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Archive for the ‘Défiction’ Category

Il n’y a pas de Gabonais au numéro que vous avez demandé. Parlez après le signal sonore. Bip – Bip – Bip – Bi – Bop – Be – Bop – A – Lula.
C’est toujours comme ça, quand tu as besoin de ta meilleure copine parce-que tu sens que tu couves une grosse pintade, et que la pintade, c’est toi, bin croyez-le ou pas, ça fait râler de chez craquer.
Bon, dans ces cas là, il me reste encore une sortie de secours. Aller me payer un gloubi-boulga chez Casimir, ça tombe plutôt bien, il y a quatre jeudis cette semaine, voyons, voyons, jeudi ou jeudi ?
Plutôt jeudi au final. Quoique, jeudi, c’est pas mal non plus. Bref, je ferme les yeux, je lance mon doigt à l’aveuglette sur les jeudis de la semaine, et là… Surprise, je tombe sur jeudi. Ça tombe plutôt bien encore une fois, puisqu’on est jeudi. Ouf ! J’ai bien cru ne jamais m’en sortir.

Donc, c’est décidé, je file au carnet bleu, chez Casimir et Susy, sa copine la nymphomane, avec mon tricycle. On l’appelle comme ça parce-qu’elle est capable d’engloutir dix gloubi-boulgas d’affilées et d’avoir encore faim. Bon, tu me diras, avec Casimir, ils forment un super beau couple. Lui, il a la ligne arrondie devant, elle c’est derrière, ce qui fait qu’ils s’emboîtent si parfaitement bien qu’à eux deux ils posent pour les magazines Tao. Tiens, je vous envoie un portrait.
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Pingouin de la banquise

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Allo les studios, ce n’est pas tao cette photo, mais qu’est-ce qu’y fout… à la télé, tu veux pas qu’ça rende rogneugneu ! Rhhhôôô !
Bref, je continue.
Ils me surnomment le
dragon. Oh, c’est toute une histoire. C’était le jour où je leur avait commandé un smoothies barbe bleue. En fait, le bouchon doseur est tombé avec le curaçao, et la coupe était pleine. Je reconnais que je m’étais bâfrée, c’est pas tous les jours que t’es servi copieux dans un établissement pareil. J’avais juste pas prévu que mon estomac se retourne, dans un hoquet général, sur glace pilée, je vous dis pas, ça fait du désordre, comme une grosse gerbe. Alors ils m’ont raconté qu’à me voir déposer un renard triple boyaux sur le parquet fraîchement lavé, ils ont cru voir un dragon cracheur de feu bleu. Paraît qu’en Chine, y sont sacré, et protégés. Depuis, on en rigole encore quand on se voit.
J’adore les regarder travailler en cuisine. Ils sont inséparables, imparables, impeccables, imperméables, improbables, cherchez l’intrus, et tellement heureux d’être ensemble. Oh, ça ne se voit pas du premier coup d’œil, c’est fin, juste assez pour l’intuiter, à peine pour le voir pour qui ne les côtoient pas. Ils ont une grâce infinie à se savoir, à se sentir là, ensemble c’est tout, à se vivre. Ils dégagent une aura de fraise tagada, tagada, tagada, tagada tsoin tsoin, tagada, tagada, tagada tsoin tsoin, enfin, ils sentent bon, ils sentent le bonbon.
Deuxième acte, la scène se déroule devant la carte, le choix s’avère cornélien, mais ce n’est pas la première fois, comme on dit, les goûts et les couleurs…
Bref, les couleurs qui se faisaient plus vives, même si c’était le mois dernier, continuaient à se densifier, s’y fier, danser, dans ses fieffées cartes, les mélanges s’intensifiaient. Au point que même Casimir en eut des suées. Trop de couleur tue la couleur, divise-moi tout ça par une racine carrée !
Hippolyte son meilleur ami arriva juste à temps pour l’arrêter.
– Stop, fais gaffe mon vieux, choisis bien ton chiffre. Diviser de la racine au carré, c’est comme faire de la compote de pommes, si tu ne mets pas un peu de sucre, y’a comme un pépin.
– Ah ! Quel est le chiffre préféré des Français alors ?
– C’est le 28, parce que dans le 28, il y a 2 et il y a 8.
– Allons pour la
racine carrée de 28, je ne suis pas contrariant pour la futilité populaire. D’ailleurs, la popularité n’est pas mon fort. Il me semble que la maison a opté plutôt pour la qualité dégustative que pour le chiffre d’affaire. Mais quitte à marier les deux, je préfère que la clientèle sorte satisfaite plutôt que la bourse à plat. Je ne ferai pas un cour complet d’algèbre, ni un tour complet du cadran solaire, pour dire que la saveur ne se compte pas, bien au contraire, la saveur compte, c’est ce qui fait son goût de reviens-y.
Revenons-en à nos couleurs. Dans une comédie en trois actes, il y a comédie, et il y a …
Quatrième de couverture, passage à l’acte.
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tomate1
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– Je prendrai la coupe
paléobotanique s’il vous plaît.
Casimir se retourne et me toise de haut en bas.
Pour s’écrier de son bon ton le plus orange qui soit.
– Qu’est-ce que c’est que ce vous !?
Oh la la, je sentais déjà le clafouillis arriver, j’ai piqué un far, puis le nez dans un gloubi-boulga imaginaire pour tenter de sauver la façade. Peine perdue, et c’est rouge comme une pivoine que je bégeya lâmentablement dans la semaine des quatre jeudis.
Si vous voulez le numéro de mon répondeur, composez le gabonais absent et faites l’étoile.
Je vous remercie de votre attention dans le cadre de cette comédie en racine carrée de 28 actes, à partir de ce tombé de rideau, la scène sera jouée en cryptée.
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Petite amusade sans prétention avec les mots d’Asphodèle

Les mots sont : Abeille, arabesque, ambre, arpenter, automobile, abricot, actif, azimuté, s’agenouiller, anamorphose, aimer, accroche-coeur, ajouter, affirmativement, approximatif, alléchant, ambiance, ahuri, agir et abreuver, et une petite phrase : « La soif ne la (le/me) quittait plus. »

Conversation en forme de gallinacée

– Galligrimace qui veut, la poule ne pond pas des abricots, que je sache !
Gertrude avait la bouche en accroche-cœur en disant ces mots. Elle et son paisible mari, Anaximandre, conversaient tranquillement sur le banc devant leur pavillon louis XV de la banlieue de stockholmes.
– Et puis, ajouta-t-elle en arabesque azimutée, ce qu’elle savait très bien faire, l’ahuri de base pourra bien abreuver le net et les cerveaux de tout un tas d’anamorphoses toutes plus dingos les unes que les autres, la volonté de l’abeille finira toujours par gagner sur l’ambiance approximative de l’époque.
Anaximandre s’agenouilla afin d’observer de plus près l’ambre du gravier pour changer de conversation. Il le savait, la soif de remettre du sens ne la quittait plus, au point qu’elle en tombait malade parfois, alors il s’activait à faire diversion pour éviter qu’elle n’aille arpenter les territoires de l’extrême, la protégeant ainsi d’elle-même. A l’aimer ainsi, son cœur parcourait les dimensions les plus diverses, et elle lui en savait gré.
– Mais regarde donc ça, Gertrude ! Les galets sont en forme d’abricots maintenant !
– C’est, ma foi, affirmativement vrai ! Je me demandais s’ils seraient en forme d’automobiles si nous avions parlé de ça plutôt que de ce fruit juteux qui détient l’or des Dieux, à ce qu’on dit.
– Mmum, alléchante image, mais la confiture de galets, tu crois que ça peut ? Et puis, je préfère cette image de nature à celle d’une circulation bruyante au tintamarre épouvantable ! Agir, oui, mais pas n’importe comment !
– Gallisouris qui peut, une poule qui pond un sourire, c’est tout de même plus gratifiant. Et même si morose contient rose et mot, souris d’avril, Aie mai à cœur, dit le proverbe.

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A creuser des galeries en peintures,
On y voyait mieux, je l’assure.
Les couleurs nuançaient le champ,
Du gai savoir dans les tympans.
Quoi donc de mieux qu’un champignon,
Atomique de libération,
Qui avancerait sans blancs cheveux,
Sur la soupe qui éteint les feux,
Pareil à ces conquistadors,
Et templiers dans leurs efforts,
A recueillir le grand trésor,
Qui n’enfermait même pas la mort ?
Nul ne sait la chronique de l’art,
Tant qu’elle n’a pas peint son regard.

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http://ecriturbulente.com/2016/01/21/philippe-claudel-de-quelques-amoureux-des-livres-que/
En voilà encore un qui, partant de simples constat, en fait un livre à distraire. Il y a les livres où une simple phrase va tout changer, les livres qui nous font rêver, ceux qui nous ennuient, ceux qui nous passionnent, ceux qui nous en apprennent. Un rêve d’écriture qui ne reste qu’à l’état de rêve, c’est une béquille qu’il convient de respecter sous peine de se casser la figure. Il me semble, moi, que pour écrire un livre, tout un tas de circonstances doivent s’y prêter, et tant qu’elles ne sont pas réunies, inutile de se faire du mal à forcer. La création est aussi imprévisible qu’une dent de requin qui se détacherait d’une mâchoire pour aller s’accrocher à la pointe du Finistère. Autant dire rare. Tout ayant tellement été écrit par tant d’écrivains, d’écrivants, d’écrivassiers ou d’écrivaillons qu’il semble, lorsque le clavier nous appelle, que rien de nouveau à l’horizon va arriver.

Alors nous pouvons de notre vivant en faire épitaphe, Dodo nous le dit très bien, en faire dérision, cette fois c’est Martine qui le souligne. Un livre, c’est quand il est prêt qu’il arrive.
Pour autant, pas question de se priver de ce plaisir.
C’est pourquoi je me fais fort de trouver mille et une recettes pour le faire.
En voici une.

Pour écrire, prenez un cylindre, envoyez la gravitation, laissez tourner quelques minutes. S’il ne se passe rien, ne recommencez pas. Sortez la poudre à combustion, tartinez-en l’atmosphère et poussez la turbine des gaz à fond. Il se peut que la vapeur soulève le couvercle. Pas d’affolement, la loi des grands nombres est là pour ça. Vous allez atteindre l’équilibre thermique en passant par le principe zéro. Regardez la grandeur incisive de travers, dépassez la masse volumique, soufflez sur l’enthalpie. Vous avez maintenant un potentiel de delta sur pi, mesurable en kilomole d’Avogadro. A partir de là, vous avez compris que le premier principe d’écriture consiste à utiliser la fonction d’état différentielle en stockant suffisamment de pression pour que le piston ne soit pas standard. Faites-en un corps simple par liaison covalente, que l’électronégativité soit atomique ou orbitale. Enclenchez la réaction chimique. Restez endotherme. Voilà, vous êtes suffisamment dihydrogéné pour vous y mettre. Vous avez toute l’énergie potentielle du système pour ce faire. A vous de jouer !
Moi, je viens de le faire.

Je remercie mon non-éditeur sans qui je n’aurais jamais réussi à boucler cet ouvrage, l’entropie, mes parents de m’avoir mise au monde, ma famille, mes amis et mes proches de m’avoir soutenue dans les moments de doute profond, mon correcteur blanco sans qui je n’aurais pas réussi à cacher les imperfections, et bien sûr ma gomme, à laquelle je voue une nette tendance à l’effacement.
Je tiens aussi à remercier les papiers Lafontaine, Seyes, moxford et crépon de soie pour m’avoir mis à disposition tout le matériel nécessaire à l’œuvre immense que voici.
Et ne saurais jamais assez vous remercier, lecteurs, qui avez le courage de venir me lire.

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Ouvrir une fenêtre sur l’abysse de l’inconnu n’était pas chose simple, et pourtant, un explorateur avait décidé de relever le défi. Il s’appelait Paul Alexandre Lebon.
Pour s’équiper, il avait choisi les outils les plus divers mais les plus simples, en avait fait une synthèse, puis s’était mis au travail.
Il avait commencé par faire le tour du monde pour rassembler autour de lui les connaissances des explorateurs les plus ingénieux, afin de constituer la banque de données la plus fournie possible, qui régulièrement était complétée, discutée, partagée.
Puis l’expédition s’était montée, une fois les territoires identifiés. Un plan d’actions progressif venait indiquer la méthode à employer, rien n’avait été laissé au hasard, bien que pourtant toutes surprises y étaient justement les bienvenues. Car c’était là le paradoxe, avoir une discipline au millimètre pour aller débusquer l’inattendu.
Enfin, entouré d’un groupe de volontaires curieux d’aller à la découverte des profondeurs, Paul Alexandre décida de la date du départ. C’est toujours un peu empreint de fébrilité, les départs d’aventure. Les plus impatients durent freiner leurs ardeurs afin de progresser dans la sécurisation la plus réalisable qui soit, aucune prise de risques inutiles n’irait mettre en péril une telle démarche.
Vint donc le moment de se mettre en marche.
Le groupe rassemblait vingt et une personnes, y compris l’organisateur de l’expédition, toutes de milieux très différents, mais réunies autour du projet d’exploration avec une même volonté de découverte de l’inconnu.

1 Marine, qui étudiait les milieux marins depuis quelques années, espérait en retirer de nouvelles compétences. Les dernières mois de recherche lui avaient donné l’impression de stagner, elle avait besoin de se renouveler et d’avancer dans de nouvelles directions, et ce voyage allait peut-être lui apporter de nouvelles sources d’évolution.

2 Bienvenu avait un rêve, celui de tout comprendre. Il dévorait livres et œuvres de penseurs, assoiffé de tous raisonnements lui permettant d’y voir plus clair. Toute utopique soit sa recherche, elle lui permettait malgré tout de ne pas sombrer dans un pessimisme désabusé, de garder l’espoir chimérique mais porteur de réussir un jour à tout comprendre et de constituer progressivement un art de vivre en équilibre.

3 Roger voulait changer le monde. Il poursuivait l’idéal d’un monde meilleur, en paix, fait de petits bonheurs simples. Il pensait trouver dans l’abysse de l’inconnu le truc qui l’aiderait à approcher cet idéal.

4 Hector était un résistant qui venait chercher la force de résister. Le monde de l’image avait figé le mouvement en le fixant sur une pellicule glacée. Il tentait de réveiller la douceur du printemps dans les clichés endormis.

5 Gatien était un résistant potentiel qui cherchait à quoi résister. La routine, la violence, l’indifférence, les interdits à l’emporte pièce, l’injustice ? La liste était longue. Il tentait de trouver une hiérarchie cohérente.

6 Gaël entrait dans la résistance et voulait savoir de quelle manière résister en priorité. Il cherchait le mode d’emploi, la stratégie la plus efficace.

7 Arsène cherchait à ne plus résister, mais simplement à accompagner le mouvement et le diriger vers la clef de la réalisation.

8 Adèle savait qu’elle aurait de nouveaux points de vue en sortant de l’aventure. Sa motivation était forte, pour couvrir le panorama du monde environnant d’un regard le plus large possible.

9 Alice désirait un souffle nouveau. Vivre du nouveau, créer quelque chose d’autre que tout ce qu’elle avait pu vivre jusqu’à présent. Elle cherchait un guide de réinvention de vie. Elle l’avait trouvé en la personne de Paul Alexandre.

10 Angèle espérait découvrir le principe de développement du goût du partage. Elle voyait bien qu’il était possible de faire passer ce goût à d’autres, comptait bien l’acquérir et le disperser autour d’elle.

11 Barbara quant à elle souhaitait acquérir de nouvelles connaissances à partager. L’abysse était le lieu des compréhensions par excellence, elle n’aurait pour rien raté le voyage.

12 Pour Fabrice les choses étaient un peu différentes. Il n’avait aucunement l’intention de trouver quoique ce soit bien qu’il sache qu’il en retirerait forcément quelque chose. Il accompagnait simplement son meilleur ami, soutien inconditionnel amical, prêt à accueillir toute forme d’imprévisible.

Les huit autres participants étaient des fervents fidèles du pionnier et le suivaient depuis tellement longtemps qu’il était devenu impensable pour eux de ne pas graviter dans son cercle. C’est que la vie que savait créer Paul Alexandre autour de lui était si enrichissante sur tous les plans que la recréer ailleurs ne réussirait pas à égaler la qualité de cet environnement, alors l’alimenter de réciprocité étant une source de joie pour tous, il n’y avait aucune raison de la quitter. Ils étaient comme une grande famille harmonieuse, mutualisant leurs forces, partageant leurs incertitudes, mais progressant irréductiblement vers la connaissance d’eux-même et du monde, vers une diffusion des fruits de leurs recherches.
Tout ceci constituait l’originalité du groupe. Chacun venant participer à hauteur de ce qu’il était capable d’offrir tout en étant réunis autour d’une même cause, celle d’aller vers plus de conscience.
Paul Alexandre déroulait la carte et guidait l’expédition.
La première partie du voyage se déroula lentement. Le terrain était accidenté, la marche difficile. Le groupe avançait péniblement, peu de paroles s’échangeaient, mais avertis de l’aspect difficile du parcours, personne ne démissionnait. Il y avait beaucoup de dénivelés, des rochers se détachaient parfois, déboulant des sommets au risque d’écraser les marcheurs au passage. La stratégie adoptée était celle du chapeau. Les bords renforcés envoyaient les signaux nécessaires à l’avertissement, un pas de côté, et la roche dégringolait sans faire ni morts ni dégâts matériels vers les fonds insondables. Régulièrement ils levaient leurs chapeaux à l’efficacité du procédé.
Lorsqu’ils eurent gravi le sentier étroit, ils débouchèrent sur une prairie ou un gîte les attendait. Le temps coulait comme une rivière, naturel, fluide, sans heurt, malgré la difficulté du voyage.
Chaque jour qui passait ainsi les rapprochait de leur but. L’altitude commençait à faire sentir son manque d’oxygène. Certains passages comprenaient leur lot de difficultés, c’était ainsi, il était nécessaire de l’accepter pour aller jusqu’au bout.
Jusqu’au jour où après avoir gravi, puis redescendu la montagne Lanterneau, ils atteignirent enfin l’abysse.
Tous les bleus les plus profonds déclinaient leurs nuances à l’infini. Des taches plus claires émergeaient par endroit. Le paysage, d’une beauté inouïe, n’était plus que ciel et eau bordés des continents, immensité et infinitude, rien en surface ne permettait de penser qu’une fenêtre s’ouvrirait en ce lieu. Pourtant…
Paul Alexandre demanda au groupe de se positionner en cercle, allongés à terre, têtes réunies.
Puis, il sortit une flûte de Pan et se mit à jouer.
Pour déverrouiller une surface : un mariage de forces unies, un air enchanté, et le miracle s’accomplissait.
Les eaux se sont ouvertes mettant toute sa profondeur en lumière.
Une lumière éblouissante, fulgurante, jaillissant de nulle part, de partout, vint alors les aveugler. Une fois accommodés les regards se tournèrent vers la fenêtre.
Ce qu’ils y virent les déconcerta au plus haut point.
Il n’y avait rien. Absolument rien. Vide ou néant, appelez ça comme vous voudrez. Et ce rien entrait dans leur esprit au point de leur faire oublier qu’ils existaient.
Ils auraient pu rester là, cloués, pour l’éternité.
C’est un grand chien noir qui vint les tirer du néant. Hasard de la destinée il s’était amusé à flairer les traces du groupe parce-que l’odeur de l’un d’eux lui rappelait son maître, qui n’était autre que Paul Alexandre Lebon.
Un simple jappement réussit à sortir le groupe du rien.
L’abysse se referma.
Le voyage de retour fut plus facile. La connaissance du chemin inverse faisait qu’un homme averti en valait deux, chaque piège de terrain devenait presque un jeu.
Ils discutèrent longtemps de cette expérience extraordinaire. Chacun d’entre eux en avait retiré quelque chose, quelque chose d’un tout. Ils avaient touché l’inexistence dans le rien, ce qui les avait conduit à leur tout individuel. Une fraction infime de l’abysse avait élu domicile dans leur conscience, et ce rien changeait tout.

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C5%9A%C5%ABnyat%C4%81

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ens%C5%8D

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Dans le jardin potager d’Emilie, les légumes sont nombreux, ordonnés en rangs d’oignons, prêts à être cueillis. Un arrachage de mauvaise herbe par ci, un arrosage par là, Emilie sectionne, sarcle, paille, bine, bref, elle jardine selon une méthode ancestrale héritée de ses parents.
Au fond de la cour aux poules, le clapier.
Des caquètements au poulailler ! Le renard a mis la patte au clapier, il entre !
Que faire sinon caqueter pour alerter ! Les poules s’égaillent dans tous les sens, quelle indécence !
Le renard, imperturbable, croque le lapin au clapier puis repart, assouvi. Fier de lui.
Les poules caquettent de plus belle.
L’agneau dans la bergerie bêle.
C’est l’affolement général et Emilie, au fond du jardin, n’entend rien.
Il faudra lui faire un dessin s’écrie le coq, le renard a croqué le lapin, l’agneau bêle, les poules en sont bêtes. Elles cherchent encore le lapin mort.
Mais le clapier est bel et bien vide.
Mais qu’est-ce donc qui affame autant le renard ? Et qu’est-ce donc qui affole autant la poulaillerie ? C’est que l’agneau bêlait au fond de la bergerie.
Et Emilie qui n’entend rien !

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Les catacombes des états-unis d’Amérique l’amenaient au comptoir des bulles de partage. Il fallait plaire, enrober, pendant qu’au service la patronne sirotait le paysage d’un faisceau étendu pour y repérer une campagne. Tirma n’y était pas toujours à l’aise, mais sa bonne foi lui permettait parfois d’y prendre plaisir. Benoît sentait que Melle Tirma pouvait l’aider, il l’enrôla dans une tournée en France pour sillonner les boutiques de luxe. On y vendait du papier issu de bois divers, et sa check-list fut bientôt repérée par un réalisateur marseillais des docks du port. C’est là qu’ils se firent pincer, enrôler, et les grilles de la cour d’école se refermèrent sur nos deux acteurs. Jean-Marie, le frère de Benoît, pris de pitié devant la beauté irréelle de Melle Tirma, décida qu’il lui revenait de lui faire sauter une classe. Il contacta un juriste prudent afin de contourner la rigidité du recteur et d’arriver à ses fins. Tirma le pris en sympathie, car il cuisinait les pizzas à merveille, elle adorait ça. Il lui fit donc prendre le chemin du CP avec aisance, elle y suivit son cursus scolaire durant toute l’année suivante.
De temps en temps, des conflits éclataient. Un de ses petits camarades un jour lui envoya une glande lacrymale en pleine poire, elle eut le visage brûlé et pela.
Une autre fois, elle menaça de ne plus rien partager avec lui. Pour la punir, il voulut lui faire prendre l’avion pour retourner aux états-unis d’Amérique, alors elle avala une poignée de joies blanches et perdit connaissance, ce qui eut le don de la sauver des griffes de l’individu.
Jusqu’au jour où, lassée de la formation, elle demanda son passage en CM1. C’est à ce stade que le cursus scolaire prit la durée de 150 ans, à cette époque, le temps ne se comptabilisait pas de la même manière. Quant à l’examen, si vous voulez parler du Bac, elle le rata brillamment et fut interdite de redoubler sa terminale, ce qui l’obligea à reprendre ses études dix ans plus tard. Elle réussit cette fois à accéder à une formation, celle d’apicultrice. La production de miels parfumés déployait toutes ses saveurs en fonction des fleurs concernées. Une fleur de peau, une fleur de cœur, une fleur de vieillesse, bref, elle avançait en connaissance de cause dans la perfection du métier. L’affaire du réseau urbain l’aiguilla vers la fleur de l’âme, qu’elle ne quitta plus. Depuis, elle projette d’intégrer l’agrégation pour accéder à l’enseignement universitaire. Car même de sa dysorthographie, elle en retirerait sa force.
Melle Tirma reprendra ses galopades dès que le placard réouvrira ses portes. Pour l’instant elle envisage de se reposer après une grande vacance finissant en addiction. Celle des réunions n’étant pas la plus grave, mais lui demandant de résumé, synthétiser, et rendre copie. Ce qu’elle se targue de faire dans la foulée.

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Il était une fois un mouton noir prénommé Zébu qui était bien malheureux de n’être pas encore marié. Un jour, il rencontra au hasard d’une histoire d’Alphonse Daudet une chèvre directement sortie par ses soins d’un réseau ferroviaire attenant à la montagne où le loup hurlait de désespoir de n’avoir pas pu manger la chèvre. Appelons la Ernestine, comme ça se prononce. Bref, la chèvre, touchée de tant de détresse, accepta de suivre le mouton noir dans son antre. Ils se marièrent et n’eurent qu’un seul spécimen de leurs races croisées.
Cette petite chevragnelle fut baptisée dûment à l’église de la capitale lorsque les moutons parents de Zébu apprirent sa naissance.
Le papa de Zébu était un flambant aventurier, il aimait les choux, les cigognes, les roses et leurs épines. Sur le tard, il devint blanchissant, on vit des taches claires apparaître sur son pelage lainé.
La maman était beaucoup moins visible d’un premier coup d’œil, elle bêlait à qui voulait bien l’entendre qu’on ne l’y surprendrait plus et se cachait sous un rideau de pluies.
Zébu et Ernestine filaient un amour d’éffiloche, un de ceux qui s’appuie sur la couleur de l’un pour timbrer la couleur de l’autre.
Bref, la vie suivait son cours lorsque, 150 ans s’étant écoulés dans la franche joie et le parfait bonheur, c’est qu’on vivait vieux en ces temps reculés, 150 ans ne représentaient donc qu’un quinzénnie dans le monde des Zébus. Chevragnelle, de son vrai prénom Hectorine, grandissait paisiblement arrosée de seaux d’amour pas trop détachés.
Une fois de plus, je note que le temps est bizarre dans ces contrées contées.
Donc 150 ans finissaient de sonner lorsqu’Ernestine ressentit le besoin de reprendre le train du réseau ferroviaire cette fois urbain. Elle en fit part à son époux qui, ne partageant pas la même opinion du goût du risque, lui déconseilla fortement de suivre cette idée fixe.
Ernestine décida donc de prendre un ticket à la gare de gauche en catimini, que ne fit-elle pas là ce jour là.
La gare était sous surveillance électronique et le paiement en carte bleue la trahit. Aussitôt, le délit fut remonté au Zébu qui prit en main la situation.
Il fit monter une tour pour y ranger son épouse et, rejouant Barbe Bleue, garda la clef dans sa poche. Zébuline, euh, pardon, Ernestine, avait des amis dans la Haute Finance. Ils vinrent monnayer l’ouverture des grilles. Ce qui fut fait, au grand Dam de Zébu qui pleurait abondamment sur l’échappée belle malgré le prix fort.
Il décida que sa défaite serait sa victoire en déversant tout son amour de père sur sa fille.
Celle-ci maintint donc la décision de rester avec son père, ce qui les rendit épanouis.
C’est là que Fantômette décida d’intervenir.
Deux cent ans plus tard, Zébuline-Ernestine, de son prénom composé, décida de refaire sa vie. Le bruit des locomotives à vapeur commençait à la lasser. Elle alla demander conseil à un allumeur de réverbères qui habitait la planète B612.
Les flashs d’allumette de temps en temps lui brûlaient la rétine, jusqu’au jour où elle comprit qu’elle devait porter des lunettes noires.
Elle s’interrogeait à savoir si, avec l’aide de Fantômette, elle ne devait pas procéder à une réparation simple en remettant en état un appareil que nous désignerons sous le nom commun masculin d’ascenseur.
Avant toute chose, il lui semblait logique de ne rien engager comme action avant d’être certaine du bien fondé de la réparation des câbles.
C’est pourquoi elle convoqua Fantômette et lui raconta toute l’histoire.
Ainsi qu’un plan d’action sur la base d’un échiquiénariat des plus élaborés.
C’est qu’elle avait lu plusieurs ouvrages qui semblaient être de référence et avait revu récemment sur la toile de ses nuits tissées un fil hautement révélateur.
Ci-joint les pièces du dossier en vue de travailler au sens et à la finalité tout autant qu’à l’impact.
Fantômette se joint à Zébuline et demandera suite une fois réflexion suffisamment mijotée.
Toute ressemblance avec des animaux ayant réellement existé ne serait que fortuite et hasardeuse.
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L'effort pour rendre l'autre fou.
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Voici un psychanalyste qui dit ce qu’il fait, qui donne à entendre les mots simples des passions humaines – haine et amour, chagrin, vengeance, mépris, adoration – , qui rapporte ce qu’il ressent et le parti qu’il tire de ses propres émotions dans la rencontre éprouvante, bouleversante, avec le psychotique. Rarement on a vu un psychanalyste aussi présent, aussi engagé dans ses cures. Jamais l’idée qu’il n’y a pas de psychose sans interaction de processus inconscients n’a été pareillement mise en évidence.
« Rendre l’autre fou est dans le pouvoir de chacun. L’enjeu en est le meurtre psychique de l’autre : qu’il ne puisse pas exister pour son compte, penser, sentir, désirer en se souvenant de lui-même et de ce qui lui revient en propre », écrit Pierre Fédida dans sa préface.
Le docteur Searles, psychiatre et psychanalyste américain, a travaillé pendant 15 ans à Chestnut Lodge, établissement internationalement connu pour le rôle pilote qu’il a joué dans l’approche psychothérapique des schizophrènes. Ce livre n’établit pas un bilan mais transcrit l’évolution d’une immense et profonde expérience. Ici la construction théorique ne quitte jamais le sol de la clinique quotidienne. L’auteur et, avec lui, le lecteur qui l’accompagne en ami sont sans cesse confrontés à l’intolérable souffrance psychique du « fou », si souvent méconnue aujourd’hui.
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Huis_clos_suivi_de_Les_Mouches.
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Le_jaguar-20090305013939.
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La suite ici :
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https://jobougon.wordpress.com/2015/09/13/fantomette-joue-au-ping-pong-avec-le-mouton-noir/
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Avec trois mots il dresse un tableau. Moi, « je suis là », à le regarder opérer, pinceau en main, palette de l’autre. Il peint au couteau, brièvement, et son mouvement est fulgurant. Il ouvre des brèches dans la couleur, pointille du doigt une ligne de fuite. Cet horizon entrouvre un monde dans le monde, une silhouette, un miroitement, un trait fugace, sagace, presque salace. Dans la salade multicolore de l’arc-en-veille, il épluche l’aurore en sourdine. Une gamine s’y promène, nez tacheté de rousseur, qu’elle a en l’air. Elle hume au vent de la nature. Ce n’est pas une nature morte, point de vase ni de grands bouquets figés, juste des bords en contre-jour. Dans les bordures mille bruits d’insectes, de papier froissé, de crissements, de vrombissements, de pétarades. Toute la faune et la flore s’y active en joyeux désordre, fourmillant, chuchotant ou s’ébrouant comme s’éveillerait une longue nuit éternelle. Et puis, perché sur un très haut rocher, un point bleu et blanc se découpe.
Avec trois mots, il dresse un tableau. Trois mots d’artiste, palette, pinceau, et couteau à la main. Et moi, « je suis là », à le regarder opérer.

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L’aurore est étonnante ! Moi qui suis habituée à ne la regarder se lever qu’en rêve, ce matin, je me lève en vrai pour trébucher sur une boite, la tête dans le pâté, pas habituée pour une roupie de sansonnet à ces réveils précoces.
Bref, une fois avalés trois cafés mis bouts à bouts, j’émerge de mon état onirico-charcutier traiteur d’informations lorsque l’idée incongrue d’ouvrir la boite me saisit, tel un coup de carillon à l’horloge sidérale, par les deux neurones à peine valides après le dernier bout de café ingurgité.
Le premier neurone lit : « Boite à réclamations » sur la boite à réclamations.
Le second prend sur le champ la commande du nerf de l’ouverture, résultaratata, la boite s’avère contenir, une fois le décompte de messages fait : A ne pas confondre avec une fois le compte de méfaits sages.
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Mon premier est une photo.
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poulain.
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Mon second est un roman photo.
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Mon troisième est une réalité.
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Mon quatrième fait état d’une synthèse.
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Enfin, mon cinquième n’est pas un rébus.
Mais un élément.
Elémentaire mon cher…
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Bonne journée à tous mes lecteurs.
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