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Archive for the ‘Amitié’ Category

L’agenda ironique chez Isabelle-Marie d’Angèle porte un changement d’heure dans un champ avec des fleurs, des plantes qui piquent, qui grattent, qui irritent, des mauvaises herbes dont un pissenlit avec une valise et un truc qui donne l’heure.
Les mots graines sauvages et corolles y seront.
Le terme prévu est le 28 mars.
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Dans la nuit du 25 au 26 mars, à 2 heures moins le quart du matin, un léger bruit fit trembler le territoire du milieu. Nous sommes dans la région d’Aram, au cœur de la Syrie. Le pays du Levant.
Les pluies de l’année ont été favorables.
La lune, dans la touffeur douce de l’heure, effleure d’une tendre caresse rêveuse le délicat chatoiement campagnard.
Le territoire du milieu, un champ en jachère, est d’une verdoyance lumineuse. Bien que plongée dans l’obscurité lunaire, son étendue laisse deviner une multitude de têtes fleuries, aussi colorées les unes que les autres.
L’une d’entre elles vient d’extraire sa racine, ou plutôt, ses deux racines, prenant appui sur ses crans. Elle se lève sur la pointe des racines pour marcher, la terre tremble, que va devenir son humus si toutes les plantes se mettent à marcher ?
Du haut de son inflorescence solaire, le pissenlit avance une racine, puis une autre, lorsqu’un chardon sorti de nulle part dresse soudain devant lui une feuille aussi épineuse que le dard du roi scorpion, ou que le bracelet magnétique porte épingles de Tatie Danielle.
– On veut aller où comme ça, l’Asteraceae ?
– Bah ! En voyage, tiens !
– C’est pas un endroit, ça !
– C’est pas un envers non plus !
– On passe pas !
– C’est ce qu’on va voir !
Aster secoue ses feuilles, s’élève dans l’air, s’envole.
Cardon très irrité s’énerve.
– Mauvaise graine, va !
Aster est trop loin déjà pour l’entendre. Il vient de se poser sur une corolle magnoliacée blanche comme neige.
– Va laver tes racines, tu salis ma robe !
– Décidément, quel accueil !
– Vous, les sauvages, vous salissez toutes les puretés !
– Nous ne sommes pas là pour élever les cochons !
– Ni les scorpions du Nil… Eole, souffle sur cet individu, qu’il quitte mon nid !
Le vent de service souffle alors sur l’arbre et chasse le pissenlit qui se retrouve posé doucement, tout doucement sur le gnomon du scaphé fixé au mur de la maison d’Isabelle-Marie d’Angèle qui jouxte le champ.
Le scaphé, ou si vous préférez « la barque », est l’un des premiers mesureurs de temps, un cadran solaire projetant l’ombre du gnomon sur les douze graduations du jour.
Il est deux heures du matin, l’ombre de la nuit va reculer d’une heure.
L’Aster aussi.
Un léger tremblement secoue à nouveau la terre.
Il est une heure du matin.
Le pissenlit s’éveille en sursaut, bien ancré dans le sol par ses trente centimètres de racines.
Quel est donc ce si beau songe ? Se dit-il.
C’est promis, au prochain changement d’heure, je réessaye mon voyage.
Et qui vivra verra !
Là-bas, au pied du mur de la maison de Marie-d’Angèle Isabelle, une toute petite valise reste posée. Qui n’attend plus que le dimanche 29 octobre pour être retrouvée par son propriétaire.
A l’autre bout du champ, on entend un chuchotement pointu, comme un grattement d’aiguille sur la pierre du temps.
Un chardon s’extrait du sol, poussant sur ses épines, la tête violette d’effort.
Ses racines longues de six mètres n’en finissent pas de sortir de terre.
De cette hauteur, c’est sûr, je verrai l’Aster de tout à l’heure. Se dit-il, perché sur ses échasses racinaires.
Il s’en approche, reconnaît la tête d’or, l’interpelle.
– Eh, toi, l’Aster, tu dors ?
– Non, pourquoi ?
– Tu t’es trompé de changement d’heure, à deux heures, il était trois heures !
– Elle est bien bonne celle-là !
– Aller, va récupérer ta valise et te repercher au gnomon.
L’éclair de lumière qui fusa du fond de la nuit parut pour certains un miracle, au point que chaque fleur des champs témoin décrivit l’évènement.
On en fit un recueil, relié cuir pleine fleur, qui sort encore de la nuit des temps par sa lumière.
Le papyrus biblique !
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L’Aster, du nom que l’on peut prononcer, vous l’avez compris, issu du diminutif d’asteraceae, de la famille dont est issu le pissenlit, l’Aster, donc, reperché à nouveau sur le gnomon, attendait benoitement le changement d’heure.
L’ombre des deux heures du matin s’approchant à pas de loup, il ne l’entendit pas arriver.
Froutch ! Cette fois, c’est sur une agave qu’Aster atterrit.
Après avoir glissé sur une longue, très longue feuille de la plante grasse, un cran s’aggripe à une épine du bord et l’arrête dans sa course. Aster est secoué mais ce qu’il découvre le surprend encore plus. La base de l’agave est en acier peint, ça et là des écailles de vert se détachent, mettant à nu le métal froid. L’imitation est si parfaite que l’agave pourrait passer pour vraie si le temps n’y avait décollé quelques touches de maquillage.
Un cactus dans un champ de fleurs, tout d’acier coloré de résine ! C’est insensé !
Evidemment, vu sa taille gigantesque, pissenlit Aster se trouve bien minuscule.
Il sent alors bouger quelque chose sous ses racines.
Le cœur de la plante grasse s’anime, une mécanique incroyablement précise se met à tourner, attrapant l’extrémité d’une des racines d’Aster vers l’engrenage dentu d’un pressoir.
Tout va très vite ensuite.
Une haie de chardons s’est rassemblée autour de l’agave.
Ils portent, au creux de leurs feuilles épineuses, des cailloux qu’ils jettent de concert au cœur de la machine, écartant suffisamment les dents pour que le brave pissenlit retire sa racine indemne et se sente soulevé dans les airs par quarante têtes bleues, puis déposé au sol avec douceur.
Ouf ! Il a eu chaud !
Une petite perle blanche suinte au niveau du cran qui s’était accroché au bord épineux de l’agave.
Aster est blessé, heureusement rien de grave.
Tournant sa tête d’or vers la barque et le gnomon, il remarque que l’ombre de la nuit est passée à l’heure d’été. Au pied du mur il n’y a plus rien.
Il se dit que décidément, rien n’est cohérent.
L’heure d’été au printemps !
Il n’y a plus de saison !
Que s’est-il donc passé pendant l’heure écoulée qui n’existe pas ?
Une valise a disparu, peut-être ?
Aster remercie les chardons aux jolies efflorescences bleues et reprend sa marche.
Cette fois, aucun d’entre eux ne lui barre le chemin.
Un vent de liberté souffle sur leurs têtes.



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Facebouc
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– Assis !
– e
– Couché !
– e
– Debout !
– e
– Ne pas comprendre l’élégance du geste figure une carence en sérotonine !
Affirma Tournesol en fermant le tiroir du bureau où il recevait en consultation une chèvre du Bengale porteuse d’un entonoir en guise de chapeau.
La chèvre venait prendre avis auprès de son confrère car son chapeau refusait de laisser passer la lumière qui ne cessait de vouloir pourtant ajourer le tube cathodique qui le prolongeait.
La chèvre fourragea dans son sac et en sorti une touffe de foin.
– Pensez-vous que la carence vienne de là ? Demanda-t-elle.
Le professeur observa méticuleusement la bouffe alimentaire puis s’exclama :
– C’est de l’herbe à zèbre ! Qui vous a prescrit cette nourriture ?
La chèvre leva un sourcil étonné, tout en tricotant doucement sa barbichette assaisonnée d’oranges.
– Mais c’est vous !
– C’est bien la meilleure…
– Vous parlez sérieusement ou vous vous moquez de moi ?
– Pourquoi ? Vous prenez le train ?
La chèvre commençait à s’agiter tout en tournicotant un collier de perles qu’elle portait autour de son cou, puis elle bêla longuement dans un rire chevrotant.
– J’ai perdu l’accent, est-ce possible que cela ait influé sur la distribution ?
– Vous l’avez formulé comment ?
– J’ai demandé de la sœur automne in, pourquoi ?
– Cela n’explique pas que ce soit pour zèbre !
– Descendons-nous d’un zèbre ?
– Dans ce cas, c’est plus clair !
Le professeur attrapa une perçeuse dévisseuse et s’approcha de l’entonnoir puis, avec précision, il perça un nouveau trou dans le tube cathodique érigé sur la tête de la chèvre.
– Voilà ! J’espère que cette carence se résoudra d’elle-même avec le jour.
– Et pour les courants d’air, vous me conseillez quoi ?
– Portez un bonnet. Vous faites quelle taille ?
– Soixante.
– Vous avez une petite mamelle ! Portez un bonnet en soixante, alors. Je vous le prescris en modèle contention, comme ça, vous serez remboursée intégralement.
– Très bien. Soyez remercié de toute mon assurance, docteur Tournesol.
– Revenez pour d’autres trous, votre tube cathodique cligne des aérations, achetez du foin dans la collection herbe hiver, il sera plus frais, et adoptez la couleur ! Le cathodisme vous en sera reconnaissant.
– Merci Tournesol !
– Ah ! J’oubliais ! Qu’est devenu Tournevis, votre associé ?
– Il s’est desséré la tête cruxiforme en forçant sur l’ouverture d’un pot de peinture.
– Oh ! J’espère qu’il s’en remettra !
– Je lui ai prescrit une sérotonine 5HT en grande surface, pour l’habituer.
– Le jeu ne le gène pas trop ?
– J’ai bien cru qu’il ne retrouverait pas sa forme, et puis si !
– Cette forme anodique qui n’a rien d’anodin plaît-il ?

– Il est comme j’aime.
– Mais lui ?
– Il ne se prononce pas.
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chèvre zèbre animaux en résine nlcdeco.fr décoration original
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Perle d'éclipse

Perle d’éclipse


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Une perle d’éclipse à l’éclat de diamant,
Traverse encore le temps dans le flot d’une rivière.
Le saumon qui la tient dans la gueule fait l’écrin,
Sur l’écran de l’horloge où se devine une main,
Avec deux grands pavillons suspendus à son bruit,
Aussi fugitivement que luit l’espace sur la grêle céleste.
La sphère irisée retient une sécrétion,
Ne gardant en son cœur que l’ultime précision,
Où se sculpte le trait d’une paix mitoyenne.
Tremblez dictes poètes aux surfaces bien polies,
Ici plus rien n’échappe aux creux de la folie,
Même la rage douce y creuse au fond du lit,
La trace de ses ténèbres, la lumière de la vie.
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saumons rouges

Saumons rouges du pacifique

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Le choix des mots, le choc des échos

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La-couverture-de-Paris-Match-n-3657-un-numero-anniversaire-exceptionnel_original_backup
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De ces mots renversés je n’ai nulle prétention,
Mais j’ai forte impression quand la phrase coule à flot,
Entraînant dans sa course les verbes du présent,
Qui roulent encore leurs bosses sur des graviers fluviaux.
Dans l’eau des verbes hauts se devine l’étonnement,
Entre gaufre et mouvement, l’eau de là fait bourgeon,
Et le chameau des maths indique la direction,
Vers laquelle vont les rondes espacées des remous.
Le bruit que fait l’orage tombe de la goutte au nez.
Elle crève de nuages, zèbre le mur du son,
Gifle la flottaison d’un sous-l’eau amorti,
Pour aller se noyer sous le flot de ses mots.
Ah, que n’ai-je encore dans l’évaporation,
Gravi en altitude jusqu’à disparition,
La montage de silence d’Alembert et Diderot.
Ah, que neige encore le flocon de l’écho,
Dans la tempête blanche des bourrasques passées,
Jusqu’à s’évaporer au seuil de son foyer,
Dans la douce chaleur d’une fraîcheur retrouvée.
De ces mots imposés, de ses flots composés,
De grâce épargnez-moi le choc de ses échos.
Car si je me joue d’eux, ils ont pied dans la lettre,
Et moi, de leur sérieux, je m’amuse de l’être.
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Paris Match N° 80553
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« Le pied de l’inexpérience n’est dodu que s’il prend racine à la candeur »
Lao Tseu

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clematite bleue

Clématite bleue


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Elle serpentait en glissant à fleur d’eau
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La flamme douce entrouvrait de grands écarts,
Entre le crépitant fagot et le chambranle de son tirage,
Lorsque la coudée d’étincelles,
Cracha une dent dure au billot,
Où s’écrasait dans un tuyau,
La gougeotte de l’arbre à cimaise.
Sache que l’écot perd son avare,
Et que la vipère en son sein,
Porte l’écaille de son destin,
Fiché entre deux ventricules,
Aussi solidement que l’enclume,
Aime les coups de son marteau.
Sache que l’éclair de son sabre,
Dansera la couleur du ciel,
Parmi les ruches et les abeilles,
Sans qu’une seule ne perde son dard,
Car de l’usure il se fait tard,
Et la lumière est sans pareille,
Lorsqu’elle dévale son arc-en-ciel,
Sous le regard d’un champ d’oranges,
Les pieds dans l’eau, les fleurs en nage,
Ondulant au gré de la vague,
Dans un frisson marécageux,
Du bel empire de Lao Tseu.
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La lettre porte l’enfant

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Pierre de lune 1

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La lettre porte l’enfant, l’enfant s’est fait rapter.
Ce soir la mer se vague doucement au gré des ondulés.
L’ongle du monde vient de griffer la robe du vent,
Et le vent,
Le vent,
Vend sa robe de curée,
Contre celle d’une eau douce,
Qui dévale des sommets.
Retranché dans sa grotte,
L’enfant émerveillé,
Voit passer cette eau claire,
Et puisée dans ce courant,
La force de l’éclair,
Ouvre la poche du temps,
Et fait jaillir l’hiver,
Criblé de piques à glace,
Hors du cœur,
De ce bel univers,
Porté par un facteur,
Qui transforme les pierres,
En lettres disparues.
La lettre porte l’enfant, l’enfant sort de la lettre,
Et la grotte solitaire porte au cœur une pierre,
Une pierre de lune,
Pleine de jour qui l’éclaire.
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Les livres volent vers le ciel


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« Lever de planète sous un éclairage pourpre, bienvenue à la part de rêve qui enjolive et réenchante les esprits entristounés des « réalités » que les médias nous assènent à tour de faits divers et autres murs bien hauts qui ne font que séparer, blesser, éloigner du centre de la vie joyeuse et simple qui nous rattrapera tous un jour ou l’autre, du moins, j’ose l’espérer. Vivre en utopie ou vivre en sa propre réalité, that is the question ».
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Omraam Mikhaël Aïvanhov


Les écheveaux de l’âme
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Ils se parcourent et se dénouent,
les sentiers qui guident nos pas,
Comme des cheveux d’anges un peu las,
Qu’une brosse de soie lisse et caresse.
Elle déraille la voix qui s’enroue,
Sépare le bon grain de l’ivraie,
Aux chœurs du silence des secrets.
La taille des chars de la paresse,
N’exclue pas le monde des adeptes,
Du rêve tendre des arabesques,
Qu’un carrosse porté par la liesse,
De trois chevaux naseaux fumants,
Approchait près du firmament.

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Chez Anna coquelicot, l’agenda fourmille d’idées en avril avec la nouvelle consigne du mois, les épis sont en fleur et les imaginaires vont bon train de chemin de fer.
C’est ici :
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https://annacoquelicotimages.wordpress.com/2019/04/02/agenda-ironique-davril/

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Insolites bâtisseurs :
tant pis si la forêt se fane en épis de pereskia
tant pis si l’avancée est celle des fourmis tambocha
tant pis si le drapeau ne se hisse qu’à des hampes
desséchées
tant pis
tant pis si l’eau s’épaissit en latex vénéneux préserve la parole rends fragile l’apparence capte aux décors le secret des racines la résistance ressuscite
autour de quelques fantômes plus vrais que leur allure
insolites bâtisseurs
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Aimé Césaire
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Maintenant, je vous propose un Agenda Ironique qui traitera  des épis de pereskia et des fourmis tambocha. Connaissez-vous cette faune et cette flore? Sinon cherchez, imaginez, inventez, détournez… Ceci en prose ou en vers.
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« L’épi, derme de la fourmi, est au centre de l’épi tête ce que l’épi cure né est au cœur du gramme ».
Le gramophone Pharisien, Damien Guillon, 2009
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aimé Césaire et wifredo_lam_the_jungle insolites bâtisseurs.jpg
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Il était une fois une lointaine forêt située au cœur d’une planète dont nous ne connaissons pas encore le nom, où vivait une colonie de fourmis tambocha.
Curieuses créatures qui n’avaient rien en commun avec celles que nous connaissons en tant que terriens, les fourmis tambocha n’avaient, pour seule utilité, que celle d’être.
Croyez-bien que cela occupait tout leur temps, sachant, de plus, que le temps sur leur planète était incomparable au nôtre, dans la mesure où chaque seconde contenait l’éternité toute entière, et que leur temps passait d’éternité en éternité sans jamais passer par la seconde primaire, (ou première), à peine plus archaïque que la seconde. (seconde seconde)
Non, l’auteur n’est pas bègue !
Ces fourmis, donc, filaient du temps, longues silhouettes élancées en cheveux de gorgones, se balançant au gré des courants temporels secondaires.
De temps en temps, l’une d’elles se détachait, flottante, pour aller déposer un grain un peu plus loin, histoire d’être plus.
La colonie vivait donc paisiblement ainsi depuis une éternité d’unités de mesure d’éternités jusqu’au jour où la planète, appelons-la Ursule pour les besoins du texte, rêva du darwinisme.
Il n’en fallut pas plus pour qu’une mutation intervienne.
Le grain déposé plus loin, cette fois, mit au monde d’Ursule le premier épi de pereskia.
Ce fut un choc !
Les fourmis tambocha, d’être, furent !
Soudain, un être autre les agrandit en introduisant la notion de différence.
L’épi, primaire de sa nature, premier de son espèce, se crut fourmi tambocha.
La planète Ursule, constatant la véracité du rêve, frémit séismiquement d’un frisson de joie qui parcourut l’assemblée des fourmis tambocha, ce qui eut pour effet de scinder l’épi primaire en deux.
Le premier, voyant le deuxième, réalisa qu’il n’était pas conçu sur le modèle des fourmis.
Ce fut un autre choc !
Chacun maintenant se regardait singulièrement, cherchant la dissemblance et son contraire, avec l’interrogation du sens.
L’autre allait-il rompre le lien des secondes d’éternité ?
Bref, l’autre allait-il semer le grain de la zizanie ?
Ce qui fut évoqué arriva. Le premier grain de zizanie naquit. Plus pacifique que lui, il n’y avait pas. Puisqu’il était né de l’entre-deux d’entre la fourmi tambocha et l’épi de pereskia.
D’un grain à l’autre, la planète Ursule s’en trouva comblée.
Alors qu’au cœur d’une nuit profonde elle rêva à nouveau, ce fut d’une règle de trois cette fois.
Disposant à un point A une fourmi, reliée d’une droite à B, un épi de pereskia, elle décala en un point C la zizanie et, se plaçant légèrement au dessus, créa sa première forme géométrique. Le tétraèdre régulier.
Chacun des éléments de la pyramide se vit, la vit, et depuis, ils n’eurent de cesse de construire solidement suivant le modèle de base.
Ces drôles d’édifices multipliés dans la forêt du cœur d’Ursule alors qu’il en était la tête en rendit fou plus d’un. Il n’empêche qu’il en rendit heureux plus d’un. Allez y comprendre quelque chose, vous, aux mathématiques de l’espèce !!
Mais il arrive que parfois la forêt se demande quel est le sens de ces multiplications.
Ursule, en bon administrateur de lui-même en tant que planète, reçut l’interrogation de la forêt en excellente due forme, et décida de faire appel à l’original créateur de ces étranges créatures, l’auteur lui-même.
Aimé Césaire, l’auteur créateur, vit en Créolie Foyalaise, une planète en forme d’île recouverte de poèmes.
Lorsqu’il reçut la question, Aimé, qui venait de prendre une retraite de créateur bien méritée, reprit sa plume pour répondre à Ursule que :
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Très cher peuple d’Ursule,
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La multiplication n’est pas posée au bon endroit.
C’est la question qui l’est.
Vous êtes nés de l’imagination d’un mirage du fond des âges qui traînait ses guêtres dans l’air d’une île et que les vers d’une poésie attrapèrent pour en formuler l’existence.
Un mirage réalisé n’en est plus un.
A la recherche de lui-même qui n’est plus, il se réplique, se réinvente, et parfois ne se ressemble plus, au point que la raison de son existence première finit par disparaître.
Si vous pensez qu’Ursule inventât l’eau chaude en décalant, vous pensez juste.
La fonction des fourmis tambocha n’était ni posée ni connue et c’était là sa singularité.
Sur votre planète, elle est devenue. Sur une autre, elle ne le serait pas.
Si vous imaginez être plus parce-que la mutation s’est produite, vous produisez de la mutation imaginaire et enrobez de mirage le noyau d’une forêt, l’enveloppant comme d’une coquille. Maintenant, vous savez pour l’œuf.
Recevez toute mon amitié de l’au-delà d’où je gîte dorénavant.
Aimé Césaire
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Moralité : Lorsque les fourmis t’embauchas, le chas de l’aiguille de l’épi tu passas.
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Aller, tiens, une petite divagation du matin.
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L’acajou divagador
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J’ai relu
Mépatou
Et partout par contre
Le culinaire vocabulé
Du vocabulaire cuisiné
Exhale un parfum d’encrier
Dans la craie de mon tableau fou
Et l’encre collée au papier
Sur la peinture où crisse la craie
Tente bien de déshabiller
Le vocabulaire cuisiné
Sous la purée des mots cajous
Ceux à la noix touchent la joue
Du cœur de l’ambre d’avant-goût
Il s’impose à moi l’avant-goût
Prémice d’une syntaxe ordonnée
Sur l’abscisse de la volonté.
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Ecrit pour ne pas oublier d’aller voter l’agenda ironique de janvier chez carnetsparesseux.

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La plus grande voyageuse du siècle roulait sa bille sur le papier avec la vélocité d’un escargot qui explore un feuillage poudré de lumière. Laissant dans son sillage autant de traces subtiles que faire se peut, notre animal parcourt le monde de l’esprit avec l’espoir inextinguible de périr au cœur de la page, exactement là où le foyer sacré brûle d’une douceur continue pleine de tendresse. Les longues flammes aux mouvements lents des cheveux de gorgones s’enrouleront autour de sa coquille, légères volutes aériennes enveloppantes, jusqu’à le faire disparaître, invisible aux yeux profanes et pourtant bien plus présent qu’avant.
D’émanations diffuses en lettrines ciselées, son parfum pénétrera l’âme en profondeur jusqu’à atteindre la pierre de l’immortalité. Une fois l’incendie de l’encre propagé, il ne restera qu’un résidu cendré que le vent dispersera dans l’éther. D’autres respirations inhaleront les fugaces Molécules flottantes.
Mais là, au cœur du sacré, l’esprit du foyer veillera, éternel et protecteur, repos des voyageurs de l’âme, dont les vibrations ondulatoires font naître l’amour. Et de cette source intarissable, en jaillira le bonheur.

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Code de la pensée publique 2
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De la prose alexandrine naît parfois quelques sourires taquins d’origine suédoise ou polonaise.
A la ligne porteuse des couches d’ozone, l’entonnoir oppose un chant signé humour. C’est Jules qui pourrait en parler. Rien n’est plus bête qu’un pied de vers, qui prend le pied de la lettre comme un voyageur qui prend un train. Et en alignant le pied sur un carreau, Jules s’aperçut qu’il sonnait les cloches à pied d’oeuvre. De là à dire que le pied est beau, il n’y a pas loin. Jules étudia la structure du pied de la lettre et ne put que constater l’angularité bien droite de ce pied compassé. Fort de cette découverte, il s’aperçut alors que le vers dépassait le carreau. Il s’empressa donc d’avertir un pléiade qui prosait par là que l’égalité de l’alexandrin n’était plus à prouver, et content du saut qu’il venait de faire sur un seul pied, il enfila une pantoufle en suivant la cloche au pied des vers.
Les cloches clochaient, les vers versaient, et la pantoufle s’ozônait l’angle droit pendant que le gauche égalisait les côtés du carreau.
C’est de la faïence de Louise Bonne, affirmait l’alexandrin taquin pendant que l’égalité proposait à la pantoufle de s’associer au saut de puce de l’écriture douce et soyeuse qui filait centre à terre dans la dimension sous-solaire du déclin de la matière littéraire.
Je n’ai pas dit mon dernier mot dit la matière dont la table faisait un jeu de vers, « Le jeu des tables de vers », en tablant sur la matière pour appuyer ses sous-titres.
Ainsi commença l’étrange histoire du code de la pensée publique à l’article de la vie bien pendue dont les ténébreux vers marchaient sur la tête chaussés de pantoufles vertes prairies, à saut de cloches interposés, et aux sons et lumières scintillants de clarté.
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Code de la pensée publique

Code de la pensée publique


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Lettre A 1
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Le muscle le plus complexe et le plus difficile à manier est celui de la langue.
Pourquoi ?
Amusez-vous à manier le langage en mesurant l’effet qu’il produit autour de vous puis, constatation faite du besoin d’améliorer constamment ce dernier, travaillez à son ajustement.
Vous allez réfléchir à la formulation, la tournure, le genre, la sélection du mot, l’approche du sens et de son maniement.
Une fois que la forme commencera à s’ancrer dans les habitudes, vous allez être attirés par l’orientation en guidant le déroulement de la pensée vers un point précis.
Et puis un jour, tout bonnement, vous finirez par laisser libre cours au voyage de l’encre en imaginant des mondes inconnus, en allant défricher de nouvelles terres, ou en modifiant l’apparence du moyen de transport utilisé.
Ainsi naviguerez-vous d’humour en dérision, d’ironie en grand sérieux, du romanesque au pamphlétaire, tout en observant comment les formes peuvent parfois venir masquer les fonds, comment le jeu des incongruités peut permettre l’ouverture à des points de vue larges ou ciblés, novateurs et singuliers, bref, vous allez explorer la puissance de la langue tout en travaillant la nuance de ses mouvements.
Arrivés là, vous allez constater que l’empreinte laissée dans le sillage des mots essuie parfois quelques réactions pour peu qu’elle réactive une blessure, ou qu’elle soit recouverte du prisme de la distorsion. A la suite de quoi vous allez être affublé d’un titre collé à votre personne tant bien même que l’invention était totale ou que vous n’aviez fait qu’endosser la parole imaginaire d’autrui.
Dans quelle case voulez-vous être ?
Est-il nécessaire de vous fixer à ne travailler qu’une seule version de votre écriture ou bien oserez-vous explorer d’autres formes, d’autres expressions ?
Alors être ou ne pas être, penser ou ne pas penser ? Is he not ?
Maintenant, allons fouiller plus loin.
Prenons la lettre « A » majuscule par exemple. Vous la voyez de loin ? Approchez-vous, voyons ! Penchez-vous maintenant au pied de la lettre. Que voyez-vous ?
Vous voyez le pied, mais pas la lettre !
Nous sommes maintenant devant deux possibilités.
Soit vous êtes jardinier, soit vous ne l’êtes pas.
Dans le premier cas, vous allez étudier en sous-sol les racines de la lettre et leurs enchevêtrements.
Dans le second cas, vous allez lever les yeux et, du pied et de l’endroit où votre vue est placée, observer la totalité de la partie visible de la lettre.
Faites état de vos observations en essayant de décrire vos ressentis et impressions de la façon la plus complète possible.
Les comparatifs avec d’autres points de vue vous permettront d’agrandir le champ de connaissance de la lettre.
Mais ce n’est pas fini !
Gardez-vous bien d’être trop sûrs de ce que vous croyez savoir.
Ne remettez pour autant en question ni la lettre, ni son pied, ni ses racines, ni sa partie visible, mais n’en faites pas une religion.
Gardez-la vivante, cette lettre.
Explorez-la à l’infini, de tous les angles possibles, sous tous les climats, sous terre comme dans l’air, jusqu’à l’envol.
C’est alors que, en altitude, observant le point que cette lettre forme, vous pourrez affirmer : « Un point c’est tout ! »
Ce sera le moment pour le monde de vous ouvrir ses portes.

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Lettre A 3
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