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Archive for the ‘fiction’ Category

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Venise vintage
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« Lorsque les philosophes parlent sans détour, je me méfie de leurs paroles ; quand ils s’expliquent par énigmes, je réfléchis ».
Schroeder

L’histoire n’en dit pas long, elle se passe au XVIème siècle.
Elle est conservée en salaison aux archives secrètes du Vatican.

Ce jour là, à Venise, il s’était passé quelque chose d’extraordinaire, et seule une vieille carte de l’île annotée de la main d’un illustre inconnu en faisait foi.
Elle était signée au dos d’un nom ! Andrea Aromatico.
Mais à cette époque là, il n’était pas encore né !

Quoique…

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Venise_Plan_de_Venise_1568

Venise en 1568


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Pierre Basile Valentin, antiquaire de l’île, avait en sa possession un ouvrage de recettes sur la cartographie évolutive du relief des sols.

De temps en temps, lors que sa boutique, désertée de flâneurs, de touristes, ou d’initiés en matière de vieilleries précieuses, se tenait dans le silence le plus pur, il ouvrait délicatement le livre et laissait son regard voguer librement sur les mots et gravures de l’époque, reconstruisant ainsi à l’infini la cité des Doges, ouvrant un passage secret ici, construisant un escalier là, bref, remaniant continuellement l’ouvrage flottant sur la lagune.

L’un de ces instants de profonde méditation fût un jour interrompu par l’arrivée d’une jeune personne habillée simplement d’un surcot et d’une pèlerine à capuche.

L’émanation du coûteux parfum qui embauma alors la boutique permit à Pierre Basile de déduire l’origine bourgeoise de cette charmante jeune femme.

Elle tenait sa capuche resserrée autour du cou, comme pour cacher son visage. Elle semblait bouleversée.

L’antiquaire, qui n’avait pas l’habitude d’accueillir de si jeunes et jolies clientes, encore moins des clientes chamboulées, se leva d’un bond, ce qui fit sursauter vivement la jeune femme.

Ne sachant comment faire, il bredouilla une phrase toute fraîchement lue de son recueil et, en ces termes, lui adressa la paroles.

– La grande sagesse est déjà contenue dans la capacité de pressentir avec exaltation cette main diligente, invisible aux distraits et aux tristes, et vous rassemblez la synthèse de cette immense œuvre, alors soyez la bienvenue. Que puis-je faire pour vous aider ?

De l’embarras apparut sur les traits émus de la dame. Elle le fixa avec de grands yeux intenses et, se reprenant un peu, réussit enfin à être en mesure de lui répondre.

– Monsieur, je cherche un abri, il est arrivé quelque chose d’étrange. Alors que je marchais sur le pont Rialto, allant de mon « humble » demeure à la place Saint Marc pour y retrouver mon amie, j’ai senti le sol se dérober sous mes pas. Après une chute sans gravité, un peu étourdie par le choc, j’ai repris mes esprits et, cherchant à me relever, me suis rendue compte qu’un escalier s’était ouvert sous mes pas. Quelle ne fut pas mon immense confusion de constater que le pont lui-même avait disparu, et que je me retrouvais devant l’entrée d’une sorte de temple, illuminé de millions de bougies rouges, ne comportant aucune porte mais juste une fenêtre dont les volets tirés ne permettaient pas de voir à l’extérieur. Quant à l’escalier, il était bouché par l’éboulement de grosses pierres en forme de creusets, ajustées de telle sorte qu’aucune lumière ne passe entre les interstices. Reprenant mes sens, je fis la déduction que l’oxygène de l’air circulait puisque les millions de petites flammes oranges vacillaient, danses fugaces et sauvages, dans la brièveté de leurs mouvements. L’ensemble était du plus bel effet.
C’est ainsi que, éblouie par cette vision éclatante de beauté, je me suis laissée transporter et, mue par une force venue d’on ne sait quelle part de mon esprit encore ignorée à ce jour, un passage secret s’est ouvert devant moi, m’amenant jusqu’ici.
Permettez que je me reprenne. Qui êtes-vous ? Et où suis-je à cet instant ?

Pierre Basile Valentin, troublé par ces coïncidences évidentes, dressait le lien avec le livre ancien et l’utilisation qu’il en faisait.
Avait-il découvert de façon fortuite l’accès à un temple sacré par l’intermédiaire de cette jeune personne ?

– Je vous en prie, faites donc ! Veuillez excuser mon ébahissement mais il m’importe de savoir par quelle porte vous êtes entrée dans ma boutique. Mon nom est Pierre Basile Valentin.

Devant leur mutuelle stupéfaction, les deux protagonistes décidèrent de s’éclairer mutuellement en remettant dans l’ordre les événements récents.

Une fois l’ensemble des faits rassemblés, une certaine logique advint au jour.
Ce qui leur permit d’entrevoir quelques lumières.
Vous allez me dire, c’est une Lapalissade…
Je continue.
Puis de décider de s’associer pour explorer plus loin une théorie consécutive à leur travail de synthèse.
Il fut convenu que la jeune femme retournerait sur le pont Rialto et y attendrait jusqu’à résurgence de l’expérience, ou pas.
Avant de ressortir de la boutique, elle tendit sa main à Pierre Basile, s’adressant à lui en ces termes.

– Je m’appelle Moderata Fonte, enchantée de vous avoir rencontré, Monsieur Valentin.

– Vous m’en voyez ravi également, Moderata. Soyez remerciée pour l’heureux hasard qui nous fit nous rencontrer autour d’un événement aussi prestigieux que mystérieux et découvrir ainsi une toute nouvelle porte occulte.

Moderata se rendit donc à nouveau sur le pont Rialto et attendit*.

Mais le bon Pierre Basile eut beau laisser voguer ses yeux sur le fameux ouvrage, plus rien ne se produisit. Et lorsque Moderata tenta de revenir à la boutique, elle ne réussit jamais à en retrouver le chemin.

Pierre Basile consigna toutes les observations des faits sur un parchemin qu’il conserva soigneusement dans une enveloppe scellée et rangée dans le livre de recettes sur la cartographie évolutive du relief des sols.

Quelques siècles plus tard, en 1883, le premier préfet des archives secrètes du Vatican, Joseph Hergenröther, intrigué par le titre du livre, feuilleta négligemment ce dernier et découvrit l’enveloppe.

Vous imaginez bien qu’une fois ouverte, ayant pris connaissance de la fameuse expérience occulte, Joseph désira en savoir davantage.
A cette époque, les dignitaires de l’église catholique disposaient de détectives privés à leur service. Il convoqua un homme en qui il avait toute confiance, Andrea Aromatico, pour enquêter sur le sujet.

Les résultats démontrèrent que :

– La seule preuve de l’existence du phénomène est la lettre dans le livre, et plus tard la carte signée au dos par Andrea Aromatico.

– L’expérience est indémontrable de manière scientifique.

– Elle pourrait, qui sait, permettre de sauver Venise de la montée des eaux en la soulevant.

– Elle a été reproduite mais jamais sur commande, occasionnant des phénomènes n’ayant aucune logique et à des moments complètement imprévisibles. De plus, les points de départ et d’arrivée n’ont jamais plus été les mêmes que décrits par Pierre Basile Valentin malgré de nombreuses tentatives.

– Le dernier passage en date est celui de l’an 2000. Il relia chez Gallimard un premier dépôt légal en novembre 1996 à l’escalier du dépôt légal de février 2002. L’auteur est un certain Andrea Aromatico.
Il est entré par l’universale Electa et sorti par le rayon culture et société des éditions découvertes. Le fameux bug de l’an 2000 n’a eu aucune incidence notable sur son passage secret.

– Pourquoi n’avoir jamais réussi à retrouver dans d’autres archives, ni la preuve de l’existence de l’antiquaire, ni celle de l’événement qu’il décrit ?

– Une hypothèse à cela : Après bien des pérégrinations, et par recoupements, il en ressort l’évidence que l’instant de la rencontre de Pierre Basile et Moderata n’existe pas. Ce temps est celui des dix jours disparus à tout jamais entre le calendrier Julien et celui Grégorien instauré à sa suite.

Les jours inclus entre le vendredi 5 octobre 1582 et le dimanche 14 octobre de la même année sont des jours escamotés par la mise en place du calendrier Grégorien sous l’autorité du pape Grégoire XIII.

La date de la lettre de Pierre Basile fait état du mardi 9 octobre 1582.

Après son exposition à la lumière, le fameux document parchemin annoté de la main de Pierre Basile Valentin s’effaça totalement jusqu’à redevenir vierge.

Heureusement, Andrea Aromatico avait pris soin de laisser trace de cette étonnante et mystérieuse histoire à travers une carte signée de sa main en utilisant l’intermédiaire du regard voguant à travers le livre de recettes sur la cartographie évolutive du relief des sols.

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Venise 1573-Pinargenti-Venedig.jpg

Venise en 1573 ( et en forme d’écrevisse ? )

 


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Le mystère de la rencontre calendaire de Pierre Basile et Moderata restera malgré tout et à tout jamais impénétrable.

* Pour l’anecdote, c’était exactement à cet endroit précis qu’elle avait rencontré son futur époux, Filippo de’ Zorzi, quelques mois auparavant.

Ecrit demain sur une échelle pour l’agenda ironique du gouffre de décembre 2019 en villégiature pour les fêtes de Noël chez le tatillon carnetsparesseux.
Il fallait insérer les mots suivants : Noël, échelle, demain, livre, gouffre et tatillon.
Et avec mes remerciements.

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Je ne saurais trop me lasser de raconter des histoires…
Toujours pour l’agenda ironique de l’OND chez patchcath en décembre.
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C’était, il y a bien longtemps, dans l’Amérique des années 1697, la famille du pasteur Duncan Sparrow décida de s’installer dans la baie d’Hudson, pour se rapprocher de la communauté pastorale locale. Elodie, qui venait d’avoir 8 ans, n’appréciait guère le froid des hivers rigoureux mais, mue par on ne sait quelle foi indéfectible, elle décida que l’avenir méritait bien un réchauffement climatique annoncé, aussi, elle développa la théorie des calumettes, prétendant que l’association des allumettes et du calumet ferait un tabac plus tard.
Son père, plutôt aimant et large d’esprit, la laissait toute à son imaginaire, veillant aussi à ce qu’elle bénéficie de l’instruction la plus large et complète possible en la confiant aux bonnes œuvres du comité des femmes savantes, baptisé de la sorte à la suite de l’immense succès d’un artiste Français au délicieux « prénom » de Molière.
L’année s’écoulait, tel un fleuve tranquille, lorsqu’un vaisseau de la flotte d’un Louis quelque chose, roi de France, fit son apparition dans la baie d’Hudson.
Une immense fête s’organisa pour l’accueillir, et le comité fut chargé de préparer les festivités le 12 juillet, à l’occasion de la fête des orangistes.
L’agitation qui précéda le jour en question battait son plein lorsque le jeune Onésime, alors âgé de 10 ans fit son apparition.
Nul ne savait d’où il venait ni qui il était. A cette époque, il y avait encore beaucoup d’enfants sauvages que la population adoptait spontanément, le pasteur le prit sous son aile, et Elodie, ravie de n’être plus fille unique, adopta également ce frère un peu miraculeux qui dorénavant partagerais ses jeux et inventions.
Onésime : Je veux bien faire partie de cette histoire, Elodie, mais je te préviens, je participe activement à tes jeux, nous sommes bien d’accord, mais tu participes activement aussi aux miens
Elodie : Ben évidemment, tiens donc, je n’ai jamais prétendu le contraire, quelle idée !
Onésime : Bon, alors viens, on va voir la mer !
Elodie : C’est quel jeu alors ?
Onésime : On a qu’à dire que nous sommes dans un roman de gare, et que nous jouons à écrire le livre.
Elodie : Plutôt un roman de port alors, ça pourrait donner envie aux marins de lire, c’est bon pour la santé.
Onésime : Mouais ! Si tu veux !
Ils s’échappèrent discrètement du local où les matrones cancanaient tranquillement sur la société québecoise tout en pâtissant pour l’une, éminçant pour l’autre, toutes occupées à la fabrication de plats traditionnels pour le déjeuner Orange.
Canard laquais, oies rôties sauce cumin, porcelet mignon, bar en croûte de lait, jambon d’agneau de grain, pain d’épicéa, poutine de pingouin, galette de fèves, soupe de homard des îles de la Madeleine.
D’ailleurs, les matrones avaient l’air de s’entendre comme « Madeleines en foire ». C’était leur plaisanterie préférée, la forte tête de Madeleine, la vraie, détestait cette blague qu’elle qualifiait de blague pourrie. Elles adoraient la mettre en boite. Madeleine avait une amie, Mélanie, qui ne la quittait pas d’une semelle, tout le monde se demandait ce qu’elle pouvait bien lui trouver, à sa Madeleine, mais bon, c’était leur vie, après tout, et cela ne regardait personne d’autre qu’elles.
Les marins du Pélican, mal chauffés sur le vaisseau, venaient d’arriver, invités à venir profiter du confort de la salle. Ils s’étaient rassemblés autour du bon feu qui brûlait dans la cheminée. Certains d’entre eux avaient mis la main à la pâte, épluchant les légumes, remuant dans les casseroles, surveillant la cuisson des fours. Mais surtout, ils arrosaient leur gosier de vin chaud et de grogs. Les enfants couraient entre les tables. Ça criait, ça s’interpellait, ça riait. Mélanie n’était pas la dernière à s’amuser. Un des marins semblait beaucoup se divertir à plaisanter avec elle.
Tandis qu’ils riaient à nouveau, Madeleine se leva, incommodée par le grognement des mioches, s’approcha de son amie et lui glissa à l’oreille : Paradoxalement tu deviens drolatour avec cette diatribe, trouverais-tu que je sens la crevette arctique ?
Mélanie lui sourit, mais n’en pensa pas moins. Les humeurs acides de sa compagne commençaient à lui courir sur le haricot. Si elle n’apprenait pas à se prendre un peu moins au sérieux, elle serait obligée de renégocier le contrat.

Juste avant de sortir, Onésime et Elodie entendirent une matrone répondre à propos de la recette du poutine que : « 
Pas encore. La pinguouination est assez complexe, il va me falloir plus de temps. »
Du temps, eux, ils allaient en prendre, et du bon.

La vie en société était plaisante, ils s’en amusaient, mais à petite dose. Et les grands espaces de liberté leur convenaient bien mieux. Ils avaient le sentiment de se connaître depuis des siècles, si bien qu’il n’était parfois pas nécessaire de parler pour qu’ils se comprennent.

Après avoir couru, ils arrivèrent sur la plage.
Onésime : Incroyable ! Sens-tu l’air chargé d’iode, le goût du sel qui pénètre la peau ? Regarde ! La mer s’approche, c’est marée haute. Regarde, l’étendue mergnifique.
Elodie, ravie de le voir si heureux, se disait tout bas : Je regardai. Oui, la mer s’étalait, devant nous.
Onésime : Tu pourrais énoncer ton texte audiblement, j’aimerais en profiter.
Elodie haut et fort : Je disais que je regarde, et que oui, la mer s’étale devant nous.
Onésime : Tu ne remarques rien d’autre ?
Elodie : Si, je remarque que la mer est en train de geler, et que la marée va rester figée en position haute.
Onésime : La glace va rester accrochée aux falaises !
Elodie : Et les marins ne pourrons plus naviguer sur les barques pour rejoindre leur vaisseau.
Lorsqu’ils rentrèrent au coucher du soleil, ils ne furent pas surpris de voir que la salle était toujours pleine.
Mais l’ambiance n’était plus celle festive et joyeuse de tout à l’heure.
Elle était plombée.
Duncan Sparrow attendait sa fille de pied ferme.
Duncan : Nous allons avoir besoin de tes calumettes, fille, lui dit-il gravement.
Elodie : Père, que vous arrive-t-il ? Vous savez bien que ce ne sont que des enfantillages !
Duncan : Pas pour eux !
Et il désigna du menton la troupe d’amérindiens postés derrière les barricades du prieuré.
Duncan : Allez les chercher, ma fille !
A ce moment
là, Onésime réalisa à quel point il était en retard. Les Douze Coups de Midi sonnaient au clocher et les odeurs de brioche remplaçaient allègrement celles des Mc Bacon et autres Cheeseburgers. Il s’empressa de rentrer chez lui, honteux et confus, et jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.
Elodie : Mais qu’est-ce que tu fiches, Onésime ?
Onésime : Je ne te l’ai pas dit, mais je suis le fils de l’un d’eux. Dit-il en montrant les aborigènes. Alors, je continue le roman que nous jouons, ou bien je retourne avec eux ?

Elodie : Ah ! C’est du roman pour de faux, je préfère ça !
Onésime : Oui, mais je t’aime pour de vrai !
C’est à cet instant précis qu’un marin, pris de panique, se mit à déclamer d’un ton grave : Fatalimace ! Nous voici en insolitude ! La route court sous l’eau d’artificelles habitudes ! Mets tes bottes, enfant. Les écriames et les pingouinations attendront que la polimalie des virgules se solve en délibules mirifiques !
Elodie : Mais qu’est-ce qu’il raconte, papa ?
Duncan : Je crois qu’il délire de peur, c’est de la psychose, il a du abuser du rhum ! Va chercher les calumettes, ça apaisera tout le monde.
Ma mère est arrivée, tout essoufflée. Elle avait les bras chargés de bûches.
Ma mère : Tout le monde va avoir froid ici si on ne recharge pas la cheminée, heureusement qu’il reste des femmes pour garder la tête sur les épaules, ici !
Duncan : Elle a raison !
Onésime : Alors, on n’a qu’à prononcer des mots d’amour comme ça, ils se tiendront chaud !

Elodie : Des mots d’amour qui se tiennent chaud devant un feu de cheminée, c’est plus efficace !
Onésime : Chuuuutttt, Elodie, ils sont pour moi, les derniers mots de la fin !Tu peux pas t’en empêcher ! Pffff !

Elodie :
C’est pas moi, c’est le Zébulon.
Ma mère : Mais qu’est-ce qu’ils racontent, ces deux là ?
Duncan : C’est le délire qui gagne, probablement…
Onésine a fait un clin d’œil complice à Elodie.
Elodie est allée chercher les calumettes, et toute l’assemblée les a fumées avec les amérindiens, invités à se joindre à eux.
Ce jour là, ils avaient décidé que la guerre serait finie à tout jamais et que la paix gagnerait, parce qu’ils allaient définir l’acceptable et l’inacceptable, et se mettre d’accord à tout jamais sur le respect de ces limites saines.
Madeleine prépara un chocolat bien chaud, que l’on partagea allègrement. Onésime s’était assis en face d’Elodie .
Elodie :
Ma mère lui offrit des jumeleines, que nous mangeàmes en nous fixant les yeux dans les yeux un rendez-vous créaginaire.
Car ils iraient revoir la mer, c’est sûr. Et cette fois, elle serait peut-être à marée basse.
Ils ramasseraient des coquillages et riraient encore de tout et de rien, complices comme des amis de tout temps, des amis qui s’aiment.
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agenda décembre 2018 calumet hache
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L’agenda ironique de juillet, c’est chez Floriane du blog
PALIMPZESTE qui marie allègrement Estampe et poésie avec une rondelle de couleur. Elle nous propose ce mois-ci de faire revivre Sherlock Holmes en ne nous mettant, pourquoi pas, pas dans la tête d’une petite sirène, d’une Madame Bovary, d’un vin de Meursault, d’un fromage de Meursault, d’un château portant le même nom ou encore d’un personnage d’Albert Camus étranger à lui-même.
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Elle propose d’épicer tout le bazar d’une opiacerie variée consistant à fumer les mots suivants dans le texte :
7 mots – ou leurs variantes – sont à introduire : phrénologie / porcelaine / chute / microscope / inondation / corde – and last, but not least – pangolin.

Bien entendu, nous sommes tous libres de choisir une forme.
Haïku, poème, prose, courts ou longs.
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Le violon d’un fait divers extraordinaire m’a proposé ses quatre cordes.
J’ose espérer que mes canards de violoniste débutante ne vous feront pas grincer des oreilles et des dents.
C’est mon challenge du mois.
J’en ai l’archet qui se déhanche un peu et qui déboîte son écriture au son des fusées pyrotechniques grégoriennes. L’effet zeste s’acidule d’une loi rafraîchissante, celle d’une réforme du code du détectivat gouvernemental sous-couvert d’une coupe de ballon frais servi sur un plateau tout terrain.
Je vous laisse découvrir ce que la pipe stupéfiante de l’agenda de juillet 2018 a dicté à mes dix doigts.


14 juillet 00h00mn00s
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C’est la centrale de mesure du temps qui lança l’alarme la première, tous les calendriers avaient basculé brutalement du 14 juillet au 25 décembre. La nouvelle date figurait déjà sur tous les journaux, le réseau informatique, les horloges solaires, les montres de plongée sous-marines, les autres ainsi que les agendas et calendriers postaux du monde entier dans le monde.
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Cette fois-ci s’en était trop ! Le monde dans le monde entier s’était élevé contre presque six mois de décalage, toute la presse était en effervescence, on entendait les rotors des hélicoptères gronder au dessus des toits de Paris, des autres grandes villes sans doute aussi, le petit bout de la lorgnette étant Paris dans l’histoire ci-citée, je ne citerai qu’elle. Le Vatican avait dépêché Monseigneur l’évêque Antoine de Bouchitey afin de confronter les archives romanes calendaires et l’actualité.
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Monseigneur A. de B. descendit de la longue limousine blanche dix huit roues devant les caméras rassemblées à l’occasion de son arrivée. Une petite femme brune d’environ 45 ans lui tendit un micro tout en le suivant de très près, elle portait un épais chandail à col roulé malgré la chaleur caniculaire :
– Monseigneur, qu’adviendra-t-il du monde si les grandes fêtes de l’année se déplacent comme celle-ci ?
L’évêque resserra son écharpe et toussota légèrement.
– Nous allons ouvrir une enquête, et les meilleurs détectives vont être invités à travailler sur l’énigme. Pour l’instant, aucune hypothèse ne dépassera le cadre de la recherche, nous en faisons le serment. La psychose populaire est déjà bien avancée, nous n’allons pas en rajouter une tartine. Si vous le permettez, j’aimerais avancer et rejoindre l’Elysée où le gouvernement m’attend.
On a du taf, vous comprenez ?
– Par quelles questions le gouvernement compte-t-il commencer les recherches ?
– Ce sera ma dernière réponse. Nous commencerons probablement par la question de l’habillement ! Allons-nous l’adapter à la saison ou aux températures ? Puis celui de la durée des vacances scolaires. S’agira-t-il de les réduire de neuf à deux semaines ? Nous allons aussi faire appel aux différents services de la météo. Il leur est peut-être possible de réajuster les températures en fonction des dates, nous n’avons qui sait peut-être pas encore exploré toutes les dimensions. Nous venons de passer du 14 juillet à 00h00mn00s au 25 décembre même heure dans tous les endroits du fuseau horaire mondial, il y a vraiment de quoi frissonner. Si vous voyez d’autres solutions, écrivez à Cruci-fiction.com, qui collecte toutes les hypothèses et idées d’adaptation.
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Les grandes grilles du palais se refermèrent sur lui et les journalistes s’empressèrent de se disperser pour rejoindre les presses où seraient imprimés tout à l’heure les journaux de ce soir.
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Monseigneur A. de B. fut accueilli par l’assemblée des ministres dont l’air sinistre soufflait une atmosphère glaciale. Le président, absent pour cause d’absentéisme les rejoindrait plus tard. Un sapin décoré de guirlandes clignotantes et multicolores siégeait au centre de l’immense table. Les treize desserts se gelaient les coupes garnies sur le même plateau de la même immense table. Une hotte en osier remplie de pommes de pin était posée sur le fauteuil du chef d’état.
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La ministre de la météo vint à sa rencontre. Devant le regard étonné de l’archevêque elle montra du doigt la hotte tout en lui expliquant que les pommes de pin sont porteuses des éléments de reproduction que sont les pignons, et que la hotte est placée sur le siège présidentiel pour qu’en son absence, les éléments constitutifs du gouvernement n’oublient pas de reproduire les rouages de la pensée dentée de l’oligarque.
– Pourquoi ne pas l’avoir recouvert de la pèlerine rouge ?
– Il est trop jeune. Sa barbe n’est pas encore blanche.
Le ministre des feux d’artifice s’interposa.
– Il n’y a pas un instant à perdre ! Qu’est-ce que je fais, moi, avec tous ces spectacles en rade ?
– Vous avez prévu la bouffe ? j’ai la dalle. Demanda A. de B.
La ministre de l’à-propos s’interposa.
– C’est la rade de Brest ?
– C’est la rade la Pâquerette !
Les ministres pouffèrent de rire.
– Mais qu’y sont bêtes !
– Avec ce temps, je me disais que nous devrions lancer la mode des maillots de bain en laine. Ça marie élégamment le temps caniculaire à celui plus floconneux d’un Noël aux tisons.
– Je lancerais bien la mode du maillot de bain en porcelaine, lança d’un ton badin le ministre du plongeon au plongeoir.
La ministre des accidents domestiques le fusilla du regard.
– Et puis quoi encore ! Vous voulez nous les casser menu menu ou quoi ?
– Pfff ! J’déconne madame brûlure du premier degré, la chute risquerait d’en faire une mosaïque, on pourrait en faire une science, un peu comme la phrénologie avec la forme du crâne, pour lire l’avenir dans les tesselles des maillots…
– Franchement, mon cher, franchement !
– Ça vous la coupe, hein ! Rajouta-t-il grassement d’un ton goguenard.
– La chique ? C’est d’un chic ! Soyez donc rassuré car pour la brûlure, je préconise au vingt cinquième degré la pommade radicale, celle qui s’enduit par induction et apaise définitivement l’idée même de brûlure à tous les étages du degré. Soyons fous.
– Ça, pour l’être, hum, je ne comprends rien à ce que vous me dites…
– Et vlan, pour une brûlure au premier degré, une couche épaisse de sécurité ! Je n’ai pas eu mon diplôme de ministre dans une pochette de paic surprise pour rien, non mais !
– Et pour revenir au menu, y-a-t-il un ministre de la composition du repas dans l’assemblée ?
– Y’a des pignons mais y faut les éplucher !
– Ne va donc pas manger le pain pignon du président, toi… Il va pas aimer, mais alors, pas du tout ! C’est pas Jésus le gugusse.
– Tsss, tssst, vous pourriez respecter un peu le clergé les gars !
– Ça va, j’ai les archives, et je sais lire ! Mais j’ai faim, et quand j’ai faim, je ne sais plus réfléchir correctement. On s’y mets ?
– Vous préférez quoi, une croustade de pain béni ou un gigot d’agneau lié à la sauce saigneur ?
– Une madeleine farcie aux pruneaux suffira, merci !
Là-dessus, le pangolin de la porte d’entrée se mit à tinter.
– Ah ! Ce n’est pas trop tôt ! Voici notre détective et son co-accolyte !
Le ministre de la croustade se coiffa d’une belle miche tout en se dirigeant vers la porte. Le microscope suspendu au coin de l’angle mort pointait vers lui son œil de verre tout en le suivant de son regard catadioptrique.
Watson et Holmes entrèrent, saluèrent d’un mouvement d’optique à l’emporte-louche l’assemblée du gouvernement puis vinrent s’asseoir à côté de Monseigneur l’Arche sur invitation de ce dernier.
Une jeune secrétaire déposa devant eux un épais dossier.
– C’est la première fois que vous nous faites l’honneur de vous intéresser à une affaire d’état, et nous vous en remercions. Le président me charge de vous transmettre toute notre gratitude. Sur ces mots, elle leur tendit un plateau aqueux où gisait une forme lumineuse.
– Sherlock, que diriez-vous de ce présent ? L’interpella d’un ton sec le docteur Watson.
– John, il demande ingénue flexion. Monseigneur, permettez que je le détaille à la loupe.
– Je vous en prie, réfléchissez. Je vous prête mon intention monoculaire intérieure si vous en avez besoin. Elle est dotée de lentilles coniques, dix fois plus puissantes que votre machin, là. Répondit l’Arche A de B, la vèque en Berne.
– Merci Monseigneur, mais la loupe, mais la loupe, la loupe
– Attendez, s’exclama la ministre du souvenir associé librement, ça me rappelle quelque chose, écoutez !

– Vous avez eu une inondation de lune, ma petite dame !
Le ministre de la sauce piquante lui tendit une corde.
– Attrapez-la et ne coulez plus !
– J’ai demandé à la sauce piquante si elle pouvait arrondir les angles, glissa affectueusement le ministre de la douceur à la ministre du souvenir associé librement.
Pendant ce temps, Sherlock, qui observait la gratitude d’un air Sherlocké, au bout d’un moment releva la loupe et s’adressa à Watson.
– Watson ?
– Oui Holmes !
– Vous ne voyez rien de bizarre ?
– Je ne vois rien qui ne le soit pas Sherlock !
– Très bien, alors comment allons nous procéder cette fois ?
– Je ne sais pas.
– Cherchez le détail cohérent et remontez son fil. La dernière fois que nous étions en été date de quand ?
– Hier, 23h59mn59s peu de temps avant aujourd’hui 00h00mn01s !
– Pensez-vous qu’il y ait une transition entre hier et aujourd’hui ?
– Sommes toutes, nous pouvons supposer que le zéro absolu en est une.
– Un zéro absolu qui n’est pas une somme, mais bien un infini, n’est-ce pas ?
– En effet ! C’est à en devenir fou…
– Vous comprenez mieux ce qui s’est passé, ou bien je vous redémontre le raisonnement ?
– Nous avons eu une chance formidable !
– Nous aurions pu ne jamais rattraper ne serait-ce qu’une parcelle du temps d’aujourd’hui. Alors un 25 décembre ou un 14 juillet, au regard de l’éternité, nous l’avons échappé belle.
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Personne ne vit l’ombre du ministre du théorème binomial anonyme se glisser vers la sortie. Il avait le rictus de celui qui vient de rater son coup.
Holmes soudain leva le nez en l’air et pensa très fort à son pire ennemi, le professeur Moriarty.
– Au fait, on est quel jour aujourd’hui ?
– Nous sommes le jour du théorème binomial anonyme, répondit d’une voix glapissante l’horloge murale en se tordant une corde vocale.
Watson suivit le regard d’Holmes et fut témoin de la chute de voix répercutée au plafond. Le temps allait changer de tonalité, une entorse de la vocalise, encore un coup fumeux du professeur Moriarty, pensa-t-il.
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L’affaire du déplacement fit grand bruit dans la population ainsi que dans le milieu des chercheurs. La ministre de la sécurité convoqua tous les physiciens pour l’invention et la mise en place des dispositifs de conduction journalière qui permirent de sécuriser le passage d’un jour à un autre sans échappement de quelque nature que ce soit.
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Le théorème de Moriarty reste à prouver.
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Une somme allant de zéro à son jumeau désastral fût déposée au greffe des tribunes de la finale gouvernementale afin de garantir l’emploi de la légalité de toutes les fêtes nationales.
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– Watson ?
– Oui Holmes ?
– Vous ne l’avez pas un peu trop dosée cette pipe d’opiacés ?

– J’allais vous poser la même question mon cher.
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– ça me rappelle quelque chose…
– Ah, ces ministres sinistres !!!
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Maricela de la Toba - obra copia
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Les gens sérieux n’ont pas d’histoire, c’est du moins ce que l’on prétend.
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Mercredi 6 juin, le bruit résonnant de la raison vint sortir du sommeil notre fameux Gyrus Temporal Supérieur.
Et puis il reconnut la voix de l’idée maïeutique.
– Poussez !
Une idée de reproduction se tenait cambrée sur un phénomène plasmatique, l’ADN distendu.
– Poussez, je sens que ça vient, vous y êtes.
L’idée de silence se taisait.
Le brouhaha des voies de la raison couvrait celle-ci d’un épais voile d’idées bruyantes et sonores qui s’exprimaient toutes en même temps, dans le désordre le plus absolu.
Le Gyrus Temporal Supérieur essayait d’en décoder le plus possible, que s’était-il passé dans son sommeil pour que toutes ces idées aient leur mot à dire ?
L’idée de vérité se disait qu’elle aurait bien du labeur à retrouver ses comparses.
Il y eut un murmure sinueux lorsque l’idée serpentine traversa fugacement une purée de chuchotis.
L’idée de j’m’en foutisme s’en foutait littéralement.
Et puis l’idée de clarté sortit de la cacophonie.
– Voyons, une idée à la fois ! Ordre et rigueur, force et volonté, sagesse et prudence, légèreté et joie, si vous voulez bien vous avancer, nous allons procéder à l’arraisonnage. Rassemblement.
Tout le monde à son poste de travail.
A ce dernier mot, l’ensemble des idées s’était tu.
Wernicke, profitant de l’accalmie, pointa son nez à l’écran de la réflexion pour entonner le chant des marins de l’espèce spatiale spécialement créé pour l’occasion.
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Vous qu’êtes des marins de l’espace
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Rassemblez vos idées, vos pensées vos concepts,
Et mettez sous le coude ce qui sert de précepte.
Hissez haut les couleurs de la philanthropie,
Et accostez les rives du jardin fantasy.
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Mélangez les couleurs,
Hissez haut l’illusion,
Les rêves ont la saveur,
De vos vieux abandons.
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Reprenez tous en chœur,
La vie tient à trois fils,
Où se prendre au sérieux,
N’en laissera que deux.
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Le pont de la lumière célébrera ses flots,
Et la géante rouge ouvrira grand ses eaux,
A nous, ses voyageurs, marins dans les étoiles,
Si nous arrivons nus de représentations.
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Ainsi fut fait. Ils ont hissé haut le pavillon de l’illusoire.
L’hippocampe chaussa le monocle de l’ignorance pour ne rien rater de la découverte.
Connaissant les astuces de l’imagination, les pensées vacuitaires ont déroulé le tapis de l’insignifiant dérisoire sur le pont de la lumière et les couleurs sont passées.
La pensée du crible pour une fois s’est abstenue.
Et la géante rouge les a reçus dans son monde de sensations dénué de paroles où mille nuances d’impressions n’ont plus l’artifice de se dire et où les grands fonds de l’expérience humaine n’ont plus que l’être et le néant de la dilution pour se vivre.
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– Wernicke !
– Wernicke, répondez !
– Wernicke, ici l’Hypothamamus, qu’est-ce que vous foutez, bon dieu !
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L’Hypothalamus avait lancé le catalyseur de l’alchimie réactive.
L’idée fusionnelle se décolla immédiatement du sentiment de bien-être dans lequel elle baignait.
Le grand cric de la littérature Belge se mit à croquer une pomme Star Trekienne Nobélogisée de l’année. Une fane de radis dépassait de sa mâchoire neuronale en faisant signe de la feuille à l’idée de la fébrilité de plage allongée sur sa serviette de bain.
L’estomac rempli de l’interconnexion était resté bouche bée devant le chaudron de la communauté d’où un léger frémissement d’idées s’échappait par endroit ainsi qu’à l’envers.
L’Oméga3 se débattait pour échapper à la ride du terminator.
L’idéfix se rappelait que la palme était aussi décoiffée que l’idévive, ce qui était super car elle adorait les commentaires. Purkinge sortit son stylo neuronal pour en écrire une formule. Il affirmait en ces termes que la mini jupe pouvait se libérer du corset grâce à une circonvolution d’Obi W’Anne.
Un cinquième type à la gouaille Apollonienne élastiquée des chaussettes de Neil Alden Armstrong vint à passer. Il affirmait que les branchements de la marmite allaient probablement se poser sur le papier de la suite. La suite lui donna raison. Une Genèse demandait à enregistrer les originaux afin de fonder son existence sur du développement durable.
Tout cela se déroula dans le bon thon le plus en boite possible.
Une demande de vacances rempotée ventre à terre s’alluma dans le circuit de la force. C’est qu’Obi Louvain, chevalier de la lumière, adorait le pot au feu des maîtres Jedi, que l’emblématique Kenobi savait si bien cuisiner. La régulation des énergies atteindrait irrémédiablement l’équilibre avec une belle conscience des besoins de chacun.
Ainsi fut reconnue la valeur de la corde sur laquelle le funambule traversait en toute conscience le tissage aérien et avec lequel l’existence pouvait être protégée de la pluie ou pas.
L’enthousiasme de la découverte l’emporterait bien au-delà de ce qui était imaginable. Aussi savant qu’un oiseau disparu, pas question de fuir devant l’emportement de notre One Neuve.
Ainsi soit il.
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Wernicke ne répondit que bien plus tard.
Lorsqu’il émergea de la puissante béatitude dans laquelle plus rien n’existait d’autre que la sensation. L’Hypothalamus en vacances sur la Manche rive gauche commençait sérieusement à s’inquiéter.
Lorsqu’il apprit ce qui s’était passé, il sut que la face du monde allait radicalement changer.
Il commença alors à sentir les poissons remuer dans ses cheveux.
La métamorphose l’avait rendu à lui-même, Hypothalamuse.
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Géante rouge

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(La machine à penser, s’exprimant à voix haute, s’adressant à l’assemblée de ses idées)
– L’organe de la conscience.
– Il mérite qu’on s’y arrête un petit peu, non ?
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(Hypothèse d’élucubration interne de la machine à penser, marmonnant inaudiblement)
Alors, il est né quand, celui-là ?
Si ce n’est pas une question, ça ?
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(Elucubration interne de la machine à penser, échappement s’adressant tout haut à son for intérieur)
Jung, que je vais retransmettre « en direct » ici même nous en dit quelque chose. Et croyez-moi, ils ne sont pas si nombreux que ça à s’y être penché aussi objectivement.
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(Elucubration interne de la machine à penser, en son for intérieur et en silence, cette fois)
Enfin, ça n’engage que moi d’affirmer un truc pareil, et puis c’est un tout petit rien prétentieux d’en parler en ces termes. Mais après tout, je ne vois pas pour quelle raison objective je m’empêcherais d’avoir ce type de pensée, ni même pour quelle raison objective je m’empêcherais d’être prétentieuse après tout !
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(Elucubration interne se décalant)
Il vaudrait mieux que je demande à la Jobougon de censurer ce passage…
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(Reprenant tout bas)
Et puis, rien ne s’opposera à moi lorsque j’aurai envie de changer ma pensée, pour peu que ma conscience me propose une façon d’être plus ajustée à une nouvelle forme de pensée.
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Par exemple, la pensée cubique si elle le veut vraiment peut prétendre et devenir cruciforme, ou rocambolesque, ou encore à l’ouestisée.
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Ah ah ! Alors la prétention ? Vous voulez rire. Non mais !
Sur une échelle allant de zéro à dix je m’aime à combien ?
Si la mesure de l’amour est d’aimer sans mesure virgule
Et si l’amour rend aveugle, alors je m’aime, c’est sûr.
Preuve en est c’est que je ne me vois pas.
Enfin, objectivement, quoi !
J’ai bien une vague idée parmi toutes, sur certains points.
Je dirais même mieux, une idée tout court.
Mais autant dire que cette idée de mesure m’indiffère au plus haut point. C’est court, une idée tout court. Ça fait tout courir partout.
Ce qui ne m’indiffère pas, par contre, c’est de réussir à appuyer mon moteur sur, et là, je reviens aux moutons de la conscience, la conscience.
Peut-on considérer que ma sensibilité à ce propos est issue d’une croyance ou bien suis-je entièrement responsable de mon choix ?
Et qu’est-ce qui ferait la différence, si ce n’est la conscience des raisons pour laquelle ma détermination un jour s’est ralliée à moi.
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(La machine à penser, qui reprend à voix haute)
Bon ! Assez élucubré ! Allons voir ce que dis C.G. Jung sur la conscience d’elle-même et sur sa naissance ?

https://www.cgjung.net/oeuvre/textes/conscience/index.htm

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Éclosion de la conscience
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« La découverte de l’écriture est pour moi le critère qui permet de dater l’éclosion d’une conscience responsable. Cette découverte représente un pas décisif dans l’évolution de la conscience humaine. Elle indique la naissance d’une conscience réflexive, et non simplement de la conscience.

Il nous faut renoncer à connaître les circonstances de cette découverte. Elle relève de la volonté divine. Mais ce que nous pouvons dire, c’est que la naissance de l’écriture marque aussi la naissance d’une conscience réflexive. Et nulle autre forme de conscience ne peut être qualifiée d’humaine. »

« Les monuments les plus anciens à porter des inscriptions datent de 4200-4100 avant J.-C. Les premiers textes en écriture cunéiforme et les hiéroglyphes remontent à peu près à la même époque. Nous pouvons donc parler d’une conscience humaine à partir de cette époque, c’est à dire il y a environ six mille ans. Ce n’est pas si énorme.

Au regard de l’histoire de l’humanité, il s’agit d’une période relativement brève. Nous pouvons dire que nous avons parcouru un chemin considérable. Mais, eu égard à toutes les possibilités qui s’offrent encore à nous, ou à l’immense étendue de l’inconscient, c’est peut-être encore bien peu. Et ceux qui affirment que la conscience véritable n’a peut-être pas encore vu le jour ont peut-être raison.

Je pense en effet qu’il y a encore des possibilités infinies pour la conscience humaine. Nous pensons généralement avoir atteint le sommet de nos difficultés, mais en fait nous en sommes très loin. Je croirais plutôt, pour ma part, que l’inconscient représente encore la plus grande part de notre psyché. »

 C.G. Jung  » Sur l’Interprétation des rêves « , Albin Michel, 1998 p 205/ 206.


LA CONSCIENCE EN PHILOSOPHIE

https://la-philosophie.com/la-conscience-philosophie


Dont je ne citerai que la conclusion :

La conscience se définit, certes, par son activité quant à la connaissance, mais aussi par ses lacunes, ses errances, son opacité. En approchant l’homme relativement à cette opacité de la conscience, force est de constater que celle-ci n’est pas transparente à elle-même. Il y a en elle des choses qui lui échappent et qui signalent que par-delà ce que la conscience affirme d’autres choses se disent. Penser la conscience signifie donc aussi penser ce qu’elle ne maîtrise pas au sein du psychisme et qui peut la remettre en question quant à son autorité. Cette remise en question passera par Nietzsche par la volonté de puissance, par Marx dans le domaine social pour aboutir au thème de l’inconscient chez Freud, inconscient qui induira ce constat fatal :

« Le Moi n’est pas maître en sa propre maison »
***
« Mais les mois, l’émoi, et moi, nous avons l’alphabet !
D’où le constat défatalisant suivant pour le plus grand soulagement de tous, sauf de la ménagère : Le bœuf est maître dans la maison ! »

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« 
L’idée d’émancipation se demandait s’il ne fallait pas rajouter une défatalité de plus ».
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Quoiqu’il en soit, notre voyage inter-sidérant s’était fait happer par tout un tas de réflexions issues directement de son cheminement.
L’invention de la sidération consécutive à la prise de conscience d’une rencontre entre le monde des idées et celui d’une géante rouge qui s’avérera plus tard être le monde des affects,
pathos chez les grecs, avait paralysé l’histoire.
Forts de cette expérience imaginaire, nous allions pouvoir reprendre l’exploration réelle de notre premier cheminement d’idée pour lequel Wernicke avait cru bon de faire appel à l’imagination du Gyrus Temporal Supérieur, pensant sans doute que le supérieur aurait suffisamment de prétentions pour en arriver à élaborer une rencontre intemporalement optimale.
Le Gyrus Temporal Supérieur transmit sans tarder sa version de l’imaginaire histoire des idées accostant une géante rouge occupant tout le ciel et s’endormit profondément durant les jours à suivre*.
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En cas d’urgence, vous pouvez contacter l’idée de garde.
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La suite dans deux semaines, défalquées du nombre de jours passés depuis le début de l’apparition de la Géante Rouge dans cet espace et la parution de cette histoire, ce qui emmènera le temps d’aujourd’hui au mercredi 6 juin tout au plus.
Majorée d’une surcote aléatoire d’idées farfelues pouvant aller jusqu’à deux semaines de plus ou de moins, selon le sens de l’orientation du fil conducteur du temps.
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D’ici là, d’autres histoires seront peut-être éditées, aussi je me réserve une page blanche intercalée jusqu’à complète écriture ici-là :
Faussant ainsi le temps de la datation des articles sur WP.
Jobougon, qui s’offre la prétention de réduire le temps de dix jours en ce lieu.
Excellente fin de dizaine à tous.
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* Jusqu’au réveil de l’idée d’émergence.
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Suite et dernier épisode ici :
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la-vague-rouge-elisabeth-vedrine
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Episode 1 ici
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Episode 2 ici
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Episode 3 ici

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( Le Gyrus Temporal Supérieur)
– Adaptation, adaptation, il en avait de bonnes, le Wernicke, avec son adaptation. J’aimerais bien l’y voir, moi, devant l’idée d’invention de la géante rouge, pfff !
– Des fois, on s’demande bien si les gens pensent vraiment à c’qu’y disent…
– Bon aller, zou ! On va commencer par un truc, épionverrabiencequisuit.
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Il était une fois, une géante rouge nommé Xylil. Elle était si géante que parfois le ciel ne voyait qu’elle. Un jour où rien ne se passait d’extraordinaire, une pensée surgit du vide et vint se coller sur le hublot de notre fameuse machine à penser.
– Tient, se dit-elle, voici une pensée de l’espace !
La pensée, surgie du vide, faisait moult gestes désordonnés, semblant vouloir dire quelque chose. La machine à penser, intriguée, lui ouvrit le dialogue en lui offrant l’accès à son habitacle. Les résonances amplifiées par le résidu de vide brouillèrent dans un premier temps la communication mais ensuite, une fois résorbés ses grésillements, la compréhension installa un pont entre la machine et la pensée de l’espace.
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(Pensée de l’espace)
– Dis-moi, la machine à penser, depuis que nous connaissons la géante rouge, avons-nous jamais pensé à prendre le temps de la connaître ?
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(La machine à penser)
– Non, je ne vois rien de pensé de tel dans nos archives.
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(Pensée de l’espace)
– Est-il possible de la créer avec votre bécane ?
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(La machine à penser, devenue bécane à penser)
– Il me semble bien que tu n’as pas eu besoin de moi pour la créer à l’instant en la formulant.
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(La pensée de l’espace, par extension devenue l’idée de prendre le temps de connaître la géante rouge)
– Ce serait donc aussi simple ! Il suffirait de formuler l’idée pour que j’existe ?
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(La machine à penser, résolue à redevenir elle-même)
– En tant qu’idée, oui. En tant que matérialisée, cela passe par un projet et des actes visant à te réaliser.
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(L’idée de prendre le temps de connaître la géante rouge)
– Cela voudrait donc dire que je n’existe pas ?
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(La machine à penser, toujours résolue à redevenir elle-même)
– Si ! Tu existes en tant que pensée. Mais pas en tant que réalisation. Pour cela, tu vas devoir passer par tous les stades graduels de la mise en pratique de toi-même jusqu’à l’accomplissement.
En t’émettant, tu viens d’informer l’interlocuteur auquel tu t’adresses de ce qui occupe ton for intérieur. Et en tant qu’interlocutrice, je m’estime privilégiée de te recevoir suffisamment cinq sur cinq pour être dorénavant fortement intéressée par l’aventure de la connaissance de notre bonne vieille géante rouge.
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(L’idée de l’archéologie du ciel)
– Nous pourrions procéder à des fouilles élucubrologiques ?
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(L’idée technicospacifique)
– Oui, nous pourrions lancer un treuil locomoteur hameçon puis tourner le moulinet pour nous rapprocher d’elle.
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(La machine à penser, redevenue elle-même)
– Bien, rassemblons toutes nos compétences pour en faire une découverte merveilleuse.
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( Le Gyrus Temporal Supérieur, soupirant fortement)
– Avec ça, si on ne tourne pas autour du pot ! Je ne sais pas ce que cette machine mouline, mais c’est d’un long !
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(La machine à penser)
– Oui, bon, c’est pas la peine de mettre la pression mon vieux ! Entre l’idée et sa réalisation, si nous allons trop vite, nous n’en réaliserons que la moitié. Et encore, l’estimation est généreuse !
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(Les bras)
– Bien, je crois que c’est le moment pour moi d’intervenir.
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Ainsi fut fait.
L’hameçon fut choisi à ventouse, pour ne pas léser la surface de la géante rouge.
Le moulinet actionné réduisit rapidement la distance, bientôt la machine accosta la surface et les idées purent déambuler sur Xylil.
Ce n’est pas que le Gyrus cédait à la pression mais bon, …
Visiblement la géante était déserte. Toute sa surface était recouverte d’ondes dont la longueur se situait à environ 650 nanomètres.
Les idées de jeux s’amusèrent à surfer sur les vagues avec de grands éclats de plaisir. Toutes sortes d’idées jaillissaient de nulle part et se joignaient à l’allégresse générale. Et ça faisait un de ces boucans…
Jusqu’au moment où un crépitement puissant se fit entendre, couvrant tout le boucit.
Pardon, couvrit tout le boucan.
Toutes les vagues se figèrent.
Toutes les idées restèrent sidérées.
La conscience de la rencontre avec la différence de nature venait d’arriver.
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Suite de ce quatrième épisode ici :
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Vagues rouges

Identification d’une pensée d’amalgame de tons sur ton en train de surfer.

 

 

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Chaque jour passé de la veille s’appelle hier, chaque jour à suivre s’appelle demain, chaque jour présent s’appelle aujourd’hui.
Tous les jours s’appellent aujourd’hui à partir de l’instant présent. Croyez-le bien, ce n’est pas nouveau.
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Episode 1 ici :
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Episode 2 que vous pourrez lire pour de nombreux aujourd’huis encore ici.

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Wernicke est installé devant son bureau, il tient le combiné Amygdalien près de son oreille droite.
A la suite de la conférence relative à la préparation d’astéllairissage sur Xylil, et une fois réinstallé dans le planum temporal de son bureau, il s’est saisi du combiné Amygdalien afin de faire appel aux compétences du G
yrus Temporal Supérieur.
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(Le Gyrus Temporal Supérieur)
– Je vous écoute Monsieur !
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(Wernicke)
– Je viens de rassembler les idées pour préparer l’arrivée sur Xylil.
Figurez-vous que la première idée conceptuelle de l’Homme a prononcé une idée réinventée.
Vous voyez de qui je veux parler, Gyrus ?
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(Le Gyrus Temporal Supérieur)
– Euh… Je suppose que vous parlez de l’idée d’enterrer les morts ?
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(Wernicke)
– A la base c’est ça ! Vous la connaissez ?
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(Le Gyrus Temporal Supérieur)
– Oui, un peu. Elle a ouvert tout un champ.
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(Wernicke)
– De morts ?
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(Le Gyrus Temporal Supérieur)
– Non, d’idées !
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(Wernicke)
– Ah ! J’aime mieux ça !
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(Le Gyrus Temporal Supérieur)
– Et quelle est celle qui résulte de sa réinvention ?
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(Wernicke)
Une idée qui n’est pas la moindre puisqu’il s’agit d’inventer l’histoire de la Géante Rouge. Une histoire bénéfique, chaleureuse, accueillante, une histoire qui donne envie d’aller à sa rencontre sans risque de complication liée à la peur, vous me suivez ? Je fais appel à votre capacité d’imagination, Gyrus. Vous pouvez m’arranger ça ?
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(Le Gyrus Temporal Supérieur)
– J’ai besoin d’une piste !
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(Wernicke)
– Justement, nous allons astéllairir dans deux semaines, arrangez-vous avec les idées pour en avoir.
Et il raccrocha.
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Le Gyrus Temporal Supérieur était assez déconcerté par le travail qui venait de lui être confié par Wernicke.
Sa fonction d’imagination se laissait parfois prendre au dépourvu.
Il avait bien quelques techniques pour y parvenir, comme de fermer l’œil droit et de laisser son esprit divaguer sur une image, de feuilleter un ouvrage et d’y pécher des formules.
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Mais cette fois, dans le contexte, il n’avait pas encore la moindre piste, si ce n’est celle d’accoster une géante rouge complètement inconnue des idées participant au voyage inter-impensé sidéralement de façon impréparée.
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Les idées s’étaient toutes dispersées à la fin de la conférence, (enfin, il avait envie de dire « conférence approchée » voire même « colloque », mais ergoter là-dessus ne changerait rien à son actuel dilemme). Les rassembler à nouveau allait lui prendre un temps dont il ne disposait pas. Il allait devoir couper du pain sur le plancher de son inventivité.
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Bon, se dit-il, commençons par redéfinir ce qu’est l’imagination. Une capacité à créer, à inventer.
Mais encore…
Nous avons une géante rouge qui est un monde inconnu à découvrir.
Et j’ai besoin d’une piste pour commencer à l’imaginer.
N’y aurait-il pas moyen d’entrer en communication avec elle avant d’astéllairir ?
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De la fenêtre de l’espace de travail cingulaire qui lui était réservé, il avait une vue sur l’aura de la géante.
En clignant légèrement les yeux, il s’aperçut avec stupéfaction que l’aura apparaissait puis disparaissait en rythme, de manière si subtile qu’il n’avait pu le remarquer auparavant.
En comptant les secondes qui séparaient chaque apparition, il se rendit compte que quelque chose de cohérent était peut-être en train d’être exprimé à travers ces modifications d’état.
Se saisissant du cornet de glucose du déjeuner de la veille, il orienta son oreille équipée de l’amplificateur de fortune vers le hublot et entendit nettement l’onde sonore.
Ce rythme lui rappelait quelque chose, mais comme sa compétence était plutôt orientée sur la créativité, il ne disposait pas de suffisamment d’éléments en mémoire pour identifier précisément le bruit.
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Une pensée décoiffée passa la tête à la porte en souriant d’un air moqueur.
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(La pensée décoiffée)
– Tu crée de l’enregistrement sucré ou quoi ?
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Puis elle alla se planter devant le hublot à côté de lui.
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(La pensée décoiffée, toujours)
– Ah, je vois. C’est de l’enregistrement couleur. En rouge je dirais hard rock, tendance pivoine avec un brin de coquelicot.
– C’est quoi ce bruit ?
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( Le Gyrus Temporal Supérieur)
– C’est justement ce que j’essaie d’entendre…
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(La pensée décoiffée)
– Ça me fait penser à un battement pulsé. Un bruit de Doppler.
Dieu est en consultation chez son cardiologue ?
Nous allons accoster sur Dieu ?
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Devant le regard embué du Gyrus silencieux elle reprit :
– Non, encore mieux ? C’est le cœur du Cosmos ?
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( Le Gyrus Temporal Supérieur, semblait maintenant sortir d’un songe profond)
– Dis-donc, la décoiffée, tu as sacrément bien fait de ne pas aller chez le coiffeur ce matin.
Ça va m’aider à commencer mon histoire tout ça !
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(La pensée décoiffée, vexée, d’un ton courroucé)
– Quand je pense que j’ai passé une heure à essayer d’avoir l’air dans le vent ! Tout ça pour m’entendre dire des abominations du genre ? Goujat, va !
– Je ne suis pas une idée fixe, moi, bonhomme ! Alors ton coiffeur, tu n’as qu’à l’envoyer se faire brosser ! Tout Gyrus Temporal Supérieur que tu es, tu n’as pas inventé le fil à couper l’électricité en deux. Alors hein !
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Et elle sortit du bureau en claquant de la pensée fulminante et sonore tout en appuyant bien sur les syllabes les plus musclées pour marquer sa contrariété. Au passage, elle renversa une pensée transparente et marmonna une vague excuse inintelligible tout en s’éloignant.
Le Gyrus Temporal Supérieur vint auprès de la pensée transparente pour s’assurer qu’elle n’était pas blessée.
Mais non, elle était simplement médusée. Elle s’en remettrait.
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Pensées médusées

Couple de pensées médusées transparentes légèrement décoiffées


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(L’idée fixe)
– Je me suivais encore et m’étonnais de ne pas avancer. Mais la décoiffée, elle, ne suit donc que son instinct réactionnel ? Où a-t-elle mis l’ordre de ses cheveux ?
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Idéfix

Sans commentaire


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Après toutes les décharges émotionnelles fortes liées à l’incident de l’égo froissé de la pensée décoiffée, le Gyrus savait que le réseau Parahippocampique et Thalamique avaient besoin de se décanter.
Il décida de remettre au lendemain ce qu’il ne pouvait donc pas faire le jour même.
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La suite de ce troisième épisode ici :

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pendule_foucault.
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Premier épisode ici :
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Nous étions le lendemain du jour précédent, c’est-à-dire exactement aujourd’hui, et Wernicke était prêt à dérouler son discours pour la conférence de préparatifs d’astéllairissage sur la géante rouge.
Les idées entraient une à une dans l’amphithéâtre puis s’installaient confortablement dans les fauteuils avec un brouhaha feutré que les tentures n’amortissaient que très mollement.
Wernicke vérifia une dernière fois le rétroprojecteur, alors même qu’il n’avait rien à projeter, puis, satisfait, se cala dans le noyau gris central de la chaire. Il attendit que les pensées soient toutes rassemblées et fassent silence, puis il saisit le micro et commença son exposé :
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– Bienvenue à toutes les pensées rassemblées, qu’elles soient nouvelles, anciennes ou à venir.
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– Comme vous le savez, nous allons bientôt vivre un moment fort de notre histoire en astéllairisant sur la géante rouge que l’Hypothalamus a identifiée sous le nom de Xylil.
Nous n’avons que très peu d’informations à son sujet. Seulement qu’elle est rouge, que c’est une géante, et depuis hier, qu’elle s’appelle Xylil.
C’est pourquoi nous aurons besoin de tout notre potentiel pituitif pour l’aborder.
Il est essentiel de se souvenir des quelques règles simples que nous avons adoptées en acceptant cette mission. Toute pensée, idée, opinion, formulation est accueillie. Elle est directement transmise à la bibliothèque des données qui en analyse la nature et l’oriente vers le service d’identification le plus approprié. Il n’est pas interdit pour celle-ci d’aller vers une autre orientation si elle le souhaite. Nous aurons besoin d’idées neuves, de façon à sécuriser les premiers contacts. Rappelez-vous ce qu’Antoine de saint Exupéry affirmait en ces termes dans « terre des hommes »,
« Seul l’inconnu épouvante les hommes. Mais, pour quiconque l’affronte, il n’est déjà plus l’inconnu. »
Aujourd’hui, nous allons réfléchir ensemble à la façon dont nous avons envie d’aborder Xylil.
Est-ce que vous avez des questions ?
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– Oui, moi !
Une toute petite idée au premier rang s’était levée.
– Vous êtes récente ?
– Non Monsieur, je suis la toute première idée conceptuelle de l’Homme.
– Et vous avez quel âge ?
– Quelque chose comme deux cent cinquante mille ans.
– C’est vous l’idée d’enterrer les morts ?
– Oui Monsieur.
– Qu’est-ce que vous allez réinventer maintenant ?
– Monsieur, je me disais que l’Homme à partir de ma création avait eu besoin de 233000 mille ans pour inventer l’art pariétal, plus encore 14000 années pour en arriver à l’écriture…
Finalement la traçabilité écrite de notre évolution n’est pas si vieille !
– Et alors, qu’est-ce que vous essayez de nous suggérer en ces termes ?
– Et bien je me disais que puisque nous ne savons rien ou pas grand chose de la géante rouge et que nous allons l’accoster dans deux semaines, nous pourrions lui inventer une histoire intelligente et agréable afin d’avoir l’impression d’en savoir un peu sur elle pour l’aborder le plus sereinement possible.
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Un murmure parcouru l’assemblée.
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– C’est hors de question, objecta une idée au fond de la salle ! Nous risquons de passer à côté de la véritable nature de celle-ci.
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– Je vous rappelle que nous avons pour règle d’accueillir toute nouvelle idée, opposa Wernicke. Et si vous prenez la parole, ayez, s’il vous plaît, l’obligeance de vous présenter, merci.
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– Elle n’est pas nouvelle, elle vient de dire qu’elle a deux cent cinquante mille ans !
Je suis l’idée d’opposition, reprit l’idée du fond de la salle.
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(Wernicke)
– Mais elle vient de se réinventer ! Elle mérite d’être entendue, tout comme vous ! Reprit Wernicke.
Nous allons retenir cette suggestion et essayer d’inventer quelque chose sur la géante rouge, et bien entendu, nous garderons l’intelligence de laisser l’espace accessible à ce qui est réellement.
L’écran de notre hypothèse nous servira de défense projective au cas où cela s’avérerait nécessaire.
Pour le reste, faisons lui confiance. Ce n’est pas parce-que vous n’êtes que de simples idées que vous êtes dénuées de conscience. Et puis vous avez aussi le droit d’avoir des aspirations.
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(Wernicke, encore)
– Une autre question ?
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– J’aimerais que la toute petite idée déroule sa réinvention jusqu’au bout. Que pensez-vous qu’il advienne à la suite du langage ? Je suis l’idée de suite logique.
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(La toute petite idée)
– Vous avez de la suite dans les idées l’idée ! C’est une bonne idée.
Pour répondre à votre question, je n’en sais fichtre rien, mais merci de l’avoir posée. Il me semble que la pensée qui serait à même de répondre au mieux serait peut-être l’idée de l’invention du langage écrit.
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(Wernicke)
– Que l’idée de l’invention du langage écrit se signale je vous prie !
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(Pensée du langage écrit, « paradoxe de.»)
– Et bien, je suppose que l’arrivée de la pensée, puis de la pensée pensée, couplées à l’instinct de survie, a fait naître le besoin de communiquer.
– Ensuite que les rudiments du langage aient entraîné le besoin d’une représentation rupestre des choses de la vie me paraît assez logique.
– Et puis que de cet art pictural soit advenue une représentation écrite de la pensée et de la connaissance était inévitable. Trop d’images aurait tué l’image…
– Je vous rappelle que je suis arrivée poussée par le commerce des troupeaux. Les éleveurs, qui avaient alors sérieusement besoin d’une méthode d’archivage de la mesure des troupeaux m’ont bien eue pour m’appliquer.
– Après, allez donc savoir… !!! Les idées, c’est un peu comparable au chiendent ! S’il n’y a pas un jardinier pour désherber, c’est envahissant. Au départ, elles ont dû pousser un peu comme elles ont voulu. Pour preuve, il n’y a qu’à se souvenir du « a » pictogramme devenant Aleph qui vient du mot bœuf. Ainsi que du « b » de bêt qui découle du mot maison. « L’alpha-bet » est donc « le bœuf dans la maison ». Un peu envahissant, non ? Et puis est-ce que quelqu’un ici connaît un seul élève qui prétend savoir « le bœuf dans la maison » par cœur. ?
– En attendant, l’évolution du langage a permis d’atteindre des sommets d’élaboration mentale qui n’auraient pas existé sans lui. Ces représentations ont permis de relier les Hommes entre eux, de faire en sorte que les clans, les groupes, les nations, se comprennent un minimum, et mettent en commun leurs découvertes, même si l’histoire démontre que ce ne sera que jusqu’à une certaine limite.
Hélas, les idées des Hommes ne sont pas toujours arrêtées à des endroits adéquats pour le bénéfice du plus grand nombre ou la protection de la vie.
Jusqu’où irons nous dans cette évolution ?
– Il semblerait que la technologie et la science emmènent la Pensée si loin que nous aurons bientôt à explorer et développer d’autres potentiels. Ma pensée s’arrête là.
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(Wernicke)
– Nous vous remercions pour cet exposé, Madame le paradoxe de la pensée du langage écrit.
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(La toute petite idée)
– Est-il pensable que l’humanité réussisse à partager simultanément ses pensées, dans une transmission directe ?
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(Wernicke)
– Ah… La transmission de pensée…
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(L’idée d’opposition)
– Vous avez assez réinventé comme ça, Madame la toute petite idée ! Laissez de la place aux autres !
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(Wernicke)
– Allons allons ! Je vous en prie ! Proposez donc vos réinventions personnelles plutôt que de rester dans la contestation ! Vous avez tout l’espace que vous voulez ici mais laissez les idées des autres se dérouler jusqu’où elles le souhaitent.
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Une idée se leva, s’approcha de la porte faisant mine de sortir.
– Comment allons-nous opérer à l’accostage ? Je suis la pensée d’anticipation.
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(Wernicke)
– N’allez pas anticiper trop vite la fin de la conférence, restez encore un peu. Quelqu’un veut répondre ?
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– […]
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(Wernicke)
– Pas de nouvelles idées ? Nous connaissons tous ici notre propre capacité d’adaptation. Si vous le souhaitez, vous pouvez consulter la boite à idées visionnaires qui reste malgré tout sujette à controverses pour la plupart d’entre nous. Un peu comme l’invention d’une histoire pour la géante rouge. Si l’on y croit sans un minimum de capacité à discerner la croyance de la connaissance, nous ne risquons pas de voir ce qui est réellement. Mais si vous avez l’intelligence d’équilibrer l’ensemble, vous obtiendrez la paix dans les idées.
Bien ! La séance est levée.
Merci à tous pour votre présence active.
Pour le reste, je vous laisse à votre pensée personnelle.
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Une fois de retour dans son bureau, Wernicke saisit le combiné Amygdalien et composa le numéro du Gyrus Temporal Supérieur.
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– Ici Wernicke, Gyrus ! Nous avons besoin de vos compétences !
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La suite de ce second épisode ici :

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La machine à penser, lâchée dans le vide, parcourait l’espace à la vitesse de treize mille années-lumière/seconde.
L’appareil psychique avait rechargé ses réservoirs sidéraux à la station orbitale du complexe préfrontal et le moteur avait repris un gazouillis régulier à peine perceptible, tant le manque d’atmosphère amortissait le moindre son.
Quelques pensées s’échappaient de l’habitacle par salves claires puis disparaissaient dans le vide, happées par quelques anti-pensées errantes attirées là par le mouvement.
A l’intérieur, par contre, l’ordre régnait. Toute nouvelle pensée produite flottait, puis, d’une antenne tactile, repérait les pensées les plus proches afin de joindre un crochet à l’extrémité de l’une d’entre elles pour dérouler le raisonnement. Bien que la vitesse extérieure soit sidérale, rien à l’intérieur ne manifestait une quelconque agitation. Le plus grand calme régnait. Une fois chaque nouvelle pensée rattachée à la plus proche, une autre nouvelle surgissait et venait agrandir le rang dans une logique sans faille. Chacune des idées alignées venait renforcer une logique, une hypothèse, une faculté, une aire en voie de développement.
Dans la zone de Broca, quelques phonèmes discursifs traînaient la savate pour éviter de se prononcer.
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Wernicke fronça les sourcils.
Si la pensée n’apparaissait pas dans le champ du langage, l’appareil ne pourrait pas entrer en communication avec les différents mondes rencontrés au cours de son voyage.
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Il saisit l’Amygdale et composa le numéro du système limbique.
C’est l’Hippocampe qui répondit :
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– Ici l’Hippocampe, quelle est votre demande ?
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– Ici Wernicke ! Je voudrais faire le point avec vous sur la Centrale Reptilienne pour savoir où en sont la mémoire et ses articulations. Il me semble que la zone de Broca recèle des phonèmes résistants à la prononciation qui risquent de faire foirer la communication. Vous en savez quelque chose ?
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L’Hippocampe se gratta la tête, puis, se raclant la gorge :
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– Le Corps Calleux ne m’a rien signalé Monsieur !
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– Faites une procédure de signalement quand même, Hippo, et mettez le Thalamus sur l’affaire, nous ne pouvons prendre aucun risque dysfonctionnel, compris !
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– Bien Monsieur !
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Wernicke raccrocha l’Amygdale en la reposant sur sa base et s’affala dans son fauteuil.
Depuis qu’il avait démarré cette mission, il avait le sentiment qu’un tas de registres lui échappaient, il devait rassembler les idées, les coordonner entre elles, ce qu’elles faisaient habituellement très bien toutes seules, sans qu’il ait besoin de s’en préoccuper.
Mais cette fois, il sentait bien qu’il ne pourrait s’appuyer sur l’ordre habituel.
C’était bien la première fois que les phonèmes refusaient de se prononcer. Le circuit frontal n’avait plus le même répondant. Depuis quelques temps, il avait remarqué un léger affaiblissement du ressort instinctuel.
Au fond, c’est sans doute une évolution des transmissions, mais il fallait s’assurer du fait qu’il n’y ait aucune dysfonction médiatrice de l’ensemble.
L’arrivée sur la géante rouge, dont on ignorait encore le nom, était prévue dans deux semaines. D’ici-là, la clarté et l’opérationnalité de la cohérence seraient à ajuster.
L’astellairissage devait se passer dans les meilleures conditions possibles. Il en allait de la réussite de la mission.
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L’Amygdale se mit à vibrer sur son bureau.
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– Wernicke à l’Amygdale !
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– Ici le Thalamus, Monsieur ! Nous avons identifié une carence arithmétique du lobe pariétal gauche, nous ignorons encore si cela a une incidence sur la zone de Broca mais nous tenions tout de même à vous le signaler !
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– A part un défaut de comptage, je ne vois pas ce que ça viendrait faire de plus ! Répondit pensivement Wernicke.
– Tiens ! Puisque je vous tiens ! Vous avez réussi à résorber la fuite des idées, Thalamus ?
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– Pour cela, il faudrait explorer les limbes, Monsieur !
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– Vous n’y êtes plus connecté, Thalamus ?
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– Vous en tenez une partie, Monsieur !
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– Merci de me le faire remarquer ! Répliqua vivement Wernicke.
– C’est mon côté archaïque, j’ai encore des difficultés à lâcher-prise !
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– Le faisceau pyramidal me demande de vous transmettre toutes ses félicitations Monsieur. En prendre conscience, précise-t-il, c’est déjà le début du changement.
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– Merci Thalamus !
– Bon ! D’ici demain, tâchez de rassembler toutes les idées, nous allons faire une conférence pour commencer à préparer l’arrivée.
– Avertissez-moi quand vous aurez besoin d’explorer l’Amygdale, que je puisse prévoir un autre réseau de communication.
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– Bien Monsieur, je n’y manquerai pas !
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Une heure plus tard, le Thalamus fit vibrer l’Amygdale pour avertir Wernicke de l’indisponibilité temporaire de celle-ci et un noyau lenticulaire lui livra un petit amas de substance blanche relais en cas d’urgence.
Un peu plus tard dans la soirée le rapport s’afficha sur l’écran Gyri orbitaire antérieur en ce termes :
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Voici le rapport trois points :
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1 : Notre réseau locus niger a identifié le nom de la planète rouge destination.
X1NYLILF75 qui se prononce XYLIL par convention.
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2 : Les échappements de pensées visent à adapter le langage, ils font partie intégrante de la procédure d’application à un nouveau système de langage.
Les anti-pensées inter-stellaires métabolisent la fonction phatique de Jakobson, celle qui permet de suivre.
Une manière comme une autre de s’assurer que la transmission passe bien.
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3 : Les résistants de la zone de Broca sont en stage de relaxation, raison pour laquelle dans l’immédiat aucun phonème participant ne songe à se prononcer.
C’est un processus inclus dans le code de l’archicortex de l’hippocampe, qui n’a pu vous délivrer cette information. Par contre, le lobe de l’insula est quasiment réglé comme un pendule de Foucault. Dès que la force gravitationnelle de la géante rouge se fait sentir, nous animerons son mécanisme pour mesurer le temps dans lequel elle évolue.
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4 : D’autre part, toutes les idées se tiennent à votre disposition pour la conférence de demain.
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Confraternellement
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L’Hypothalamus.
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Suite de ce premier épisode ici :

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L’A.I. voyage de blog en blog et ce, depuis trois ans.
Souhaitons lui un très bon anniversaire.

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Anniversaire trois ans
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Issu d’une idée impromptue chez différence propre, il ne faillit pas.
Il vient de passer février chez Max-Louis, que je salue au passage, et les votants ont décidé de me passer le relais, merci de ne pas vous lasser de mes bougonneries.
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Et puis trois ans, c’est jeune !
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Pourtant, il paraît qu’il y a un fer à repasser le temps qui déplie des bouts de temps cachés dans le tissu froissé. Qui déploie devrais-je dire, car il s’est passé quelque chose au repassage.
Mais quoi ?
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Vous allez nous en dire un peu plus, puisque vous allez rentrer en maison de retraite.
Vous auriez préféré un autre âge ?
Il faudra repasser alors !
Ben c’est trop c.. !
Car c’est bien un temps de maison de retraite qui s’est déplié et qui demande à se déployer.
En entrant dans cette maison de retraite, alors que tout semblait normal vu de l’extérieur, vous allez découvrir que rien n’est comme vous l’auriez supposé. Les pensionnaires, les locaux, le personnel soignant…
Tout est devenu étrange, surréaliste et décalé depuis que vous vivez à l’intérieur.
Et vous allez vivre des situations complètement « d’un autre monde ».
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L’agenda ironique de mars 2018 est heureux de vous laisser la parole.
A vous de jouer.
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Maison de retraite

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