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Archive for juin 2020

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Feuille plantes-feuilles-petioles_1_0_3
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Ouvrez grand vos oreilles aux bruissements des feuilles entre elles.
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L’acte créateur n’est jamais que l’acte re-créateur.
Cette lecture permet de supposer l’acte.
La confusion entre l’acte et l’action est à écarter, agir l’acte n’est pas l’acte lui-même.
Dans ce cas, de quel acte s’agit-il ?
Telle est toujours la grande question à se poser.
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Feuilles 3
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Suite de « Dans les pousses du silence ».
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« De la fleur vous êtes la quintessence ».
Sophie Rostopchine « Les mémoires d’un âne ».
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L’âne des mémoires


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Dans la torpeur du soir qui s’annonçait caniculaire, les fleurs du jardin d’Alexandrie exhalaient leurs derniers arômes avant la nuit. Ce soir, aucune d’entre elles n’irait refermer ses pétales. Canis Alpha, la reine Siriusienne, avait prédit une nuit d’étoiles filantes.
La brouette remua faiblement ses poignées. Toute la journée, serrées par les mains caleuses des ouvriers, elles avaient été mises à contribution. Et puis, abandonnée au fond du jardin, enfin, elle pouvait détendre ses muscles endoloris par le dur labeur des transports de charges nécessaires à la construction.
La charrette était repartie, on ne sait où, ou bien était-elle rangée si précautionneusement qu’elle en était invisible.
Des milliers de sons ténus, frémissements, frissonnements d’ailes de grillons, craquements de brindilles sèches, frottements du feuillage dans la brise à peine perceptible, des milliers de sons ténus habitaient le silence. Quelques fleurs tournaient leur tête pour suivre le glissement d’un orvet ou le dépliement discret du crapaud assoupi. Toute la nature se prêtait à l’instant. La traversée des perséides s’annonçait turbulente.
Mortificat l’avait vu. En lisant dans les écorces d’arbres et en rapportant l’angle des branches sur la pierre du tombeau d’albâtre d’Alexandre le Grand, elle s’était rendue compte de la dysfonction. Plus rien ne correspondait à la règle de Rhodes. Alors elle avait su. La morsure du grand chien était inacceptable.
Mortificat levait les yeux lorsqu’un trait de lumière traversa le ciel.
Ni la brouette ni elle ne firent de vœu. Il était trop tard pour ça.
Les brancards de la brouette en fer blanc, Mortificat les avait mesurés suffisamment pour comprendre que l’usure des poignées ne se réparerait plus. D’ailleurs, la brouette avait su en faire si bon usage que c’était à se demander si telle n’était pas la vocation de cette dernière. Sous sa voûte crânienne se dessina alors une phrase en lettres de feu. « Il faut s’en servir… ». Ça remontait à tellement loin cette histoire.
Elle cessa donc de chercher à alléger le poids de l’hôte aux charges de pierre et se tourna résolument vers la splendeur du jardin. Près du tronc, une touffe bougeait. Un lièvre de l’été sans doute.
– Groin groin !
– Tu parles cochon maintenant ?
– Non, sanglier.
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Sanglier 3 tableaux-sur-toile-vector-illustration-de-sanglier

Le parlé sanglier


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Mortificat, qui parlait le sanglier couramment comprit qu’il se passait quelque chose de délicat à entendre dans ce monde là. Elle aurait besoin de la charrette pour capter les tonalités les plus fines.
– Sais-tu où se trouve la charrette, je ne la vois plus ?
– Elle a du se planquer dans un coin, pour ronquer tout ce qu’elle sait.
– C’est quoi comme langage ce ronquer ?
– Elle n’en sait rien !
– Si tout ce qu’elle sait n’en sait rien, comment veux-tu qu’elle se rende compte qu’elle le sait ?
– Sait une bonne question !
– Laquelle ?
– C’est elle qui saura.
– Ou qui a su.
– Ou qui sait encore.
– Il manque quoi comme temps ?
– L’imparfait du subjonctif.
– C’est pas un peu passé ?
– Au niveau des couleurs ?
– Pffff ! Les fleurs dodelinèrent la tête d’un air compassé. Jamais elles ne comprendraient ces dialogues sans l’aide d’une encyclopédie vivante.
– Allons chercher Cyclopédie pour ce faire ! S’écria alors la brouette en s’ébrouant les deux brancards d’une oreille distraite.
– Arrêêêêêêête ! Elle va me prendre pour un lièvre !!!
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Sanglier tableaux-sur-toile-vector-illustration-de-sanglier

Le lièvre


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Dans les commentaires de ma participation à l’agenda ironique de juin 2020, en réponse à Laurence, organisatrice du mois, j’évoquais l’idée de faire une suite à mon texte, intitulé « Dans le germe du silence », en laissant pousser tout un jardin naturel.
C’est une suite à laquelle je ne m’attendais pas, mais à l’image de la vie, l’écriture suit sa logique propre, aussi, j’ai laissé aller l’encre où il lui semblait bon d’aller.
Voici cette première suite qui a poussé d’elle-même.

Dans les pousses du silence
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La suite de : « Dans le germe du silence »
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La brouette prête une oreille attentive à la charrette qui se retrouve ainsi avec une oreille de plus entre les deux yeux.

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– Je vois.
– Ça fait quel effet ?
– Ben, un coton-tige de plus, des boucles d’oreille par trois, en fait par quatre, il n’existe pas de boucles à la Van Gogh.
– Mais encore ?
– Ce qui m’arrive est un peu différent.
– Un peu ?
– Beaucoup…
– C’est assez imprécis.
– J’entends en trois dimensions.
– Dans quel espace ?
– Encore innommé.
– C’est assez difficile à se représenter.
– Ce n’est pas un spectacle.
– Ni une pipe à la Magritte.
– Mais ça pousse dans tous les sens.
– Ça donne envie d’explorer, d’imaginer, de créer.
– Tout ça pour un son en trois dés ?
Les joueurs de Yam’s à la table d’à côté se retournent, les sourcils froncés.
– Chut, vous en faites un de ces boucan !
– Et puis c’est pas trois, mais cinq dés qu’on a pour jouer !
– Pffff, c’est dingue ce que les incompréhensions ont du bon. Je me vois mal porter une oreille de plus sur chaque joue !
– Pas grave, on n’a qu’à se pousser plus loin.
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Pousses de coton-tige 1
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La brouette fit signe à la charrette. Leurs roues se mirent à tourner. En ajustant leur vitesse respective, elles avancèrent de concert dans des grincements d’essieux à déboucher les perçants de cire d’abeille des tympans d’église. Elle a, au rez-de-chaussée, trois colonnes ioniques, et au premier étage, une galerie à plein cintre.
– C’est un concert de silence à cinq oreilles que nous venons de faire là !
– Tiens, ce serait donc une pousse d’oreille ?
– En mono, en stéréo et en ?
– Le récepteur n’est pas l’émetteur, mais pourquoi pas pentaréophonie, ou quinquaphonie ?
– Dis-moi la brouette, je me demandais comment nous pourrions entamer la discussion…
– J’ai cru que tu allais me parler du panier.
– ?
– Oui, celui pour aller cueillir les pissenlits.
– ??
(Dans une pousse de silence : Elle est bizarre cette charrette !)
– Je t’entends, j’ai une quinquaoreille, ne l’oublie pas !
– Bon, ok. C’est quoi c’t’histoire de panier à pissenlit ?
– Ben la fermière, elle va les ramasser avec un grand couteau.
– Oui, même qu’un jour, elle y est allée avec son fiancé. Et qu’est-ce qui lui a pris, à ce gus. Il s’est mis à lui faire peur en jouant du couteau avec elle, et elle en menait pas large. Lui, il s’amusait, enfin, pas tout à fait. Lui faire peur, c’était un peu pour lui montrer quelque chose qu’elle ne pouvait pas comprendre, ne sachant pas d’où la scène venait. Alors elle a pensé que la lame de la bascule vers la folie n’était pas si loin, et qu’elle devait s’en prémunir à l’avenir…
– Ah ! Le jeu de la pousse d’acier inox !
– Bouffer du pissenlit par la racine prématurément, je la préfère en salade.
– C’est là qu’intervient la sourde oreille ?
– Bein, pas tant que ça ! Une sourde-oreille fine comme comme une lame.
– Mais une fine lame douée d’oreille, c’est une épée ?
– Bah ! Cueillir des pissenlits avec une épée, fô voir…
– Un véritable feu d’artifice !!!

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Pousses de coton-tige 2
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Les grands discours, les étalages de pages noircies à l’encre de vide, les carnets annotés de vibrations picorées de-ci, de-là. Rien de tout cela ne disait jamais le vrai des choses. Et elle se demandait comment réussir à attraper ne serait-ce qu’un seul brin de réel, une goutte de vérité,

un rien d’existant qui tiendrait le reste du temps à bout de bras pour qu’elle se glisse dessous.
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Etoiles 1948 M C Escher

Etoiles 1948

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Il venait de se passer tant de choses bizarres, qu’elle en arrivait à penser que fort peu de choses étaient vraiment impossible.
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Les figures impossibles M C Escher

Les figures impossibles M C Escher

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L’utopie primaire gazouillait son chant d’oiseau par dessus la bibliothèque du néant.
Elle allait rajouter une couche de vide au vide, et comme ça, elle aurait rempli la totalité de sa mission de détection des molécules de promenades en charrette du solide. Non, en vérité, une phrase révolutionnait la piste de son cerveau, venant régulièrement atterrir sur l’aéroport Charles l’Imbique, celui que tous utilisaient les jours de petites envergures. Quand le propos prenait des chocs trop marqués, il suffisait de changer la cartouche d’encre en dossier velours et hop, l’étrangeté du néant de la façade repassait dans l’incognito.
Cette phrase remplissait les parties laissées blanches comme les feutres de son chapeau, avec toute la grâce nécessaire à son inexistence, et les milliers de froissements d’ailes, de brindilles, de grognements la mettait en valeur. Elle allait l’inventer en fermant les yeux.
L’été, la nuit les bruits sont en fête.
Dans un cri, comme un ventre qui pousse lorsque l’enfant sort, et puis le silence.
La mise à plat et l’écrasée du temps, le rien.
Dans ces plages de choses creuses comme les espaces inter-protons, tout ce qui file entre les grains de sable n’est jamais que l’aveugle qui ne sera jamais corrigé. Une émission spontanée pasteurisée, appertisée, aseptisée, rien de neuf sous les étoiles.
– Alors comme ça vous allez au Caire ?
– Qu’est-ce qui vous fait croire cela ? Non, j’allais au Caire.
Une brouette venait d’atterrir sur la piste numéro neuf.
– Vous parlez creux ?
– Non, je parle creux, et vous ?
– Oh, moi, vous savez, je ne fais que parler creux.
– Et vous comprenez mon creux ou pas ?
– Pourquoi vous dites ça ? Vous parlez creux de quelle langue, vous ?
– Je ne vois pas ce que vous voulez dire.
– Ce qui est une excellente chose, car je ne veux rien dire du tout !
– Tiens, ça me rappelle l’histoire de la charrette du solide.
– Tiens, vous me la racontez ?
– Rien de bien important. Elle avait dit un jour : Finalement, j’ai rencontré une brouette, et j’ai pensé qu’elle me prêterait une oreille attentive.
– Ah ! Je vois ! Et elle a gardé l’oreille que lui avait prêté la brouette je suppose.
– Oui ! C’est comme ça qu’elle eut une oreille de plus, collée au milieu des deux yeux.
– Je vois !!!
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Les visages M C Esher

Les visages

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L'homme à la lettre Hans Memlinc

L’homme à la lettre Hans Memlinc 1480 Musée des offices de Florence

 

 


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L’esprit flottant par dessus monts et merveilles, accompagnée de mon filet à mots, je cherche le fil qui va m’aider à débobiner suffisamment de clarté pour réussir à écrire cette lettre magistrale qui occupe ma pensée quotidiennement. Dire la présence de tous les instants pour en restituer les couleurs, savoir marier les mots pour qu’au delà du sens commun, l’aura de la douceur félicienne exhale son arôme, embaumant l’âme bien plus loin que le parfum des roses. Poser les bases de l’édifice pierre par pierre, mot à mot, en allant ramasser dans les éboulement la forme qui va s’ajuster au plus près de la solidité de l’ensemble, et du mot voûte fait pivot, réunir l’intégralité des forces en un seul point. De ce qui monte en puissance, toute de graduation légère, entrer dans la phrase très simplement pour le dire. Cette sensation d’être à l’intérieur d’un faisceau vibrant, traversée d’ondes, transportée. Chaque fois que la finitude de l’inscription dans la matérialité se manifeste à la conscience, autre chose se déploie davantage, qui vient de très loin, de très profond, incroyablement diffus, éternellement renouvelé. Je crois que c’est la grâce de Dieu qui parle à travers l’encre lorsque la lettre tente de rassembler l’expression de ce qui habite l’être aimant. Communion du silence infini bien plus loin que l’aurore, dénué de représentation. C’est cela l’essence de cette inoccupation accueillante.
Les miracles existent. Celui-là en est un. Et pas à pas l’ensemble de ce qui me paraissait obscur se dévoile à mon âme par l’expérimentation des phénomènes indescriptibles autrement que par la métaphore mystérieuse des forces telluriques et célestes associées.
Et dans la confiance inclure la mort.
Très doucement. Si lentement qu’elle ne se fait pas sentir. Justes légers, pour que la magie opère son œuvre.
C’est comme ça que je te reçois.
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A la lettre dessin-petite-souris

Je souris tu souris


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