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Lettre à Marie

Eglefinaud, roi en son monde et doté d’un sang-froid hors du commun des mortels, vivait en paix en tournant dans son bocal jusqu’au jour où, Dieu témoin du fait qu’il commençait à devenir un peu gros pour son récipient, décida de lui offrir plus grand.
Dans son univers, Eglefinaud, que nous appellerons Nono plus simplement, tournait et retournait inlassablement, témoin ravi d’un monde au-delà du sien, sans jamais se sentir à l’étroit dans le sien.
Parfois, une sorte de paresse le prenait aux heures de digestion, il trouvait cela inadéquat.
Alors, dans sa conscience aiguë d’être un poisson heureux, il prit cette décision :
– Je vais me lancer dans la recherche et trouver la résolution de ces défis que me proposent la vie.
Ainsi, équipé de ses bonnes résolutions, il nagea jusqu’au taxiphone le plus proche d’une nageoire résolument tournée vers leur mise en pratique.
– Allo, professeur Espadon ?
– Allo, Nono, tu es au taxiphone ?
– Oui, Pompon !
– Oh, arrête, petit être, avec ce sobriquet ridicule !
– M’enfin !
– Nono, tu pousses…
– Oui, je sais…
– Vas-y, accouche !
– Pfffff… Pas mieux !
Soupir d’Espadon, sourire d’Eglefinaud.
– Pompon, je voudrais résoudre ma paresse post-digestion.
– Ok Nono. Primo, viens me rejoindre à Vierzon.
– Secundo ?
– Il n’y en a pas.
C’est là que Dieu trouva opportun d’intervenir.
Se saisissant de la plus grosse feuille de rhubarbe du jardin de l’Eden, il la remplit d’eau à ras bord et tira sur la bordure du bocal pour le renverser.
Nono aquarit gracieusement de toutes ses écailles aux éclats en plein centre de la feuille.
Dieu s’envola avec Nono et feuille pour rejoindre Vierzon et son canal du Berry.
Afin d’aller retrouver le professeur Pompon.
Vous l’aurez bien compris, lecteurs, tout ceci n’est que la traduction d’une toute autre réalité. Toute évidence se couvre toujours du voile du langage.
Mais d’ici à là, y a Attila, qui ne versa pas une seule larme.
C’est Dodo qui nous en informe par le truchement de l’agenda d’avril.
Attila avait juste assez de tout ce qu’il est nécessaire d’avoir pour entreprendre la conquête de son monde intérieur.
Et résoudre ainsi l’équation du langage.
Porteurs de l’écriture, anoblis du verbe écrire, soyez soyeux, jouez joyeux, vous êtes les éclaireurs du tombeau vide.


MERCI


Initialement imprimée sur les presses de Vesoul-en-Vélin par FRANÇOIS PIERRE DE LA VARENNE, souvent confondue avec le velouté Colombine du même nom, voici la fameuse et originale recette du bouillon de rhubarbe.

Cueillir un gros bouquet de paresse, le plonger cinq minutes dans un sommeil d’Alexandre le bienheureux, de préférence à température de larme de Xénophon.
Puis, réduire en purée d’ici, à là, pour rapporter que la conquête du bouillon n’est pas juste assez épaisse, ou presque achevée, non !
La recette vient juste de commencer.
Vierzon, ville reine et créatrice, conseille de ne pas se précipiter sur l’idée que tout cela ne prendra que quelques minutes.
Le grand Tamerlan, auteur de la fameuse recette, au taxiphone un jour parait-il déclara à Attila en personne qu’il ne suffit pas d’avoir la vie devant soi pour la réussir.
Car, une fois réduite en purée, la paresse s’additionne d’une compotée généreuse à la rhubarbe dont voici le secret.
Nous aurons réservé une belle feuille avec tige qui sera passée sous l’eau du rêve de la fontaine.
Ensuite, découpée en petits cubes de songeries diverses, feuille et tige iront rejoindre la purée afin de composer la mosaïque du consommé réduit non pas le temps de le dire, mais bien le temps de le faire.
Vous suivez jusqu’ici ?
Bein, pas moi.
Des fois, je dois remonter les bretelles du textes pour m’y retrouver.
Bon, je continue quand même.
La curiosité pourra éventuellement venir pimenter l’ensemble avec un « y a quoi » ponctué d’une interrogation digne du monde.
Les théologiens y entendront « tu crois ? » et pourront, s’ils ont l’inspiration, développer cette particule en phénomène onirique épicé, la rhubarbe s’en aromatisera avec délice.
Rapporter une recette de telle envergure est, vous l’aurez compris, une mission trois fois plus complexe que son homologue bulleur de surface.
Prétendre l’achever n’a rien d’une science culinaire dans une soupière de lenteur.

Attendez, la suite arrive…
C’est pas fini.
Rien à voir avec la recette sinon les consignes de départ.


En avril ne te découvre pas d’un fil !
– Moi j’m’en fous, je suis un tout petit poisson, si petit, si petit, que je me demande même si le microscope de Madame Des Curies saurait voir la moindre de mes petites, si petites écailles de mon dos si minuscule.
Alors des fils, à part ceux du laboureur de l’histoire que maman me racontait lorsque je n’arrivais pas à traverser la barrière de corail du sommeil, je n’en connais pas d’autres.
Ah, je parle de deux fils différents, c’est ça, hein ?
En nattendant, ma maman, elle dit que c’est couru d’avance, cette histoire d’expression de fil d’Avril… Alors tu penses bien que pour les jeux des z’eaux lympides, c’est du tout pas cuit, pas cuit, pas cuit-cuit qu’elle me dit comme ça quand je lui demande si les ziboulées de mars sont finies, dérivées de fine et de nie.
La vigne tropicale n’a pas le même problème d’élocution que moi, c’est mon papa qui le dit. Entre la rhubarbe du Népal et l’oignon rocambole, elle a plutôt des facilités.
Cé kil a voyagé, mon papa.
En cachette, je l’appelle mon papounet, il n’en sait rien, hi hi, il déteste les diminutifs.
Le plus rigolo, c’est que son diminutif qui ne diminue rien est plus long que son vrai nom, il s’appelle Pané.
Papa Pané c’est tout d’même moins joli que papounet, hein ?
Ma maman, elle, c’est Rime Pochée. Mais je l’appelle ma frite, elle adore ça. Elle se réinvente, ma maman. Elle me dit que ça lui rappelle le bassin Bonaparte à Anvers, par où qu’elle est passée un jour, et d’où qu’elle a connu papou, né Belge d’origine échappé du bocal.
C’est la mère Curie qui l’avait adopté. Elle se baladait partout avec lui dans son joli récipient en vers de bohémiens. Elle en connaissait un rayon, qu’elle lui racontait au coin du Red star Line Museum, comme ça, en passant.
Elle a eu un passage un jour, un drôle d’instant, où elle a culbuté sur le quai du Cher, à Vierzon.
Faut dire qu’à cette époque là, il était tellement en travaux que pour traverser ce passage, elle ne pouvait guère que faire une culbute.
Je vous passe la suite. Le bocal dont elle ne se séparait jamais versa dans le bassin et mon père tomba tout droit sur ma mère qui faisait visiter les lieux à un banc de turbots. Ça n’a pas fait une plie. Ni un merlan. Ni un loup.
Ça m’a fait, tout court, tout petit, et avec une toute petite cervelle de moineau, qu’ils ont dit quand ils m’ont vu, les homards.
On jouait à cache-cache tous ensemble. Un jour, une coquille Saint Jacques m’a fermé le clapet en me disant qu’elle pourrait bien faire de moi son déjeuner de onzeure.
Elle avait parié que si d’ici à là, y a quoi, tu crois ?
Moi, j’osais pas lui dire que j’comprenais rien à ce qu’elle pariait.
Alors pour pas paraître encore plus moinillon que le couillon de cervelle de moineau qu’on m’avait dit que j’étais, je lui ai répondu que, juste assez, ou presque… c’était un miracle ou un mystère, ou un taxiphone, peut-être ; ou trois porcelaines de Vierzon, que sais-je encore. Quand je suis débordé par la perle culturelle de la coquille, ou de n’importe quelle autre intelligence supérieure, je répond ce qui vient, et voilà.
Du coup, de la surprise, elle a joué la carte de la paresse. Elle m’a pas bouffé.
Remarque, elle aurait pas eu grand-chose dans le bide.
Les anges disent que je suis nain.
Pas le nain de Stanislas, oh non !
Les anges, ce sont eux qui m’ont repêché, après bien des tribulations.
Attends cinq minutes, j’appelle Cyclopédie, elle va vous raconter tout ça mieux que moi.
Cyclo, ohé, Cyclo, ben t’es où ?
Ah, je la vois. Elle arrive.

Pour la beauté du logo. ^^😀😀😀

L’agenda ironique d’avril, c’est chez les carnetsparesseux que le poisson songe à écrire, alors le premier épisode de ma participation ne fait pas de friture sur la ligne que voici.
Vous trouverez l’inaltérable formulation de départ à l’écriture en suivant ce lien :
https://carnetsparesseux.wordpress.com/2024/04/03/un-poisson-pas-que-poisson-agenda-ironique-davril/



Pas de friture sur la ligne

La scène

Dans un salon, un mur entier est constitué d’un aquarium à l’intérieur duquel trois petits poissons évoluent avec grâce.
Un quatrième, minuscule et difficile à repérer tant il se fond dans le paysage, se tient devant une sorte d’autel en pierre.
Peut-être dort-il ?
Aucun mouvement ne semble l’animer.
Il est comme suspendu.
En attente, qui sait ?
Oui, mais en attente de quoi ?
Sur l’autel, un livre.
Un livre qui tourne mécaniquement une page en cadence mesurée.
Tiens ! On dirait que le poisson N°4 ouvre un œil.
Ou peut-être les deux ?
Là où se tiendrait l’observateur le plus attentionné, ne lui serait donnée aucune certitude. N°4 se tient parallèle à la vitre.
Pourtant, une intuition viendrait lui indiquer si le poisson cligne ou pas des yeux.
Un pli sous l’arcade sourcilière de l’animal ?
Une légère dysharmonie de l’ouïe ?
Un mince froncement de la bouche ?
C’est à ce moment là qu’une autre réalité se dessine.
Les lèvres de N°4 commencent à bouger.
– C’est toi ? chuchote le nageur N°4 qui fait du surplace, immobile.
– Blblblblblbl… (Bruit de la pompe à eau)
– Dis, carnet…
– Ffffrouttt… (Bruit de la page qui tourne)
– C’est quoi la paresse ?
– Bling bling bling bling bling… (Bruit de l’écran qui pixelise, les petites briques de l’image dégringolent du mur pour aller reformer une nouvelle image).

Une nouvelle image se reforme

Dans un jardin, un banc avec un chapeau de paille posé sur le banc.
Un peu plus loin, une silhouette penchée sur un sillon.
Il tient une binette dans la main droite.
La rhubarbe, s’adressant à sa voisine, la marguerite.
– Dis-moi, Marg…
– Moi, Rhub !
Rires idiots.
– Elle est usée.
– Oui, mais moi, j’l’aime bien !
– Bon, ok, c’est quoi ta question ?
– Tu crois qu’il va réussir à nous éviter, cette fois ?
– Je ne sais pas, Rhub ! Tiens toi prête à agir !
Le jardinier s’approche.
– Vas-y, Rhub !
La rhubarbe se gonfle des feuilles, puis souffle, puis recommence.
L’air remue, flue, reflue, la marguerite est décoiffée.
Le jardinier se penche, observe le jeu du vent.
Il se redresse, se gratte l’oreille gauche.
– Tiens ? Qu’ont-ils à me dire, ces deux là ?
Marg, tout sourire, s’adressant à Rhub :
– On dirait bien qu’il a compris. Il s’est arrêté.
Le jardinier essuie son front du revers de la main.
Reprend sa binette et continue à désherber son sillon avec un régularité presque métronomique.
Rhub s’adressant à un public hypothétique :
– Mais quand vont-ils donc comprendre qu’il n’est nul besoin de déraciner qui que ce soit pour que la terre reste saine, belle, et surtout habitée du vivant ?
– Ffffffeeeeeh… (Bruit du vent)
L’image semble se décomposer, comme des feuillets minuscules qui s’envoleraient sous le souffle doux d’un rêveur endormi.




L’écran
d’une nuit blanche s’éclaire


Une
ville se dessine. Reconnaissable à son mémorial de
paix.
Vierzon !
Haut-lieu
de vigilance, d’espérance, haut-lieu de vie.
Ville d’eau à
la croisée des cinq rivières que sont l’Yèvre, le Cher, le
Barangeon, l’Arnon, le Verdin.
Et puis le canal de Berry qui
vient les souligner.
– Bing !
Le trait du canal vient
d’atteindre le bouton off.
L’écran s’éteint.

Dring, dring… (un téléphone sonne quelque part)




L’écran se rallume.

Un taxiphone, fixé à l’intérieur d’une cabine rouge, dont le bandeau affichant « téléphone » ne laisse aucun doute sur son utilisation.
Un homme arrive, il est en pyjama, sort de la chambre, entre dans le salon, puis dans la cabine. Il décroche le combiné.
– Allo ?
Une voix chantante au bout de la ligne.
– Bonjour, je suis le poisson d’Avril automatique, il est l’heure, l’heure de se lever, Biiiiip, Biiiip, Biiiip…
L’homme raccroche le combiné sur le socle.
Il sort de la cabine téléphonique, referme la porte, se tourne vers l’aquarium, sourit.
– Tu vois, N°4, dit-il en s’adressant au tout petit poisson qui se tient toujours devant l’autel de pierre.
– La paresse, c’est ça !
Et il retourne dans la chambre, se rallonge, s’étire un peu, puis se rendort.
Au fond de l’aquarium, une nouvelle page se tourne.
Poisson N°4 entrouvre l’œil côté salon.
Une bulle sort de sa cavité buccale.
Puis un son.
– Tu vois, carnet, Xénophon rapporte qu’Alexandre pleura quand il eut achevé la conquête du monde. Tamerlan et Attila, eux, pas une larme.
– Mais toi, carnet, versera-tu une larmes ?

Avez-vous déjà vu…

Un ours en chocolat qui court derrière un œuf ?

Une girafe porteuse d’une minerve ?

Un délicieux rocher Suchard qui ne fait aucune publicité ?

Un clin d’œil du soleil ?

Un sourire d’avril ?

Cui-cui.

Aller, c’est le 1er avril, « on » se fait plaisir !!!

Cyclopédie en écriture timbre une note roucoulante, elle avait promis d’envisager la question du tarin, elle évoque celle de la musique.

de 20 à 100 g

Depuis presque dix ans, penchée sur le solfège, elle trace la partition d’un concert rédigé sur des portées où les blanches soupirent, où les croches ont des pattes, où les dièses ont des clefs.

Parfois elle étale au sol le rouleau décompressé, mesure le silence puis range le parchemin avec délicatesse.

Parfois, l’intensité d’une note réveille une musicalité nouvelle, une hauteur de vue ininscriptible, un point d’orgue typographique sur le vélin joyeux.

Cyclopédie remonte ainsi l’horloge des chants grégoriens dont la modulation et la sensibilité dépassent toute convenance de l’échelle byzantine.

Sur sa Keaton Music Typewriter elle articule l’expression libre d’un mouvement atypique.
La création musicale figure l’ange au sourire de la cathédrale de Reims.
Avec son air taquin, celui-là…

Elle sort du cadre défini par les codes classiques pour aller dépoussiérer les archives du Vatican.

Entendez-le comme bon chacun s’illusionne, entendez-le comme le vent dans les voiles du pavillon.
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La persistance rétinienne d’une fantasmagorie est comparable au panneau indicateur du point de jonction entre l’organe et le récepteur.
L’information est traitée par le filtre pour que le café infuse.
Est-ce ainsi que l’être précurseur capte les lueurs phénakistiscopées par le seuil des deux sens ?
Sensiblement, les molécules parcourent tout le réseau à la recherche du neurone récepteur en adéquation. Là, il se connecte.
La partie branchée éclaire le tronc.
L’expérience est tentée par le cercle des poètes disparus.
Ils se sont rassemblés dans la caverne des anciens où trône un guéridon porteur de la boule de cristal.
Le plus jeune préside l’assemblée, il laisse circuler un premier vers.

« Ah ! Que n’ai-je encore vue »

Qui vient se poser au centre de la boule.
Une fois déroulé, ses mouvements à travers le cristal sont comme potentialisés, ce qui induit dans un premier temps comme une sorte de calenture qui paralyse les poètes au point de galvaniser leur réceptivité aux différents messages qui ne tardent pas à être émis par chacun d’entre eux.
Ainsi, ils ajustent un à un les vers du poème, constituant de la sorte le dictame de la création.

« Sur l’âme du monde, quelle bévue ! »

Ce qui émane maintenant de la sphère est comparable à une flamme.
Les poètes en transe la regardent danser.
Chaque vers suivant les deux premiers devra prendre le risque d’être brûlé pour atteindre le centre, soit qu’il prenne l’élan nécessaire pour détenir la rapidité nécessaire à l’action, (ce qui fait trois répétitions du mot nécessaire*) soit qu’il s’assure d’un procédé ignifuge, soit que le vers accepte de n’être plus que cendre à l’arrivée.
Ainsi

« Je suis le vers ignifugé,
Quelle est donc l’âme à traverser ? »
« Je suis la flamme, je suis l’aurore,
Pourquoi donc je reste dehors ? »
« Je suis le mage, le très grand sage,
Le gardien de ce preux passage. »

A cette étape de l’expérience la boule est en fusion, elle rougeoie.
Le silence alors s’établit et recouvre les radiations du voile de départ où souffle le vent doux du zéphyr qui entretiendra la flamme du cercle des poètes sacrés.

Dans l’ordre d’arrivée des créatures fantastiques
– Le vent
– La rétine
– Le cercle
– Le silence

Sans le désordre d’arrivée de ce qui n’est pas dit
– La connaissance
– La reconnaissance
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Pour ma participation à l’agenda ironique de mars qui transite par presque tout l’opéra de Jean-Louis.
Avec toute ma gratitude pour le mouvement fantascopique qui opéra.

Dans le droit fil d’une logique pompeuse, les Shadoks et les Gibis ressurgirent d’on ne sait quelle histoire au détour d’un dessin que je vous communique ici-dessous.

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Les premiers arrivés sur la terre plate, je vous le donne en mille, furent les Shadoks.
Les seconds suivirent, soit : Les Gibis.
Les troisièmes faillirent trépasser.
Les Shadoks détestaient les Gibis, qu’ils considéraient comme des êtres inférieurs et usurpateurs de leur suprématie.
Ils prenaient de grands seaux d’eau et arrosaient les Gibis qui tentaient de les approcher, car ils croyaient que ces derniers étaient porteurs d’une affection très particulière qui se transmettait à leur insu et risquait de les tuer.
Shadoks et Gibis s’organisèrent de façon à n’être plus en contact. Ils érigèrent un mur, séparèrent la terre plate, de façon à ce qu’aucune communication ne s’établisse à jamais entre eux.
C’était sans compter sur la troisième catégorie que nous appellerons les zambitêtes. N’ayant ni parti pris, ni territoire dédié, ils se débrouillèrent pour se rendre invisibles et se disperser des deux côtés du mur. Leur plus grande détresse étant de ne pouvoir être en relation, le mur les séparant n’ayant ni porte ni fenêtre, ils durent inventer la transmission de pensée. Ce qui leur permis de se tenir informés de l’évolution de chacun des deux espaces, soit, d’un côté, les Shadoks et eux, et de l’autre côté, les Gibis et eux.
Les zambitêtes retraçaient l’évolution d’une espèce pendant que les zambitêtes retraçaient l’évolution de l’autre espèce.
C’est lors d’une réunion au sommet du mur qu’ils découvrirent un phénomène tout à fait intriguant : Leurs observations étaient comme alternatives.
En d’autres termes, ce qu’ils observaient ressemblait par intermittence à ce qui était observé par les congénères symétriques et inversement.
La découverte, foudroyante, mis en lumière…
LE COURANT ALTERNATIF !!!
De là est né tout un réseau.
EDF-GDF vous remercie de votre attention.

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Écrit pour l’agenda ironique de février 2024 hébergé cette fois chez Photonanie qui se presse, tel Beaumarchais, de rire de tout de peur d’être obligée d’en pleurer.

Il ne faut pas tuer la peau de l’ours avant de l’avoir vendue

Premier acte :
Dialogue entre deux chercheurs de l’institut du raisonnement mesuré de Palo Alto. (MRI)
– Ouh la ! C’est zeugmatique cette affaire là !
– Pas plus zeugmatique que pneumatique !
– Je comprends pas.
– C’est parce que l’on n’énonce clairement que ce que l’on comprend bien.

Deuxième acte :
Les mêmes chercheurs, au même endroit. Un autre arrive.
– Ouh la la ! Mais quelle tête vous faites !
– J’aimerais bien t’y voir, tiens !
– On ne fait plus rien…

Troisième acte :
Les trois mêmes, au même endroit.
Didascalie : Le dernier arrivé.
« Ils n’ont vraiment pas l’air heureux, faisons contre mauvaise fortune bon chœur. »
Puis, tout haut :
– Vous voulez que je vous déclame un poème de Léopoldine Plugo pour vous détendre ?
Les deux autres en chœur.
– Aller, vas-y, on t’écoute.


Poème

Sous un ponceau de mots la poésie frissonne,
La Boétie revêt l’épée du sardonique.
Fichtre ! Quel zeugme, nous avons du travail.
Après tout, quel esclave se moquerait de son drame !
Kathiso aux ciseaux découpe la phobie,
Remonte à la surface le plancton de folie.
Ah, quelle douce maldonne !
Quelle madone éplorée
Relève son regard d’une aube pathétique !
Ah l’ouvrage des ripailles,
La constance du brame !
La biche était salée
Comme un hareng poêlé
Où le faon s’affranchit
D’un lucide débris.
Bras ouverts flore et faune
Plongent au fond des poubelles.
Tiens ! Une boite de Saupiquet !
Mais quelle est sa querelle ?

Applaudissement du public. Les acteurs saluent.
L’auteur s’assoit juste à côté de la porte à la sortie pour qu’on le voit bien.
Un spectateur s’arrête.
– Monsieur, quel brio ! Mais quel rapport avec le titre ?
– Aucun, jeune homme. A moins que vous n’en trouviez un ?


fin


Le porte-plume

Ecrit pour l’agenda ironique qui ce mois-ci se balance d’une fenêtre à l’autre chez Tiniak ici :
https://polesiaque.wordpress.com/2024/01/03/la-i-2024-commence-ici/
et nous propose sur le thème de l’ouverture d’écrire en débutant notre participation par :
“Par la fenêtre ouverte, force est(*) de constater…”
Tout en essaimant au moins quatre des mots surannés suivants :
bigophone, flamberge, marguerite, mousse et pampre, parangon, védique
Sous toutes formes, prose, poésie, dialogues, chroniques (invitez les lecteurs à la lire à haute voix, certains effets peuvent être intéressants), fictions, reportages…

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Force est de constater par la fenêtre du net,
Que les mots empruntés viennent d’un grand poète.
Qu’il pardonne à l’emprunt d’avoir su détourner,
D’aussi beaux vers à boire, le vin de l’initié.
Si la trousse reste ouverte, stylo-plume enjoué,
C’est bien que l’écriture, ouverte, est un bouquet,
Qu’il convient de manier comme un art de semer,
La joie et la beauté, l’amour et la bonté.
Merci Victor Hugo, merci à votre étoile.
Elle aura eu le don de m’apporter une flamme,
Une lumière, un cadeau, un présent de calame,
Une participation à l’ironie locale.


***

Le porte-plume


Je m’étais endormi la nuit près de la mousse.
Un vent frais m’éveilla, je sortis de ma trousse.
J’ouvris les yeux, je vis le pampre du matin.
Il resplendissait au fond du vieux jardin
Dans une vigne vierge, toute molle et charmante.
La flamberge s’enfuyait emportant la tourmente.
La plume s’éclatait de nuée en duvet.
C’était une douceur qui pensait, qui vivait ;
Elle apaisait l’écueil où la vague déferle ;
On croyait voir l’âme, parangon de la perle.
Il faisait nuit encore, l’ombre bigophonait
Au ciel qu’illuminait un sourire secret.
La lueur argentait le haut du mât qui penche ;
Le navire était noir, mais la voile était blanche ;
Des goélands, debout sur un escarpement,
Attentifs, contemplaient la perle gravement,
Comme un oiseau céleste et fait d’une étincelle.
Marguerite, rassemblant le peuple allait vers elle,
Et, rugissant tout bas, la regardait nacrer,
Et semblait avoir peur de la faire envoler.
Un ineffable amour emplissait l’étendue.
L’herbe verte du jardin frissonnait, éperdue,
Les oiseaux se parlaient dans les nids ; une fleur
Qui s’éveillait me dit : C’est védique, ma sœur.
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https://www.bacdefrancais.net/stella-hugo.php
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