Les grands discours, les étalages de pages noircies à l’encre de vide, les carnets annotés de vibrations picorées de-ci, de-là. Rien de tout cela ne disait jamais le vrai des choses. Et elle se demandait comment réussir à attraper ne serait-ce qu’un seul brin de réel, une goutte de vérité,
un rien d’existant qui tiendrait le reste du temps à bout de bras pour qu’elle se glisse dessous.
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Etoiles 1948
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Il venait de se passer tant de choses bizarres, qu’elle en arrivait à penser que fort peu de choses étaient vraiment impossible.
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Les figures impossibles M C Escher
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L’utopie primaire gazouillait son chant d’oiseau par dessus la bibliothèque du néant.
Elle allait rajouter une couche de vide au vide, et comme ça, elle aurait rempli la totalité de sa mission de détection des molécules de promenades en charrette du solide. Non, en vérité, une phrase révolutionnait la piste de son cerveau, venant régulièrement atterrir sur l’aéroport Charles l’Imbique, celui que tous utilisaient les jours de petites envergures. Quand le propos prenait des chocs trop marqués, il suffisait de changer la cartouche d’encre en dossier velours et hop, l’étrangeté du néant de la façade repassait dans l’incognito.
Cette phrase remplissait les parties laissées blanches comme les feutres de son chapeau, avec toute la grâce nécessaire à son inexistence, et les milliers de froissements d’ailes, de brindilles, de grognements la mettait en valeur. Elle allait l’inventer en fermant les yeux.
L’été, la nuit les bruits sont en fête.
Dans un cri, comme un ventre qui pousse lorsque l’enfant sort, et puis le silence.
La mise à plat et l’écrasée du temps, le rien.
Dans ces plages de choses creuses comme les espaces inter-protons, tout ce qui file entre les grains de sable n’est jamais que l’aveugle qui ne sera jamais corrigé. Une émission spontanée pasteurisée, appertisée, aseptisée, rien de neuf sous les étoiles.
– Alors comme ça vous allez au Caire ?
– Qu’est-ce qui vous fait croire cela ? Non, j’allais au Caire.
Une brouette venait d’atterrir sur la piste numéro neuf.
– Vous parlez creux ?
– Non, je parle creux, et vous ?
– Oh, moi, vous savez, je ne fais que parler creux.
– Et vous comprenez mon creux ou pas ?
– Pourquoi vous dites ça ? Vous parlez creux de quelle langue, vous ?
– Je ne vois pas ce que vous voulez dire.
– Ce qui est une excellente chose, car je ne veux rien dire du tout !
– Tiens, ça me rappelle l’histoire de la charrette du solide.
– Tiens, vous me la racontez ?
– Rien de bien important. Elle avait dit un jour : Finalement, j’ai rencontré une brouette, et j’ai pensé qu’elle me prêterait une oreille attentive.
– Ah ! Je vois ! Et elle a gardé l’oreille que lui avait prêté la brouette je suppose.
– Oui ! C’est comme ça qu’elle eut une oreille de plus, collée au milieu des deux yeux.
– Je vois !!!
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Les visages
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Ecrit pour l’agenda ironique de juin 2020
https://palettedexpressions.wordpress.com/2020/06/02/agenda-ironique-de-juin/
quelle rapidité et quelle efficacité ! l’image des figures impossibles me rappelle l’intérieur du château du roi Jareth au royaume des Goblins (Le Labyrinthe avec D. Bowie) – Mais impossible ne fait pas partie de ton vocabulaire, n’est-ce pas Jo ! challenge réussi une fois de plus 😉
Avant de prendre la direction du vocabulaire, la curiosité, guidant les pas du clavier, a su présenter à sa vue les découvertes graphiquées incluses dans le texte, et l’espèce sidérale alphabétique de l’alignement presque-Bowien comme tu le dis si bien, a labyrinthé du côté de Charles l’Imbique, jusqu’à la piste neuf. Ce qui ne voulait rien dire du tout s’est exprimé haut et fort, et cette curiosité née va donc être délivrée prochainement, par la grande sœur qui avait cru bon de l’incanter jusqu’à le faire disparaître, au top départ il reste 12h59mn59s pour ce faire… 😉
Je ne sais pas pourquoi, mais je trouve mes commentaires de plus en plus compliqués ! T’en penses quoi, toi, gibulène ? 🙂
Merci pour le tien, certainement moins alambiqué. 🙂
j’avoue que j’ai du mal à déchiffrer, mais c’est ce qui fait le charme ! ne change rien, du coup on a des excuses si on répond à côté 😀
C’est ça ! Comme ça, on n’a ni l’air ni les paroles pour se prendre au sérieux, jouissif au possible !!! Mais le charme de l’excuse, c’est quand même quand elle se joue aussi du sérieux !
Ça désalambique tellement mieux les ronds de côté, les angles d’oie, les carrés clâsses et les parallélopidogrammes égaux, et me réjouit le cœur. 😉
Le germe du silence t’a inspiré une foule de jolies choses.
Notamment : L’utopie primaire gazouillait son chant d’oiseau par dessus la bibliothèque du néant. » ou encore « Dans un cri, comme un ventre qui pousse lorsque l’enfant sort, et puis le silence.
La mise à plat et l’écrasée du temps, le rien. »
Bref, un régal de lecture jusqu’au dialogue final, digne du mouvement surréaliste 🙂
Bravo Jo !
Oui, et pour aller plus loin, une croissance va probablement donner « Dans les pousses du silence », puis « Dans les feuilles du silence », et probablement encore « Dans les fleurs du silence » pour couronner le tout. Bref, un véritable jardin en construction autour duquel naîtra le roman fleuve des écrits silencieux suprasurréalistes. Je rejoindrai alors le talentueux Raymond Devos, qui parlant pour ne rien dire, a fini par en faire tout un monde bien à lui qu’il savait si bien partager avec nous.
Va falloir que j’arrête de procrastiner si je veux que ça paraisse avant la clôture de l’agenda de ce mois-ci.
Merci Laurence pour le régal, tant que c’est goûtu, c’est que c’est bon !
Bon jour Jo,
« elle se demandait comment réussir à attraper ne serait-ce qu’un seul brin de réel, une goutte de vérité »… tel un appel à l’aide (et pas à Led) d’une annonce à « l’aéroport Charles l’Imbique » qui s’éprend à la dernière seconde que le temps imparti n’a plus rien à voir avec le sablier tout en creux par le haut vide suspendu à l’étoile de l’espoir avant de finir en sable mouillé devant la Vérité celle qui se pavane trop souvent au soleil du mensonge par omission.
Tout est là… l’utopie sœur de l’impossible qui tourne au mauvais tournant au mauvais moment d’un mauvais coton et se transforme en un possible rieur et insouciant comme par défi ou par effet de contrarier l’imposante réalité dominatrice qui croit posséder à elle seule la langue du juste.
Toute la panoplie d’un monde transversal se présente en tes mots au filet de ta pensée qui saucissonne à merveille le propos et s’impose au dialogue qui se cloisonne lui-même et conçoit sa propre structure et telle une avalanche dessine son territoire et nous emporte jusque dans la pleine (plaine ?) conscience d’une autre réalité.
De fait, la réussite du challenge Juin est hautement … réussi 🙂
Max-Louis au balcon de tes mots
Bonsoir Max-Louis-Iotop,
La triple vérité sort de la bouche des brindilles de réel qui se récoltent dans le jardin du silence, là où un panneau accueille le promeneur d’un message clair (au nez) du son : « vous êtes priés en y entrant transversalement d’éteindre le son de votre terminal cellulaire s’il vous plaît, merci ».
Mais je rêve, tu défies le balcon de l’emporte-plaine et du sablier suspendu à l’étoile utopique, qui vient agiter sous les cloisons du dialogue de l’impossible le claironnage de tes si charmants propos.
Bah ! Mes mots ne sont pas contre une sérénade, comme dirait Sacha Guitry, mais plutôt tout contre. Puisqu’on est là pour faire les fous, et rigoler entre nous, là-bas, près du comptoir en bois, on peut bien avalancher chacun son tour la réussite du challenge de l’agenda, autant dire que mon impatience d’être ensevelie sous six mètres de congères à lire en plein éveil de juin me donne des bouffées de chaleurs, il me tarde de retrouver l’éventail caniculaire d’un peu de fraîcheur.
Donc tel le roi soleil attendant son carrosse, l’agenda ironique du mois de juin est en droit de s’exclamer : « J’ai failli attendre !!! ».
Subliminalement, le message ne saurait être plus clair. Entre passionnés d’écrits loufoques en tout genre, autant dire que je suis impatiente de lire le tien.
Avec toute sa plus belle lunaison du cinq.
Jobougon prise au filet du chant du garou 😉
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