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Archive for mars 2023

Le temps peut prendre bien des visages, d’ailleurs, si vous le rencontrez un jour, reconnaissez-le à quelques détails subtils.
Habituellement invisible, ou presque, il agit si lentement que son action ne se remarque qu’une fois qu’il est passé.
Mais ne vous y trompez pas, il n’est pas parti pour autant.
Il a la caractéristique de se faire oublier, la délicatesse de ne vouloir effrayer personne.
Bien qu’il n’ait aucune intention, sa nature le porte à détruire.
Comment pourrait-on lui en vouloir ?
Il oblige chaque créature à observer, constater, faire aveux d’impuissance, pour finalement l’accepter comme un compagnon de vie.
C’est en allant à la fête de l’apiculture pastorale qu’un de ses détails flagrant a fait irruption dans le paysage.
Les ruches sont déplacées en fonction des floraisons afin d’être plus productives.
L’utilisation de la Nature comme objet par l’Homme tient-elle compte des réels besoins de celle-ci ?
De quels modes de communication dispose la Nature pour exprimer ses besoin ?
Je crois profondément que nous allons devoir faire preuve d’humilité devant l’urgence de revenir à un respect des lois intrinsèques du droit naturel de Dame Nature pour réussir le pari de faire entendre nos propres besoins.
Ça, c’est l’œuvre du temps.

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Statistiques Surréalistes, ah bon !

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Selon 85 % des instituts de sondages français (BVA-IPSOS-IFOP-CSA)*, 90 % des sondages sont le reflet de 2 % des opinions exprimées par les sondés dont seulement 50 % ont eu toute liberté de s’exprimer sur le sujet en répondant à des questions ouvertes et les autres 50 % sont restés sur le champ de la question en se demandant à quel moment la haie de la réflexion viendrait à s’ouvrir suffisamment de temps pour que les résultats du sondage puissent être considérés comme fiables.
Ça, c’est quand les pourcentages tombent justes.
Lorsque l’institut BVA (Biorépondre Vite un Avis) interroge l’axe naturel des fleurs des champs, 85 % des végétaux sélectionnent en deux secondes l’une des trois propositions bioproposées par le sujet sondeur, la plupart des avis tombent trois fois sur trois sur l’une d’entre elles.
Lorsque le sujet est épineux, les sujets sondés sont hésitants, et environ 90 à 95 % d’entre eux choisissent une quatrième réponse qui n’est pas proposée. Hélas, non incluse dans les chiffres, la statistique se pique alors d’ortifice ou de roncement qualitatif.
Ainsi, il apparaît que dans un terrain laissé en friches, 20 % des graines se déclarent en accord avec le plan du pissenlit selon lequel 33 % des corolles n’ont qu’une seule valise en carton pâte, et le reste des questions sauvages donne l’heure à 100 % des voix exprimées qui le demandent attentivement.
Les résultats de ces sondages sont clairs.
Si vous avez une opinion à exprimer, n’attendez pas le changement d’heure pour qu’elle soit désintégrée dans les chiffres.
Horlogez-vous vite à votre avis et au plus près du changement de l’heure des pourcentages, elle vous en sera reconnaissante.

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* Les instituts de sondages cités dans cet article
BVA : Biorépondre Vite un Avis
IPSOS : Instant Pissenlit Soudain Ouvert sur le Silence.
IFOP : Initiation à la Force des Opinions Phytologiques
CSA / Chancellerie des Suffrages Agraires

La joie est gratuite, partageons-là !

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L’agenda ironique chez Isabelle-Marie d’Angèle porte un changement d’heure dans un champ avec des fleurs, des plantes qui piquent, qui grattent, qui irritent, des mauvaises herbes dont un pissenlit avec une valise et un truc qui donne l’heure.
Les mots graines sauvages et corolles y seront.
Le terme prévu est le 28 mars.
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Dans la nuit du 25 au 26 mars, à 2 heures moins le quart du matin, un léger bruit fit trembler le territoire du milieu. Nous sommes dans la région d’Aram, au cœur de la Syrie. Le pays du Levant.
Les pluies de l’année ont été favorables.
La lune, dans la touffeur douce de l’heure, effleure d’une tendre caresse rêveuse le délicat chatoiement campagnard.
Le territoire du milieu, un champ en jachère, est d’une verdoyance lumineuse. Bien que plongée dans l’obscurité lunaire, son étendue laisse deviner une multitude de têtes fleuries, aussi colorées les unes que les autres.
L’une d’entre elles vient d’extraire sa racine, ou plutôt, ses deux racines, prenant appui sur ses crans. Elle se lève sur la pointe des racines pour marcher, la terre tremble, que va devenir son humus si toutes les plantes se mettent à marcher ?
Du haut de son inflorescence solaire, le pissenlit avance une racine, puis une autre, lorsqu’un chardon sorti de nulle part dresse soudain devant lui une feuille aussi épineuse que le dard du roi scorpion, ou que le bracelet magnétique porte épingles de Tatie Danielle.
– On veut aller où comme ça, l’Asteraceae ?
– Bah ! En voyage, tiens !
– C’est pas un endroit, ça !
– C’est pas un envers non plus !
– On passe pas !
– C’est ce qu’on va voir !
Aster secoue ses feuilles, s’élève dans l’air, s’envole.
Cardon très irrité s’énerve.
– Mauvaise graine, va !
Aster est trop loin déjà pour l’entendre. Il vient de se poser sur une corolle magnoliacée blanche comme neige.
– Va laver tes racines, tu salis ma robe !
– Décidément, quel accueil !
– Vous, les sauvages, vous salissez toutes les puretés !
– Nous ne sommes pas là pour élever les cochons !
– Ni les scorpions du Nil… Eole, souffle sur cet individu, qu’il quitte mon nid !
Le vent de service souffle alors sur l’arbre et chasse le pissenlit qui se retrouve posé doucement, tout doucement sur le gnomon du scaphé fixé au mur de la maison d’Isabelle-Marie d’Angèle qui jouxte le champ.
Le scaphé, ou si vous préférez « la barque », est l’un des premiers mesureurs de temps, un cadran solaire projetant l’ombre du gnomon sur les douze graduations du jour.
Il est deux heures du matin, l’ombre de la nuit va reculer d’une heure.
L’Aster aussi.
Un léger tremblement secoue à nouveau la terre.
Il est une heure du matin.
Le pissenlit s’éveille en sursaut, bien ancré dans le sol par ses trente centimètres de racines.
Quel est donc ce si beau songe ? Se dit-il.
C’est promis, au prochain changement d’heure, je réessaye mon voyage.
Et qui vivra verra !
Là-bas, au pied du mur de la maison de Marie-d’Angèle Isabelle, une toute petite valise reste posée. Qui n’attend plus que le dimanche 29 octobre pour être retrouvée par son propriétaire.
A l’autre bout du champ, on entend un chuchotement pointu, comme un grattement d’aiguille sur la pierre du temps.
Un chardon s’extrait du sol, poussant sur ses épines, la tête violette d’effort.
Ses racines longues de six mètres n’en finissent pas de sortir de terre.
De cette hauteur, c’est sûr, je verrai l’Aster de tout à l’heure. Se dit-il, perché sur ses échasses racinaires.
Il s’en approche, reconnaît la tête d’or, l’interpelle.
– Eh, toi, l’Aster, tu dors ?
– Non, pourquoi ?
– Tu t’es trompé de changement d’heure, à deux heures, il était trois heures !
– Elle est bien bonne celle-là !
– Aller, va récupérer ta valise et te repercher au gnomon.
L’éclair de lumière qui fusa du fond de la nuit parut pour certains un miracle, au point que chaque fleur des champs témoin décrivit l’évènement.
On en fit un recueil, relié cuir pleine fleur, qui sort encore de la nuit des temps par sa lumière.
Le papyrus biblique !
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L’Aster, du nom que l’on peut prononcer, vous l’avez compris, issu du diminutif d’asteraceae, de la famille dont est issu le pissenlit, l’Aster, donc, reperché à nouveau sur le gnomon, attendait benoitement le changement d’heure.
L’ombre des deux heures du matin s’approchant à pas de loup, il ne l’entendit pas arriver.
Froutch ! Cette fois, c’est sur une agave qu’Aster atterrit.
Après avoir glissé sur une longue, très longue feuille de la plante grasse, un cran s’aggripe à une épine du bord et l’arrête dans sa course. Aster est secoué mais ce qu’il découvre le surprend encore plus. La base de l’agave est en acier peint, ça et là des écailles de vert se détachent, mettant à nu le métal froid. L’imitation est si parfaite que l’agave pourrait passer pour vraie si le temps n’y avait décollé quelques touches de maquillage.
Un cactus dans un champ de fleurs, tout d’acier coloré de résine ! C’est insensé !
Evidemment, vu sa taille gigantesque, pissenlit Aster se trouve bien minuscule.
Il sent alors bouger quelque chose sous ses racines.
Le cœur de la plante grasse s’anime, une mécanique incroyablement précise se met à tourner, attrapant l’extrémité d’une des racines d’Aster vers l’engrenage dentu d’un pressoir.
Tout va très vite ensuite.
Une haie de chardons s’est rassemblée autour de l’agave.
Ils portent, au creux de leurs feuilles épineuses, des cailloux qu’ils jettent de concert au cœur de la machine, écartant suffisamment les dents pour que le brave pissenlit retire sa racine indemne et se sente soulevé dans les airs par quarante têtes bleues, puis déposé au sol avec douceur.
Ouf ! Il a eu chaud !
Une petite perle blanche suinte au niveau du cran qui s’était accroché au bord épineux de l’agave.
Aster est blessé, heureusement rien de grave.
Tournant sa tête d’or vers la barque et le gnomon, il remarque que l’ombre de la nuit est passée à l’heure d’été. Au pied du mur il n’y a plus rien.
Il se dit que décidément, rien n’est cohérent.
L’heure d’été au printemps !
Il n’y a plus de saison !
Que s’est-il donc passé pendant l’heure écoulée qui n’existe pas ?
Une valise a disparu, peut-être ?
Aster remercie les chardons aux jolies efflorescences bleues et reprend sa marche.
Cette fois, aucun d’entre eux ne lui barre le chemin.
Un vent de liberté souffle sur leurs têtes.



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Brin d’herbe

Brin d’herbe

J’ai glissé, dit la glace !
J’ai glissé sur moi-même
et me suis retrouvée,
un peu plus bas,
un peu plus près du pré,
venue pour abreuver la racine et le brin
qu’hier tant j’admirais,
par ma disparition.

Pourtant bien encore là,
gardée dans sa verdure et sa vitale racine,
j’aspire d’autres eaux
et sels minéraux,
et l’ancrage pivot que la coiffe creuse au sol
me rendra plus solide que cette matière figée
qu’hier j’étais encore.

J’ai coulé librement jusqu’à être aspirée,
mon brin s’est ressourcé,
sa croissance de printemps
vient nourrir le terreau
dans le cycle de l’eau,
de la terre,
de la vie,
et nourrir le troupeau.

Un mouton égaré
un jour viendra croquer
ma longue feuille verte
qu’un vent vint caresser.

Aujourd’hui je m’balance
au gré de son printemps.

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