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Archive for mars 2016

Le thème de la semaine aux impromptus littéraires nous propose d’écrire soit le premier chapitre, soit le dernier d’un ouvrage dont le titre est au choix parmi ceux cités ci-dessous.


La pluie, incertaine
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L’oblique des sentiments.
L’étrange aventure du nain Sielbermann.
Une aube au coin des doutes.
Les catastrophes sereines.
A ne plus pouvoir te dire.
Ton nom dans ma main.
Un soir, allongés.
Une camisole de farce.
La raideur des oublis.

Je me suis employée à utiliser tous les titres dans le début de l’histoire pour n’en garder qu’un seul ensuite.

Ce n’est pas le poète qui fait l’homme, mais c’est l’homme qui fait le poète.

La pluie, incertaine, déposait ses perles d’eau aux cils effrangés du bouleau, laissant pleurer goutte à goutte les chatons soyeux suspendus aux feuilles dentelées. C’était le début du jour, l’œil collé à la vitre de la cuisine, j’écoutais le refrain de la cafetière qui entonnait vigoureusement ses râles glougloutants, et plongé dans l’oblique des sentiments, mon esprit divaguait de raideurs d’oublis en songes flexibles du souvenir, à ne plus pouvoir te dire combien d’heures à parcourir, de catastrophes sereines cet amour traversera encore pour voir le chant des abeilles retourner les ruches en jachère. C’était une aube au coin des doutes, une de ces aurores sauvage où vient ruer l’imaginaire, renversant d’une cabrade la camisole de farce du passé. Le café était prêt, j’ai versé le breuvage aromatique dans la jolie tasse en porcelaine chinoise décorée d’ombres bleu nuit, comme les nuages d’un soir, allongés sur fond d’azur, et j’en ai dégusté toute la saveur en fermant les yeux. Lorsque je les ai rouverts, j’avais ton nom dans ma main, et ma main contenait toute la douceur de vivre, la pluie pouvait être incertaine, j’avais la certitude d’une chose. L’apparence n’est crue que pour celui qui ne vient pas à la rencontre. Alors, j’ai repensé à l’étrange aventure du nain Sielbermann, une histoire vraie qui avait bercé mon enfance, puisqu’il était mon voisin et me la racontait souvent, et je l’ai réécrite.

L’étrange aventure du nain Sielbermann

Sielbermann avait grandi dans une famille aimante, raison pour laquelle il avait refusé de grandir, ne souhaitant pas quitter le nid. Ses parents tentèrent mille stratégies pour tenter de l’en dissuader, rien n’y fit. Le temps passait, et malgré sa petite taille, Sielbermann était capable de très grandes choses, comme grimper au sommet d’un arbre pour aller décrocher le chat quand il se prenait pour un oiseau, ou encore fabriquer des cabanes dans les bois pour que les marcheurs perdus puissent se reposer. De temps en temps, quand l’envie le prenait, il allait à l’école du village équipé d’un cartable et de cahiers à carreaux seyes, détail qui prend toute son importance quand on sait qu’il écrivait gros. Le jeudi était son jour préféré, un professeur de la ville venait donner des cours de poésie, pour laquelle il se prit de passion.
Il remplissait des pages et des pages de rimes, cherchant cet ajustement parfait, comme une clef qui ouvrirait sur l’espace intérieur, tout en lançant des ponts vers les autres. Ses camarades de classe se moquaient de sa petite taille, le chahutant parfois, jusqu’au jour où l’un d’eux pour le taquiner lui prit un de ses cahiers et l’ouvrit. Croyant y trouver les cours de mathématique du jour, il fut bien surpris de lire des vers, des poèmes, des notes en tout genre. Comme il les trouvait jolis, il demanda à Sielbermann qui pouvait bien écrire tout ça, bien qu’il ait reconnu l’écriture, il pensait que le nain avait peut-être recopié des bribes dans un livre. Sa réponse le surprit un peu :
– c’est moi, et ce n’est pas moi, lui dit-il. C’est moi qui ressens ce quelque chose qui me pousse à écrire, et ensuite c’est comme si ma plume elle-même se chargeait de l’écrire seule. Parfois elle s’absente, alors je n’écris plus rien. Parfois mon esprit s’embrouille, ou flotte, ou encore, est sous l’emprise d’émotions envahissantes, alors j’attends que des deux côtés tout le monde soit prêt, et quand je sens que c’est là, je m’assois à mon bureau et je laisse la plume gratter le papier et suivre mes idées. J’ai presque envie de dire que ce sont plusieurs « moi » qui m’habitent, des « moi » dans tous leurs états, dans tous leurs états d’émois. Lorsque la plume épouse leurs contours, j’en perçois mieux leur nature.
– Par exemple, lorsque j’ai voulu savoir pourquoi j’aimais autant les coquelicots, je me suis assis devant l’un de ses représentants et j’ai pensé à ce qui me faisait tant plaisir à le regarder. J’ai observé la finesse des pétales, les nuances de couleur, la force de vie qui s’en dégage.
Et je lui ai dit

Le temps dissémine tes graines,
Puisque le talus tu entraînes,
Dans l’escalade de ta couleur,
C’est un vrai tapis de bonheur,
Qui jaillit en plein moi de mai,
De ton rouge rare de densité.
Aussi fragiles soient tes pétales,
Ils ont cette force colossale,
De teinter la bordure des champs,
Du pourpre qui colore mes traits,
Pour peu que l’émoi l’y transporte.
Si parfois la gène l’emporte,
La joie oserait s’y frotter,
La liesse dit oui tranquillement.

A la suite de cet épisode, Sielbermann décida que ses poèmes seraient disséminés comme des graines de coquelicot. Il rentra donc chez lui, annonça son départ à ses parents, qui, heureux de le voir prendre son envol, l’encouragèrent dans sa démarche.
Le premier éditeur qui le reçut à la capitale fut très enthousiaste, il organisa des interviews puis l’invita à rencontrer d’autres auteurs, à participer à des salons, des festivals. Tout ceci était fort agréable, il voyageait, passait des soirées dans les milieux en vogue, jusqu’au jour où il se rendit compte qu’il n’avait plus rien écrit depuis bientôt deux ans. Toute cette vie en société, toute cette agitation, ne lui permettaient plus de prendre le temps de goûter, de sentir, de réfléchir, et il se rendit compte que le calme d’un environnement paisible et affectueux lui manquait.
Lorsqu’il annonça à son éditeur sa décision de rentrer chez lui, ce dernier ne le prit tout d’abord pas très au sérieux. Le chiffre des ventes allait en souffrir. Puis, quand il comprit que le choix était irrévocable, il tenta toutes les manœuvres possibles pour l’en dissuader, mais sans succès. Le nain avait compris que toute l’agitation superficielle de la popularité ne remplacerait jamais la tranquille lenteur des instants simples, solitaires ou partagés, entouré de l’affection des personnes aimées. Aller à la rencontre demande du temps, et lui, il en voulait, il en avait, et ne s’en privait plus.
Depuis, sa poésie continue à fleurir les rayons de ventes à succès, il avait recouvert son talus de coquelicots, et pouvait regarder fleurir le tapis rouge sans plus aucune gène, pour lui, c’était ça, le bonheur. Il aimait prendre son temps, sans tapage, sans éparpillement. Et le bien être qu’il en retirait le confortait dans son choix.
Il n’est nullement nécessaire de vivre dans la promiscuité pour qu’une réelle amitié se construise. Juste dans des partages authentiques, échanger la chaleur humaine, savoir que l’absence n’est pas vide, cela suffit à éclairer les cœurs.

 

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Imaginons un point « A » situé dans l’espace. Puis un point « B » situé dans le temps.
Supposons que je sois présente dans « A », pendant que dans « B » tu voyages.
Est-il possible que ces deux points se rencontrent ?
Auquel cas ils formeraient le point « AB » d’intersection à la jonction de l’espace et du temps.
Il ne reste plus qu’à choisir, toi, l’instant, moi, l’endroit, pour ouvrir ce point sur le jardin d’AB.

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A partir de rien autant aller nulle part.
Broyer du blanc de sentiment, c’est de l’art,
J’en fais un tableau de Mozart,
Un bijou de pluie du hasard,
Je te saute au cou du regard,
Et dans ton baiser je m’égare.
Tes mains attrapent mes coins épars,
Et me rassemblent, mais quel bazar,
Je suis sens dessus dessous, c’est bizarre,
Quel drôle de vide ce tintamarre,
Mon cœur qui bat en gyrophare,
Vient de tomber comme un pulsar,
Dans le grand bonheur de te voir.

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L’écriture en cuisine me fait toujours un effet dégustatif certain, aussi j’ai repris les mots proposés par les impromptus littéraires (semaine du 7 au 13 mars 2016) pour composer une poésie.
Les mots à utiliser sont :

Glacer, lier, blanchir, napper, julienne, crème, assaisonner, barder, cuire, tamiser.

Il a mis les mots à blanchir,
Dans un doux bouillon frissonnant,
Puis il a nappé de désir,
La parole sans débordements.

Jamais de phrases assaisonnées,
Il n’a lié le plat céleste,
Qui réunissait le pâté,
Et l’ingrédient de la tendresse.

Mais moi la joie me tamisait,
Tant de finesse il a usé,
Et de transports il saupoudrait,
La crème de l’art du velouté.

A faire cuire ainsi la gaîté,
Il dispersait l’encre glacée,
Sur la julienne de ses idées,
Pour en faire un texte bardé,
De formules si subliminales,
Que suspendue à son journal,
Je me balançais aux étoiles.

 

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De sonnerie résolue, sûre et coupante, il entaille la traîne de la nuit, brisant un rêve au passage. Quelques débris s’éparpillent au sol. Sous le choc, le regard hébété vient s’écraser au plafond, y déposant une coulures humides, restes de sécrétions à hydrater les songes. Chaque matin accumulé a fini par peindre un paysage de carillon, vagues diffuses, brumes fluides, perles de sommeil encore ruisselantes d’inertie au plafond des desseins du jour. Il paraît que le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt. Ceci dit, l’instinct de possession du dormeur s’émousse parfois sur le champ pierreux du temps qui passe, le monde peut bien appartenir à qui veut, lui, c’est le matin qui le prend, le chahute, le soulève.
Alors, émergeant des coulisses de la couette, un bras, terminé d’une main aux doigts prompts, fait taire la sonnerie. Ouf ! Lui susurrent les oreilles. Sa bouche ébauche un bâillement discret, tout le corps s’étire, lentement, paresseusement, une jambe après l’autre, et ses deux paupières prêtes à se refermer sont vite rappelées à l’ordre par le cerveau émettant une pensée tonique. Café !
Le dormeur n’est déjà plus qu’un souvenir, cette fois, bien réveillé, l’œil vif, il court de la cuisine à la salle de bain, un coup de chauffage, une dégoulinade d’eau bien chaude, il s’ébroue, se sèche, saute dans ses vêtements, déguste le breuvage amer. Sa montre indique l’heure de partir.
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Chaque année les mois s’effilochent en jours qui passent, brins de coton tirés du nuage un à un, tranches de vie empilées sur le socle du calendrier, saucissonnées de saisons, bardées de fins de semaines, de fines lanières de week-end trop vite englouties. Ici et là quelques miettes de mardi jonchent la première seconde de mercredi, jeudi court déjà devant, « rien » ne s’essouffle jamais.
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Pourtant, ce matin, « rien » n’est pas comme d’habitude. Son air paraît plus limpide, les couleurs de la ville plus vives. Aujourd’hui tout est différent.
Aujourd’hui, la poigne du destin s’est saisi de la direction du marcheur, qui accélère le pas. Pour se rendre à son travail, il emprunte la ligne 11 à la station Châtelet. Et se trompe de ligne.
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Métro poésie
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Voici le témoignage du marcheur :
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« Qui s’endort dans le métro se réveille poète*
* Proverbe somnambule des laboratoires Boris Vian ».
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Un jour, alors que je travaillais la rime, l’une d’elle se planta devant moi et me dit :
– La poésie, c’est comme la pêche, tu envoies une ligne et tu ne sais jamais si le poisson va mordre ou si l’appât se fera bouffer sans rien ramener, tout est dans le choix de la plume !
Après un instant de surprise, je réfléchis à ce que m’avais dit Jean Sol Partres, qui pensait que la poésie c’est comme la cuisine. Plus on la pratique, plus le plat est bon.
La rime reprit d’un ton badin :
– Si tu veux me faire blanchir, tourne sept fois ta plume dans l’encrier, tamise un peu les mots, fait les cuire à l’humeur du jour, et nappe la feuille de papier avec.
– Mais si tu veux en faire une crème, lie les syllabes en alexandrins, barde les de strophes pas trop grasses, assaisonne d’assonances, glace le tout d’un bon rythme, et attends.
J’ai regardé la rime plantée devant moi en me disant :
– Elle lit dans mes pensées, c’est pas possible.
La rime sourit.
– Réveille toi, je suis dans ton cerveau, c’est moi qui fait pousser du vers libre, de la julienne d’allitération, de la compote phonétique. Envoie ta plume, je vais voir ce qui me reste en cale, la pêche a été bonne cette nuit.
C’est comme ça qu’un jour, alors que je travaillais la rime, ma plume s’est mise à courir sur le papier sans que je pu l’en empêcher. Je me suis dit qu’à transpirer comme ça, elle finirait par faire des pâtés d’encre sur la feuille, c’est poétique un pâté, mais bon, j’étais tout de même prêt à sortir mon buvard au cas où, quand une rime se planta droite devant moi et me dit ainsi :
– Viens donc te faire les muscles avec moi, en compétition avec la prose, on a des chances de gagner la course et de monter sur le podium.
J’ai remis le papier d’aplomb pour que la ligne revienne à l’horizontale.
– Couchée, la rime ! Tu n’es pas censée m’adresser la parole, ni être athlète, tu n’es pas une bête de concours la belle, essaye juste de faire rêver le lecteur.
– C’est ballot, ma souplesse n’est plus ce qu’elle était, mes figures de style font des syncopes à répétition, il suffirait d’une petite randonnée et hop, l’appel du dénivelé remettrait de l’huile dans les rouages.
J’allais lui répondre lorsque j’ai senti une secousse, puis deux.
– Monsieur, réveillez-vous, c’est la dernière rame, vous êtes au terminus.
– Quoi ? Mais où suis-je, où erre-je ? m’écriai-je en sortant vaguement de mon assoupissement.
– La Villette, monsieur, tout le monde descend !
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Il paraît que dans mon sommeil, je psalmodiais de la rime en boucle.
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À mesure que je deviens vieux
Je m’en aperçois mieux
J’ai le cerveau qui flanche.
Soyons sérieux, disons le mot
C’est même plus un cerveau
C’est comme de la sauce blanche »
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Un tour de Vian, c’est si vite arrivé !

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La conductrice était une femme ! Big fish en personne ? J’étais pas trop rassuré !
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Métro poésie ligne 7
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En plus de n’être pas très sûr d’être bien réveillé, quand je suis descendu sur le quai, j’ai été accueilli direct par un drôle d’oiseau armé qui me twitwittait un truc en Tolstoï,
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je vous laisse découvrir ça, il avait sûrement lu tout carnet muet et tout patte ferroviaire pour pondre son article. Pas moyen de lui échapper, les deux armes pointées sur moi, il me tendait un livre. J’ai vaguement compris qu’il me disait :
Il faut venger le dodo en boite !
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J’ai repensé à jean Cocteau qui disait un jour à un journaliste que « les rêves sont la littérature du sommeil », ben il s’était pas trompé de beaucoup celui-là !
– En sortant du métro, un taxi m’attendait.
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Taxi humour
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Encore une farce d’Anne, ma main à ne pas couper. Ça collait au genre testamentaire comme deux et deux font un, elle te promet un pot de vers confit au formol et t’envoie le taxi pour venir le chercher.
– Tu parles d’un dada ! Que j’me suis dit. Remarque, ça aurait pu être pire…
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Et voilà, tant va la rime de métro au poète qu’à la fin il prend le taxi.
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Ecrit pour les impromptus littéraires et l’agenda ironique de mars d’1pattedanslencrier.
Inspirée en partie de la vie au plafond du poète Rx Bodo, en partie du zoo de Vincennes, et en partie des usines de conserve Jasper Fforde.

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La lettre se jette dans le mot,
Le mot se jette dans la rime,
La rime se jette dans le poème,
Le poème se jette dans le recueil,
Le recueil se jette dans les rayons,
Les rayons se jettent dans les étagères,
Les étagères se jettent dans la librairie,
La librairie fait déborder le niveau,
Il était une fois la poésie en crue.

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Ecrire à l’agenda, c’est poudrer les méandres du boulon de l’écriture avec de l’encre toner de Brest, pas franchement coton, me disais-je, mais c’était un peu chaque fois un challenge auquel je m’accrochais comme un wagon à la voiture de tête. Fallait-il que je sois addict pour relever le défi ! Pourtant, Patte et Carnet ce mois-ci y avaient mis du leurre, je ne pouvais le nier, (des histoires de rail’leries ou un truc du genre je crois), bref, je pris donc mon clavier à deux mains, ce qui faisait exactement dix doigts, et m’y mis.
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Métro-Poissonnière-Paris.png
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Foi de Bassan, la galère ne passera pas par moi ! Proverbe capillaire en tête, tartuferies d’escarpin aux pieds, Fulgence Marie Auguste Bienvenüe s’engouffra dans la bouche Boucicaut, ligne 8, mais que diable allait-il faire dans cette galère ?
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Nul ne le sut jamais car il disparut avec le secret de la création du métro, qui comme chacun sait, est recouvert d’un mystère de Paris.
Les suppositions allaient bon train, il s’était fait digérer par le ventre de Paris, Gervaise l’avait assommé, c’était la faute de l’abbé Mouret, bref, Eugène suait sang et eau pour élucider l’affaire. Toute la capitale ne parlait plus que de ça, les journaux battaient rames à partir de tout ce qu’ils pouvaient se mettre sous la dent. Alors, afin d’alléger l’ambiance funèbre relative au drame de l’époque, Zola lança un nouveau défi à la population : Trouver deux proverbes qui rétabliraient la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, avec pour espoir d’y dénicher un indice déterminant.
Les propositions affluaient.
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« Rails de bois, rails de fer, quand le métro sifflera la mélodie du bonheur trois fois, les dents de Fulgence seront bien gardées ».
«  Partir de l’opéra pour aller bouffer à la Poissonnière, c’est comme demander à un marseillais s’il est de l’Estaque ».
« Il y a du jeu dans la rame 4 de saint Supplice, c’est de la triche ».
« Tricher à la station Cambronne n’est pas jouer du mot Quai de la râpée ».
« Les moqueries du Cadet Roussel de ses soucis n’atteignent pas la station Blanche ».
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Mais comme aucune d’entre elles ne venait résoudre la plus que suspecte disparition funeste de Fulgence. les gobelins, petites créatures légendaires peuplant alors les sous-sols de la ville, s’emparèrent de cette chance en se mêlant de l’affaire afin de remonter une notoriété sérieusement entamée par le succès du premier tome de la saga Harry Potter. Ils avaient colonisé l’endroit à la suite d’une migration aviaire en provenance du ministère de la magie, situé au centre de Londres, et en empruntant un chemin de traverse. Maurice de l’île, premier ambassadeur des gobelins, décida de publier le recueil en vers en retravaillant les indices proverbiaux existants de plus près.
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« Dodo bouilli, Dronte de Maurice tari ».
« A tarissement de Raphus Cucullatus
rien d’impossible ».
« Chat émondé craint les amandes ».
« Un dodo échaudé vaut plus que deux chapelets tu auras ». Vous leur réciterez deux « je vous salue Marie », trois « pater noster », paix à leur âme.
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Jean Cocteau réagit vivement devant le manque de rimes, et décida alors d’éditer en retour son ouvrage populaire intitulé : « tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le métro parisien sans jamais oser le demander ». Eugène qui suait encore pas mal de gouttes y découvrira l’indice capitale, l’existence des stations fantômes du métro de Paris.
Le cinéaste Steven Spielberg reprendra l’enquête dans son film « il faut sauver le disparu Fulgence » et finira par le retrouver dans le terminal, une des galeries sombres et désaffectée « porte Molitor » dite aussi « Murat » qui servait de garage pour les trains. Fulgence ramait dans un wagon en criant à tue-tête : « Vogue la galère ! ». En voyant arriver un troisième type, il s’écriera « arrête-moi su tu peux », je vous préviens, je chevauche un cheval de guerre doté d’une intelligence artificielle, vous n’aurez pas la liste de Schindler, ni l’Alsacienne, ni la Lorraine, sinon je sors mes dents de la mer.
A la suite de quoi Fulgence Bienvenüe fut envoyé dans la quatrième dimension et le secret de la création du métro parisien suivit le même chemin en direction de l’arche des aventuriers.
Morale de toute cette histoire :
Qui va à la rame perd sa place.
Reformulé plus tard par l’auteur comme ceci :
Qui va à la rame « Boucicaut » ou « Bourricot », (j’ai un doute là !) perd sa place.
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En faisant les fonds de tiroir, j’ai bien encore deux ou trois trucs qui traînent : Par exemple.
Tenir une rame de métro par la barbichette de Fulgence vaut toujours mieux que deux galériens tu pinceras dans un bateau.
Un être effiloché par le silence de la mer en vaut deux.
Si tu veux friser droit, accroche tes cheveux à une rame de métro et tes boucles méandroïformes à une équerre. Proverbe Byzantin.

La semaine prochaine, l’incroyable histoire de Brodway :
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Trouvé ici 

L’INCROYABLE HISTOIRE DU MÉTRO À VENT OUBLIÉ 

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