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Archive for février 2023

– Dessine moi un visage, mouton. Celui du temps.
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– Je passe, petit prince. Lamartine dit de moi que je n’ai point de rive. Peut-être faut-il élargir le champ de mon action pour imaginer sortir de mes flots. Tantôt de sable et tantôt eau, ma substance est indéfinissable. S’il en existe une seule au monde qui échappe à mon pouvoir, c’est peut-être le vide de l’espace sidéral, et encore…
Pas de matière, pas de temps !
C’est encore un regard d’Homme. Car le vide, les astrophysiciens l’explorent, ne serait peut-être pas si vide qu’il voudrait bien nous le faire croire.
En attendant je passe, et vu de la petite lorgnette des êtres humains, je file entre les doigts de l’impossible arrêt, garant d’une sphère où la vie peut se réaliser.
Indivisible et pourtant divisé, c’est vous qui me scandez.
Vous qui êtes entrés dans mon courant pour faire l’expérience de l’insaisissable instant présent infini.
A l’intérieur de mon action tout est en mouvement. Vous pouvez essayer de me ralentir sans grand succès. Seule, la perception que vous avez de moi pourra varier.
Dans l’expansion de l’univers rien ne m’échappe. D’autres lointaines planètes abritent sans doute des êtres régis par mes lois. L’intervalle de temps spatial que la preuve de leur existence arrive à nous est si long qu’ils seront déjà morts lorsque nous la recevrons.
Remarquez combien il est difficile de se détacher de moi pour en dire quelque chose. Aussitôt que possible la pensée revient se placer de votre point de vue, c’est alors vous qui reprenez la parole.
C’est d’ailleurs vous qui m’avez inventé.
Sans votre existence d’êtres humains dotés du langage par l’intermédiaire de la pensée, existerais-je ?
Pourtant, bien avant vous j’existais déjà.
Et j’existerai encore bien après vous.
Serais-je alors la seule création à échapper au phénomène d’impermanence ?
Peut-être.
Peut-être pas.
Je trimballe d’une incarnation à l’autre mon mystère chargé d’ignorance et de paradoxes.
Au fond, c’est peut-être moi, Dieu ? Ce Grand Autre tout puissant qui anime la matière au gré de ses inventions, histoire de s’auto-découvrir à l’infini. Je me rendrais fou moi-même si je n’avais découvert les incroyables facettes de mon existence. Choisissez un de mes visages et aussitôt je disparais tant il y en a d’autres qui apparaissent.
Je suis l’indescriptible.
J’ai le visage de mes manifestations.
Je suis la vie, je suis la mort, je suis la pierre taillée, le vent qui souffle dessus, le temps qu’il fait. La peau ridée, la peinture écaillée, l’édifice écroulé, la résignation des perdants, l’acceptation des sages, l’adaptation des gènes, l’évolution des espèces, la couche de neige et le soleil brillant.
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– Es-tu aussi l’amour ? Demanda le petit prince. L’énigmatique rose mortelle et immortelle ?
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– C’est peut-être elle qui m’a fait naître, petit prince.
Répondit, songeur, le temps.
– Ou bien l’inverse, va savoir…
La rose immortelle de l’amour dépasse mon domaine de compétence. Elle a créé l’île où l’on ne meurt jamais. Car en plus d’avoir l’étendue illimitée de mon domaine, elle a cette chose en plus qui s’appelle un cœur.
Un cœur qui anime l’âme de ceux qui aiment, infiniment…
Et qui la rend immortelle.
Mais c’est moi qui lui apporte la lumière.
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Les Zébulons emberlificotent,
Toutes les questions de société,
Pendant que les psychanalystes,
Croient encore toutes les débrouiller.
Dans sa plus grande simplicité,
La Nature en rusticité,
Continue son chemin faisant,
Dans les cycles, les cycles du temps.
L’hémicycle aux sourcils froncés,
Débat la part de ses idées,
Qui continue à remporter,
Le plus gros de tout le pâté.
C’est le monde, le monde des idées,
Qui fait et défait son histoire,
Il faut bien faire valoir la poire,
Que la soif de rêve et de gloire,
Tend à l’âne de la solution.
Les Zébulons sont carnassiers,
Et leurs ressorts sont tout rouillés.



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https://fr.wikipedia.org/wiki/Tobie_et_l%27Ange_%28Verrocchio%29

Le char fait son soleil de plomb, il tire au cordeau les rangées de légumes dans le jardin du père. Une poudre d’or répand sa magie sur le sommeil des anges.
– C’est comme ça qu’on écrit « Dieu » ?
Demande au premier rang Poil de Carotte, la banane grand sourire d’une oreille à l’autre.
Dans le jardin d’Eden la carotte de l’âne agite ses fanes pour attirer l’attention du bœuf.
Il faut sauver le soldat Jésus, réécrire l’histoire depuis son début.
Le char fait son soleil qui dort, qui dore, qui dîne, mais d’un œil, seulement. Un ver en goguette éclaire, à la poursuite du temps perdu, il danse sous le ciel étoilé, complice d’une voûte céleste dans la carte du temps. Si le ramage de son aurige déplume le paon, c’est bien qu’il s’agit d’enrayer la roue de son Destin.
Que vous avez une belle plume, écrivassier, dira plus tard l’encre de Chine de son auteur !
Si votre langage se rapporte à notre royaume, vous êtes le Phaéton des hôtes de ce ciel.
N’en faites pas un fromage de chèvre, sinon, vous risquez d’attraper la maladie des brebis gâteuses.
Mais faites-en un gâteau de Roi, Dieu vous le rendra.
Une frange en panne de Renard plus tard, le Corbeau, innocent jusqu’aux dents, déclame l’innocence du bourreau, la nature nature du fromage blanc.
Sous la voûte de l’Arche perdue se dessine un roman, une Rose des vents souffle le dialogue à l’aurige.
Le char renaît de lui-même tous les jours.
Il est la lumière de son Aurore, l’Auroch de la première lettre.
Il est dans les couloirs du temps, le rire de La Joconde qui secoue une plume, son Nom de Code, suivez son regard…
DA VINCI, bien sûr !

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Opération Neptune

La culture, c’est comme la soupe, elle pousse en terre et demande transformation.
Le cuisinier, c’est un petit peu tout le monde, au fond…
Aujourd’hui, il s’agit de s’élever sur le tumulus de Neptune en brandissant le trident du Tigre, de l’Euphrate et de la Volga. Ce qui, mathématiquement, devrait avoir le don de nous orienter vers l’espace à venir par le fil rouge de l’histoire.
Un débarquement absolument nécessaire sur la planète du rêve.
L’agenda ironique de février chez les carnets d’une paresse qui s’en dédient, où s’y dédicacent, c’est comme on veut, pourrait s’intituler ainsi : « La potée des jours au clair de lune ».
D’ailleurs, tel un pavé qui se marre, un légume de saison vient de tomber de la marmite, puisqu’on nous apprend, à l’instant, que la fameuse recette de la soupe de la mère Michel vient d’être retrouvée.
On a retrouvé la soupe de la mère Michel !
Elle s’élabore dans un gros chaudron, et il se dit dans les milieux de cultitude assermenté, qu’elle nécessite un certain temps, voire même un temps certain, sans en préciser la durée.
Notre envoyée spatiale, Elise Cyclopédie, pour ne pas la nommer, a mené une ronde d’enquête sur place, de la Concorde. Elle nous revient après avoir glané longuement les éléments de cette recette zillionièmement ancestrale du point, que voici :

– Un soir de lune gibbeuse, dans une clairière, au milieu d’une forêt, allumez un grand feu de joie et faites apparaître le nuage dominical en émettant les incantations appropriées.
– Posez le chaudron au sommet du bûcher, faites pleuvoir le nuage dominical jusqu’au remplissage de la moitié du récipient. Ajoutez une datte. Faites bouillir à feu doux jusqu’au lendemain.
– Laissez apparaître le nuage du jour suivant. Celui du lundi étant lunique, devenu par extension lunatique, donc difficile à attraper, munissez-vous d’un lasso pour le positionner au dessus du chaudron et compléter le niveau décru par évaporation jusqu’en son milieu en le faisant pleuvoir, la méthode de remise à niveau* est inchangée par rapport à celle de la veille, et sera identique les jours suivants. C’est à la reprise du premier bouillon qu’il convient d’y jeter une feuille de laitue romaine.
– Le lendemain, même opération avec l’attrapaïre du nuage martien. Ou martial, c’est selon ! Comme d’autres diraient mardique, mais à une lettre près, bof… Pas dans la soupe. Sept fois, c’est d’un grain de maïs doux qu’il convient d’enrichir la préparation.
– Le nuage mercurial remplira doublement sa fonction jusqu’au niveau préconisé : 1 – Remplir sa mission : 2 – qui consiste à remplir le chaudron jusqu’à sa moitié.
Deux voies s’offrent au druide d’alors : 1 – La voie du marron en jetant dans le récipient une graine du même nom ou 2 – celle de la marjolaine.
– Tout le judicieux du choix s’éclairera le lendemain, avec, pris au lasso jupitérien, le nuage du jeudi, abondant et clair pour le second choix de la veille, tyrannique et réducteur pour le premier. Remise à niveau*, gnagnagna, blablabla… Ce jour là, une petite Julienne sera nécessaire. La jeter sans qu’elle ne fasse trop de tapage dès la réapparition d’une première bulle en surface.
– Passer au nuage vendredisiaque. Une touche de vitriol sur une pierre timbale constituera l’assaisonnement.
– Il ne reste plus qu’un nuage sabbatique à accrocher.
– Ne laissez pas le dindon dominical du jour d’après rejoindre la liste des ingrédients, le congé éternel de la veille s’en trouverait farcé.
– Mais par contre, partagez cette potion avec le plus grand nombre, et contribuez à l’organisation de la plus grande fête du siècle cosmolodisiaque qui soit.
Sept jours pour une éternité, what else ?

Bonne dégustation !

* Méthode de remise à niveau qui consiste à compléter celui-ci jusqu’à moitié hauteur du chaudron chaque jour.

Illustration : Faïencerie Porquier-Beau 1880 musée départemental breton, Quimper

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