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Archive for mars 2011

Les crocs des savanes

Tisane de thym, tisanes garrigues des Alpilles, tisane qui pille mes souvenirs, te voici. L’indéfinissable est de rigueur quand tu t’enfonces par devers toi. Dans ces pentes glissantes où chaque virage est porteur d’une aventure nouvelle. Une course à l’ivresse qui aboie ses accords. De sa morsure sanguine, c’est la pluie des mystères qui crépite en dedans, comme un sentier bizarre qui n’aurait ni bordures ni trames. A te laisser couler dans ces paysages libres, il te vient d’autres rimes, d’autres souffles qui prospèrent à tes emportements, comme ces excavations modelées par l’usure. Tu rouspètes goulûment de la friable époque qui s’engouffre à des riens et en ressort ruisselante, et ton eau étincelle de ces mille feux qui font la diatribe du soliloque. Au loin les portes dérobées s’évadent vers des passés modelés pour venir déboucher des flacons de liqueurs sirupeuses. Voici donc toute l’histoire mais tu ne racontes rien de ce qui t’était cher et qui reste en arrière, tu as retransformé les mondes à ton regard et ce que tu y vois te correspond bien mieux. La porte n’est pas fermée pour ceux qui veulent entrer. Sauf à ces chiens de rage qui courent dans la savane en bordure de tes murs. Ceux là peuvent bien hurler à des dentures baveuses, tu resteras de marbre à écouter leurs plaintes sans plus aucun frisson. Ils t’avaient bien blessée à des époques moins sûres et tu ne connais plus vraiment leurs existences. Mais eux, savent-ils que tu es encore là ?
Leur regard est aveugle et ils n’ont que leur flair pour repérer leurs proies. Tu filtres la tisane qui couvre ton parfum et leurs longs hurlements s’éloignent dans un filet ténu de bave incertaine. Je te l’avais bien dit, ces chemins sont gluants et ne mènent à rien. Alors n’hésite plus un instant. Rejoins donc une porte et sauve-toi au plus vite. Tu verras d’autres accords, d’autres paysages mais ceux là ne seront plus jamais des blasphèmes à la vie. Et c’est de ta rigueur acquise que tu retireras ta force.

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Dysesthésie trémière

Les grandes eaux devant moi
Résonnent des pourquoi pas
Les grandes forêts derrière
Me tirent en arrière
La nature se désole
A me clouer au sol
C’est un vent latéral
Qui troussa amical
La fervence de la peur
Paralysant l’ardeur
Me soulevant de terre
M’emportant dans les airs
Pour aller m’accrocher
A la branche de l’étoile
Qui veille sur la toile
Et vient me rassurer.

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Les contes d’apothicaire n’ont pas encore livrés tous leurs effets. La posologie n’a aucune importance, elle nécessite seulement la prudence laborieuse des étincelles d’esprit. A mesurer tranquille toute l’efficacité, il suffirait de peu pour qu’un détail d’ombre vienne éclairer ma flamme. Penchée sur l’écritoire, je laisse défiler les images de lenteurs où tu me chuchotes tous les mots qui s’écrivent sans moi. C’est troublant, la pensée, ça vient comme ça respire et si tu ne la saisis pas tout de suite, ça disparaît dans l’invisible sans imprimer le néant. Elle avance simplement, d’une démarche sûre, sans nulle autre question.

J’ai ouvert le vieux livre que ma grand-mère m’a donné un jour en me disant ceci :
– « Quand il reviendra les temps seront mûrs. »
J’ai parcouru longtemps ces pages à me questionner sans comprendre. Et puis vingt ans après, c’est en faisant un vide-greniers qu’il m’a retrouvée. Et je ne sais plus bien ce qu’il faut y chercher. Cela n’a pas grande importance, car au fond j’ai trouvé comme un écho vivant de sa parole rare ce concentré de style dont elle était inconsciente. Une seule phrase d’elle imprimée à l’endroit de la faille et voilà ses résonnances d’hier qui guident encore mes pas. Je m’y suis enfoncée comme dans ces contes de fées qui nous bercent d’amour et de beauté charmante. Et soudain j’ai compris d’où venait sa puissance. C’était cette construction qui imprime à jamais l’enfance d’un regard voué à une éternité. J’ai remis le vieux livre sur la petite étagère et tout m’est revenu dans la clarté d’un songe. Les jeux, les espoirs, les cavalcades. Et surtout cet amour si inaltérable qui a fait de mes liens à venir ces facéties bouffonnes. C’est dans cette belle rareté qu’elle m’avait accueillie, et quand je t’ai croisé, c’était un peu comme ça. L’intonation de la voix, le regard pour l’aveugle que j’étais, la bascule des mondes dans un Tonnerre de Brest. Toute la grâce des cieux m’avait esplantée là dans des tréfonds confus où je ne respirais plus. La lumière était là mais je la voyais à peine tant l’horreur est humaine. C’est au fond du chaos que mon âme agonisait et j’ai cru que ta ligne pouvait me faire sortir. C’est d’ailleurs sans erreur, le harpon est resté mais j’étais tellement lourde qu’il a fallu trouver le treuil et le moteur. Combien s’y sont penchés, je ne m’en souviens plus, mais ils furent légion et je leur dois ma vie.
Comment les remercier ?
Je n’ai pu que donner à ceux qui m’ont hélée pour leur venir en aide. A reverser sans bruit la coupe où je buvais pour aller perdre pied et vue et cœur aride à n’être plus rien d’autre qu’une fontaine solitaire. Elle commence à tarir et tu es encore là à rire de ma misère et à t’en esbaudir. Et je ne t’aime que mieux de ne pas prendre au sérieux ces magistrales ellipses qui me conduisent à moi. Non, je n’ai pas changé, juste le plomb dans l’aile qui me donne l’air penché, juste un peu plus de lest dans mes jeans engoncés, car le fond est sonore et l’emporte encore.

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Un sourire se repeint

De fil blanc en couture, tu n’as pas la doublure, mais bien l’original. Il me faudrait bien plus pour que soit perspicace l’aurore de ma pensée mais c’est un bois fendu qui m’interroge encore. Je n’ai pour prétentions qu’une seule histoire à dire et si celle-là expire il ne reste que le monde, autant dire pas grand-chose. J’aurais pu tout traverser, de frontières en naufrages, de ravages instables, mais si tu me lâches la main, je ne sais plus que dire. J’en ai vu tant laisser le film de leur vie comme si de rien n’était, j’en ai vu tant de blancs au fond des yeux éteints. Je n’ai pas d’ambition pourtant s’il en était une à garder ce serait avec toi. Mais le sort est étrange, il écoute les tyrans et reste sourd au reste. A chacun de choisir le défi indigeste de louvoyer autour des chacals affamés sans se faire broyer de toutes les mandibules. Ils rient de nos efforts d’un ricanement sonore et inventent même l’histoire qui recouvre nos mémoires. Et de leur ignorance construisent des romances à croquer sous la dent quand même ils n’ont plus rien. Alors je me demande si Barjavel était cet homme visionnaire à nous écrire encore des temps immémoriaux ces si grands secrets que les foules ont dévorés. Tous ces si grands mystères dévoilés au grand nombre les laissent de travers dans la grande nuit des temps. Mais si tu es bien là, à poursuivre solidaire nos deux chemins lointains pas si loin finalement, je pourrai m’endormir en pensant à ces riens qui ne manqueront pas d’affluer dans mes eaux. J’irai sans isoloir choisir mon coupon tout en sachant déjà que c’est ta voix qui l’emportera. Nul autre choix possible. L’océan me rejette à chaque départ en mer. Ces embarquements là ne veulent pas de moi et c’est au fond de mes taillis qu’un rossignol chantait sans que toutes les casseroles ne viennent le troubler. Dans cette broussaille épaisse où dorment les châteaux qui n’attendent plus que nous.

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Chut…

Une suite indécise, une courbe factice, c’est comme ça que le souffle avance pas à pas vers des contrées inconnues, vers des au-delàs où résonnent tes pas. Cette place étrange où la vacance sonore résonne de ton absence. Nul autre décibel ne saurait aussi bien décrocher les lunes pâles de mes ciels éteints. Je visite des verbes aux vertiges irisés, des effluves parfumés d’aurores boréales, des chants ensoleillés qui tissent des bobines d’âmes. Nous sommes là incertains sur le fil du rasoir, à nous faire plus légers qu’une plume d’espoir de crainte que la lame nous entaille à jamais. J’admets qu’à marcher si près du bord de ces abîmes au risque d’y tomber frise toute indécence, mais je laisse ma clameur poursuivre au loin sa course, mes barreaux de prison sont tombés cette nuit et j’ai pu m’évader. Tu craches tes paysages sucrés pendant que s’ouvrent sous mes pieds des ravins vertigineux, et je colle à ton miel mes fils de soie tendus pour garder l’équilibre. Funambule noctambule, dans tes songes nocturnes je découpe des ivresses avec l’emporte-pièce de la mort à mes côtés, et mes décors se fondent à des toiles que tu m’offres. Ma respiration se retient quand suspendue au cordeau de ta résonnance je m’impatiente de découvrir la suite. Ah ! Quel tyran que cette pression immense qui recouvre ma voix, j’ai honte mais ne peux m’en défendre, alors je me retire dans l’isoloir des paysages lunaires jusqu’à ce que le soleil me souvienne. Nous verrons bien où nous conduisent nos tâtonnements à tenter d’y voir clair. Nous saurons bien un jour quoi faire de nos charmants partages. En attendant nous aurons travaillé l’équilibre, et nous aurons peut-être gagné notre immortalité. Je t’imagine penché sur l’élan volcanique, dans la puissance du créateur qui éructe sa substance nodale, à rugir ton essence. Tu m’imagines dans l’éruption du cratère à brûler dans tes feux.
Que te dire de plus si ce n’est le mystère qui agite ma pensée à l’idée de ton propre mystère. Désunis de serments, nos deux voix se marient à bien d’autres discours. Nous sommes l’ombre enchantée, l’écartèlement des fonds, la prière de l’effort. Le point ne sera pas, nous y échapperons. Et de nos divergences nous ferons des emblèmes à défroquer nos nuits. Le morcellement d’hier rassemblera nos notes éparses, et là, pour le néant, nous composerons de concert le meilleur de nous-mêmes.
Parce-que tout s’en va, parce-que les fins inéluctables guettent déjà leurs proies, nous nous battrons sans fin jusqu’à l’heure de revivre, et victorieux enfin nous ferons un pied de nez au hasard.

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Les oiseaux en cage

J’enrage, oh, majesté
De n’être qu’un chat botté
J’enrage de ne pouvoir
Descendre de son perchoir
La triste vanité
Qu’ont dans l’impunité
Les êtres des ténèbres
Qui dégradent de funèbres
Enfermements moraux
Scellés comme des tombeaux
Les pauvres âmes fragiles
Qui en sont les victimes
Dans toute leur inconscience
Dénuée d’expérience
J’enrage et pourtant n’ai
Que les mots pour lutter
Et toute l’intelligence
Que mon cœur en créance
Pourra bien essayer
Pour l’aller libérer
Le jour où elle aura
Juste besoin de moi
Et lui offrir enfin
Un monde plus serein.

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Pensée d’auroch

C’est à se dépouiller des usages que le style se dégage. Libérée de toute règle scolaire, légère des principes scholastiques, la prose tisse son fil de soie à dévider des ruminations manifestes. Qu’est-ce qui fera d’elle, et ce, sans parti pris, toute la différence entre rien et l’ennui ? Elle se retire sans bruit. Pose une à une les raisons objectives.
Ce sentiment présent que le temps s’accélère, que sa fuite en avant lui laisse assez peu d’air, que les jours se succèdent à une cadence folle et qu’à bien y penser, c’est à se concentrer qu’elle use son horloge. Tout ce temps qui lui reste n’y suffira jamais. Ce qui rend indigeste la conscience du danger. A bien y réfléchir, faire des choix n’est pas simple. Impossible de tout faire, et comment échapper au déséquilibre des emportements dans ces « tout ou rien » dévastateurs, aux désirs compulsifs qui saisissent les noyaux et obturent de leurs œillères les fenêtres sur le monde ? Il faut se battre sans cesse de résister à tout. Pour garder l’équilibre, ne négliger aucun besoin, aucun secteur de vie, esclavage forcené d’une société fondée sur les échanges commerciaux réels ou symboliques. Lutter sans cesse contre la nausée des excès, l’abrutissement des noyades alourdies. Cet énorme défaut qui fait de moi un excès à lui seul, celui d’aimer toucher les limites incompressibles, comme un état des lieux de ce qui resterait à développer et étendre par ailleurs. Avec toujours ce risque d’y trouver la faille, comme ces détonateurs qui explosent les murailles et instaurent le chaos en ébranlant les murs maîtres. On n’est jamais à l’abri de soi-même. Mais si j’ai accepté le risque de m’y perdre, c’est bien que c’est pour moi aussi fort que la vie. Une idée me surprend et me voilà partie. Etendre mes ramures comme une étoile de mer, à jeter mes ancrages aux quatre coins du globe. Non, il ne s’agit pas d’une rencontre anodine. Ceux qui ont l’influence me laissent leur empreinte et c’est bien d’eux dont je reçois l’échange par de studieux cadeaux. Des centres d’intérêts partagés à loisir, tu vois le temps encore a défilé durant et me voilà surprise par son avancée tardive. Et toutes ces autres choses que je repousse à demain et qui me précipitent dans la chute vertigineuse des choix existentiels. Qu’est-ce qui importe pour moi ? Est-ce la société des hommes ou la rêverie futile ? Ou même toujours cette ferme détermination à réussir dans des projets voués à ces travaux de titans qui prendront tout mon temps ? Je n’en sais rien encore tout en le sachant déjà, et telle la cigale, je m’évente légère, à me dire que je ne choisirai peut-être pas d’être ce que je suis. Je m’apaise enfin d’idées libératoires. Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse.

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Nostalgie

J’aimais bien ton désordre
Et cette joie sauvage
Qui semait sa discorde
Autour de mes nuages
Se moquant des orages
Qui habitaient mes ciels
Vêtant d’un arc-en-miel
Les délicieux rivages
Aux tendresses de sages
Renversant mes rouages
Jusqu’à disparition
De toute mes afflictions
Dans les joies du partage
Et n’ai pour seul ombrage
Que cet affreux bourdon
Qui fit de l’attraction
Cette farouche aversion
Détruisant notre union
Dans l’incompréhension
Et la condamnation
Laissant à l’abandon
Nos jeux voluptueux
Aux contours harmonieux
Où nous nous retrouvions
Dans la belle évidence
Qu’est celle de partager
Nos deux sensualités
Vibrant de connivence.

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La tisseuse de soi, grande liseuse à ses secrets, jette des ponts dans l’univers. Elle relie les jardins d’hiver aux tristes sort des magistères, par la fenêtre des trompe-l’œil qui ne dessillent que le sensible. La grandiloquente apparence repousse d’autant le visiteur abscons pour n’accueillir sur ses chemins que l’œil du terrible devin. Des projections de Finistère s’échappent parfois de la matière. Elles laissent leurs traces dégoulinantes sur les parois échafaudées, mais n’entrent pas en résonnance. Avertisseurs duels, paradoxes enchaînés, tout vient au point qui se rassemble. De là partent des directions chevauchant les fleuves traversés, des chemins voués à l’empreinte où disparaissent les horizons tour à tour chagrins, comblés ou bien encore voués à l’oubli. Certains voyageurs harassés viennent s’asseoir sur un parapet, certains s’y jettent ou bien y glissent pour accéder à son secret. L’autre jour, à m’y égarer, j’ai parcouru jusqu’à sa source le grand pont de toutes les ressources et y ai découvert la grotte. Elle était irisée et vivante, parcourue d’une vibrance multiple, et son bleu chatoyant moiré de verts tendres laissait entendre un chant bourdonnant millénaire, ancêtre au son de ruche, nettoyeur de tout miasme. Dans les parois mouvantes il y avait des entailles. Chaque encoche contenait une urne avec deux dents et des coupelles orange offertes aux visiteurs. C’est un lit de fougères qui trônait en son centre. C’est là que je l’ai vu pour la première fois. Il s’était endormi et son souffle profond à chaque respiration faisait naître en retour un bruissement multiple des insectes agglutinés aux parois. Ton réveil assommé soudain s’est élevé. Il n’avait qu’une oreille et je t’ai reconnu, revenant d’autres tourments tu avais pris repos et mon voyage étrange m’a ramenée à toi. La multitude irisée s’est alors décollée, dans un vacarme bruissant par l’ouverture s’est échappée, laissant la roseur nacrée et luisante palpiter doucement. C’est le ventre du monde qui s’était dévoilé. Dans toute sa splendeur, dépeuplée des rumeurs, c’est là qu’enfin est née de nos corps fatigués la vague odeur de rose qui occupe nos projets. Je me suis approchée de toi doucement. Sans un bruit, me suis allongée là. Et en fermant les yeux, j’ai su que plus jamais je n’oublierais l’instant, empli de nos retrouvailles, dans la grotte couleur coquillage d’où partent toutes nos sources.

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Tu divagues et tu ris

C’est dans l’art d’encadrer que les globes s’envolent. Encadrer est un art, ne pas est un lézard. Ici, point de varan. Des fibules résonnant à l’heure de toutes les peurs, des têtes achalandées comme des étals de fruits. Celui-ci est juteux, il offre à l’amateur tout le suc des saveurs, la puissance du sonneur qui rythme nos ardeurs dans les fugaces partages. Respirent nos engorgements à souffler des portraits comme on souffle des flammes. Ca se démultiplie, dans de lointains reflets. La lumière est si pâle que les contours diffus ne présentent que leurs ombres de façon suggestive où loge ta présence. Ici, j’aime encadrer, je peux surtout le faire. Dans les infimes palettes de ta touche légère, c’est toute en grande nuance que telle Pénélope la tenture finale dévoile son visage. Comment ne pas aimer, comment y échapper ?
Je n’ai nulle prétention à mourir d’émotion, mais ce tableau charmant est tellement attirant que mes yeux s’y accrochent, naufragés du néant, et j’y respire l’odeur du trouble bienfaisant. Tu es penché sur moi et tu ris de ma joie. Tu pourrais m’encadrer que tu n’y toucherais pas. C’est l’univers entier qui viendrait à trembler. Non, nulle ardeur rentrée ne viendrait à détruire le doux bruit que nous fait ce souffle de désir. Des brasiers incertains s’éteignent dans des riens, d’autres plus vif-argent respirent nos parfums. Il n’est rien qui ne soit voué à l’éternel mais je crois que ceux là ont des forces fidèles bien plus enracinées que ne semble le dehors. J’ai bien cru un instant te perdre à jamais. Mais plus fort que l’absence et plus fort que le vide, c’est de mille ombres denses et de ses feux éteints que rejaillit la flamme éclairant le désert, à faire de nos deux tombes ce souvenir d’hier. Non. Plus jamais vacance de ces cœurs avertis, c’est à se réunir que ces deux là ont dit : « Ne nous encadrons pas, gardons là nos errances et restons fidèles à nous dans l’élan de nos danses ».
Explorateurs des mondes, des tombes, des catacombes, explorateurs des sens, naissances et affluence, nous voici réunis mais libres comme deux airs, à respirer aussi amplement que l’envers des décors d’ici-bas. Soit ! Le monde peut bien médire, la liberté factice n’est celle que l’on s’accorde. Moi j’ai tout emporté dans de tristes négoces et me suis échouée à l’orée de son monde sans même réaliser qu’il faisait un peu sombre mais que c’est le cadeau le plus grand qui me tombe alors que je croyais naïvement à ces bonzes dorés qui ne font de lumière que sur la fine matière qui les recouvre d’or. Rien qui ne soit vivant. Que du vibre à la mort. Pour finir c’est certain par émerger sans rien, et de rien faire des pleins à ravir les belles âmes, caressant le projet de toujours rester en vie au milieu des décombres.
C’est l’allumeur de réverbères, la chanson de Prévert, le vestige du mystère. C’est tout le rythme suave de la pensée sonore qui honore nos esprits. Et je l’en remercie.

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