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Archive for the ‘Non classé’ Category

Les Zébulons emberlificotent,
Toutes les questions de société,
Pendant que les psychanalystes,
Croient encore toutes les débrouiller.
Dans sa plus grande simplicité,
La Nature en rusticité,
Continue son chemin faisant,
Dans les cycles, les cycles du temps.
L’hémicycle aux sourcils froncés,
Débat la part de ses idées,
Qui continue à remporter,
Le plus gros de tout le pâté.
C’est le monde, le monde des idées,
Qui fait et défait son histoire,
Il faut bien faire valoir la poire,
Que la soif de rêve et de gloire,
Tend à l’âne de la solution.
Les Zébulons sont carnassiers,
Et leurs ressorts sont tout rouillés.



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Opération Neptune

La culture, c’est comme la soupe, elle pousse en terre et demande transformation.
Le cuisinier, c’est un petit peu tout le monde, au fond…
Aujourd’hui, il s’agit de s’élever sur le tumulus de Neptune en brandissant le trident du Tigre, de l’Euphrate et de la Volga. Ce qui, mathématiquement, devrait avoir le don de nous orienter vers l’espace à venir par le fil rouge de l’histoire.
Un débarquement absolument nécessaire sur la planète du rêve.
L’agenda ironique de février chez les carnets d’une paresse qui s’en dédient, où s’y dédicacent, c’est comme on veut, pourrait s’intituler ainsi : « La potée des jours au clair de lune ».
D’ailleurs, tel un pavé qui se marre, un légume de saison vient de tomber de la marmite, puisqu’on nous apprend, à l’instant, que la fameuse recette de la soupe de la mère Michel vient d’être retrouvée.
On a retrouvé la soupe de la mère Michel !
Elle s’élabore dans un gros chaudron, et il se dit dans les milieux de cultitude assermenté, qu’elle nécessite un certain temps, voire même un temps certain, sans en préciser la durée.
Notre envoyée spatiale, Elise Cyclopédie, pour ne pas la nommer, a mené une ronde d’enquête sur place, de la Concorde. Elle nous revient après avoir glané longuement les éléments de cette recette zillionièmement ancestrale du point, que voici :

– Un soir de lune gibbeuse, dans une clairière, au milieu d’une forêt, allumez un grand feu de joie et faites apparaître le nuage dominical en émettant les incantations appropriées.
– Posez le chaudron au sommet du bûcher, faites pleuvoir le nuage dominical jusqu’au remplissage de la moitié du récipient. Ajoutez une datte. Faites bouillir à feu doux jusqu’au lendemain.
– Laissez apparaître le nuage du jour suivant. Celui du lundi étant lunique, devenu par extension lunatique, donc difficile à attraper, munissez-vous d’un lasso pour le positionner au dessus du chaudron et compléter le niveau décru par évaporation jusqu’en son milieu en le faisant pleuvoir, la méthode de remise à niveau* est inchangée par rapport à celle de la veille, et sera identique les jours suivants. C’est à la reprise du premier bouillon qu’il convient d’y jeter une feuille de laitue romaine.
– Le lendemain, même opération avec l’attrapaïre du nuage martien. Ou martial, c’est selon ! Comme d’autres diraient mardique, mais à une lettre près, bof… Pas dans la soupe. Sept fois, c’est d’un grain de maïs doux qu’il convient d’enrichir la préparation.
– Le nuage mercurial remplira doublement sa fonction jusqu’au niveau préconisé : 1 – Remplir sa mission : 2 – qui consiste à remplir le chaudron jusqu’à sa moitié.
Deux voies s’offrent au druide d’alors : 1 – La voie du marron en jetant dans le récipient une graine du même nom ou 2 – celle de la marjolaine.
– Tout le judicieux du choix s’éclairera le lendemain, avec, pris au lasso jupitérien, le nuage du jeudi, abondant et clair pour le second choix de la veille, tyrannique et réducteur pour le premier. Remise à niveau*, gnagnagna, blablabla… Ce jour là, une petite Julienne sera nécessaire. La jeter sans qu’elle ne fasse trop de tapage dès la réapparition d’une première bulle en surface.
– Passer au nuage vendredisiaque. Une touche de vitriol sur une pierre timbale constituera l’assaisonnement.
– Il ne reste plus qu’un nuage sabbatique à accrocher.
– Ne laissez pas le dindon dominical du jour d’après rejoindre la liste des ingrédients, le congé éternel de la veille s’en trouverait farcé.
– Mais par contre, partagez cette potion avec le plus grand nombre, et contribuez à l’organisation de la plus grande fête du siècle cosmolodisiaque qui soit.
Sept jours pour une éternité, what else ?

Bonne dégustation !

* Méthode de remise à niveau qui consiste à compléter celui-ci jusqu’à moitié hauteur du chaudron chaque jour.

Illustration : Faïencerie Porquier-Beau 1880 musée départemental breton, Quimper

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Dans la caste des vertus, il existe un sous-langage qui grimpe autour de l’arbre du texte et s’enroule à la manière du lierre autour de son tronc. Jean-Baptiste Poquelin l’avait découvert en fréquentant l’école des femmes savantes, par la plus grande des coïncidences, ayant eu la chance d’enrouler un texte parcheminé autour du sien.
Ce qui ne fût pas sans conséquences.
L’ensemble de la fameuse spirale risquait parfois la tornade.
Heureusement, chaque souffle rendait l’accroche du texte enroulé chaque fois plus solide.
Ainsi, l’arbre mot offrait, chevelure aux vents, toute une panoplie langagière à qui voulait bien l’accueillir.
Cyclopédie, qui parcourait le territoire tribal de la réserve naturelle des vertus, arrivée au cœur d’une forêt dense et obscure, découvrit l’arbre phénomène et, voyant toutes les branches ployer sous le poids en fit un bouquet.
Ainsi, ajustés par l’harmonie qui en émanait, les branchages disposés dans un vase trônèrent bientôt sur la table du salon.
Or, il advint qu’un jour, plus soporifique qu’un autre, un besoin de sieste l’allongea sur le canapé jouxtant la fameuse table. Dans sa somnolence, les yeux mi-clos, elle décela le phénomène en observant ses ajustements se transformer sous son demi-regard.
La touffeur alphabétique ne cessait de moduler en constant remaniement chaque pétale syllabique, remodelant à l’infini l’écart de tous les possibles. De nouveaux départs de spirales prenaient des directions simultanées, dans le contraste le plus singulier qui soit.
Cyclopédie s’endormit sur cette vision en mouvement, l’emportant ainsi dans ses rêves.
Dans le premier, elle arrivait devant un portail fermé, et admirait l’élégance du domaine.
Au fond la bâtisse était recouverte de lierre. Quelques feuilles caressées par le vent bougeaient doucement. Un léger son bruissant écrivait son concert invisible dans l’air tiède du printemps. Cyclopédie pouvait suivre le mouvement de l’instrument à vent dans le déroulé de sa nuance sonore. Elle était charmée.
Dans le second, la porte s’ouvrit, comme par magie, et elle entra, se sentant invitée à le faire.
Il y avait un jacuzzi à l’intérieur duquel glougloutait une eau vive et claire.
Sur les bulles rebondissait parfois une grenouille, qui disparaissait ensuite dans les longues herbes en bordure. On aurait dit comme un jeu batracique animé par on ne sait quelle règle, rythmé par la cadence régulière du chant de l’eau.
Dans le troisième, le tintement d’une cloche l’attira vers l’arrière du bâtiment.
Elle y découvrit une chapelle, revêtue d’une grâce infinie. La fraîcheur de l’intérieur contrastait avec celle de la douceur printanière du jardin. Aussi, elle ne s’y attarda pas très longtemps. Dehors, s’élevait maintenant une construction de branchages emmêlés dont la verdure épaisse tapissait les parois.
Tiens, se dit Cyclopédie, ce doit être construit par des enfants, joli refuge !
En se penchant pour regarder à l’intérieur, elle découvrit un espace beaucoup plus étendu qu’elle ne l’avait imaginé, laissant entrevoir d’autres extensions existantes dans la multitude labyrinthique dont elle pouvait, d’ici, en deviner partiellement l’ampleur.
Dans le quatrième, une grotte lumineuse tapissée de sable chaud et ouverte sur la mer ensoleillée lui permit de se reposer. Le flux et le reflux de l’océan venaient lécher la bordure sablonneuse d’un doux balancement régulier.
Enfin, le cinquième rêve, réajustant ses lettres de noblesse, lui déroula son parchemin. Elle le suivit, gravissant doucement chaque étape sans essoufflement, parvenant à la cime pour se rendre compte que chaque cime la faisait revenir à la base.
Allons, se dit-elle.
Si je m’éveillais, reposée de ma sieste, je pourrais relire mon bouquet avec le regard éclairé de ma reprise de vitalité.
Sortant du sommeil réparateur, Cyclopédie, les yeux grands ouverts cette fois, pu observer à loisir le bouquet de mots lierre avec la joie ineffable de sa découverte.
Quel bonheur se dit-elle alors.
J’apprends de cet enroulement toute la plénitude de la substance du langage.
Pour sûr, c’est un cadeau de Dieu !


Le langage est une substance,
Il enroule et déroule,
Il parcourt et devance,
Il entremêle de toute sa foule.
Le langage est une danse,
Il noue dans ses cheveux,
La grâce ou bien l’aisance,
Le contour de ses yeux.
Mais le langage n’a pas,
Le rayon de la joie,
mais le langage n’a pas,
La douceur de nos voix.


Parchemins Ardéchois

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Pour la beauté

En fait, la loi du marché est assez simple. Vous achetez un produit, il vous en coûtera tant, ce qui vous laisse en règle avec tout autre marchandage de redevance possible.
Oui mais quoi ?
En rentrant dans la parfumerie pour acheter son fard à paupières, Cyclopédie ne se doutait à aucun instant qu’elle allait faire la plus grande découverte du siècle de sa vie.
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Elle allait devoir faire le choix le plus existentiel possible, lorsqu’arrivée au rayon poudre, toutes celles qui se présentèrent à ses yeux se jetèrent sous son regard, qui du ton le plus seyant, qui de la texture la plus fine, qui de son emballage le plus soigné.
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Toutes ces ombres, se disait-elle, sont plus attractives les unes que les autres. Oui mais alors, laquelle choisir ?
La vendeuse, affichée d’un sourire signal blancheur au bicarbonate, encore une poudre, s’avançait résolument en sa direction, voyant la mine d’hésitation en poudre de Cyclopédie.
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La vendeuse : Bonjour madame. Puis-je vous aider de mes conseils ?
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Cyclopédie, entièrement tournée vers l’intérieur de sa réflexion, dû s’extourner de l’autre pour réfléchir à la question et y répondre.
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Cyclopédie : C’est que… Vous me voyez là dans ma plus grande hésitation, voyez-vous ?
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La vendeuse : Oui, je vois que vous avez une mine de poudre à hésiter.
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Cyclopédie : Croyez-vous être en mesure de pouvoir m’aider ?
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La vendeuse : Mais bien sûr ! Commençons par celle-là, lui dit la vendeuse en montrant à Cyclopédie une ombre brune aux reflets argentés.
Cette poudre-là témoigne de son succès, elle est emplie de paillettes qui remplissent les poches de sa couleur argent.
Celle-là serait plutôt tournée vers la spontanéité de l’or avec sa couleur safran qui élèvera votre regard d’une lumière chaude et nuancée.
Celle-ci risque d’assombrir vos paupières, elle est grise et terne, votre teint ne le supporterait franchement pas. Ça va vous alourdir. Vous n’avez pas besoin de ça pour l’être.
Quant à cette autre, elle risque de vous piquer d’un fard pas piqué des vers. C’est la formule ronce et mûres qui fait des ravages dans la populations des jeunes filles, mais vu votre âge…
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Cyclopédie : Je ne sais pas trop quoi vous dire, vous savez ? C’est peut-être le mordant de votre dentifrice qui m’impressionne de la sorte et m’empoigne d’hésitations devant toutes ces ombres. Vous n’auriez pas quelque chose de plus… De moins… Enfin, de plus ou moins différent ?
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La vendeuse : Dans ce cas, nous allons changer de rayon. Allons voir les poudres pour canons.
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Cyclopédie : Ah ! Vous tirez aussi à vue ?
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La vendeuse : Sur tout ce qui bouge. Pour obtenir ce contrat, j’ai passé un diplôme « déserteur de char à voile » en 50 avant JC, puis « inspecteur des désertions de déserteurs de char à voile » en 50 après JC, puis « comparateur de comparaison entre les variables en statistiques poudreuses » 150 ans après, pour enfin me spécialiser en « arômes littéraires roses poudrés Louis XV » au 18ème siècle, alors vous savez… !
Les canons, ce ne sont pas ceux de Navarone qui vont me faire reculer, non mé ho !
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Cyclopédie : Que des métiers au masculin !
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La vendeuse : Pour des canons au féminin !
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Cyclopédie : Bien bien. Alors, ces poudres à canons, vous y venez ?
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La vendeuse : On y arrive, pas d’impatience !
Voici le modèle délayé, il remplit la fonction de remplissage du vide, vous le mettez où vous voulez, il sait s’adapter à tous les endroits où il est posé.
Le modèle discret, lui, au contraire, se fera remarquer tout de suite, pour peu que vous le posiez au bon endroit. Il est d’ombres fugaces, éclairant, peut servir de phare, clignotant, régulé, avertisseur des dangers. Celui-là est un peu plus cher que le premier que je vous ai présenté.
Et puis encore, nous avons le modèle roulant voyageur, il est aussi compact qu’un balluchon, se présente en paquet de douze à la dizaine, ne craint pas les décalages temporels ni les rayures d’acier, il est rare de voir une cliente insatisfaite à son sujet. Elles ne reviennent jamais en témoigner !
Ah ! J’allais oublier ! L’ombre la plus intense, c’est encore celle-là. Pour avoir un canon d’avance sur vos compatriotes, vous devrez vous la fabriquer vous-même. Elle est en kit, mais les clientes qui l’ont achetée l’ont toutes modulée en fonction des circonstances qui les amenaient à en avoir besoin. J’en ai connu une qui la coupait avec du sel. « Ça parchemine, qu’elle disait ». Une autre qui allait chercher des cornes de gazelles en poudre, affirmant que ça rend plus véloce, une autre qui l’intensifiait encore plus avec du puits de fous. Bref, chacun sa recette, si vous optez pour cette dernière, vous aurez plus de chance de réussir votre maquillage. C’est vous qui voyez.
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Cyclopédie, un peu estomaquée par toute cette panoplie d’ombres en poudre n’en croyait plus ses yeux qui commençaient à être saisis d’inflammation de la conjonctive.
Elle rétroversa à l’intérieur d’elle-même afin de calmer la rougeur par un film anti-oxydant et faire le point avec ce que lui dictait son intériorité.
Pendant ce temps, la vendeuse, étonnée de son silence, l’observait attentivement.
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La vendeuse : Ils sont tous bio-anti-albinonicologiquement contrôlés vous savez.
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Cyclopédie : Vous avez des arguments plus que convaincants ! Votre compétence n’est pas à prouver, mais pas à approuver non plus. Donc merci, votre éclairage en fards est excellent !
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Sur ce, elle tourna les talons et sorti de la parfumerie.
Plus aucun doute à avoir, se dit-elle. Aucun maquillage phare ne remplacera jamais l’existant de la spontanéité et du naturel.
Et elle rentra chez elle, en paix avec cette question.
Et d’une !
La suite dans un autre numéro du magazine de la femme qui glisse un œil en poudre sur les œufs au plat de l’ombre.
Si vous remarquez quoique ce soit comme anomalie scientifique dans cet article, merci de le faire remonter à la vendeuse de la parfumerie « loup et phoque associés », 9 place des découvertes naturelles ou provoquées, 91120 Palaiseau.


Pour le fun

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C’est quand même de là qu’est parti l’agenda ironique !


Deux cafés à la table treize !



G – Maryvonne, envoie deux café à la table treize !

M – Comment tu veux que j’les envoie, Gaston ? Par relais postal ou en calèche ?

G – Maryvonne, kesta fait de tes patins à roulettes ?

M – C’était l’bon temps ça, Gaston ! Ch’suis plus très leste depuis nos quinze années de confinement !

G – Faut cotiser, Maryvonne, sinon, les charges elles courent et nous on décourre.

M – Bah, pour deux cafés en quinze ans, c’est pas comme ça qu’on va faire du bénéfice…

G – Bin, oui et non, ça fait ch’sais pas combien d’fois que tu me dis la même chose, alors !

M – La table treize, la table treize ! Mais j’y pense, Gaston, maint’nant qu’jy pense, y’a personne à la table treize.

G – Beh nan, Maryvonne, y’a encore personne !

M – Qu’esse tu m’racontes alors donc, toi ?

G – Beh ya personne à la treize, personne à la quatorze, personne à la quinze…

M – Oh ça va, Gaston, tu vas pas r’commencer avec tes comptes de non faits.

G – Maryvonne, j’tai dit qu’ya encore personne, c’est tout donc !

M – Comment ça, encore ? Tu veux dire qu’y va yavoir quelqu’un ?

G – Alors là ! La Maryvonne ! Tu fais pas qu’mépater un peu didonc !

M – Quoi encore, l’Gaston ?

G – Bin tu m’épates, quoi !

M – Oui, bon ! Ça va ou quoi ?

G – Oui et non, quoi !

M – Beh qu’est-ce qui t’arrive donc encore, l’Gaston ?

G – Maryvonne, c’est quoi c’tencore, encore ?

M – Bin tout comme toi, l’Gaston, tout comme toi !

G – Quoi tout comme moi la Maryvonne ?

M – Bin moi aussi, l’Gaston, j’boirais bien un café à la table treize, quoi !

G – -Beh alors, qu’est-ce qu’on attend pour y aller ?

M – Bin oui et non, quoi, oui et non !

G – Oui et non, quoi, oui et non… Quoi, encore ?

M – Encore un encore ? Ça fait au moins l’troisième encore de l’histoire !

G – Et encore, tu comptes pas les deux derniers !

M – Tu fais des comptes d’encore toi ?

G – Qui c’est qui va nous l’faire, c’te café, la Maryvonne ?

M – Si on veut, si on veut ! On en parle, quoi !

G – Aller viens la Maryvonne, on va l’faire ensemble !


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Un joyeux tic-tac s’élevait de la grande comtoise. Il n’était pas arrivé d’un coup, il avait pris son temps pour faire entendre sa note joyeuse.
Tout avait commencé dans l’atelier de l’horloger.
C’était un homme précis, droit comme un « i » dont le point viserait l’astre du jour pour en faire le centre rayonnant au faîte de son tronc.
Toutes ses commandes étaient en retard lorsque Marco, illustre horloger de Venise, eut cette idée lumineuse. Construire l’horloge du bonheur.
– Rien moins que cette loufoque idée ! Lui avait lancé son plus gros client, le comte de Monte-Mario.
– Rien moins ! Avait répondu Marco du tac au tac, dans la plus grande simplicité.
Et sourd aux moqueries et quolibets de la multitude des discours ironiques de ceux qui avaient abandonné toute tentative au bénéfice d’une sagesse masquant leur désespoir, Marco s’était attelé à la tâche en sifflotant sur les airs mélodieux vivaldiens.
C’est ainsi que, entre deux commandes, il assembla la belle comtoise.
Chaque pièce, usinée soigneusement, possédait la précision nette et millimétrée qui lui permettrait de s’ajuster à l’ensemble.
Le comte de Monte-Mario passait régulièrement s’enquérir de l’avancée du projet, tout en convoitant amoureusement sa réalisation finale.
Or, toute fin entendant un deuil, celui de son incomplétude, Marco procrastinait parfois, pressentant le départ du grand œuvre en d’autres mains.
Elle arriva à terme un dimanche, à onze heures trente cinq du matin, très exactement, et l’atelier résonna longuement de son premier tic-tac. Quelque chose comme un chant de rossignol faisait écho à sa tonalité, et le bruit enchanteur offrait à Marco mille sensations subtiles si merveilleuses qu’il en était transporté.
Mais le comte de Monte-Mario veillait, et lorsqu’il vint constater l’aboutissement du travail de Marco, il fut subjugué et offrit une somme astronomique à son auteur.
Marco n’avait pas le goût du luxe. Il venait d’un milieu simple, aimait la vie qu’il menait et refusa tout net de la vendre.
C’est alors que les fléaux du comte s’abattirent sur lui. Mille et une misères, diverses et vairées, que le vieux comte savait si bien réserver à ceux qui osaient résister à sa puissance.
La comtoise, imperturbable, continuait la cadence régulière de son tic-tac joyeux, mais bientôt ses notes n’atteignirent plus l’âme de son créateur. Les vents contraires du comte envahissaient le terrain.
Ainsi, épuisé de résistance tenace mais inefficace, Marco en vint à imaginer la possibilité de vendre son œuvre. Il invita le comte à une fête en petit comité et négocia âprement les termes de la transaction. Il avait bien compris qu’il n’y aurait pas d’autre réalisation à la hauteur de celle-ci.
Le comte de Monte-Mario accepta sans négocier. Il la désirait si fort et depuis si longtemps, sa belle comtoise, qu’il était prêt à se ruiner pour elle. Et l’emporta en sa demeure. L’horloge devint le joyaux d’une collection que l’écrin de la pièce dans laquelle elle fut installée ne démentit pas.
Hélas, les contes ont leur morale.
L’horloge, dont plus personne ne prenait soin, et qui en était réduite à produire un son visant à rendre heureux ses auditeurs, en vint à se taire.
Effondré, le comte se mit à dépérir. Plus de tic-tac du bonheur. La machine à rouages s’était enrayée. Son blocage mortifère gelait dorénavant le silence de sa lugubre glace.
Le comte partit en voyage pour guérir de la tristesse qui s’était emparée de son âme mais rien n’y fit. Lorsqu’il revint à Venise, la belle comtoise était toujours là, mais elle était comme sans âme.
C’est alors qu’il fit appel à l’horloger.
Marco s’était retiré au fin fond de la Toscane, dans le charmant village de Volterra. Il réparait bien encore parfois quelqu’horloge un peu déréglée mais sa nouvelle fortune lui suffisait pour vivre sans rien faire. Une part de lui était restée avec la belle comtoise, il y pensait souvent, et un fond de nostalgie flottait en lui dans sa présence absente. L’incomplétude était si habituelle qu’il finissait par ne plus ressentir le vide, il vivait paisiblement, doucement, mais sans joie.
Lorsqu’il reçut la demande du comte, il sentit à nouveau son cœur battre. Il allait revoir la belle comtoise. Mais que plus aucun son n’émane de sa création l’inquiétait beaucoup. L’œuvre de sa vie ne pouvait mourir ainsi. Elle était née pour être éternelle.
C’est ainsi qu’il prit la route pour rejoindre Venise.
Une fois arrivé sur place, le comte, qui avait tout prévu, lui mit à disposition tous les instruments nécessaires à la réparation.
Marco s’installa donc chez lui et, minutieusement, pièce par pièce, démonta la comtoise pour en comprendre le silence. Mais il eut beau chercher, désassembler, réassembler, rien n’y fit.
Alors, il eut l’idée de demander au comte de la reprendre pour voir s’il réussirait à résoudre ce mystère à distance, que ce soit en temps comme en kilomètres. Le comte y consentit.
Marco repartit donc avec l’horloge et l’installa dans sa nouvelle maison, bien en place, à l’endroit le plus ensoleillé.
Et bien, que vous le croyiez ou non, à midi, ce jour là, l’horloge fit à nouveau entendre son tic-tac joyeux.
Le comte de Monte-Mario oublia jusqu’à l’existence même de cette dernière.
Et Marco put vivre heureux, et ce, jusqu’à la fin de sa vie qui en était redevenue une.

Fin

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Channel




Ici le cœur se charge de douceur dans la profondeur du silence.
Ici les mots entrent et sortent librement.
Ils ont retrouvé la grâce sauvage originelle et ont acquis la délicatesse des anges.
Ici les yeux savent les merveilles de l’invisible.
Ils laissent aller, tranquilles, les horizons pour le subtil.
Ils laissent le temps imprimer l’âme.

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Feuille plantes-feuilles-petioles_1_0_3
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Ouvrez grand vos oreilles aux bruissements des feuilles entre elles.
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L’acte créateur n’est jamais que l’acte re-créateur.
Cette lecture permet de supposer l’acte.
La confusion entre l’acte et l’action est à écarter, agir l’acte n’est pas l’acte lui-même.
Dans ce cas, de quel acte s’agit-il ?
Telle est toujours la grande question à se poser.
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Feuilles 3
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Mitochondrie Animal-cell-structure
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L’origine du monde
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Une mitochondrie inaugurale faisait sa révolution en mascarade trompe-l’œil lorsqu’une mitochondrie nomade traversa son orbite en sa confinité.
Keskecébo !!!
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Que se disent-elles ?
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La mitochondrie inaugurale s’étonnait du mode de propulsion en cette confinité particulière ; « La mascarade n’est un trompe-l’œil que d’un point de vue artistique, car la révolution fait son œuvre bien mieux sous ce couvert ! »
Keskellébelle !!!
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Comment ça se déroule ?
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Les couverts de la révolution en trompe-l’œil de cette mitochondrie inaugurale n’ont de cesse d’embellir les confinités d’une mascarade artistique, avec une telle précision, que l’artiste lui-même ne put s’empêcher de s’exclamer :
Keskellçonbelles !!!
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Après c’est logique
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De la surprise inaugurale, la mitochondrie mitoyenne, sous-couvert de la mascarade révolutionnaire, s’étala de toute sa face cachée sur une confinité lunaire, prononçant dans un souffle cédillé : « Oh, my god, keskeçébon !!! »
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L’Arenmô
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– Vous prendrez bien une tranche d’heure avant de prendre le départ ?
– Oh ! Juste un départ de tranche, alors. Merci.
– C’est une tranche particulière, vous savez ! Garnie à l’oscillation et enrobée de variation.
– Elle est de nature moléculaire ?
– Selon de quel point du globe le départ de sa flèche se situe, oui. Mais en vrai, c’est faux. Elle est de nature causale.
– Purée ! Ça fait de l’effet !
– Effectivement.
– Vous l’avez aromatisée à quoi ?
– D’une mesure de moment opportun.
– Arrosé d’un nuage d’Atoum ?
– D’accord, je vous prépare une infusion d’augures. J’y mets une pincée de sort ?
– Ecoutez, si ça nous permet de sortir du cycle, je veux bien.
– Mumm, dites-donc, goûtez-moi ça !
– Keskeçébon ! Merci, je vais prendre la tranche entière.
– Ravi que cela vous plaise !
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Ecrit pour l’agenda ironique de Mai 2020 extraordinairement bien proposé chez Jean-Pierre Lacombe, du blog « Des Arts et Des Mots« .
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C’est comme ça qu’en allant revoir sa proposition, je viens de me rendre compte que je suis tout à fait en dehors des clous, j’ai du perdre la tête ! Mais où est-elle donc passée ?
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Sans tête yue-minjun-untitled-1994_a4-1
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Chers citoyens et citoyennes fous et folles de l’agenda ironique,
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Dali Salvador 2
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Il ne nous reste plus que quelques heures avant l’arrivée du poisson d’avril, et je peux d’ores et déjà annoncer que les tableaux de vote sont significatifs :
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Le grand gagnant est : carnetsparesseux avec « les framboises de l’aube ».
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L’élu qui prend le relais d’avril est : Ah bein, carnetsparesseux aussi.
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Ici le lien pour aller sur son blog.
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Les framboises de l'aube carnetsparesseux

Un panier plein vous y attend !


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Félicitations pour l’immense talent fou du grand gagnant, carnetsparesseux, ainsi que pour l’immense talent fou et les remarquables participations des fous de ce mois fou des fous.
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Pour ne pas les nommer citons les doux fous participants que sont jacou33, gibulène, patchcath, carnetsparesseux, bastramu et moi-même, jobougon.
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Il s’agissait, ce mois-ci, de laisser s’exprimer nos mois fous, d’imaginer être dans un moi fou, de raconter ce qui nous passait par la tête, d’écrire tout ce que nous avions envie d’écrire, n’importe quel genre pourvu que ce soit fou, et d’inclure dans le texte l’étrange phrase que voici : « Monsieur Popples a des yeux de framboises et se demande connaissance et contoise », phrase qui ne voulait absolument rien dire, mais qui a su se fondre divinement bien dans chacun de nos textes fous.
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Un immense merci à tous, ceux qui ont écrit, ceux qui ont lu, ceux qui ont commenté, vraiment, cet agenda est durable et complètement dans le développement, puisqu’à chaque mois, de nouveaux agendiens viennent, d’autres partent, bref, cet agenda est vivant, il cause, il fait causer, et n’a pas l’air de faire peur à grand-monde.
Quoi ?
Ça Psycause ?
Là, je pense soudain à Hitchcock, le maître des « sueurs froides » et son film fou, psychose, en deux mots, psy-chose, autant dire psy-objet ?
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Bien évidemment que non, l’étymologie du mot « psychose » est toute autre : Le Wiktionnaire nous renseigne ainsi : Composé du préfixe Psych – grec ancien
ψυχή, psukhế (« âme, esprit) et du suffixe – ose, substantif féminin désignant un processus de transformation : littéralement « transformation de l’esprit ».
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Carnets paresseux ? Est-ce que tu es d’accord pour reprendre la suite de l’agenda ironique en avril ?
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Amitiés à tous.
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Jobougon

Rappel des liens : Cliquer sur le lien correspondant
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La consigne d’écriture
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Premier récapitulatif
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Les votes avec un second récapitulatif, complet celui-ci
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Les textes : Liens ci-dessous
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https://jacou33.wordpress.com/2020/03/01/du-monde-entier-fous-et-folles-alienez-vous/
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https://laglobule2.wordpress.com/2020/03/01/le-mois-des-fous-agenda-ironique-de-mars-2020/
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https://jacou33.wordpress.com/2020/03/07/trop-dheroine-tue-le-heros/
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https://jobougon.wordpress.com/2020/03/08/deux-en-un-a-lagenda-ironique-de-mars/
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5
https://patchcath.wordpress.com/2020/03/13/jai-decide-de-tecrire-une-lettre/
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https://jacou33.wordpress.com/2020/03/20/lagenda-ironique-etrange-laie-de-mars-le-mois-qui-nous-rend-fous/
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7
https://carnetsparesseux.wordpress.com/2020/03/20/les-framboises-de-laube/
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8
https://jobougon.wordpress.com/2020/03/23/les-yeux-de-zara-deschamps/
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https://bastramu.wordpress.com/2020/03/24/delire-dune-folie-ordinaire/

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Festival insolite

Avec une belle continuation à tous !!!


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