http://ecriturbulente.com/2016/01/21/philippe-claudel-de-quelques-amoureux-des-livres-que/
En voilà encore un qui, partant de simples constat, en fait un livre à distraire. Il y a les livres où une simple phrase va tout changer, les livres qui nous font rêver, ceux qui nous ennuient, ceux qui nous passionnent, ceux qui nous en apprennent. Un rêve d’écriture qui ne reste qu’à l’état de rêve, c’est une béquille qu’il convient de respecter sous peine de se casser la figure. Il me semble, moi, que pour écrire un livre, tout un tas de circonstances doivent s’y prêter, et tant qu’elles ne sont pas réunies, inutile de se faire du mal à forcer. La création est aussi imprévisible qu’une dent de requin qui se détacherait d’une mâchoire pour aller s’accrocher à la pointe du Finistère. Autant dire rare. Tout ayant tellement été écrit par tant d’écrivains, d’écrivants, d’écrivassiers ou d’écrivaillons qu’il semble, lorsque le clavier nous appelle, que rien de nouveau à l’horizon va arriver.
Alors nous pouvons de notre vivant en faire épitaphe, Dodo nous le dit très bien, en faire dérision, cette fois c’est Martine qui le souligne. Un livre, c’est quand il est prêt qu’il arrive.
Pour autant, pas question de se priver de ce plaisir.
C’est pourquoi je me fais fort de trouver mille et une recettes pour le faire.
En voici une.
Pour écrire, prenez un cylindre, envoyez la gravitation, laissez tourner quelques minutes. S’il ne se passe rien, ne recommencez pas. Sortez la poudre à combustion, tartinez-en l’atmosphère et poussez la turbine des gaz à fond. Il se peut que la vapeur soulève le couvercle. Pas d’affolement, la loi des grands nombres est là pour ça. Vous allez atteindre l’équilibre thermique en passant par le principe zéro. Regardez la grandeur incisive de travers, dépassez la masse volumique, soufflez sur l’enthalpie. Vous avez maintenant un potentiel de delta sur pi, mesurable en kilomole d’Avogadro. A partir de là, vous avez compris que le premier principe d’écriture consiste à utiliser la fonction d’état différentielle en stockant suffisamment de pression pour que le piston ne soit pas standard. Faites-en un corps simple par liaison covalente, que l’électronégativité soit atomique ou orbitale. Enclenchez la réaction chimique. Restez endotherme. Voilà, vous êtes suffisamment dihydrogéné pour vous y mettre. Vous avez toute l’énergie potentielle du système pour ce faire. A vous de jouer !
Moi, je viens de le faire.
Je remercie mon non-éditeur sans qui je n’aurais jamais réussi à boucler cet ouvrage, l’entropie, mes parents de m’avoir mise au monde, ma famille, mes amis et mes proches de m’avoir soutenue dans les moments de doute profond, mon correcteur blanco sans qui je n’aurais pas réussi à cacher les imperfections, et bien sûr ma gomme, à laquelle je voue une nette tendance à l’effacement.
Je tiens aussi à remercier les papiers Lafontaine, Seyes, moxford et crépon de soie pour m’avoir mis à disposition tout le matériel nécessaire à l’œuvre immense que voici.
Et ne saurais jamais assez vous remercier, lecteurs, qui avez le courage de venir me lire.
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