Stéréotypés, modélisés, ils ont une idée nette de comment on écrit pour devenir écrivain.
On dirait une frappe en calque, vous m’en ferez trois pages que vous remettrez sur mon bureau demain avant trois heures !
Ainsi sont édités ces aligneurs de mots, ces texteurs de copies à rendre, ou plutôt à vomir.
Ils vendent leur âme au diable et s’étonnent de ne plus la trouver.
Je les vomis, ces mots, ils éructent, postillonnent, salissent gras, grossiers des bas quartiers à enfermer.
Puis je les polis, petits cailloux dorés qui valent leur pesant de pierre d’âne, de ceux qui copiaient sur le voisin et restaient aux fonds des classes près du vieux poêle à bois, à ronronner aux aguets, cueillant au hasard du cours les mots qui résonneront encore longtemps dans leurs cahiers tâchés.
Mais de modèles à écrire, pourquoi faire ?
S’embarrasser de tant de niaiseries, rituels noircissants, soulageant quelles angoisses ?
Non, vraiment, c’est pitoyable !
Alors que sortant de leur ventre mou, des phrases courtes, reprisées, couturées jusqu’à la gorge se moquent bien de les envoyer au Panthéon.
Chanter le murmure des sourciers, voilà un programme à ne pas manquer. Retourner la feuille, l’envoyer valser, dire et encore déplier au fond du lecteur les saveurs dignes comme ces vieillards plissés par l’âge, par la ferveur qui les habite.
Et en crever, bouche grande ouverte, pour ne pas en mourir.
Ils sont allés s’acheter des mots bonbons, mielleux, enrobant et gélatineux. Ils gluent de suave, ils collent aux abcès vides de leur cervelle conditionnée.
Et l’éditeur sourit, il vend, ces sucreries douceâtres, font la une des présentoirs à remplir des sacs, que l’on ferme avec des liens plastiques, et que l’on envoie à la décharge pour ne plus s’ennuyer.
Qu’on les pende, comme dirait celui de la B.D. !
Haut tout court, mais qu’on les extermine, ces faiseurs d’uniformité, ces sucreurs de foutaises !
Moi je les écume doucement, les récupère, les transforme, pour en faire un vocabulaire en forme de tête de Turc. Genre, j’ai une vomibroyeuse dans la poche, toute la comprendoire en tiroiterie, l’étagendaire popliclef verdigeoyurante, et la catharsismoïque en gloriodrille.
Et quand je sors ma carniaiserie tout en fromages, croyez-moi, ça chlingue de chez chlinguer…
J’ai un fromaginaire un peu en panne, alors rien à déclarer avant trois heures sur les bureaux des beaux messieurs bien propres.
Archive for janvier 2012
Cherche éditeur fou
Posted in Gazouillis, Série pignouf illimitée on 30 janvier 2012| 2 Comments »
Pelures d’anges
Posted in poèsie on 30 janvier 2012| 7 Comments »
Le temps nous oblige à défaire
L’ambiguïté des ciels couverts
Dans son halo une lune ronde
Veille à la douceur moribonde
Effilochant de sa lumière
L’étonnement de sa bannière
Des vides à ne plus en finir
S’éloignent sur le pont à ternir
Les vives couleurs de la jeunesse
Laissant en trace nos forteresses
Hautes constructions élancées
Vers ces nuages ensanglantés
Du rayon de soleil couchant
Qui sous son auspice prévenant
Viendrait annoncer le Mistral
Son jus d’oranges est magistral
Nappé de zébrures en nervures
Il badigeonne d’éclaboussures
Le flamboyant d’un soir serein
Augurant du vent de demain.
Torsion
Posted in poèsie on 28 janvier 2012| 11 Comments »
J’ai les cervicales en cavale
Ce matin je me lève bancale
Mon oreiller m’a fait faux bond
Il se la joue à l’édredon
La tête fumée comme un hareng
Je me recouche et je m’étends
Puis dans un soupir je m’étire
Pour redresser et assouplir
L’évangile de mes vertébrales
Toujours en forme de cathédrale.
Le temps m agace considérablement
Posted in Coup de gueule, Série pignouf illimitée on 21 janvier 2012| 6 Comments »
Lasse usée fatiguée épuisée et j’en passe
C’est dans l’ordinateur un cheval qui m’agace
Un rien venant de Troie il atterrit chez qui ?
Je m’en fous et j’en suis à me dire que j’en ris
Si ce n’est poésie qui emplit mes fichiers
Et qui vont de ce fait emplir des poches volées
Alors si mes silences font office de violence
Je ne donne aucune excuse à ceux qui font des anses
A mes paniers percés de toute part j’abandonne
Et je laisse la place à ceux que ça étonne
Je rends mon tablier à qui veut essuyer
La perte des souliers qui garnissaient l’osier
Plus d’œufs d’or ni de poule pour pondre les âneries
Qui sortaient des claviers polis et interdits.
Ce temps là
Posted in Coup de gueule, poèsie on 21 janvier 2012| 6 Comments »
Les vents phraseux n’émeuvent plus ma voix
Ils me traversent et s’éloignent si loin de moi
Que chaque mot défait n’atteint rien de ma soie
Dressée imperturbable je n’évoque ni ne crois
Un seul de ces vocables qui noircissent la place
Telle la caravane j’avance et je dépasse
L’attroupement des badeaux qui piétinent la glace
Aucune vie qui ne soit si fourbe n’y échappe
Dans le souffle glacé des vaseuses promesses
La tirade de l’air me donne des frissons glabres
Et retirant du gel une arme qui est un sabre
Je m’enfuis avant même d’avoir vu cette messe
Il n’est nulle trace de vie ni même de noblesse
Dans le flot verboyant d’où s’écoule cette espèce
De langage insipide et froid venue d’ivresse
A dire des champs de soie alors qu’ils sont de pierre
Et ourdie de la charge qui me semble amère
Je défie la prison de tenter d’enfermer
Encore une fois une seule le penchant liberté
Qui œuvre dans mes fonds à garder ma légère
Capacité à suivre ces vents qui me génèrent
Tant d’aventures osées vouées à l’éphémère
Mais qu’importe car j’aurai durant toutes ces années
Osé brûler mes ailes aux vents de ces forêts
Et œuvrant souvenirs comme des pierres précieuses
Que je ressortirai quand bien vieille en liseuse
Je revivrai encore leurs piquants de la vie
Avant que de finir bien piquée moi aussi
Alors tu pourras voir sous mes heures le bonheur
Et débusquer encore le goût des belles heures
Qui sonnent encore pour ceux qui ouvrent encore les yeux
Sur les jeux différents qui nous apprennent un peu
Le partage et l’amour, la gaité démunie
Le don du généreux qui lui n’a pas de prix.
Trajets en sommes
Posted in poèsie, Série gazouillis 3 on 21 janvier 2012| 5 Comments »
Elle se couche à minuit
Et se lève à Paris
S’endort dans le sommeil
Se réveille à Marseille
S’assoupit sous un pont
Et se retrouve à Lyon
La facétie du rêve
L’emmène jusqu’à Genève
Elle fait couler son bain
Atterrit à Pékin
Ecorche ses genoux
Pour aller à Moscou
De la douleur elle peste
Arrive à Budapest
Dans les bras de Morphée
Voyage jusqu’à Poitiers
Va se brosser les dents
Le vol tombe à Milan
Et sous la capitale
Elle remue du bocal
Dans les vents de l’Oural
Et puis quand elle se parle
Elle retrouve la ville d’Arles
Son sourire dans la nuit
La ramène dans son lit
D’où elle sort épuisée
D’avoir tant voyagé
Pris tant de longues années
A faire tous ces trajets
Et fermant les paupières
Elle termine au cimetière.
Sur scène
Posted in chef à l'oeuvre, Divertissement on 20 janvier 2012| 4 Comments »
Café-théâtre du petit nid
7 rue Marc Sangnier
13200 Arles
Lieu de rencontres artistiques
Prochain spectacle samedi 28 janvier 2012 à 21h00
Scène ouvertes en partenariat avec Horizons culture.
Pour participer contacter :
Serge Navarro 06 98 43 16 10
Renseignements, réservations, inscriptions :
Christine Petit et Thierry Dubouis
04 88 09 09 40 ou 06 11 30 84 37
Un lunch vous est offert gracieusement à la fin du spectacle.
http://www.flickr.com/photos/ville-arles/6294669329/
Souvenir
Posted in poèsie on 20 janvier 2012| 11 Comments »
Tu esquisses sur le pont
De tes coups de crayons
L’ébauche de ce projet
Dont tu rêves en secret
Déposant sans flétrir
Un pétale de sourire
Et je pense à tes yeux
Pétillants et heureux
Glissant sur le courant
Aux reflets irisés
De ton rire déchiré
Qui reste infiniment
Dans la mémoire du temps
Larmes en cascade
Posted in poèsie on 19 janvier 2012| 6 Comments »
L’encre bleue qui coule de mes yeux
Décrirait un monde si curieux
Que l’ombre qui dévoile la lumière
Dévore les images en lanières
En étaleuse de visions claires
Qui courent encore sous mes paupières
Gravures obscures en ciels d’hier
Dont je ne saurais plus que faire
Viendraient se pendre à l’œil farouche
De ceux qui viennent voir à la source.
Sur ta trace
Posted in Amour, poèsie on 19 janvier 2012| 7 Comments »
Mes regards ne quittent pas tes mots
Qui s’écoulent ainsi qu’un sirop
Je suis suspendue à tes doigts
Courant sur le clavier des bois
Ici une forêt profonde
Là-bas l’étoile de nos deux mondes
Et ton corps penché sur l’écrit
Me laisse pantoise en soie de vie
Hier se réveille en silence
Dans nos deux rêves pleins d’absence
L’éther montre la clef des fous
Mais l’eau inonde ses reflets doux
Je suis suspendue à tes lèvres
Et dans la montée de la fièvre
Je vais chercher le traitement
L’avalant d’un trait sur l’écran
Ce serait un médicament
Qui apaiserait l’exquis tourment
Un sirop d’écriture calmant
Vaincrait la maladie de Pan
J’avais envie d’écrire pour toi
Que l’hiver me glace de joie
Que la solitude est un leurre
Qu’entre nous reste la douceur
Et si tous les jours je viens lire
L’étonnante sonate à l’avenir
Que tu composes sur ton espace
C’est le vent qui parcoure la trace
Des solidités enchâssées
Ce lien refuse de dénouer
Le fil ténu de nos pensées
Qui se rejoignent et vont s’aimer.