C’est une épine de foin serrée comme un peut-être,
Une épine qui de loin fait frémir les grands hêtres,
Aux têtes ébouriffées, étourdies de hauteurs,
De ces manques d’oxygène qui colorent de vapeurs,
Dégagées des mille feuilles qui respirent la joie,
Dans un frisson soyeux de milliards d’étincelles,
Colorant les pupilles et le fond des prunelles,
Dans l’ombre des futaies et l’orée de ces bois.
C’est une épine tremblante comme une flamme qui vacille,
Mais ne s’éteint jamais, et le monde y fourmille,
De mille et un trésors, qui contient ce joyau,
Le rubis éternel qui me tord les boyaux.
Archive for avril 2016
L’espine-devinette
Posted in Anémones de mer à quatre feuilles, désordre, Grain de folie, Inclassable on 28 avril 2016| 12 Comments »
Conversation en forme de gallinacée
Posted in Défiction, Inclassable on 25 avril 2016| 13 Comments »
Petite amusade sans prétention avec les mots d’Asphodèle
Les mots sont : Abeille, arabesque, ambre, arpenter, automobile, abricot, actif, azimuté, s’agenouiller, anamorphose, aimer, accroche-coeur, ajouter, affirmativement, approximatif, alléchant, ambiance, ahuri, agir et abreuver, et une petite phrase : « La soif ne la (le/me) quittait plus. »
Conversation en forme de gallinacée
– Galligrimace qui veut, la poule ne pond pas des abricots, que je sache !
Gertrude avait la bouche en accroche-cœur en disant ces mots. Elle et son paisible mari, Anaximandre, conversaient tranquillement sur le banc devant leur pavillon louis XV de la banlieue de stockholmes.
– Et puis, ajouta-t-elle en arabesque azimutée, ce qu’elle savait très bien faire, l’ahuri de base pourra bien abreuver le net et les cerveaux de tout un tas d’anamorphoses toutes plus dingos les unes que les autres, la volonté de l’abeille finira toujours par gagner sur l’ambiance approximative de l’époque.
Anaximandre s’agenouilla afin d’observer de plus près l’ambre du gravier pour changer de conversation. Il le savait, la soif de remettre du sens ne la quittait plus, au point qu’elle en tombait malade parfois, alors il s’activait à faire diversion pour éviter qu’elle n’aille arpenter les territoires de l’extrême, la protégeant ainsi d’elle-même. A l’aimer ainsi, son cœur parcourait les dimensions les plus diverses, et elle lui en savait gré.
– Mais regarde donc ça, Gertrude ! Les galets sont en forme d’abricots maintenant !
– C’est, ma foi, affirmativement vrai ! Je me demandais s’ils seraient en forme d’automobiles si nous avions parlé de ça plutôt que de ce fruit juteux qui détient l’or des Dieux, à ce qu’on dit.
– Mmum, alléchante image, mais la confiture de galets, tu crois que ça peut ? Et puis, je préfère cette image de nature à celle d’une circulation bruyante au tintamarre épouvantable ! Agir, oui, mais pas n’importe comment !
– Gallisouris qui peut, une poule qui pond un sourire, c’est tout de même plus gratifiant. Et même si morose contient rose et mot, souris d’avril, Aie mai à cœur, dit le proverbe.
L’espert en cornichologie
Posted in Amour, Concours, Créativité, Dépassement, Exercice de style, Franche rigolade, Gazouillis, Grain de folie, Inclassable, Non classé on 17 avril 2016| 7 Comments »
La vie, c’est comme un grand vêtement en patchwork, comme un kaléidoscope d’étoffes cousues avec la bobine du temps. Une cape par endroit effilochée, parfois trouée, composée d’une multitude de motifs assortis ou pas. L’ensemble donne une idée de son orientation. Melle Tirma, penchée sur son ouvrage, rêvassait en se faisant cette réflexion. Elle s’exerçait à mettre en place un écusson au point de tourbillon lorsque le fil s’ouvrit en deux d’une large gueule et se mit à lui parler.
– Tirma la douce, tous ces point de raccommodage, comme c’est joli. Mais regarde de plus près, ne vois-tu pas quelque chose de remarquable ?
– Tiens, tu te la joues boa, le fil ?
– Un boa qui passe par le chas de l’aiguille, où t’as vu jouer ça ? Dans Ben Hur ?
– Non, regarde mieux, et ne détourne pas la conversation, tu noies le poisson.
Tirma se penchit doucement sur l’ouvrage et chaussit plus précisément ses lunettes de sept lieux.
– Yapa à dire, je n’vois rien ! Enfin, à part quelques points, on dirait des sutures, c’est ça ?
– Voilà, tu brûles !
– Je ne suis pourtant pas comme Jeanne d’Arc !
– Mauvais humour, ma vieille, mais continuons. Qui dit raccommodage, dit couture. N’est-ce pas ? Mais qui dit suture, dit chirurgie. L’ensemble laisse penser à Frankenstein.
– Aïe, où tu veux en venir, le fil ?
– Je veux en venir que si tu ne couds pas de façon solide, l’ensemble risque d’être bien flottant. Voire même de s’éparpiller.
– J’imagine la scène, une main là, une fesse ici. La tête un peu plus loin.
– A partir de là, tu comprends pourquoi l’union fait la force.
– Donc, le fil réunit ?
– Faut croire…
– Pour les sentiments, c’est pareil ?
– C’est cousit de fil blanc !
Cette incursion du fil rendat Melle Tirma pensive. Elle se remémorit l’histoire qui se réécrivat ainsi :
Une fois le choc décaissé, ils impulsèrent un rouquin en cornichologie froissé dans un bouquet que tenait l’amiral Larima en réponse. Il remontait en zigzagant une régression, du poil de la bête au bêta de tous poils. Dans la séquence ils se prirent de bec.
Le supposé dédaignait l’innocence lexicale et mensongèrement pris l’envers du côté pile. L’explosion ne se fit pas attendre. Aucun argument ne fut retenu, car tous incongrus, n’étayés d’aucune preuve, les faits furent défutés sans suite.
On en déduisit que c’était un bec de lièvre. Le rouquin expert en cornichologie rassembla méthodiquement les morceaux épars dans une ronde de huit pas de côtés en huit pas comptés. Ce qui eut pour effet de décaler une rangée entière de crabes dormeurs au rang des écrivains qui bondissent à l’oreille des mouettes poètes à la plume de Pan et l’O en perdit son accent circonflexe.
L’enquête dura moins huit mille heures, et lorsqu’elle fût clôturée, tous les membres ayant participé à l’action avaient effacé l’affaire, l’avenir étant dernière eux.
Ils se marièrent, furent heureux, et écrivirent de nombreux petits œufs soyeux qu’ils contèrent goulaïement à tous les enfants gourmands qui décroisèrent leurs chemins.
Et ce, jusqu’à la fin des temps.
Faim
Mademoiselle Tirma tire sur le fil
Posted in chef à l'oeuvre, Concours, Grain de remue méninges, Lame de fond, Pas glop, pensées on 15 avril 2016| 11 Comments »
Débranche, qu’il lui disait ! « Il », c’était son neurone de la réflexion. Débranche et laisse donc aller le fil là où il veut. Ambivalence, quand tu nous tiens !
Car voilà, Melle Tirma pensait trop, tout le temps, et pas forcément juste. D’ailleurs, le juste flottait d’un gauche à droite puis d’un droite à gauche sans vouloir se fixer à un endroit précis. C’est que justement, si la fixation avait lieu, le juste ne serait plus que rigidité cadavérique. Voilà encore de quoi penser, alors où est la prise ?
Car cette fois, la question est de savoir s’il est possible de débrancher le neurone en question, ou bien s’il s’agit de l’orienter sur d’autres sujets de réflexion plus agréables finalement.
Là-dessus, Melle Tirma tenta de reprendre sa lecture pour laisser penser l’auteur du livre à sa place.
L’affaire Jane Eyre Jasper Fforde
Posted in Allégorie, Aventure, citations, Extraits, fiction, Fragments, Livres on 14 avril 2016| 5 Comments »
Collection 10/18 poche avril 2005
Dans un monde où la littérature fait office de religion, la brigade des littéraTec élucide plagiats, vols de manuscrits et controverses shakespeariennes. L’agent Thursday Next rêve, elle, d’enquêtes explosives, quand le cruel Achéron Hadès kidnappe Jane Eyre. Dans une folle course-poursuite spatio-temporelle, la jeune détective tentera l’impossible pour sauver l’héroïne de son roman fétiche.
Aux carrefours des genres et dopée par une imagination jubilatoire, l’affaire Jane Eyre est une œuvre ébouriffée.
P 128 – 129
– Un simple malentendu, déclara-t-il, balayant mes objections d’un geste de la main. Ces abrutis à OS-13 n’ont pas la moindre idée de la valeur de mon travail.
– Qui est… ? Demandai-je, curieuse comme toujours.
– Un moyen plus miniaturisé encore de stocker l’information. J’ai réuni les meilleurs dictionnaires, glossaires et lexiques, ainsi que des études grammaticales, morphologiques et étymologiques de la langue anglaise, et j’ai encodé le tout dans l’ADN de ce ver minuscule. Je les appelle des vers hypercorrecteurs. Reconnais tout de même que c’est une réalisation extraordinaire.
– Je le reconnais. Mais comment accède-t-on à cette information ?
La mine de Mycroft s’allongea.
– Comme je l’ai déjà dit, une réalisation extraordinaire avec un petit inconvénient. Cependant, les événements se sont précipités ; quelques-uns de mes vers se sont échappés et se sont accouplés à d’autres qui comprenaient l’encodage d’ouvrages de référence historiques, biographiques et encyclopédiques ; ç’a débouché sur une nouvelle race que j’ai baptisée ver hypercorrecteurExcellenceDoublePlus. Ce sont eux, les vraies vedettes du spectacle.
Il prit une feuille de papier dans un tiroir, en arracha un bout et griffona le mot « extraordinaire » sur le morceau.
– C’est pour te donner un avant-goût de ce dont ils sont capables.
Ce disant, il fit tomber le bout de papier dans le bocal à poissons. Les vers ne perdirent pas de temps et se massèrent tout autour. Mais au lieu de manger le papier, ils se tortillèrent, excités, et explorèrent l’intrus avec, apparemment, un grand intérêt.
– J’ai eu un élevage de vers à Londres, tonton, et eux non plus n’aimaient pas le papier…
– Chut ! Murmura mon oncle, me faisant signe de me rapprocher.
Stupéfiant !
– Quoi donc ? Dis-je un peu perplexe.
Mais en voyant le visage souriant de Mycroft, je compris aussitôt que ce n’était pas lui qui avait parlé.
Etonnant ! Reprit le chuchotis. Incroyable ! Déconcertant ! Ahurissant !
Fronçant les sourcils, je regardai les vers qui, agglutinés en boule autour du morceau de papier, semblaient vibrer doucement.
– Merveilleux ! Marmonnaient-ils. Remarquables ! Fantastiques !
– Alors, dit mon oncle, qu’en penses-tu ?
– Des asticots synonymiques… Tonton, tu m’épateras toujours.
Mais Mycroft était soudain redevenu sérieux.
– C’est plus qu’un simple biodictionnaire, Thursday. Ces gaillards là sont capables de faire des choses qui dépassent l’entendement.
Il ouvrit un placard et sortit un gros livre relié de cuir, avec les lettres PP gravées en or au dos. La couverture richement ornée était munie de lourds fermoirs en laiton massif. On y trouvait aussi quantité de cadrans, boutons, valves et interrupteurs. C’était impressionnant à voir, certes, mais toutes les inventions de Mycroft n’avaient pas une utilité à la mesure de leur apparence. Au début des années soixante dix, il avait fabriqué une machine extraordinairement belle qui ne faisait que prédire avec une exactitude renversante le nombre de pépins dans une orange non décortiquée.
P 128 – 129
Je me faufilai à travers la foule des Milton en direction du Chat du Cheshire. C’était facile à trouver. Au dessus de la porte, il y avait un gros chat rouge fluo sur un arbre vert fluo. Toutes les deux minutes, le néon rouge clignotait et s’éteignait, laissant le sourire du chat tout seul dans l’arbre. Alors que je traversais le hall, le son d’un orchestre de jazz parvint à mes oreilles, et je souris brièvement, reconnaissant le piano de Holroyd Wilson. C’était un enfant de Swindon. Un simple coup de fil, et il aurait pu jouer dans n’importe quel bar d’Europe, seulement il avait choisi de rester ici. Il y avait du monde, mais pas trop ; la clientèle se composait essentiellement de Milton, lesquels buvaient, plaisantaient, déploraient la Restauration et s’appelaient tous John.
Je m’approchai du bar. C’était le « happy hour », et toutes les boissons étaient à 52,5 pence.
– Bonsoir, fit le barman. Quel est le point commun entre un corbeau et un bureau ?
– Poe a écrit sur les deux ?
– Excellent, rit-il. Qu’est-ce-que je vous sers ?
– Un demi-Vorpal(1), s’il vous plaît. Mon nom est Next. Il n’y a pas quelqu’un qui m’attend ?
Le barman, qui était habillé en chapelier, désigna un box à l’autre bout de la salle, où deux hommes étaient assis à moitié dans l’ombre. Je pris mon verre et me dirigeai vers eux. Le bar était trop fréquenté pour qu’il y eût risque de grabuge. En me rapprochant, je réussis à les distinguer plus clairement.
Le plus âgé des deux était un monsieur aux cheveux gris qui devait avoir dans les soixante-quinze ans. Il portait de grosses rouflaquettes et un costume en tweed soigné avec un nœud pap en soie. Ses mains reposaient sur une canne coiffée d’une paire de gants en cuir brun ; à côté de lui, j’aperçus une casquette à la Sherlock Holmes. Son visage était d’une complexion sanguine ; à mon approche, il renversa la tête et rit comme une baleine à une remarque de son interlocuteur.
Celui-ci, un homme d’une trentaine d’années, était perché un peu nerveusement sur le bord de son siège. Il sirotait un tonic ; son complet rayé était de bonne qualité mais avait visiblement connu des jours meilleurs. Je l’avais déjà vu quelque part, mais je ne me rappelais plus où.
– Vous me cherchiez, messieurs ?
Ils se levèrent comme un seul homme. Le plus âgé parla le premier.
– Miss Next ? Enchanté de faire votre connaissance. Je suis Victor Analogy, chef des littéraTecs de Swindon. Nous nous sommes entretenus par téléphone.
Il me tendit la main.
– Ravie de vous rencontrer, monsieur.
– Et voici l’agent Bowden Cable. Vous allez faire équipe avec lui.
– C’est un grand plaisir de vous connaître, madame, dit Bowden avec emphase, une certaine gaucherie et une extrême raideur.
– On ne s’est pas déjà vus ? Demandai-je en lui serrant la main.
– Non, répondit-il catégorique. Je m’en serais souvenu.
Victor m’offrit un siège à côté de Bowden qui s’écarta en marmonnant des mots polis. Je bus une gorgée de mon cocktail. Ç’avait le goût de vieilles couvertures de cheval trempées dans de l’urine. Une explosive quinte de toux me secoua. Bowden me proposa son mouchoir.
– Vortal ? Fit Victor, haussant un sourcil. Vous n’avez peur de rien.
(1) Mot inventé par Lewis Carroll pour son poème Jabberwocky et qui signifie vif, perçant. (N.D.T.)
Mademoiselle Tirma s’étouffe la garrigue un peu pliée
Posted in Dépassement, Douceur de vivre, Exercice de style, Philosophie spiritualité, Stratégie, Voyage on 14 avril 2016| 6 Comments »
C’était au cours d’un voyage en plein désert de hasard que mademoiselle Tirma procéda à l’extraction d’elle-même. Il s’agissait de rentrer dedans sans supposer quoique ce soit d’autre que ce qui s’y passait. Aride comme il l’était, le paysage étendait une sécheresse à perte de vue, et ce petit morceau extrait se baladait au bout du fil que la lune avait fixé à une de ses pattes invisibles. Huit pattes pour un corps rond, voilà de quoi surprendre, et ce petit bout de Melle Tirma qui se balançait comme un cocon de soie déployait autant de vapeurs que possible. A la fin, naquirent des gouttelettes, puis de l’eau, puis la pluie, et le désert commença à verdir.
Melle Tirma dépliait et repliait le paysage jusqu’au moment où il présenta une usure telle qu’un déchirement fit jour dans le support. A travers l’ouverture, une garrigue prenait forme. Ce n’était pas un hasard dit-elle en songeant amèrement à l’oasis disparu, recouvert par la nouvelle végétation, ce n’était pas un hasard puisque partant du principe que le désert en était totalement dénué, alors qu’en dire de plus si ce n’est que fatalité.
Pour autant, pas question de mettre fin à quoique ce soit comme idée de vie et de possibles.
Il devait bien y avoir une fenêtre ouverte qui permis, comme le fit l’Alice de Tim Burton, de tomber doucement du ciel en flottant telle une plume d’ange à travers l’histoire. Le rêve était encore à entrouvrir, pas d’interrogations à ce sujet. Mais qu’importe, le présent inscrivait son humidité aux flancs de la traversée, laissant dans son sillage une traînée d’arrosage d’où toute vie pouvait enfin fleurir.
Et dans un grand éternuement, elle expectora le pli qui l’étouffait rageusement en l’éloignant d’elle sans faillir.
L’œuf qu’a vu l’œuf qu’a vu l’œuf qu’a vu le cul de la poule en tombant dans l’panier
Posted in Inclassable, Jeux, Poésie, Remake on 10 avril 2016| 17 Comments »
A la chasse à l’œuf de Pâques, à la chasse à l’œuf de Pâques,
disait la cloche d’airain
au lapin en chocolat sous les fleurs allongé.
A la chasse à l’œuf de Pâques tu n’iras pas.
Et pourquoi que j’irais pas ?
Lapin de mer je suis, lapin de mer je reste !
L’aquaculture du râble a encore de beaux jours !
A la chasse à l’œuf de Pâques j’irai,
Et tu pourras sonner, du haut du phare,
Du haut du phare de la baleine,
Cloche d’airain et de bohème,
Qui de l’œuf sortit ce poème.
Monodialogue au fil de l’eau
Posted in Allégorie, Amitié, Amour, Grain de remue méninges, Les pensées de jobougon on 10 avril 2016| 9 Comments »
Quelle est la différence entre ce que je vois, ce que j’entends, ce en quoi je crois, ce qui m’est dit, ce que j’en pense, ce que je décide d’en faire ?
Instinct, intuition, croyances, conviction, utopie, appelons ça comme on veut.
C’est labile, ça se dissipe, ça revient toujours, ça prend tous les contours, les détours, ça tilte, impacte, s’égare, reprend, soulève, transporte, ouvre des champs, nourrit, réveille, fait rêver, se retire, c’est doux, parfois cruel, ça oblige à se recentrer tout le temps, c’est un sillon qui se creuse, un chemin qui se retrouve chaque fois avec plus de sérénité, un repère, un ancrage, un exercice de style, un entraînement à la longévité, un phare, un éclairage par tous les temps, une nuit sans peur, une solidité, un talon d’Achille, une vague, un monologue qui en rejoint un autre, deux monologues qui se répondent, qui se cherchent, s’entrevoient, s’imaginent, s’assurent, découvrent, constatent, avancent, s’approchent, se frôlent, se touchent, recommencent, disparaissent, reviennent toujours, s’assurent de leur existence, de leur réalité, véracité, stabilité, solidité et fluidité.
La différence est dans le fil de l’air, dans le fil de l’air non filaire, dans le sans fil de l’invisible qui relie.
La différence est dans le lien qui se construit au fil du temps, ce lien qui relie, qui relit, qui revit, qui revisite, ce lien vivant qui n’est pas de fer, pas de sang, pas de pierre, pas d’argent. Qui relie le dedans de l’un au dedans de l’autre. Un lien qui fait un pont. On s’y tient soit d’un côté, près du dedans de l’un, soit de l’autre, près du dedans de l’autre, soit en équilibre, au milieu.
Et en dessous coule l’eau du temps.
La différence est dans le choix, dans le pourquoi du choix.
On n’apprend pas la vie, on la découvre au fil du temps.
Daniel Desbiens
Je suis au bout de la bobine
Posted in chef à l'oeuvre, Chefs à l'oeuvre, citations, pensées, maximes., Concours, Digerbissement, Fragments, Grain de trop, Inclassable, Remake, Série pignouf illimitée on 10 avril 2016| 27 Comments »
Une histoire de fil qui se déroule, associé à une machine à en découdre, voilà de quoi alimenter les réflexions studieuses de nos étudiants en herbe d’âme. A chercher à comprendre à la fin tout est tellement bien rangé que la vie elle même s’en trouve anesthésiée. Une étiquette sur les pots de malchance, une autre sur les pas de pots qui marchent sur le fil, ou encore comment faire rentrer les âmes dans des cases. C’est tellement plus simple ainsi.
Donc la méthode, c’est d’avoir un mode d’emploi, une procédure, et de la suivre à la lettre. C’est ainsi que je devins une femme de lettres en allant aux toilettes. Imaginons un segment W-C dans le graphique où l’ordonnée est le champ du connu, et l’abscisse le champ de l’inconnu. Soit un angle O-Q-P, situé sur ces points précis. Je vais donc devoir réfléchir à comment ouvrir le triangle WO-Q-PC ainsi constitué afin de pouvoir
π c. Partant du point commun C, il m’apparaît nécessaire de voir si la bobine est ou n’est pas. De plus, une vérification s’avère nécessaire, le rouleau peut-il s’assimiler à une bobine ?
Ainsi, de fil en aiguille, le C serait le semblant d’une clef, à trois quarts de lettres prêt.
Pendant ce temps, j’aurais largement eu le temps d’aller sonner chez la voisine, ou encore d’aller soulager ma vessie derrière un arbre.
Bref, il est des raccourcis qui font chemins de traverse, ou pas.
La méthode du bout de la bobine serait à ce titre une étiquette de plus.
Mais au fond, si je retire tout, que reste-t-il ?
Rien.
Chez carnetsparesseux, une histoire d’agenda ironique suspendu au fil d’avril, voilà de quoi gazouiller sur le fil des mathématiques littéraires.
Donc la méthode, c’est d’avoir un mode d’emploi, une procédure, et de la suivre à la lettre. C’est ainsi que je devins une femme de lettres en allant aux toilettes. Imaginons un segment W-C dans le graphique où l’ordonnée est le champ du connu, et l’abscisse le champ de l’inconnu. Soit un angle O-Q-P, situé sur ces points précis. Je vais donc devoir réfléchir à comment ouvrir le triangle WO-Q-PC ainsi constitué afin de pouvoir

Sur le fil
Posted in Concours, Fragments, Poésie on 7 avril 2016| 29 Comments »
L’espèce d’espace est sur le fil,
Aussi tendu qu’une ficelle,
Tirant les pinces immobiles,
En rébellion contre le ciel.
L’espèce d’espace étend le linge,
Flottant aux vents de la comète,
Lavé à la lessive de singe,
Pris par la force centripète.
Quand la couleur délave la force,
La machine reprend le programme,
A la source des eaux de son âme,
C’est de l’arbre qu’elle détient l’écorce.
Quand plus rien ne sèche ses armes,
La ménagère vient ramasser,
L’espèce d’espace d’où naît le charme,
Qui vient parfois l’assassiner.