle qui saura refondre les ratages, celle qui a déjà commencé à voir, celle qui saura composer une symphonie existentielle. Une symphonie à la mesure de simples mortels. Rien de bien phénoménal, et pourtant, tout d’extraordinaire. C’est comme jardiner, et pourtant comme traverser une galaxie, à la fois simple et pourtant compliqué. Comme le visage de la vie.

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Quand l’orthographe déraille, le pêcheur de vocabulaire rattrape le chemin de ligne au fil de l’onde. Il a des appâts en mots velours, en mots coton, en mots de plume, et le style se ramène au plus près du sens large, de la nuance ourlée comme un point de feston. Il entrouvre l’horizon d’un poisson de fortune. La ligne n’est jamais tendue, ni prête à rompre, elle se fait souple et dansante, ondule en chatoiements diffus, flotte à la surface de l’onde formulée à l’encre bleue irisée des mots velours, des mots coton, des mots de plume, en duvet de fortune.
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C’était une nuit de lune noire, ma vessie pleine me tira du sommeil, et la paresse me porta à ne pas mobiliser l’interrupteur. Je traversai donc la chambre à tâtons et pof, soudain, ma tête heurte l’angle brut de la porte. La douleur, pas trop lancinante, mais bien plutôt sourde, me permit de me rendormir malgré tout.
Le lendemain, alertée par une fâcheuse migraine, je décidai de consulter. Mon médecin préconisa une radio. Le service de l’hôpital me reçut sans rendez-vous. Le manipulateur m’installa en salle, clicha face, trois-quart, profil, puis me fit attendre.
Derrière le pupitre, la secrétaire ne cessait son incessante activité. Appels téléphoniques, accueil du public, travail au clavier, etc.
Un homme s’approche d’elle, se penche à son oreille, lui chuchote quelque chose. Elle lève les yeux, prononce mon nom . Je me lève, m’approche.
– Le radiologue va vous recevoir.
Elle m’indique un bureau.
Guère rassurée, j’entre. Le radiologue m’invite à m’asseoir.
– Vous avez une fracture frontalière, madame. C’est extrêmement rare mais le plus étonnant, c’est qu’elle s’est constituée sur une ancienne fracture, regardez ! C’est une sacrée belle fracture !
Il me montre les clichés.
– Là, ce sont les cals. Vous avez du vous fracturer lorsque vous étiez enfant.
– Et là, regardez, celle d’hier suit très exactement la ligne de faille historique.
– Et que faut-il faire ?
– Et bien, soit vous profitez de cette ouverture pour aérer vos méninges, soit le professeur Joyandrie vous opère. Auquel cas, il procédera à l’ablation du cal.
– Et que me conseillez-vous ?
– La première solution, madame ! C’est toujours celle qui a le plus de succès car elle donne des résultats plus que surprenants.
– Très bien, alors ce sera la première solution. Restons-en là ! Merci monsieur.
– Au revoir madame.
Et je rentrai chez moi, clichés sous le bras, méninges à l’air.
Quelle ne fut pas ma surprise, le lendemain matin au réveil, de trouver sur mon oreiller pêle-mêle mon cerveau, mes yeux, nerfs emmêlés. Ma boite crânienne s’était ouverte durant mon sommeil, et tout le bazar qui l’occupait habituellement se trouvait dispersé là, sur mon oreiller. Il me fallut bien une bonne heure pour tout remettre en place. Démêler du nerf sans les léser s’avéra être une opération délicate, mais je n’avais pas l’intention de faire de quelconques dégâts. Une fois tout remis en place, je téléphonai à mon médecin généraliste et lui contai l’anecdote. Il me conseilla de voir avec le professeur Joyandrie l’opportunité ou pas d’une intervention, puisque l’ouverture de la boite crânienne risquait encore de se reproduire.
Ce que je fis.
C’était un homme au calme olympien, lunettes campées au bout du nez, ce qui l’obligeait à relever le nez pour regarder à travers ses verres.
– Je vois, dit-il.
– Vous pensez pouvoir arranger ça, professeur ?
– Il va falloir tout ressortir, vous avez bien travaillé, chère madame, mais l’œil droit est dans l’orbite gauche et le gauche est dans l’orbite droit. Vous n’êtes pas gênée à la vision ?
Je réalisais soudain que les bords du champ visuel semblaient flous.
– Si, en effet.
– Nous allons placer des clips de fermeture, afin de vous éviter tout nouveau désagrément à l’avenir.
– Et ça va se voir ?
– Non, c’est tout à fait invisible. Vous avez le cheveux dru, n’ayez aucune inquiétude.
C’est ainsi que je me retrouvai équipée de clips, à la façon d’une valise ancienne.
Ce dispositif me permit d’ouvrir et de fermer à ma guise ma boite crânienne afin d’aérer les méninges lorsque j’en ressentais la nécessité.
J’évite tout de même de ne pas allumer la lumière les nuits de lune noire lorsqu’éveillée par ma vessie pleine je dois me lever pour aller la vider. Afin de ne pas fracturer davantage les os de mon crâne. Et lorsque par mégarde les clips restent ouverts la nuit et que le contenu de ma boite crânienne se retrouve pêle-mêle sur l’oreiller le lendemain matin, le professeur Joyandrie me replace tout ça en bon ordre, tout en me conseillant d’être un peu moins distraite.
Moi j’aime bien aller le voir de temps en temps, son regard doux, peut-être, alors je fais semblant d’oublier ses recommandations en laissant les clips ouverts. A chaque fois, la disposition des organes n’étant pas tout à fait la même, mes perceptions s’en trouvent modifiées. Et c’est ainsi, de découvertes en découvertes, que le contenu de ma boite crânienne s’ajuste à plus de précision dans l’écoute, la vue, la compréhension, le goût ou l’odorat.
Ma vie s’en trouve enrichie.
Je ne saurais trop conseiller la fracture frontalière sur cal ancien à tous ceux qui en souhaiteraient les bienfaits. Souvenez-vous, les nuits de lune noire, éveillés par une vessie pleine, de ne pas actionner l’interrupteur de votre lampe de chevet. Prenez la porte dans l’angle obtus. Laissez agir. Et consultez.

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Remous bastingue

A perte de pieds, les fonds sonores rebondissent et ramènent en surface les naufragés ruisselants à petits coups d’empreintes, pour que les sonars transmettent et circulent à nouveau. Ces petites traces agissent, activent, dissipent, ravivent la couleur. Un paquebot revient à la surface, une croisière reprend, une baleine respire ces vents du large qui sèchent les passagers. Sur le pont, l’orchestre reprend le concert, les danseurs s’élancent à nouveau sur la piste. La noyade était passagère. Ce n’était qu’un cauchemar sans fond, cloisonné dans une soute obscure. Au bout d’un fil électrique, une ampoule se balance aux battements du ressac, et la porte est ouverte. Toute traversée comprend ses abysses, l’expédition reprend son cours mais cette fois avec un rythme plus mesuré, plus posé. Posé sur une houle qui ne cesse ses remous, entraînant l’embarcation d’un courant fluide aux reflets bleus azur. C’était un mauvais rêve, un curieux remous nécessaire.
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Il est farté de mille lumières,
Et ce n’est pas perlinpinpinner que de le dire.
Dans ses yeux clignent des éclairs,
Lamés de joies pour construire l’avenir.
Il a le temps, il prend son temps,
Aussi orange que dans la jungle un orang-outan.
Il est long, le temps,
Le temps de l’œil clair,
Il n’en finit plus le sang,
Le sang du somnifère,
Il se rattrape aux branches douces,
Que lui tendait Marie-Minouche.
Il rêvasse bleu de temps en temps,
Sirote une boisson de marais,
Fait l’étoile sur son grand écran,
Retourne un peu se mettre au frais.
Il écorche jusqu’au souvenir,
Etale un peu les grands draps blancs,
Déclare que le bel avenir,
Sera une baleine d’océan,
Aux fanons blancs en éventail,
Comme au creux d’une rose les pétales.

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Pas de publicité pour le groignificat, le bonbon la pie qui chante le plus classique qui soit, avec son feuilleté prâliné mou et son enrobage de caramel dur.
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Elle chante en noir et blanc,
Avec des reflets bleus-argent,
Glaciale en menthe poivrée,
Sur pics d’icebergs gelés,
Et puis en régalade,
Le caramel de ruade,
Pie qui chante Al Canto,
Sous les zèles des préaux.
L’écrit papier froissé,
Ne cesse de se déployer,
Mais sans publicité,
Pour le bonbon aimé.

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On m'appelle Tamanoir.
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« On m’appelle Tamanoir » De Christine Nöstlinger.
Médium poche septembre 1988

Résumé :
Le tamanoir est un mammifère qui se nourrit de fourmis. Chacun ses goûts. Thesi préfère les gâteaux. Et son surnom de Tamanoir, c’est à son physique qu’elle le doit: son nez (qui pointe) et son menton (qui fuit) la font ressembler à l’animal en question. Thesi a malheureusement hérité la tête de son père. En outre elle plaît aux profs : c’est un crime grave. La classe se déchaîne. Thesi devient l’ennemi publique numéro 1. Et comme un ennui n’arrive jamais seul, voilà que débarque le garçon à qui elle a envoyé sa photo – ou plutôt, ce qu’elle a fait passer pour sa photo. Ah, vraiment, il tombe bien, celui-là !

Critiques, analyses et avis (Babelio) :

Thési, l’héroïne de ce livre pour jeunes ados, doit son surnom à son physique (menton fuyant et nez proéminent) qui la font ressembler à un tamanoir. Pour ajouter à son calvaire, elle est une très bonne élève et les profs l’adorent. il n’en fallait pas plus pour que ses petits camarades se déchaînent sur elle. Très bien écrit et tout en finesse, ce roman qui s’adresse plus particulièrement aux jeunes filles entre 9 et 14 ans, décrit avec justesse le quotidien d’une ado complexée et mal aimée en quête de reconnaissance et d’expériences.


Extraits de « On m’appelle Tamanoir » De Christine Nöstlinger.
Médium poche

– Camarades, dit-il, nous passons à l’offensive ! Si la carpe doit continuer à postillonner, nous devons nous défendre ! Nous avons fabriqué un modèle de bouclier pendant l’heure d’anglais !
Il se pencha vers Bigi qui lui tendit une chose bizarre, faite d’un morceau de plastique transparent et d’un crayon à papier. Le plastique était coupé en forme de bouclier, à peu près de la taille d’un visage. Le côté pointu était collé au crayon autour duquel on avait enroulé du fil afin d’avoir une meilleure prise. Charlie s’écria :
– C’est l’invention de la saison ! Le premier et unique bouclier anti-postillons ! Efficacité garantie !
Il se mit le bouclier devant le visage.
– Voilà comment au prochain cours d’allemand, les deux premiers rangs défendront leur joli teint frais contre l’arrosage systématique de la Carpe !
Un enthousiasme formidable déferla sur la classe. On admira l’étrange bouclier, on applaudit, on s’extasia de la construction simple et astucieuse de l’objet.
– Mais attention, camarades, cria Bigi, l’action doit être menée de façon massive et sans défection ! Personne ne doit se défiler ! C’est clair ?
Elle regarda fixement Thési qui rougit.
– Notre tamanoir aurait-il des scrupules ? Demanda Bigi en lançant à Thési une gomme qui l’atteignit à l’oreille gauche.

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Dans le jardin potager d’Emilie, les légumes sont nombreux, ordonnés en rangs d’oignons, prêts à être cueillis. Un arrachage de mauvaise herbe par ci, un arrosage par là, Emilie sectionne, sarcle, paille, bine, bref, elle jardine selon une méthode ancestrale héritée de ses parents.
Au fond de la cour aux poules, le clapier.
Des caquètements au poulailler ! Le renard a mis la patte au clapier, il entre !
Que faire sinon caqueter pour alerter ! Les poules s’égaillent dans tous les sens, quelle indécence !
Le renard, imperturbable, croque le lapin au clapier puis repart, assouvi. Fier de lui.
Les poules caquettent de plus belle.
L’agneau dans la bergerie bêle.
C’est l’affolement général et Emilie, au fond du jardin, n’entend rien.
Il faudra lui faire un dessin s’écrie le coq, le renard a croqué le lapin, l’agneau bêle, les poules en sont bêtes. Elles cherchent encore le lapin mort.
Mais le clapier est bel et bien vide.
Mais qu’est-ce donc qui affame autant le renard ? Et qu’est-ce donc qui affole autant la poulaillerie ? C’est que l’agneau bêlait au fond de la bergerie.
Et Emilie qui n’entend rien !

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Déconditionnement

L'impermanence n'est pas un rêve

Démonter les processus du passé
Seuls ou bien même accompagnés,
Voici un programme qui me plait.
Reconditionner la nature
A autre choses que la blessure,
C’est comme un bonheur qui murmure
A l’oreille du vers bleu de lune
Sans savoir s’il a ta tribune.
J’ai bien reçu toute la teneur
D’un message de lumière du cœur,
Et me ravis de l’avenir
S’il se met enfin à construire.
C’est en réalisant le rêve
Que l’enthousiasme se soulève.
Existe-t-il un mode d’emploi ?
Entre nous ça je ne crois pas.
Peut-être quelques règles de base
Etablies d’un commun usage,
J’y déposerai ma confiance,
La pratique de belle élégance.
Même les paroles de leur prudence,
Viennent rejoindre la renaissance.
L’inconnu est à découvrir,
Et les barrages sont à franchir,
Tout vient à point qui sait attendre,
Donne ce temps pour réapprendre.
J’attends le jour à me surprendre,
Ne voyant pas comment m’y prendre.

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bouteille_011-2
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Depuis quelques jours, et sans que cela ne se rétablisse spontanément, wordpress m’ampute d’une partie de mes pouvoirs, comme celui par exemple d’avoir accès au bandeau défilant des commentaires, permettant d’aller cliquer j’aime sur ceux-ci, ainsi que celui d’aller cliquer j’aime sur les articles des autochtones que je fréquente assidûment.
C’est pourquoi, ivre de colère et de frustration, je m’élève contre cette charcuterie tuerie pour demander aide à qui veut bien l’entendre.
A qui dois-écrire, qui dois-je aller enguirlander ?
A quelle adresse ?
Et à quelle heure ?
Finalement, avec quelle arme du crime ?
Si quelqu’un peut m’aider, je lui ferai gracieusement mon plus beau sourire. Et lui vouerai une gratitude définitive et inextinguible.
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Sos-Pig

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