L’agenda ironique chez Isabelle-Marie d’Angèle porte un changement d’heure dans un champ avec des fleurs, des plantes qui piquent, qui grattent, qui irritent, des mauvaises herbes dont un pissenlit avec une valise et un truc qui donne l’heure.
Les mots graines sauvages et corolles y seront.
Le terme prévu est le 28 mars.
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Dans la nuit du 25 au 26 mars, à 2 heures moins le quart du matin, un léger bruit fit trembler le territoire du milieu. Nous sommes dans la région d’Aram, au cœur de la Syrie. Le pays du Levant.
Les pluies de l’année ont été favorables.
La lune, dans la touffeur douce de l’heure, effleure d’une tendre caresse rêveuse le délicat chatoiement campagnard.
Le territoire du milieu, un champ en jachère, est d’une verdoyance lumineuse. Bien que plongée dans l’obscurité lunaire, son étendue laisse deviner une multitude de têtes fleuries, aussi colorées les unes que les autres.
L’une d’entre elles vient d’extraire sa racine, ou plutôt, ses deux racines, prenant appui sur ses crans. Elle se lève sur la pointe des racines pour marcher, la terre tremble, que va devenir son humus si toutes les plantes se mettent à marcher ?
Du haut de son inflorescence solaire, le pissenlit avance une racine, puis une autre, lorsqu’un chardon sorti de nulle part dresse soudain devant lui une feuille aussi épineuse que le dard du roi scorpion, ou que le bracelet magnétique porte épingles de Tatie Danielle.
– On veut aller où comme ça, l’Asteraceae ?
– Bah ! En voyage, tiens !
– C’est pas un endroit, ça !
– C’est pas un envers non plus !
– On passe pas !
– C’est ce qu’on va voir !
Aster secoue ses feuilles, s’élève dans l’air, s’envole.
Cardon très irrité s’énerve.
– Mauvaise graine, va !
Aster est trop loin déjà pour l’entendre. Il vient de se poser sur une corolle magnoliacée blanche comme neige.
– Va laver tes racines, tu salis ma robe !
– Décidément, quel accueil !
– Vous, les sauvages, vous salissez toutes les puretés !
– Nous ne sommes pas là pour élever les cochons !
– Ni les scorpions du Nil… Eole, souffle sur cet individu, qu’il quitte mon nid !
Le vent de service souffle alors sur l’arbre et chasse le pissenlit qui se retrouve posé doucement, tout doucement sur le gnomon du scaphé fixé au mur de la maison d’Isabelle-Marie d’Angèle qui jouxte le champ.
Le scaphé, ou si vous préférez « la barque », est l’un des premiers mesureurs de temps, un cadran solaire projetant l’ombre du gnomon sur les douze graduations du jour.
Il est deux heures du matin, l’ombre de la nuit va reculer d’une heure.
L’Aster aussi.
Un léger tremblement secoue à nouveau la terre.
Il est une heure du matin.
Le pissenlit s’éveille en sursaut, bien ancré dans le sol par ses trente centimètres de racines.
Quel est donc ce si beau songe ? Se dit-il.
C’est promis, au prochain changement d’heure, je réessaye mon voyage.
Et qui vivra verra !
Là-bas, au pied du mur de la maison de Marie-d’Angèle Isabelle, une toute petite valise reste posée. Qui n’attend plus que le dimanche 29 octobre pour être retrouvée par son propriétaire.
A l’autre bout du champ, on entend un chuchotement pointu, comme un grattement d’aiguille sur la pierre du temps.
Un chardon s’extrait du sol, poussant sur ses épines, la tête violette d’effort.
Ses racines longues de six mètres n’en finissent pas de sortir de terre.
De cette hauteur, c’est sûr, je verrai l’Aster de tout à l’heure. Se dit-il, perché sur ses échasses racinaires.
Il s’en approche, reconnaît la tête d’or, l’interpelle.
– Eh, toi, l’Aster, tu dors ?
– Non, pourquoi ?
– Tu t’es trompé de changement d’heure, à deux heures, il était trois heures !
– Elle est bien bonne celle-là !
– Aller, va récupérer ta valise et te repercher au gnomon.
L’éclair de lumière qui fusa du fond de la nuit parut pour certains un miracle, au point que chaque fleur des champs témoin décrivit l’évènement.
On en fit un recueil, relié cuir pleine fleur, qui sort encore de la nuit des temps par sa lumière.
Le papyrus biblique !
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L’Aster, du nom que l’on peut prononcer, vous l’avez compris, issu du diminutif d’asteraceae, de la famille dont est issu le pissenlit, l’Aster, donc, reperché à nouveau sur le gnomon, attendait benoitement le changement d’heure.
L’ombre des deux heures du matin s’approchant à pas de loup, il ne l’entendit pas arriver.
Froutch ! Cette fois, c’est sur une agave qu’Aster atterrit.
Après avoir glissé sur une longue, très longue feuille de la plante grasse, un cran s’aggripe à une épine du bord et l’arrête dans sa course. Aster est secoué mais ce qu’il découvre le surprend encore plus. La base de l’agave est en acier peint, ça et là des écailles de vert se détachent, mettant à nu le métal froid. L’imitation est si parfaite que l’agave pourrait passer pour vraie si le temps n’y avait décollé quelques touches de maquillage.
Un cactus dans un champ de fleurs, tout d’acier coloré de résine ! C’est insensé !
Evidemment, vu sa taille gigantesque, pissenlit Aster se trouve bien minuscule.
Il sent alors bouger quelque chose sous ses racines.
Le cœur de la plante grasse s’anime, une mécanique incroyablement précise se met à tourner, attrapant l’extrémité d’une des racines d’Aster vers l’engrenage dentu d’un pressoir.
Tout va très vite ensuite.
Une haie de chardons s’est rassemblée autour de l’agave.
Ils portent, au creux de leurs feuilles épineuses, des cailloux qu’ils jettent de concert au cœur de la machine, écartant suffisamment les dents pour que le brave pissenlit retire sa racine indemne et se sente soulevé dans les airs par quarante têtes bleues, puis déposé au sol avec douceur.
Ouf ! Il a eu chaud !
Une petite perle blanche suinte au niveau du cran qui s’était accroché au bord épineux de l’agave.
Aster est blessé, heureusement rien de grave.
Tournant sa tête d’or vers la barque et le gnomon, il remarque que l’ombre de la nuit est passée à l’heure d’été. Au pied du mur il n’y a plus rien.
Il se dit que décidément, rien n’est cohérent.
L’heure d’été au printemps !
Il n’y a plus de saison !
Que s’est-il donc passé pendant l’heure écoulée qui n’existe pas ?
Une valise a disparu, peut-être ?
Aster remercie les chardons aux jolies efflorescences bleues et reprend sa marche.
Cette fois, aucun d’entre eux ne lui barre le chemin.
Un vent de liberté souffle sur leurs têtes.
Archive for the ‘Aventure’ Category
Ne vous fiez pas aux apparences !
Posted in Amitié, Aventure, Chance, Inclassable, Poésie on 9 mars 2023| 24 Comments »
Le pâté d’argumentations
Posted in Aventure, Cosmogonie, Fragments, Libre d'écrire ce que je veux on 10 avril 2021| 2 Comments »
Dans la charcuterie littéraire, l’artisan chez lequel je suis cliente propose un étal de produits diversifiés où figure son fameux pâté, le bien nommé « pâté d’argumentations ».
J’étais curieuse d’en connaître la recette, mais lorsque je la lui ai demandée, ce dernier a refusé catégoriquement de partager ses secrets.
Pour autant, n’ayant pas l’originale, (de recette), et faisant appel à toute ma force de persuasion, j’ai argumenté auprès de Cyclopédie pour qu’elle recrée une copie approchée.
L’esprit logique de cette dernière ne tarda pas à produire toute une panoplie de pâtés, tout aussi diversifiés que sur l’étal de mon artisan charcutier, qui ne tardèrent pas eux-mêmes à se tourner de si diverses sortes que bientôt l’original ne fût plus qu’un vague souvenir.
Le premier essais fit montre d’un discours discursif, faisant cohabiter dans la terrine à pâté des figures de style avec une symétrie de conviction telle que l’agrégat de ses propositions empiriques prit une coloration absurde à la démonstration. Une fois passée au four de l’analyse, la tenue générale de sa rhétorique finit par s’effriter devant la proposition opératoire d’un jargon néologique du phénomène tautologique.
Ce qui demandait rectification.
La symétrie fut donc remplacée par l’amalgame, histoire de varier l’effet à l’émission, puis saupoudré d’une touche de slogan, créant de la sorte un tel dilemme cornélien que seule une nouvelle jurisprudence vint à bout de sa narration.
A la suite de quoi, il fut établi ces trois règles :
1 – La logique est une preuve de la raison pour laquelle les sots préfèrent avoir raison.
2 – La définition du jargon lors d’un pâté d’argumentations professionnel énonce la connaissance par la vulgarisation du phénomène de sa logique.
3 – La représentation analogique transite par la contingence pragmatique d’une conviction alléguée par la preuve.
Côté pratique :
Afin de fabriquer ce bon pâté, cherchons un sujet à argumenter.
Petit un : Choisissons un sujet sain d’esprit et de corps.
« Appelons un chat un chat » par exemple.
Tout d’abord, choix du chat dans un refuge.
Second temps, l’appeler « un chat ».
S’il vient, c’est qu’il s’est reconnu.
S’il ne vient pas. L’habiller de mots.
Par exemple :
La nuit tous les chats sont gris.
Le jour tous les chats sont perchés sur le ronron continu de la couleur de leur robe.
Entre le jour et la nuit tous les chats ronflent dans les poches du temps.
Si tu donnes ta langue au pâté d’argumentations, prévois de quoi rester hydraté lors de son exposé.
Le chat retombe toujours sur le côté beurré de la tartine.
S’il ne vient toujours pas, lui servir un pâté complet d’argumentations.
Qui veut un chat potron-minet doit apprendre à se lever tôt.
Le pâté ne supporte pas d’avoir un chat dans la gorge : Développez. Vous avez trois heures.
Un chat sain qui n’a pas la maladie des griffes du chromosome 5 coupe les ongles aux rats.
Si un pipi de chat te fait un pâté d’argumentations, c’est qu’il n’est pas d’une quantité négligeable.
Alors ? Où en est le chat ?
Toujours est-il que pour conclure, si le pâté n’a pas de quoi se fouetter d’une dialectique de la raison du chat, c’est bien parce-que le questionnement reste et restera la forme la plus félinisée de son bon poil.
La semaine prochaine, nous aborderons la question du pâté qui donne une langue de chat à Cyclopédie, soit : La recette du pâté de pinaillage à l’ergot de petite bête qui cherche la tergiversation par la chicane de ses exagérations à l’opposé de tout pâté d’argumentaire en gelée.
Bonne semaine à tous mes lecteurs.
Et même à ceux qui ne me lisent pas !
Cyclopédie Bougon, pour Jo, qui bougonne plus vite que son ombre.

Mathématiquement scriptural
Posted in Aventure, Concours, désordre, Livres, Mouvement, Mythologie, personnages, Voyage on 10 février 2020| 14 Comments »
Mathématiquement scriptural
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La semaine des quatre jeudis était arrivée. Les autres jours, interloqués, se taisaient devant tant d’indécence. Comment les jeudis avaient-ils osé envahir tout le territoire de la semaine ?
Y avait-il eu complot, qu’aucun des autres jours n’avaient su voir ?
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Le directeur d’académie, Hastings, tournicotait son agenda ironique autour de son cerveau limbique lorsque Séléna Rupin frappa à sa porte.
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– Capitaine, le cours sur la logique cartésienne des phénomènes capito-planéto-rosicrucio-logiques vient d’être annulé. Il était planifié sur le mardi, nous sommes encore jeudi de la semaine dernière, comment faire ?
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Le directeur se leva et, s’appuyant sur le sceptre d’Horus l’ancien que lui avait offert sa mère avant de disparaître en l’abandonnant devant l’entrée de l’urne funéraire du système capitaliste de l’an 2920.
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– Cette chère Séléna ! N’allez pas confondre jeudi de la semaine dernière et jeudi d’aujourd’hui, très chère ! Nous sommes jeudi du jour, et si le cours doit être annulé, faite confiance à votre programme, il sait de quoi il s’agit.
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– Mais nous avions prévu un séjour sur la planète du jour, Hastings, et notre expérience tombera de retard, en ce fait. Savez-vous que nous n’avons qu’un passage tous les deux ans, Hastings ? Et aussi proche qu’elle soit, nous n’aurons pas assez d’essence pour faire la route dans l’autre sens si nous annulons notre départ aujourd’hui.
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Le capitaine crispa légèrement la bouche d’un air réprobateur.
– Mademoiselle Rupin, si le cours du mardi est annulé pour cause de jeudi, soyez bonne joueuse, adaptez votre programme ! Vous n’avez donc jamais entendu parler de ces dix jours escamotés, semble-t-il. Allez-donc vous cultiver et pousser un peu plus loin vos recherches, votre limite est pâle comme le reflet du jour, très chère. Allez, et n’insistez pas !
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Séléna pris une grande respiration et le toisa d’un regard fulminant.
– Vous n’aurez pas le dernier mot, capitaine ! Je n’ai pas l’habitude d’obéïr sans au moins m’assurer que la décision est celle qui aura les meilleures conséquences possibles sur le système à réformer. Vous n’êtes pas là pour faire office de modèle, Monsieur, mais seulement pour laisser les possibles de chacun se déployer dans les limites saines de ses conséquences. Nous irons sur mars quoiqu’il nous en coûte, et ce n’est pas vous qui allez nous en empêcher. Le cours du mardi aura lieu ce jeudi, un point c’est tout !
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Hastings sourit. Il la connaissait par cœur, et savait combien elle avait du caractère. Mais avec l’ensemble des référents enseignants, il avait tout prévu, même cette réaction vive et fulgurante de la part de cette professeur de langage marhématique au tempérament ardent d’exploratrice des espaces encore non défrichés.
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Séléna enseignait la « faconde rigoureuse », une spécialité de l’école, qu’elle avait créée de toutes pièces, en découvrant avec stupeur combien les catégories socio-professionnelles avaient tendance à ne pas mesurer le pouvoir du langage. Les discussions avaient tellement porté leurs fruits, qu’un projet de voyage sur mars, le belliqueux, avait été construit avec les élèves les plus brillants, car ils éclairaient la nuit de l’espace, et permettaient d’aller dénicher la planète en question grâce au lampadaire de la clarté. Le belliqueux mars et son langage percutant ne devait pas le rester bien longtemps, car le voyage prévoyait une application spéciale « arrondis des phrasés ». Sans déphaser les phrases, cette lumineuse expédition ne pourrait se faire un jeudi sans l’aval d’un décalage de l’agenda calendaire du système linguistique ironique, et seul, le capitaine, donc lui-même, serait en mesure de le faire. Il pouvait donc dormir sur ses deux oreilles, rien ni personne n’aurait le pouvoir de ce décalage, La position d’autorité qu’il détenait était pain béni.
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C’était sans compter sur la résistance aux corruptions du groupe « prosodimétrie ».
Qui dépêcha sur le champ son meilleur compositeur de quatrain pour dénoncer le boycott du départ sur mars.
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Ce qui donna :
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« Départ du jour annulé par quatre jeudis tétraplexiques,
Que sont nos mardis devenus ?
La clique d’Hastings et sa bande de Poirots métaphysiques,
Biscorne notre voyage qui l’eut cru ! »
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Une mobilisation générale des étudiants fonda alors le mouvement de la minute de silence la plus longue. C’est ainsi que le sitting de la minute de silence la plus longue dura près de 10 jours, assis en tailleur devant le bureau d’Hastings, du premier jeudi de la semaine des quatre au mardi suivant. Dix jours de silence durant lesquels rien ne se passa, mais au cours duquel le son le plus inaudible gagna les esprits de tous en les alignant sur une même longueur d’onde. Il s’agissait de régler le canal par lequel l’ensemble des personnes présentes pourraient ensuite faire appel à chacun des participants au mouvement de contestation.
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Ainsi, dix jours furent à jamais rayés de l’agenda, sans que l’ironie du sort en fut pour autant affectée. La chance s’inscrivit au voyage suivant puisque partant du jeudi de l’ascension, l’expédition les amena tout droit sur Jupiter. .
La grosse gazeuse les accueillit aériennement dans la plus grande débonnarité.
Un jupitérien vint leur faire le salut tétraflexé Pégasien.
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Tout est dit ?
Non, car Séléna Rupin, enseignante et instigatrice du voyage, entrevit l’écueil et l’anticipa en décidant de lire la logique adjacente dont le sieur Thomas Hobbes fait état dans son Léviathan :
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Tétracitations du fameux Léviathan de Thomas Hobbes :
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1 : Le premier arc-en-ciel qui fut aperçu dans le monde était un miracle, parce que c’était le premier, qu’en conséquence l’événement était insolite, et qu’il servait de signe venu de Dieu, placé dans le ciel pour assurer à son peuple qu’il n’y aurait plus de destruction universelle du monde par l’eau.
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2 : De sorte que c’est dans la définition correcte des dénominations que repose le premier usage de la parole, qui est l’acquisition de la science, et c’est sur les définitions inexactes, ou sur l’absence de définitions que repose le premier abus, dont procèdent toutes les opinions fausses et insensées qui font que ces hommes qui reçoivent leur instruction de l’autorité des livres, et non de leur propre méditation, se trouvent autant au-dessous de la condition des hommes ignorants, que les hommes qui possèdent la vraie science se trouvent au-dessus.[CH 4 De la parole]
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3 : Pour conclure, la lumière de l’esprit humain est la clarté des mots, mais grâce à des définitions exactes préalablement débarrassées et lavées de toute ambiguïté ; la raison est le pas, le progrès de la science la route et l’avantage du genre humain le but.
Leviatan, 5. De la raison et de la science.
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4 : A vous d’écrire la quatrième, si le cœur vous en dit.
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Tétraplexique : Se dit d’un phénomène se produisant simultanément dans quatre directions.
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Exemple : Une fusée tétraplexique qui s’envole dans les quatre points cardinaux en demi-cercle se rejoignant en altitude pour se déplacer à nouveau en tétraplexie, système auto-renouvelant l’énergie du déplacement et permettant par le mouvement perpétuel d’aller plus loin dans l’univers.
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Tétraflexion : Un salut pégasien.
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Tétra-personnages principaux de l’histoire :
1 -Hercule Poirot
2 -Capitaine Hastings
3 -Séléna Rupin
4 -Un pégasien
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N.B. 1 : La tricherie consiste à faire pile 29 paragraphes titre inclus et non pas maximum 29 phrases tel qu’indiqué par jacou33 dans les contraintes d’écriture de l’agenda ironique de février 2020. En y incluant ces deux précisions N.B. 1 et N.B. 2. Ainsi que d’utiliser la semaine des quatre jeudis en bonne et due place de l’une des quatre propositions à inclure que sont « Henri IV, les quatre mousquetaires, les quatre filles du docteur March, le lac des Quatre Cantons ».
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N.B. 2 : Ecrit pour l’agenda ironique de février 2020 qui se tient ce moi-ci chez jacou33, ici même, sous le titre suivant : Mais, où donc sont passés ces dix jours ?
Voyage inter-sidérant (Episode 6)
Posted in Aventure, Créativité, fiction, Gazouillis, Mystère, Voyage on 29 mai 2018| 20 Comments »
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Les gens sérieux n’ont pas d’histoire, c’est du moins ce que l’on prétend.
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Episode 1 ici
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Episode 2 ici
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Episode 3 ici
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Episode 4 ici
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Episode 5 ici
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Mercredi 6 juin, le bruit résonnant de la raison vint sortir du sommeil notre fameux Gyrus Temporal Supérieur.
Et puis il reconnut la voix de l’idée maïeutique.
– Poussez !
Une idée de reproduction se tenait cambrée sur un phénomène plasmatique, l’ADN distendu.
– Poussez, je sens que ça vient, vous y êtes.
L’idée de silence se taisait.
Le brouhaha des voies de la raison couvrait celle-ci d’un épais voile d’idées bruyantes et sonores qui s’exprimaient toutes en même temps, dans le désordre le plus absolu.
Le Gyrus Temporal Supérieur essayait d’en décoder le plus possible, que s’était-il passé dans son sommeil pour que toutes ces idées aient leur mot à dire ?
L’idée de vérité se disait qu’elle aurait bien du labeur à retrouver ses comparses.
Il y eut un murmure sinueux lorsque l’idée serpentine traversa fugacement une purée de chuchotis.
L’idée de j’m’en foutisme s’en foutait littéralement.
Et puis l’idée de clarté sortit de la cacophonie.
– Voyons, une idée à la fois ! Ordre et rigueur, force et volonté, sagesse et prudence, légèreté et joie, si vous voulez bien vous avancer, nous allons procéder à l’arraisonnage. Rassemblement.
Tout le monde à son poste de travail.
A ce dernier mot, l’ensemble des idées s’était tu.
Wernicke, profitant de l’accalmie, pointa son nez à l’écran de la réflexion pour entonner le chant des marins de l’espèce spatiale spécialement créé pour l’occasion.
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Vous qu’êtes des marins de l’espace
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Rassemblez vos idées, vos pensées vos concepts,
Et mettez sous le coude ce qui sert de précepte.
Hissez haut les couleurs de la philanthropie,
Et accostez les rives du jardin fantasy.
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Mélangez les couleurs,
Hissez haut l’illusion,
Les rêves ont la saveur,
De vos vieux abandons.
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Reprenez tous en chœur,
La vie tient à trois fils,
Où se prendre au sérieux,
N’en laissera que deux.
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Le pont de la lumière célébrera ses flots,
Et la géante rouge ouvrira grand ses eaux,
A nous, ses voyageurs, marins dans les étoiles,
Si nous arrivons nus de représentations.
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Ainsi fut fait. Ils ont hissé haut le pavillon de l’illusoire.
L’hippocampe chaussa le monocle de l’ignorance pour ne rien rater de la découverte.
Connaissant les astuces de l’imagination, les pensées vacuitaires ont déroulé le tapis de l’insignifiant dérisoire sur le pont de la lumière et les couleurs sont passées.
La pensée du crible pour une fois s’est abstenue.
Et la géante rouge les a reçus dans son monde de sensations dénué de paroles où mille nuances d’impressions n’ont plus l’artifice de se dire et où les grands fonds de l’expérience humaine n’ont plus que l’être et le néant de la dilution pour se vivre.
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– Wernicke !
– Wernicke, répondez !
– Wernicke, ici l’Hypothamamus, qu’est-ce que vous foutez, bon dieu !
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L’Hypothalamus avait lancé le catalyseur de l’alchimie réactive.
L’idée fusionnelle se décolla immédiatement du sentiment de bien-être dans lequel elle baignait.
Le grand cric de la littérature Belge se mit à croquer une pomme Star Trekienne Nobélogisée de l’année. Une fane de radis dépassait de sa mâchoire neuronale en faisant signe de la feuille à l’idée de la fébrilité de plage allongée sur sa serviette de bain.
L’estomac rempli de l’interconnexion était resté bouche bée devant le chaudron de la communauté d’où un léger frémissement d’idées s’échappait par endroit ainsi qu’à l’envers.
L’Oméga3 se débattait pour échapper à la ride du terminator.
L’idéfix se rappelait que la palme était aussi décoiffée que l’idévive, ce qui était super car elle adorait les commentaires. Purkinge sortit son stylo neuronal pour en écrire une formule. Il affirmait en ces termes que la mini jupe pouvait se libérer du corset grâce à une circonvolution d’Obi W’Anne.
Un cinquième type à la gouaille Apollonienne élastiquée des chaussettes de Neil Alden Armstrong vint à passer. Il affirmait que les branchements de la marmite allaient probablement se poser sur le papier de la suite. La suite lui donna raison. Une Genèse demandait à enregistrer les originaux afin de fonder son existence sur du développement durable.
Tout cela se déroula dans le bon thon le plus en boite possible.
Une demande de vacances rempotée ventre à terre s’alluma dans le circuit de la force. C’est qu’Obi Louvain, chevalier de la lumière, adorait le pot au feu des maîtres Jedi, que l’emblématique Kenobi savait si bien cuisiner. La régulation des énergies atteindrait irrémédiablement l’équilibre avec une belle conscience des besoins de chacun.
Ainsi fut reconnue la valeur de la corde sur laquelle le funambule traversait en toute conscience le tissage aérien et avec lequel l’existence pouvait être protégée de la pluie ou pas.
L’enthousiasme de la découverte l’emporterait bien au-delà de ce qui était imaginable. Aussi savant qu’un oiseau disparu, pas question de fuir devant l’emportement de notre One Neuve.
Ainsi soit il.
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Wernicke ne répondit que bien plus tard.
Lorsqu’il émergea de la puissante béatitude dans laquelle plus rien n’existait d’autre que la sensation. L’Hypothalamus en vacances sur la Manche rive gauche commençait sérieusement à s’inquiéter.
Lorsqu’il apprit ce qui s’était passé, il sut que la face du monde allait radicalement changer.
Il commença alors à sentir les poissons remuer dans ses cheveux.
La métamorphose l’avait rendu à lui-même, Hypothalamuse.
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Voyage inter-sidérant (Episode 5)
Posted in Aventure, Créativité, fiction, Gazouillis, Mystère, Voyage on 29 mai 2018| 6 Comments »
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Episode 1 ici
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Episode 2 ici
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Episode 3 ici
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Episode 4 ici
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(La machine à penser, s’exprimant à voix haute, s’adressant à l’assemblée de ses idées)
– L’organe de la conscience.
– Il mérite qu’on s’y arrête un petit peu, non ?
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(Hypothèse d’élucubration interne de la machine à penser, marmonnant inaudiblement)
Alors, il est né quand, celui-là ?
Si ce n’est pas une question, ça ?
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(Elucubration interne de la machine à penser, échappement s’adressant tout haut à son for intérieur)
Jung, que je vais retransmettre « en direct » ici même nous en dit quelque chose. Et croyez-moi, ils ne sont pas si nombreux que ça à s’y être penché aussi objectivement.
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(Elucubration interne de la machine à penser, en son for intérieur et en silence, cette fois)
Enfin, ça n’engage que moi d’affirmer un truc pareil, et puis c’est un tout petit rien prétentieux d’en parler en ces termes. Mais après tout, je ne vois pas pour quelle raison objective je m’empêcherais d’avoir ce type de pensée, ni même pour quelle raison objective je m’empêcherais d’être prétentieuse après tout !
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(Elucubration interne se décalant)
Il vaudrait mieux que je demande à la Jobougon de censurer ce passage…
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(Reprenant tout bas)
Et puis, rien ne s’opposera à moi lorsque j’aurai envie de changer ma pensée, pour peu que ma conscience me propose une façon d’être plus ajustée à une nouvelle forme de pensée.
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Par exemple, la pensée cubique si elle le veut vraiment peut prétendre et devenir cruciforme, ou rocambolesque, ou encore à l’ouestisée.
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Ah ah ! Alors la prétention ? Vous voulez rire. Non mais !
Sur une échelle allant de zéro à dix je m’aime à combien ?
Si la mesure de l’amour est d’aimer sans mesure virgule
Et si l’amour rend aveugle, alors je m’aime, c’est sûr.
Preuve en est c’est que je ne me vois pas.
Enfin, objectivement, quoi !
J’ai bien une vague idée parmi toutes, sur certains points.
Je dirais même mieux, une idée tout court.
Mais autant dire que cette idée de mesure m’indiffère au plus haut point. C’est court, une idée tout court. Ça fait tout courir partout.
Ce qui ne m’indiffère pas, par contre, c’est de réussir à appuyer mon moteur sur, et là, je reviens aux moutons de la conscience, la conscience.
Peut-on considérer que ma sensibilité à ce propos est issue d’une croyance ou bien suis-je entièrement responsable de mon choix ?
Et qu’est-ce qui ferait la différence, si ce n’est la conscience des raisons pour laquelle ma détermination un jour s’est ralliée à moi.
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(La machine à penser, qui reprend à voix haute)
Bon ! Assez élucubré ! Allons voir ce que dis C.G. Jung sur la conscience d’elle-même et sur sa naissance ?
https://www.cgjung.net/oeuvre/textes/conscience/index.htm
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Éclosion de la conscience
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« La découverte de l’écriture est pour moi le critère qui permet de dater l’éclosion d’une conscience responsable. Cette découverte représente un pas décisif dans l’évolution de la conscience humaine. Elle indique la naissance d’une conscience réflexive, et non simplement de la conscience.
Il nous faut renoncer à connaître les circonstances de cette découverte. Elle relève de la volonté divine. Mais ce que nous pouvons dire, c’est que la naissance de l’écriture marque aussi la naissance d’une conscience réflexive. Et nulle autre forme de conscience ne peut être qualifiée d’humaine. »
« Les monuments les plus anciens à porter des inscriptions datent de 4200-4100 avant J.-C. Les premiers textes en écriture cunéiforme et les hiéroglyphes remontent à peu près à la même époque. Nous pouvons donc parler d’une conscience humaine à partir de cette époque, c’est à dire il y a environ six mille ans. Ce n’est pas si énorme.
Au regard de l’histoire de l’humanité, il s’agit d’une période relativement brève. Nous pouvons dire que nous avons parcouru un chemin considérable. Mais, eu égard à toutes les possibilités qui s’offrent encore à nous, ou à l’immense étendue de l’inconscient, c’est peut-être encore bien peu. Et ceux qui affirment que la conscience véritable n’a peut-être pas encore vu le jour ont peut-être raison.
Je pense en effet qu’il y a encore des possibilités infinies pour la conscience humaine. Nous pensons généralement avoir atteint le sommet de nos difficultés, mais en fait nous en sommes très loin. Je croirais plutôt, pour ma part, que l’inconscient représente encore la plus grande part de notre psyché. »
C.G. Jung » Sur l’Interprétation des rêves « , Albin Michel, 1998 p 205/ 206.
LA CONSCIENCE EN PHILOSOPHIE
https://la-philosophie.com/la-conscience-philosophie
Dont je ne citerai que la conclusion :
La conscience se définit, certes, par son activité quant à la connaissance, mais aussi par ses lacunes, ses errances, son opacité. En approchant l’homme relativement à cette opacité de la conscience, force est de constater que celle-ci n’est pas transparente à elle-même. Il y a en elle des choses qui lui échappent et qui signalent que par-delà ce que la conscience affirme d’autres choses se disent. Penser la conscience signifie donc aussi penser ce qu’elle ne maîtrise pas au sein du psychisme et qui peut la remettre en question quant à son autorité. Cette remise en question passera par Nietzsche par la volonté de puissance, par Marx dans le domaine social pour aboutir au thème de l’inconscient chez Freud, inconscient qui induira ce constat fatal :
« Le Moi n’est pas maître en sa propre maison »
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« Mais les mois, l’émoi, et moi, nous avons l’alphabet !
D’où le constat défatalisant suivant pour le plus grand soulagement de tous, sauf de la ménagère : Le bœuf est maître dans la maison ! »
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« L’idée d’émancipation se demandait s’il ne fallait pas rajouter une défatalité de plus ».
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Quoiqu’il en soit, notre voyage inter-sidérant s’était fait happer par tout un tas de réflexions issues directement de son cheminement.
L’invention de la sidération consécutive à la prise de conscience d’une rencontre entre le monde des idées et celui d’une géante rouge qui s’avérera plus tard être le monde des affects, pathos chez les grecs, avait paralysé l’histoire.
Forts de cette expérience imaginaire, nous allions pouvoir reprendre l’exploration réelle de notre premier cheminement d’idée pour lequel Wernicke avait cru bon de faire appel à l’imagination du Gyrus Temporal Supérieur, pensant sans doute que le supérieur aurait suffisamment de prétentions pour en arriver à élaborer une rencontre intemporalement optimale.
Le Gyrus Temporal Supérieur transmit sans tarder sa version de l’imaginaire histoire des idées accostant une géante rouge occupant tout le ciel et s’endormit profondément durant les jours à suivre*.
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En cas d’urgence, vous pouvez contacter l’idée de garde.
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La suite dans deux semaines, défalquées du nombre de jours passés depuis le début de l’apparition de la Géante Rouge dans cet espace et la parution de cette histoire, ce qui emmènera le temps d’aujourd’hui au mercredi 6 juin tout au plus.
Majorée d’une surcote aléatoire d’idées farfelues pouvant aller jusqu’à deux semaines de plus ou de moins, selon le sens de l’orientation du fil conducteur du temps.
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D’ici là, d’autres histoires seront peut-être éditées, aussi je me réserve une page blanche intercalée jusqu’à complète écriture ici-là :
Faussant ainsi le temps de la datation des articles sur WP.
Jobougon, qui s’offre la prétention de réduire le temps de dix jours en ce lieu.
Excellente fin de dizaine à tous.
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* Jusqu’au réveil de l’idée d’émergence.
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Suite et dernier épisode ici :
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Voyage inter-sidérant (Episode 4)
Posted in Aventure, Créativité, fiction, Gazouillis, Mystère, Voyage on 28 mai 2018| 7 Comments »
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Episode 1 ici
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Episode 2 ici
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Episode 3 ici
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( Le Gyrus Temporal Supérieur)
– Adaptation, adaptation, il en avait de bonnes, le Wernicke, avec son adaptation. J’aimerais bien l’y voir, moi, devant l’idée d’invention de la géante rouge, pfff !
– Des fois, on s’demande bien si les gens pensent vraiment à c’qu’y disent…
– Bon aller, zou ! On va commencer par un truc, épionverrabiencequisuit.
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Il était une fois, une géante rouge nommé Xylil. Elle était si géante que parfois le ciel ne voyait qu’elle. Un jour où rien ne se passait d’extraordinaire, une pensée surgit du vide et vint se coller sur le hublot de notre fameuse machine à penser.
– Tient, se dit-elle, voici une pensée de l’espace !
La pensée, surgie du vide, faisait moult gestes désordonnés, semblant vouloir dire quelque chose. La machine à penser, intriguée, lui ouvrit le dialogue en lui offrant l’accès à son habitacle. Les résonances amplifiées par le résidu de vide brouillèrent dans un premier temps la communication mais ensuite, une fois résorbés ses grésillements, la compréhension installa un pont entre la machine et la pensée de l’espace.
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(Pensée de l’espace)
– Dis-moi, la machine à penser, depuis que nous connaissons la géante rouge, avons-nous jamais pensé à prendre le temps de la connaître ?
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(La machine à penser)
– Non, je ne vois rien de pensé de tel dans nos archives.
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(Pensée de l’espace)
– Est-il possible de la créer avec votre bécane ?
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(La machine à penser, devenue bécane à penser)
– Il me semble bien que tu n’as pas eu besoin de moi pour la créer à l’instant en la formulant.
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(La pensée de l’espace, par extension devenue l’idée de prendre le temps de connaître la géante rouge)
– Ce serait donc aussi simple ! Il suffirait de formuler l’idée pour que j’existe ?
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(La machine à penser, résolue à redevenir elle-même)
– En tant qu’idée, oui. En tant que matérialisée, cela passe par un projet et des actes visant à te réaliser.
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(L’idée de prendre le temps de connaître la géante rouge)
– Cela voudrait donc dire que je n’existe pas ?
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(La machine à penser, toujours résolue à redevenir elle-même)
– Si ! Tu existes en tant que pensée. Mais pas en tant que réalisation. Pour cela, tu vas devoir passer par tous les stades graduels de la mise en pratique de toi-même jusqu’à l’accomplissement.
En t’émettant, tu viens d’informer l’interlocuteur auquel tu t’adresses de ce qui occupe ton for intérieur. Et en tant qu’interlocutrice, je m’estime privilégiée de te recevoir suffisamment cinq sur cinq pour être dorénavant fortement intéressée par l’aventure de la connaissance de notre bonne vieille géante rouge.
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(L’idée de l’archéologie du ciel)
– Nous pourrions procéder à des fouilles élucubrologiques ?
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(L’idée technicospacifique)
– Oui, nous pourrions lancer un treuil locomoteur hameçon puis tourner le moulinet pour nous rapprocher d’elle.
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(La machine à penser, redevenue elle-même)
– Bien, rassemblons toutes nos compétences pour en faire une découverte merveilleuse.
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( Le Gyrus Temporal Supérieur, soupirant fortement)
– Avec ça, si on ne tourne pas autour du pot ! Je ne sais pas ce que cette machine mouline, mais c’est d’un long !
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(La machine à penser)
– Oui, bon, c’est pas la peine de mettre la pression mon vieux ! Entre l’idée et sa réalisation, si nous allons trop vite, nous n’en réaliserons que la moitié. Et encore, l’estimation est généreuse !
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(Les bras)
– Bien, je crois que c’est le moment pour moi d’intervenir.
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Ainsi fut fait.
L’hameçon fut choisi à ventouse, pour ne pas léser la surface de la géante rouge.
Le moulinet actionné réduisit rapidement la distance, bientôt la machine accosta la surface et les idées purent déambuler sur Xylil.
Ce n’est pas que le Gyrus cédait à la pression mais bon, …
Visiblement la géante était déserte. Toute sa surface était recouverte d’ondes dont la longueur se situait à environ 650 nanomètres.
Les idées de jeux s’amusèrent à surfer sur les vagues avec de grands éclats de plaisir. Toutes sortes d’idées jaillissaient de nulle part et se joignaient à l’allégresse générale. Et ça faisait un de ces boucans…
Jusqu’au moment où un crépitement puissant se fit entendre, couvrant tout le boucit.
Pardon, couvrit tout le boucan.
Toutes les vagues se figèrent.
Toutes les idées restèrent sidérées.
La conscience de la rencontre avec la différence de nature venait d’arriver.
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Suite de ce quatrième épisode ici :
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Identification d’une pensée d’amalgame de tons sur ton en train de surfer.
Voyage inter-sidérant (Episode 3)
Posted in Aventure, Créativité, fiction, Gazouillis, Mystère, Voyage on 26 mai 2018| 13 Comments »
Chaque jour passé de la veille s’appelle hier, chaque jour à suivre s’appelle demain, chaque jour présent s’appelle aujourd’hui.
Tous les jours s’appellent aujourd’hui à partir de l’instant présent. Croyez-le bien, ce n’est pas nouveau.
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Episode 1 ici :
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Episode 2 que vous pourrez lire pour de nombreux aujourd’huis encore ici.
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Wernicke est installé devant son bureau, il tient le combiné Amygdalien près de son oreille droite.
A la suite de la conférence relative à la préparation d’astéllairissage sur Xylil, et une fois réinstallé dans le planum temporal de son bureau, il s’est saisi du combiné Amygdalien afin de faire appel aux compétences du Gyrus Temporal Supérieur.
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(Le Gyrus Temporal Supérieur)
– Je vous écoute Monsieur !
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(Wernicke)
– Je viens de rassembler les idées pour préparer l’arrivée sur Xylil.
Figurez-vous que la première idée conceptuelle de l’Homme a prononcé une idée réinventée.
Vous voyez de qui je veux parler, Gyrus ?
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(Le Gyrus Temporal Supérieur)
– Euh… Je suppose que vous parlez de l’idée d’enterrer les morts ?
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(Wernicke)
– A la base c’est ça ! Vous la connaissez ?
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(Le Gyrus Temporal Supérieur)
– Oui, un peu. Elle a ouvert tout un champ.
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(Wernicke)
– De morts ?
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(Le Gyrus Temporal Supérieur)
– Non, d’idées !
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(Wernicke)
– Ah ! J’aime mieux ça !
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(Le Gyrus Temporal Supérieur)
– Et quelle est celle qui résulte de sa réinvention ?
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(Wernicke)
Une idée qui n’est pas la moindre puisqu’il s’agit d’inventer l’histoire de la Géante Rouge. Une histoire bénéfique, chaleureuse, accueillante, une histoire qui donne envie d’aller à sa rencontre sans risque de complication liée à la peur, vous me suivez ? Je fais appel à votre capacité d’imagination, Gyrus. Vous pouvez m’arranger ça ?
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(Le Gyrus Temporal Supérieur)
– J’ai besoin d’une piste !
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(Wernicke)
– Justement, nous allons astéllairir dans deux semaines, arrangez-vous avec les idées pour en avoir.
Et il raccrocha.
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…
Le Gyrus Temporal Supérieur était assez déconcerté par le travail qui venait de lui être confié par Wernicke.
Sa fonction d’imagination se laissait parfois prendre au dépourvu.
Il avait bien quelques techniques pour y parvenir, comme de fermer l’œil droit et de laisser son esprit divaguer sur une image, de feuilleter un ouvrage et d’y pécher des formules.
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Mais cette fois, dans le contexte, il n’avait pas encore la moindre piste, si ce n’est celle d’accoster une géante rouge complètement inconnue des idées participant au voyage inter-impensé sidéralement de façon impréparée.
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Les idées s’étaient toutes dispersées à la fin de la conférence, (enfin, il avait envie de dire « conférence approchée » voire même « colloque », mais ergoter là-dessus ne changerait rien à son actuel dilemme). Les rassembler à nouveau allait lui prendre un temps dont il ne disposait pas. Il allait devoir couper du pain sur le plancher de son inventivité.
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Bon, se dit-il, commençons par redéfinir ce qu’est l’imagination. Une capacité à créer, à inventer.
Mais encore…
Nous avons une géante rouge qui est un monde inconnu à découvrir.
Et j’ai besoin d’une piste pour commencer à l’imaginer.
N’y aurait-il pas moyen d’entrer en communication avec elle avant d’astéllairir ?
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De la fenêtre de l’espace de travail cingulaire qui lui était réservé, il avait une vue sur l’aura de la géante.
En clignant légèrement les yeux, il s’aperçut avec stupéfaction que l’aura apparaissait puis disparaissait en rythme, de manière si subtile qu’il n’avait pu le remarquer auparavant.
En comptant les secondes qui séparaient chaque apparition, il se rendit compte que quelque chose de cohérent était peut-être en train d’être exprimé à travers ces modifications d’état.
Se saisissant du cornet de glucose du déjeuner de la veille, il orienta son oreille équipée de l’amplificateur de fortune vers le hublot et entendit nettement l’onde sonore.
Ce rythme lui rappelait quelque chose, mais comme sa compétence était plutôt orientée sur la créativité, il ne disposait pas de suffisamment d’éléments en mémoire pour identifier précisément le bruit.
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Une pensée décoiffée passa la tête à la porte en souriant d’un air moqueur.
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(La pensée décoiffée)
– Tu crée de l’enregistrement sucré ou quoi ?
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Puis elle alla se planter devant le hublot à côté de lui.
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(La pensée décoiffée, toujours)
– Ah, je vois. C’est de l’enregistrement couleur. En rouge je dirais hard rock, tendance pivoine avec un brin de coquelicot.
– C’est quoi ce bruit ?
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( Le Gyrus Temporal Supérieur)
– C’est justement ce que j’essaie d’entendre…
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(La pensée décoiffée)
– Ça me fait penser à un battement pulsé. Un bruit de Doppler.
Dieu est en consultation chez son cardiologue ?
Nous allons accoster sur Dieu ?
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Devant le regard embué du Gyrus silencieux elle reprit :
– Non, encore mieux ? C’est le cœur du Cosmos ?
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( Le Gyrus Temporal Supérieur, semblait maintenant sortir d’un songe profond)
– Dis-donc, la décoiffée, tu as sacrément bien fait de ne pas aller chez le coiffeur ce matin.
Ça va m’aider à commencer mon histoire tout ça !
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(La pensée décoiffée, vexée, d’un ton courroucé)
– Quand je pense que j’ai passé une heure à essayer d’avoir l’air dans le vent ! Tout ça pour m’entendre dire des abominations du genre ? Goujat, va !
– Je ne suis pas une idée fixe, moi, bonhomme ! Alors ton coiffeur, tu n’as qu’à l’envoyer se faire brosser ! Tout Gyrus Temporal Supérieur que tu es, tu n’as pas inventé le fil à couper l’électricité en deux. Alors hein !
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Et elle sortit du bureau en claquant de la pensée fulminante et sonore tout en appuyant bien sur les syllabes les plus musclées pour marquer sa contrariété. Au passage, elle renversa une pensée transparente et marmonna une vague excuse inintelligible tout en s’éloignant.
Le Gyrus Temporal Supérieur vint auprès de la pensée transparente pour s’assurer qu’elle n’était pas blessée.
Mais non, elle était simplement médusée. Elle s’en remettrait.
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Couple de pensées médusées transparentes légèrement décoiffées
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(L’idée fixe)
– Je me suivais encore et m’étonnais de ne pas avancer. Mais la décoiffée, elle, ne suit donc que son instinct réactionnel ? Où a-t-elle mis l’ordre de ses cheveux ?
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Sans commentaire
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Après toutes les décharges émotionnelles fortes liées à l’incident de l’égo froissé de la pensée décoiffée, le Gyrus savait que le réseau Parahippocampique et Thalamique avaient besoin de se décanter.
Il décida de remettre au lendemain ce qu’il ne pouvait donc pas faire le jour même.
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La suite de ce troisième épisode ici :
Voyage inter-sidérant (Episode 2)
Posted in Aventure, Créativité, fiction, Gazouillis, Mystère, Voyage on 25 mai 2018| 11 Comments »
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Premier épisode ici :
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Nous étions le lendemain du jour précédent, c’est-à-dire exactement aujourd’hui, et Wernicke était prêt à dérouler son discours pour la conférence de préparatifs d’astéllairissage sur la géante rouge.
Les idées entraient une à une dans l’amphithéâtre puis s’installaient confortablement dans les fauteuils avec un brouhaha feutré que les tentures n’amortissaient que très mollement.
Wernicke vérifia une dernière fois le rétroprojecteur, alors même qu’il n’avait rien à projeter, puis, satisfait, se cala dans le noyau gris central de la chaire. Il attendit que les pensées soient toutes rassemblées et fassent silence, puis il saisit le micro et commença son exposé :
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– Bienvenue à toutes les pensées rassemblées, qu’elles soient nouvelles, anciennes ou à venir.
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– Comme vous le savez, nous allons bientôt vivre un moment fort de notre histoire en astéllairisant sur la géante rouge que l’Hypothalamus a identifiée sous le nom de Xylil.
Nous n’avons que très peu d’informations à son sujet. Seulement qu’elle est rouge, que c’est une géante, et depuis hier, qu’elle s’appelle Xylil.
C’est pourquoi nous aurons besoin de tout notre potentiel pituitif pour l’aborder.
Il est essentiel de se souvenir des quelques règles simples que nous avons adoptées en acceptant cette mission. Toute pensée, idée, opinion, formulation est accueillie. Elle est directement transmise à la bibliothèque des données qui en analyse la nature et l’oriente vers le service d’identification le plus approprié. Il n’est pas interdit pour celle-ci d’aller vers une autre orientation si elle le souhaite. Nous aurons besoin d’idées neuves, de façon à sécuriser les premiers contacts. Rappelez-vous ce qu’Antoine de saint Exupéry affirmait en ces termes dans « terre des hommes », « Seul l’inconnu épouvante les hommes. Mais, pour quiconque l’affronte, il n’est déjà plus l’inconnu. »
Aujourd’hui, nous allons réfléchir ensemble à la façon dont nous avons envie d’aborder Xylil.
Est-ce que vous avez des questions ?
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– Oui, moi !
Une toute petite idée au premier rang s’était levée.
– Vous êtes récente ?
– Non Monsieur, je suis la toute première idée conceptuelle de l’Homme.
– Et vous avez quel âge ?
– Quelque chose comme deux cent cinquante mille ans.
– C’est vous l’idée d’enterrer les morts ?
– Oui Monsieur.
– Qu’est-ce que vous allez réinventer maintenant ?
– Monsieur, je me disais que l’Homme à partir de ma création avait eu besoin de 233000 mille ans pour inventer l’art pariétal, plus encore 14000 années pour en arriver à l’écriture…
Finalement la traçabilité écrite de notre évolution n’est pas si vieille !
– Et alors, qu’est-ce que vous essayez de nous suggérer en ces termes ?
– Et bien je me disais que puisque nous ne savons rien ou pas grand chose de la géante rouge et que nous allons l’accoster dans deux semaines, nous pourrions lui inventer une histoire intelligente et agréable afin d’avoir l’impression d’en savoir un peu sur elle pour l’aborder le plus sereinement possible.
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Un murmure parcouru l’assemblée.
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– C’est hors de question, objecta une idée au fond de la salle ! Nous risquons de passer à côté de la véritable nature de celle-ci.
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– Je vous rappelle que nous avons pour règle d’accueillir toute nouvelle idée, opposa Wernicke. Et si vous prenez la parole, ayez, s’il vous plaît, l’obligeance de vous présenter, merci.
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– Elle n’est pas nouvelle, elle vient de dire qu’elle a deux cent cinquante mille ans !
Je suis l’idée d’opposition, reprit l’idée du fond de la salle.
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(Wernicke)
– Mais elle vient de se réinventer ! Elle mérite d’être entendue, tout comme vous ! Reprit Wernicke.
Nous allons retenir cette suggestion et essayer d’inventer quelque chose sur la géante rouge, et bien entendu, nous garderons l’intelligence de laisser l’espace accessible à ce qui est réellement.
L’écran de notre hypothèse nous servira de défense projective au cas où cela s’avérerait nécessaire.
Pour le reste, faisons lui confiance. Ce n’est pas parce-que vous n’êtes que de simples idées que vous êtes dénuées de conscience. Et puis vous avez aussi le droit d’avoir des aspirations.
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(Wernicke, encore)
– Une autre question ?
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– J’aimerais que la toute petite idée déroule sa réinvention jusqu’au bout. Que pensez-vous qu’il advienne à la suite du langage ? Je suis l’idée de suite logique.
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(La toute petite idée)
– Vous avez de la suite dans les idées l’idée ! C’est une bonne idée.
Pour répondre à votre question, je n’en sais fichtre rien, mais merci de l’avoir posée. Il me semble que la pensée qui serait à même de répondre au mieux serait peut-être l’idée de l’invention du langage écrit.
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(Wernicke)
– Que l’idée de l’invention du langage écrit se signale je vous prie !
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(Pensée du langage écrit, « paradoxe de.»)
– Et bien, je suppose que l’arrivée de la pensée, puis de la pensée pensée, couplées à l’instinct de survie, a fait naître le besoin de communiquer.
– Ensuite que les rudiments du langage aient entraîné le besoin d’une représentation rupestre des choses de la vie me paraît assez logique.
– Et puis que de cet art pictural soit advenue une représentation écrite de la pensée et de la connaissance était inévitable. Trop d’images aurait tué l’image…
– Je vous rappelle que je suis arrivée poussée par le commerce des troupeaux. Les éleveurs, qui avaient alors sérieusement besoin d’une méthode d’archivage de la mesure des troupeaux m’ont bien eue pour m’appliquer.
– Après, allez donc savoir… !!! Les idées, c’est un peu comparable au chiendent ! S’il n’y a pas un jardinier pour désherber, c’est envahissant. Au départ, elles ont dû pousser un peu comme elles ont voulu. Pour preuve, il n’y a qu’à se souvenir du « a » pictogramme devenant Aleph qui vient du mot bœuf. Ainsi que du « b » de bêt qui découle du mot maison. « L’alpha-bet » est donc « le bœuf dans la maison ». Un peu envahissant, non ? Et puis est-ce que quelqu’un ici connaît un seul élève qui prétend savoir « le bœuf dans la maison » par cœur. ?
– En attendant, l’évolution du langage a permis d’atteindre des sommets d’élaboration mentale qui n’auraient pas existé sans lui. Ces représentations ont permis de relier les Hommes entre eux, de faire en sorte que les clans, les groupes, les nations, se comprennent un minimum, et mettent en commun leurs découvertes, même si l’histoire démontre que ce ne sera que jusqu’à une certaine limite.
Hélas, les idées des Hommes ne sont pas toujours arrêtées à des endroits adéquats pour le bénéfice du plus grand nombre ou la protection de la vie.
Jusqu’où irons nous dans cette évolution ?
– Il semblerait que la technologie et la science emmènent la Pensée si loin que nous aurons bientôt à explorer et développer d’autres potentiels. Ma pensée s’arrête là.
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(Wernicke)
– Nous vous remercions pour cet exposé, Madame le paradoxe de la pensée du langage écrit.
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(La toute petite idée)
– Est-il pensable que l’humanité réussisse à partager simultanément ses pensées, dans une transmission directe ?
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(Wernicke)
– Ah… La transmission de pensée…
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(L’idée d’opposition)
– Vous avez assez réinventé comme ça, Madame la toute petite idée ! Laissez de la place aux autres !
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(Wernicke)
– Allons allons ! Je vous en prie ! Proposez donc vos réinventions personnelles plutôt que de rester dans la contestation ! Vous avez tout l’espace que vous voulez ici mais laissez les idées des autres se dérouler jusqu’où elles le souhaitent.
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Une idée se leva, s’approcha de la porte faisant mine de sortir.
– Comment allons-nous opérer à l’accostage ? Je suis la pensée d’anticipation.
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(Wernicke)
– N’allez pas anticiper trop vite la fin de la conférence, restez encore un peu. Quelqu’un veut répondre ?
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– […]
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(Wernicke)
– Pas de nouvelles idées ? Nous connaissons tous ici notre propre capacité d’adaptation. Si vous le souhaitez, vous pouvez consulter la boite à idées visionnaires qui reste malgré tout sujette à controverses pour la plupart d’entre nous. Un peu comme l’invention d’une histoire pour la géante rouge. Si l’on y croit sans un minimum de capacité à discerner la croyance de la connaissance, nous ne risquons pas de voir ce qui est réellement. Mais si vous avez l’intelligence d’équilibrer l’ensemble, vous obtiendrez la paix dans les idées.
Bien ! La séance est levée.
Merci à tous pour votre présence active.
Pour le reste, je vous laisse à votre pensée personnelle.
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Une fois de retour dans son bureau, Wernicke saisit le combiné Amygdalien et composa le numéro du Gyrus Temporal Supérieur.
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– Ici Wernicke, Gyrus ! Nous avons besoin de vos compétences !
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La suite de ce second épisode ici :
Voyage inter-sidérant (Episode 1)
Posted in Aventure, Créativité, fiction, Gazouillis, Mystère, Voyage on 24 mai 2018| 18 Comments »
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La machine à penser, lâchée dans le vide, parcourait l’espace à la vitesse de treize mille années-lumière/seconde.
L’appareil psychique avait rechargé ses réservoirs sidéraux à la station orbitale du complexe préfrontal et le moteur avait repris un gazouillis régulier à peine perceptible, tant le manque d’atmosphère amortissait le moindre son.
Quelques pensées s’échappaient de l’habitacle par salves claires puis disparaissaient dans le vide, happées par quelques anti-pensées errantes attirées là par le mouvement.
A l’intérieur, par contre, l’ordre régnait. Toute nouvelle pensée produite flottait, puis, d’une antenne tactile, repérait les pensées les plus proches afin de joindre un crochet à l’extrémité de l’une d’entre elles pour dérouler le raisonnement. Bien que la vitesse extérieure soit sidérale, rien à l’intérieur ne manifestait une quelconque agitation. Le plus grand calme régnait. Une fois chaque nouvelle pensée rattachée à la plus proche, une autre nouvelle surgissait et venait agrandir le rang dans une logique sans faille. Chacune des idées alignées venait renforcer une logique, une hypothèse, une faculté, une aire en voie de développement.
Dans la zone de Broca, quelques phonèmes discursifs traînaient la savate pour éviter de se prononcer.
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Wernicke fronça les sourcils.
Si la pensée n’apparaissait pas dans le champ du langage, l’appareil ne pourrait pas entrer en communication avec les différents mondes rencontrés au cours de son voyage.
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Il saisit l’Amygdale et composa le numéro du système limbique.
C’est l’Hippocampe qui répondit :
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– Ici l’Hippocampe, quelle est votre demande ?
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– Ici Wernicke ! Je voudrais faire le point avec vous sur la Centrale Reptilienne pour savoir où en sont la mémoire et ses articulations. Il me semble que la zone de Broca recèle des phonèmes résistants à la prononciation qui risquent de faire foirer la communication. Vous en savez quelque chose ?
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L’Hippocampe se gratta la tête, puis, se raclant la gorge :
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– Le Corps Calleux ne m’a rien signalé Monsieur !
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– Faites une procédure de signalement quand même, Hippo, et mettez le Thalamus sur l’affaire, nous ne pouvons prendre aucun risque dysfonctionnel, compris !
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– Bien Monsieur !
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Wernicke raccrocha l’Amygdale en la reposant sur sa base et s’affala dans son fauteuil.
Depuis qu’il avait démarré cette mission, il avait le sentiment qu’un tas de registres lui échappaient, il devait rassembler les idées, les coordonner entre elles, ce qu’elles faisaient habituellement très bien toutes seules, sans qu’il ait besoin de s’en préoccuper.
Mais cette fois, il sentait bien qu’il ne pourrait s’appuyer sur l’ordre habituel.
C’était bien la première fois que les phonèmes refusaient de se prononcer. Le circuit frontal n’avait plus le même répondant. Depuis quelques temps, il avait remarqué un léger affaiblissement du ressort instinctuel.
Au fond, c’est sans doute une évolution des transmissions, mais il fallait s’assurer du fait qu’il n’y ait aucune dysfonction médiatrice de l’ensemble.
L’arrivée sur la géante rouge, dont on ignorait encore le nom, était prévue dans deux semaines. D’ici-là, la clarté et l’opérationnalité de la cohérence seraient à ajuster.
L’astellairissage devait se passer dans les meilleures conditions possibles. Il en allait de la réussite de la mission.
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L’Amygdale se mit à vibrer sur son bureau.
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– Wernicke à l’Amygdale !
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– Ici le Thalamus, Monsieur ! Nous avons identifié une carence arithmétique du lobe pariétal gauche, nous ignorons encore si cela a une incidence sur la zone de Broca mais nous tenions tout de même à vous le signaler !
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– A part un défaut de comptage, je ne vois pas ce que ça viendrait faire de plus ! Répondit pensivement Wernicke.
– Tiens ! Puisque je vous tiens ! Vous avez réussi à résorber la fuite des idées, Thalamus ?
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– Pour cela, il faudrait explorer les limbes, Monsieur !
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– Vous n’y êtes plus connecté, Thalamus ?
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– Vous en tenez une partie, Monsieur !
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– Merci de me le faire remarquer ! Répliqua vivement Wernicke.
– C’est mon côté archaïque, j’ai encore des difficultés à lâcher-prise !
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– Le faisceau pyramidal me demande de vous transmettre toutes ses félicitations Monsieur. En prendre conscience, précise-t-il, c’est déjà le début du changement.
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– Merci Thalamus !
– Bon ! D’ici demain, tâchez de rassembler toutes les idées, nous allons faire une conférence pour commencer à préparer l’arrivée.
– Avertissez-moi quand vous aurez besoin d’explorer l’Amygdale, que je puisse prévoir un autre réseau de communication.
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– Bien Monsieur, je n’y manquerai pas !
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Une heure plus tard, le Thalamus fit vibrer l’Amygdale pour avertir Wernicke de l’indisponibilité temporaire de celle-ci et un noyau lenticulaire lui livra un petit amas de substance blanche relais en cas d’urgence.
Un peu plus tard dans la soirée le rapport s’afficha sur l’écran Gyri orbitaire antérieur en ce termes :
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Voici le rapport trois points :
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1 : Notre réseau locus niger a identifié le nom de la planète rouge destination.
X1NYLILF75 qui se prononce XYLIL par convention.
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2 : Les échappements de pensées visent à adapter le langage, ils font partie intégrante de la procédure d’application à un nouveau système de langage.
Les anti-pensées inter-stellaires métabolisent la fonction phatique de Jakobson, celle qui permet de suivre.
Une manière comme une autre de s’assurer que la transmission passe bien.
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3 : Les résistants de la zone de Broca sont en stage de relaxation, raison pour laquelle dans l’immédiat aucun phonème participant ne songe à se prononcer.
C’est un processus inclus dans le code de l’archicortex de l’hippocampe, qui n’a pu vous délivrer cette information. Par contre, le lobe de l’insula est quasiment réglé comme un pendule de Foucault. Dès que la force gravitationnelle de la géante rouge se fait sentir, nous animerons son mécanisme pour mesurer le temps dans lequel elle évolue.
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4 : D’autre part, toutes les idées se tiennent à votre disposition pour la conférence de demain.
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Confraternellement
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L’Hypothalamus.
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Suite de ce premier épisode ici :
Une participation au débotté
Posted in Allégorie, Amitié, Amour, Anémones de mer à quatre feuilles, Aventure, Concours, Inclassable on 14 mars 2018| 9 Comments »
Anne me dit qu’elle ne participera pas cette fois tout en me demandant si « on » lui en voudra.
Offusquée, j’en dégaine mon plan B en lui proposant de lui écrire sa participation commune.
Lire les commentaires :
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Me vient l’idée de chez Martine.
Un lapsus de lecture, encore, qui me fait de l’œil. Pas moyen d’en réchapper, je m’enfile dans la faille inconsciente de mon cerveau bibidineux pour ce faire. (A repasser ?)
Lire en fin d’article :
*Pour rappel : la politique, c’est ce qui concerne la constipation et donc la structure et le fonctionnement d’une communauté, d’une société, d’un groupe social, qui a trait au collectif, à une somme d’individualités et/ou de multiplicités.
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A partir de là, vous avez une heure pour en parler.
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Sibélius et la petite vieille se regardèrent, pouffèrent de rire sous cape, et décidèrent de s’associer pour réusssir l’examen proposé au concours de « la plus grande découverte du siècle », frisant l’indélicatesse de forme la plus profonde tout en se donnant les moyens de toucher le fond de la question.
Réunis sur les bancs de première classe verte saison, nos deux compères s’étaient naturellement assis l’un à côté de l’autre, le premier pour avoir eu le sentiment que celle-là le ferait bien c…., la seconde pour avoir compris qu’elle ne serait jamais loin des W-C grâce à lui.
Il faut savoir que le cours comprenait en introduction une grande partie de culture pin-punaise, c’est comme ça qu’on appelait les longs débats d’humeur que les maîtres plombés de la politique avaient eu le don de nous transmettre. Il s’avérait nécessaire voire incontournable de connaître les rouages des bases afin d’en déterminer toute la qualité fonctionnelle.
Une fois que la formation était lancée, le chapitre suivant laissait entrevoir la possibilité d’innover le système existant en imaginant comment passer de la communauté à l’individuel. Les exemples de l’histoire n’étaient pas si légion que ça, mais ceux cités donnaient à penser.
Il fallait d’abord digérer le contenu de la première partie pour en déployer toute la saveur. Sur une échelle cartonnée, Sibélius et la petite vieille se firent un plaisir de mesurer la chose. Le mètre ruban ayant disparu, il fallut chercher une unité de mesure sans étalon or. Un simple bristol quadrillé à l’échelle fera l’affaire.
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(Petit aparté, en attendant, la petite vieille cherche encore son mètre ruban, disparu lors d’un exercice écossais sur tissu tartan, rien à voir avec Tarzan, mais disparu ça oui.)
Bref, sans en dire plus là-dessus, la politique du curieux besoin de mesurer la chose donnait du travail à ces deux étudiants, et coroyez bien que ce cursus n’était pas prévu au chapitre trois, sauf que la société des gens de la politique ne le voyait pas du même œil et avait décidé de chercher des trouveurs.
Evidemment, le troisième chapitre consistait à apprendre l’art de chercher et de trouver des trous du c.. suffisamment engagés dans une démarche collective pour en faire une société.
Donc, il ne fallut pas longtemps à ces deux compères pour en comprendre tous les enjeux.
C’est dans ce courant d’air primitif qu’ils firent leur devoir de citoyen, et qu’ils décrochèrent le pot aux roses.
Ils furent reçus en grande pompe par le président de la corporation qui n’en était pas à son premier tronc commun venu.
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C’est ainsi que Sibélius et la petite vieille parfirent leur culture générale en la matière, ils en chièrent beaucoup mais finirent par tout évacuer, comme le fit si bien ce grand monsieur de la chanson atchoum rhythm and blues dont voici un morceau.
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https://www.youtube.com/watch?v=VAzSvhioo34
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