Petit intermède récréatif…
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– Ssssssss
G – Tiens ? Qu’est-ce que c’est que ce bruit ?
C – Je me demande si ce n’est pas un cheveu qui vient de chuter…
G – Oui, ce bruit, ssssssss, ça y ressemble comme deux gouttes d’eau.
C – Deux gouttes d’eau qui zozottent…
G – Voyons si c’est un des miens ou bien un des vôtres.
C – Vous n’allez tout de même pas couper ce bruit de cheveu en quatre non plus ?
G – Et pourquoi pas ?
C – Si c’est un des miens qui zozotte ainsi, veuillez lui accorder quelques circonstances atténuantes.
G – Mais bien sûr, n’en soyez pas gênée. Lesquelles voulez-vous que je lui accorde, très chère Catherine ?
C – Accordez lui tout d’abord celle d’être clair, tout au plus invisible, par exemple. Celle de ne pas se retrouver dans la goutte d’eau, celle d’être long, mais de n’avoir pas la prétention de durer, celle de se faire discret, oublieux de son défaut et pourtant bien présent, joliment susurré sans pourtant se dire, jamais bien loin du cuir originel.
G – Mais nous parlons de ne pas couper le zozottement du cheveux en quatre, et je ne vois pas en quoi ces circonstances qui n’en sont pas vont atténuer la décision de ne pas couper ce son en quatre.
C – C’est à dire que…
G – Oui ? Dites ?
C – J’ai belle ouïe dire que ss est bien trop court, bien trop raccourci au demeurant.
G – Couper le son de la chute de cheveux en huit serait probablement préférable et sans doute moins source de…
C – C’est cela même ! Moins source de zozottis !
G – Ou source de frisottis ?
C – Source de frizozottis alors !
G – Vous cherchiez de l’eau je crois ?
C – ‘Xact ! Plus maintenant !
G – Allons, cherchons ce cheveu qui chût !
C – Le cheveu chût car le pas de côté ne se coupa pas en quatre, ni en huit, ni même en deux.
G – Le pas de côté chuchota au geai qu’il geignait drôlement bien.
C – Et le geai geignit tant et si bien que l’eau jaillit.
G – De vertes prairies germèrent en quelques heures tant la sécheresse fut longue et entière.
C – De blancs moutons arrivèrent nombreux, poussés par les vents de la magie du rêve, et les bergers suivirent, d’un pas de montagnard.
G – Et alors il y eut une averse soudaine et le soleil se mit à briller à travers les gouttes.
C – Et l’arche apparut.
G – Et les bergers et les troupeaux passèrent sous l’arche du ciel.
C – Et ils arrivèrent en Arcadie.
G – J’espère que nous avons répondu correctement à la demande de Martine !
C – Allons lui poser la question.
G – Martine ? Martine ? Houhou, Martine ?
C – Elle doit être encore en communication avec Jacques, vous savez, le poète…
G – Oui, j’ai vu ça, il est chouette son pote, il écrit des trucs pas trop moche hein ?
C – C’est de celui-là dont tu veux parler, Georges ?
Jacques Prévert : Soyez poli
G – C’est bien celui-là. Mais l’Arcadie, on n’en a rien dit ? Et puis tu me tutoies, maintenant ?
C – C’est que je suis polie, moi, Monsieur !
G – peut- être que les bergers d’Arcadie nous en apprendront un peu plus si nous les suivons de près ?
G et C en chœur – Suivons les alors !
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