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Archive for juin 2015

Episode précédent : https://jobougon.wordpress.com/2015/06/24/les-aventuriers-du-temps-perdu-davance-1/

*Ou plus précisément les aventuriers du temps perdu qui a un temps d’avance.
Episode de la pièce.

Jus d’agrumes

La scène se déroule dans une pièce jointe contiguë à une messagerie*.
C’est l’histoire d’un citron givré amoureux d’une orange maltaise blonde.
Les parents sont pressés de les marier mais pas eux.
La presse s’en mêle.

Les personnages :

– Le citron givré : Citrus
– Le père givré : Lemon
– La mère givrée : Cidulée
– L’orange : Naveline
– La mère de Naveline : Iris
– Le père de Naveline : Hermès
– Le journaliste : Pierre Pivot
– La seconde d’inattention : la seconde d’inattention
– Les deux saints : Père Ubusoiff et saint inventaire hygiéniste

Trois coups de brigadier sur le plancher : toc toc toc

Acte 1

Citrus, entrant dans la pièce-jointe
– Ah ! Comme j’aime flâner à la rencontre de ma douce Naveline !
Naveline qui passait par là, bien entendu.
– Tout ça pour dire que tu n’aimes pas te presser, cher amour. Que ma vie est rafraîchissante depuis que je vous aime !
Citrus
– C’est que vous êtes d’essence si savoureuse, ma tendre amie. Mais je vous trouve un zeste déconfite malgré votre teint frais, que vous arrive t-il ?
Naveline
– Ma peau d’orange est boursouflée ?
Citrus
– Un état d’âme de cellulite* !
Naveline
– Voilà, il m’arrive un pépin !
La seconde d’inattention
– […]
Citrus
– Vous êtes enceinte ?
La seconde d’inattention
– Héhé ! Beau travail !
Naveline
– Oui, et mes parents exigent qu’on se marie.
Citrus
– Mais ils sont givrés !
Naveline
– Ah non ! C’est vous qui êtes givré, ne confondez pas !
Citrus
– Oui, oui, pardon. Ce n’est pas ce que je voulais dire !
Naveline
– Mais c’est ce que vous avez dit. Oh ! Comment ne pas vous en vouloir ! Mes parents sont si parfaits !
Citrus faisant la moue
– Mouais ! Ce sont de parfaits glacés.
Naveline se met à pleurer, Citrus s’éloigne. L’atmosphère tourne à l’aigre
Ils sortent

Acte 2

Lemon
– Ma Cidulée, il faut que je te parle.
Cidulée
– Oh ! Citrus à fait des siennes, sans doute ?
Lemon
– Le père Hermès est venu me voir pour me parler de sa fille, Naveline. Elle a un pépin !
Cidulée
– Et alors, les avocats ont bien des noyaux, où est le problème ?
Lemon
– Tu ne comprends donc pas, Cidulée !
Cidulée tombe dans les pommes
– […]
Citrus
– ça y est, elle a compris !
Cidulée revenue à elle
– Mes esprits de sel, mes esprits de sel !
Citrus s’adressant aux spectateur
– Le truc de la distanciation, vous connaissez ? Elle exagère toujours tout ! Faut-il qu’elle ne soit pas basique pour tourner à l’acide chlorhydrique maintenant !
Puis s’adressant à sa femme
– Le père Hermès et la mère Iris veulent les marier…
Cidulée
– Oh ! Taisez vous donc ! Offrez moi plutôt une seconde d’inattention pour que je m’en remette !
La seconde d’inattention
– Je suis la pierre angulaire ! Je suis la pierre angulaire !
Cidulée
– ça va, pas la peine de te répéter en boucle, on a compris !
Lemon
– Elle a raison ma femme, boucle-la, tu tourneras rond !
La seconde d’inattention
– Mais quel rustre ! C’est déjà ce que je fais !
Un grand silence lourd d’inattention s’installe entre eux.
Ils sortent

Bref, les voilà tous aigris par ce pépin de trop.
Arrivent alors les deux saints envoyés spéciaux, empris dans une heure supplémentaire.
(Heure supplémentaire recensée au registre de l’industrie du temps gagné à la sueur du front de presse).
La compagnie du discernement se rassemble autour d’eux

Acte 3

Hermès
– Vous êtes les messagers de qui, messieurs ?
Père Ubu* diminutif d’Ubusoiff
– Nous sommes les messagers perdus du temps perdu d’avance.
Iris
– Un peu pompeux tout de même !
Saint inventaire
– 1 brin de jugeote, 1 bouquet de précision, 1 dissolution, 1 tord travers, 1 pincée de justesse…
Cidulée
– C’est quoi son problème ?
Père Ubu
– Pardonnez-lui, il a le goût du nom.
Cidulée
– ça manque de bi-doyenneté tout de même, je ne veux pas dire…
Citrus et Naveline en chœur
– Au secours, ils veulent nous marier !
Cidulée, lemon, Hermès, Iris
– Elle a un pépin !
Les saints, attendris
– oh ! Et vous allez l’appeler comment ?
La minute d’inattention
– Tiens, personne n’a pensé à ça !

Pierre Pivot, une fois de retour à l’âge de bronze
– En fait, c’est à ce moment précis que Naveline a suffoqué d’inspiration et qu’elle a accouché de sa petite clémentine.
La voyant si mignonne, ils ont fondu de joie.
Chexpire s’en inspira pour écrire cette pièce.
Les saints
– Nous, on a connu une famille de trois qui voulait adopter un as…
Le journaliste
– Envoyez-moi ça sous presse immédiatement !

Fin

* Messagerie orange
* Les états d’âme de cellulite : Album de Claire Bretécher sorti en 1972

La suite ici : https://jobougon.wordpress.com/2015/07/14/les-aventuriers-du-temps-perdu-davance-3/

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Episode précédent : https://jobougon.wordpress.com/2015/06/21/rebondissement-dans-laffaire-du-banquet-2/

*Ou plus précisément les aventuriers du temps perdu qui a un temps d’avance.
Episode de l’idée

Pour resituer l’histoire, suite à la création du calendrier, une rumeur circulait bon train comme quoi un appareil à sonner les heures d’un nombre de coucous correspondant était en fabrication. Deux saints envoyés spéciaux furent mis sur le coup : père Ubusoiff et saint inventaire hygiéniste.
Entre temps, le découpeur de temps faisait son ravage. Les deux saints furent portés disparus, puis retrouvés dans un copeau de temps perdu dans l’engrenage de l’horloge solaire.
En reporters, dignes, ils prirent nombre de notes au cours de cette aventure. Voici leur témoignage.

– Pour commencer, on a trébuché sur une seconde d’inattention. Après avoir fait une chute de plus d’une hauteur d’homme, nous étions sur une première marche. Pour commencer la deuxième, il a fallu qu’on se relève.
– Ensuite, on s’est rendu compte que la pierre était entièrement recouverte de végétation, alors que juste avant de tomber, elle était comme neuve.
– On s’est dit qu’il y avait un truc.
– On a cherché. Et puis on s’est trouvé nez à nez avec un animal métallique qui faisait grand bruit.
– On a eu peur, on s’est planqués derrière un buisson.
– Là, on a vu de loin le discernement arriver. Quand il s’est approché assez près pour qu’on le voit bien, le père a eu une idée.
– Et si on n’était plus dans notre temps ?
– Voilà ! C’est exactement l’idée qu’il a eue. C’est qu’on n’avait jamais vu une bestiole pareille !
– ça nous à fichu une de ces frousses d’un coup.
– J’ai vu saint inventaire se gratter le nez, je m’suis dit, on n’est pas frais !
– En général, quand je fais ça, c’est qu’ya un problème, père Ubu* (*diminue tif d’Ubusoiff) me connaît bien.
– On s’est dit que le retour allait être compliqué. C’est qu’on n’avait aucune idée de comment on était arrivés là.
– Bah, le père a dit, on n’a plus qu’à explorer ce monde, je ne vois rien d’autre à faire.
– Et c’est c’qu’on a fait.

L’interwiouveur :
– Vous avez dit à quelqu’un que vous étiez perdus en pleine heure supplémentaire, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
– Oui, on s’est rendu compte de ça quand Madame Irma avec sa boule nous a appris que nous étions en trop dans le temps, que le gouverneur du compteur chrono avait le projet de les supprimer toutes.
– Parce qu’il y en avait beaucoup ?
– En fait, oui. Mais elles faisaient déformation, comme une éruption cutanée sur la surface du temps. Ils ont pensé à inventer les dermatochronologues.
– Mais ça faisait coupe d’éruption, sans empêcher la repousse. Les excroissances se multipliaient les une sur les autres.
– Du coup, les temps équitables ne trouvaient plus d’espace.

– Quand avez-vous pensé au cataplasme du remontoir ?
Père Ubusoiff
– En fait, on s’est dit, si on peut remonter le temps, alors on peut le redescendre.
– Donc, on a fabriqué des heures soustractionnaires.
– En creusant l’histoire, ce qui n’a pas été facile, vu le grand nombre d’approximations qu’on y a découvert.
– Ploum ploum ! Au bout de trois ce sera toi qui y seras. Mais comme la reine et le roi ne le veulent pas, ce sera toi !
– Et qu’est-ce qui s’est passé à ce moment là ?
– Le technicien a débloqué le morceau, on est revenus à l’âge de bronze avec la compagnie du discernement.
– La compagnie qui a mis en scène la fameuse pièce, « jus d’agrumes » de William Chexpire ?
– C’est bien celle-là.

La suite ici : https://jobougon.wordpress.com/2015/06/26/les-aventuriers-du-temps-perdu-davance-2/

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Episode précédent ici : https://jobougon.wordpress.com/2015/06/16/rebondissement-dans-laffaire-du-banquet-1/

Devant cette réaction fulgurante de Platon, les chefs de clan sont total déconcertés.
– Il doit dé-penser, dit un des trois.
– Qu’allons-nous faire maintenant ? Dit un second.
– S’il songe intensément, il est inconvenant de l’interrompre. C’est que la question est trop d’importance majeure, songez que maintenant dans cette nuit douce et tranquille un homme ferme les yeux à jamais dans cette seconde*.

https://www.youtube.com/watch?v=mghgeGRxKVU

(Frédérik Mey – Songez Que Maintenant :
Songez que maintenant la lune pâle est sur la ville
Songez que maintenant dans cette nuit douce et tranquille
Un homme ferme les yeux à jamais dans cette seconde
Et dans un lit miséreux, un rêveur est venu au monde
Songez-y dans cette nuit !

Songez que vous avez du pain et du vin sur vos tables
Songez que vous avez là des richesses incroyables !
Songez à ceux qui la nuit voient la lumière à vos fenêtres
Qui n‘ont ni table ni lit. Songez que la misère est traître
Songez-y dans cette nuit !

Songez à ceux qui rient pour cacher qu’ils n’ont plus de larmes
Songez à ceux qui crient la voix brisée dans la vacarme
Et songez à ceux qui noient leur désespoir et leur faillite
Songez comme parfois un verdict se prononce vite
Songez-y dans cette nuit !

Songez que quelque part dans cette nuit sombre et secrète
Songez que quelque part on va compter les baïonnettes
Songez que s’il n’en manquait rien qu’une seule à cette somme
Cela pourrait épargner peut-être alors la vie d‘un homme
Songez-y dans cette nuit !

Je me demande parfois, s’il faut quand-même aimer ce monde
Il faut l’apprendre, je crois, à chaque instant, chaque seconde !
Songez-y dans cette nuit !)

N’allez pas chercher le fructueux dans la première partie soporifique de la suite N°1 de la fin qui fait suite aux trois premières parties dites dans l’ordre :
1,
2,
3,
4,
vous comprendrez j’en suis certaine très vite pourquoi. Quoique… Finalement, en y réfléchissant bien, la question hypnotique pourrait bien être centrale. Je ne voudrais pas avoir l’air de patauger dans cette histoire mais il me semble quand même m’y être embourbée sans être sûre tout au moins d’en être sortie complètement.
Mais passons. Là n’est pas le sujet. Quoique…
STOOOOP ! Platon se réveille !!!
– Schniarck schniarck.
– Aaaaah Platon ! Tu n’es pas mort !
– Meuhhh non, dites donc ! Quelle drôle d’idée ! Bougre…
– Oui, quelle drôle d’idée ! Répétèrent en chœur nos trois chefs.
– Comme un seul homme, souligna Platon, comme un seul homme !
– Sept penseurs d’un coup ! Tiens donc…
– Tiens oui, ça me fait penser à un conte.
– C’étaient des mouches !
– C’est ça, les mouches, sartriennes ou merdriennes ?
– Ya une différence ?
– Au mois de merdre, les mouches sont à perdre, au mois de Sartre, les mouches sont à battre ! Tout le monde sait ça !
– Taisez-vous avec vos idées noires, bande (essaim) de dépressifs !
Platon fit tourner sept fois ses yeux dans ses orbites et se prononça.
– Je ne vois qu’une solution…
– La guerre !
– Le lâcher-prise !
– Quoi ?
– Le discernement messieurs !
Le choc fut violent. Grand silence.
– Nous l’aurions perdu ?
– Il est peut-être resté dans les copeaux…
– Il faut rassembler le temps perdu messieurs ! Nous n’avons plus une seconde à perdre !
Ventre à terre, les chefs se mirent à courir dans toutes les directions possibles. Hors d’haleine, ils revinrent à l’entrée de la cabane.
– Introuvables, pas un seul morceau.
– On va ratisser plus large, il nous faut des sportifs.
Et ils repartirent de plus belle en courant.
Une fois de plus, Platon produisait son petit effet, tout aussi saugrenu qu’étonnant. Les chefs, en grande agitation zigzaguaient en tout sens pour aller rassembler les coureurs chercheurs de temps perdus en criant à tue-tête qu’on ne les y reprendrait plus.
Pendant ce temps…
Saint Jean Bon de Bohème flânait, il flânait.
Quand soudain…
Arrivé devant l’horloge solaire, la fatigue le saisit. Qui l’obligea à s’asseoir.
– Mais lâchez-moi, lui dit-il !
La fatigue ne voulut rien entendre.
C’est donc les paupières lourdes qu’il laissa son regard flotter.
Un mouvement de l’horloge vint à attirer son attention.
– Tiens ! Se dit-il. On dirait un bout de temps.
Et, les yeux grands étonnés, il découvrit avec stupéfaction un morceau de temps coincé dans deux dents de l’engrenage interne à l’horloge solaire.
En dépliant le morceau, il pu constater combien ce bout était vraiment bien bloqué dans l’engrenage.
Impossible de l’extraire sans risquer de le déchirer.
Il réussit tout de même à déchiffrer quelques mots :

– Dégrippant
– Papier Q
– Sacs poubelle
– Engrais
– Levure chimique
– ça s’appelle le libre-arbitre !
– Quoi ?
– J’avais compris « ça s’appelle le lit Barbie ».
– Beurre

– […]

Une réponse à une situation épineuse demande adaptation et créativité. Sans aller jusqu’à dire que la procédure contraint tout discernement, (sic) ni que la méthode doive s’y enfermer, attention. Pas d’interprétation abusive SVP merci.

En tout cas, les coureurs eux aussi finirent par tomber sur l’horloge. La chute les arrêta dans leurs courses. On pense que l’origine de la liste des courses à faire est directement en relation avec eux.
Des techniciens en bouts de temps coincés furent dépêchés pour débloquer le morceau.
Au bout du compte, il s’avéra que les deux envoyés saints spéciaux étaient restés enfermés dans le temps perdu, avec la compagnie du discernement, ce qui ne les avait pourtant pas aidés à s’en sortir. Où va le monde, je vous le demande. On me prie de préciser que le morceau ne doit pas être amalgamé, en d’autres termes, de faire la part des choses. Je ne comprends pas vraiment cette recommandation mais bon, si quelqu’un peut m’expliquer !

Bref, une fois désincarcéré, le temps se mit à flotter, puis repris sa place initiale, relâchant tout le monde.
Les chefs de clan se discernèrent par leur discernement retrouvé, on leur décerna une palme chacun. Depuis, ils font « coin », le coin-coin étant réservé aux deux palmes.
Les penseurs furent autorisés à penser. Ils le firent très simplement, sans se dé-penser outre mesure. Aucun rapport avec sainte Outre, psychiatre. Enfin, presqu’aucun.

Mais que devint la procédure, personne n’en sut jamais rien. Il est bon parfois d’être ignorant, l’histoire n’en dira pas plus. A moins qu’elle ne fut rangée dans un quelconque placard à balais, ou encore, jetée aux oubliettes, ou offerte aux impenseurs, qui ne sont pas forcément les plus imposteurs. Toute logique preneuse, son utilité n’était plus ni prouvée, ni d’actualité.

Si vous, lecteurs, ne comprenez pas tout. Rassurez-vous, moi non plus, ni les héros non plus.
Est-ce bien nécessaire au final ?

L’expérience parfois s’avère parfois si herménéthique parfois.

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Le banquet qu’il a du bon et qu’il est bon (Suite de la fin N°1)

On m’informe à l’instant que nos deux envoyés saints spéciaux, père Ubusoiff et saint inventaire hygiéniste sont portés disparus depuis la fin du premier épisode. Le suspect retenu serait un certain appareil servant à découper le temps et fonctionnant sur batterie de cuisine. Nous avons tout lieu de croire que c’est un kidnapping, un billet échappé d’une poche a été retrouvé sous la table du banquet, à quelques centimètres du coupable.
Quelques mots griffonnés à la hâte nous ont permis d’orienter l’enquête.
–  «  Nous avons été disparus par kidnappage » Signé « Les saints pas non spéciaux ».
Sur le coup, quand un cuisinier a retrouvé le billet, on a eu du mal à y croire. Mais depuis que les recherches ont eu lieu et qu’aucun des deux saints spéciaux envoyés de nous n’ont été retrouvés, il a bien fallut se rendre à l’évidence. Ils avaient bel et bien disparus. Le seul indice était ce bout de papier griffonné.
Notre piste de départ, pourtant fort mince, n’allait pas tarder à s’avérer fructueuse.
On a commencé par rassembler un comité de recherche. Les têtes les plus penseuses des territoires furent réunies comme un seul homme, et on les mis en charge de réfléchir.
Ils étaient au nombre de sept.
Saint intérimaire du neurone fut chargé d’animer les séances de travail.
La séance s’ouvrit ainsi.
– Bon, qui commence à penser le premier ?
– Moi !
– Moi !

– Moi !
– Moi !

– Moi !
– Moi !
– Moi !
– Si tout le monde s’y met en même temps, on va pas s’en sortir ! Aller, qui commence ?

– Moi !
– Moi !

– Moi !
– Moi !

– Moi !
– Moi !
– Moi !
– Bon, ok, on va utiliser la procédure pour savoir qui commence à penser en premier.
Il sortit son code des procédures mis à jour le 28 Gidouille et lu :
Le plus penseur de tous démarre, le moins penseur prend la parole en dernier.
Pour les autres, mesurez-vous et prenez votre tour en ordre décroissant.
– Allons pour le premier, qui démarre.
– Moi !
– Moi !

– Moi !
– Moi !

– Moi !
– Moi !
– Moi !
– Je vois, se dit saint intérimaire du neurone en son fort intérieur.
Il se tourna vers les trois chefs de clan qui assistaient à l’enquête et d’un ton catastrophé s’exclama :
– Messieurs, je ne vais pas m’en sortir. Si en plus les procédures ne sont pas conformes, je ne vois pas de solution. Qui m’a pondu ce torchon ?
Les trois chefs se penchèrent vers le code des procédures et vérifièrent la bonne application de celle-ci.
– Oui, c’est pourtant bien comme ça qu’il doit faire, se chuchotèrent-ils en aparté. Etonnant, très étonnant. Se pourrait-il que nous fussions dans un cas d’exception ?
– Ce qui viendrait fissurer toutes nos convictions, en conséquence de quoi il nous faudrait tout reprendre à zéro.
L’enquête piétinait, l’inquiétude montait dans la population. Si les deux saints n’étaient pas retrouvés très vite, la panique risquait de gagner rapidement. Il fallait agir.
– Allons revoir Platon.
Et une délégation, deux conseils, sitôt dit, sitôt en route. Les voici repartis en expédition du côté de la cabane à sagesse.
Pendant ce temps, l’un des penseurs pris la parole.
– Mais où sont-ils donc partis nos trois chefs, chef ?
– Pas de pensée incongrue, numéro quatre ! L’arrêta immédiatement saint intérimaire du neurone. Garde ton potentiel pour penser quand on te le demandera !
Là dessus, tout le monde attendit dans un silence de plomb.
Les chefs arrivaient devant chez Platon que le soleil annonçait son crépuscule doré.
– Grand sage, c’est encore nous. Il nous faut ton conseil.
– Revenez demain matin, mes bons, je me repose.
– Mais c’est urgent…
– Urgent en quoi, il y a risque de mort d’homme ?
– Pas vraiment d’homme, mais de procédure !
– J’arrive !
Cette fois, barbe taillée, le vieil homme leur parut plus leste, plus jeune. Il avait un je ne sais quoi de plus pétillant dans l’œil.

– Alors, c’est quoi le problème, les gars ?
Les chefs, surpris du ton inhabituel, échangèrent un coup d’œil mais ne dirent mot à ce sujet.
– On est sur une enquête, les penseurs pensent comme un seul homme, la procédure en dégradé ne fonctionne pas. L’enquête est gelée, la population s’agite, comment faire ?
Platon se caressa le bouc, entra dans une profonde réflexion, et s’endormit.
Je suis d’accord avec vous, c’est une histoire à dormir debout. C’est pourquoi je me demandais si je n’allais pas demander son AMM sur la liste des médicaments hypnotiques.
Quoiqu’il en soit, je me l’accorde, une pause s’avère nécessaire.
Tous ces penseurs m’ont également épuisée.
A demain matin.
Pour une suite moins soporifique. Enfin, p’têtre, fô voir… ZZZZZZZ RRRRRRR ZZZZZZZ RRRRRRR PSHIIII

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Carnet m’a dit, c’est peut-être le début d’une carrière. J’sais pas trop une carrière de quoi mais comme il est dans les cailloux, j’me suis dit, p’têtre de marbre ou de granit.
Je vais donc pousser du ciseau à pierre et y going to. Tailler du roc, attaquer la falaise, quoi !
J’ergote un peu, m’épouille une plume, gargarise mon gosier…
Non, j’suis pas prête à m’jeter à l’eau, hein ?
Je recommence.
Carnet m’a dit…
Le disque est rayé. Je pousse un peu le diamant.
…Un coup de sillon
… Gargarise mon gosier
Hum Hum. Au fait
Les cailloux, c’est son truc
Mon truc à moi c’est quoi ?
En plume ? En temps et heure !
En pierre folisophale, anthroposophale, chronosophale, Gidouillophale ?
Tous ces phales me font tourner l’encéphale !
Caillousophale, Frigorophale, Dauphinophale, Historophale, Eternisophale…
Ah, ces heures graves où il est des choix cornéliens aggravés d’une pierre blanche.
A ne plus savoir à quel saint ce galet.
C’est ça la gagnaison, c’est quand ça gagne, ça prend du terrain, ça lézarde, ça fissure, et puis pof, voilà l’œuf !
Je reprends
Caillou paresseux, plus connu sous le nom de saint paresseux du carnet vint à proposer un jour de récupérer le découpeur de temps pour ne pas perdre sa capacité d’entropie positive. Genre, en faire un éplucheur à légumes, ou encore une tondeuse à gazon en quatre, débroussailleuse, nettoyeuse, arracheuse de dents. Toute suggestion étant étudiée, scrupuleusement, on fit un grand conseil pour en débattre. A cette occasion, on fit un nouveau…

Rebondissement dans l’affaire du banquet (1)

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Première partie : https://jobougon.wordpress.com/2015/05/29/sainte-deconfiture-se-vote-avec-sainte-quiche-dominatrice/
Deuxième partie : https://jobougon.wordpress.com/2015/06/10/le-banquet-quil-a-du-bon-et-quil-est-bon-1/

Le grand sage avait la réputation d’être un peu étrange, avec parfois des réactions surprenantes et imprévisibles. Il fallait s’attendre à tout, ou à rien, sait-on jamais…
Arrivés devant la grille du jardin, le plus courageux des trois chefs s’écria :
– Platon, sort de cet antre, nous avons besoin de ton conseil.
La porte s’ouvrit en grinçant lugubrement, laissant apparaître tout d’abord une longue barbe, puis ensuite le vieil homme. Il sortit péniblement, prenant appui sur une canne, s’avança, s’empiergea* (en gros, s’emmêla les pieds) dans sa barbe qui était si longue qu’elle touchait le sol, et s’étala de tout son long, dans un plat rampant*, le nez dans une motte de pantoiserie rabelaisienne.
Les chefs de clan applaudirent comme un seul homme.
– Quelle fantaisie ! s’écria l’un d’entre eux.
– Mais on dirait Diogène ! s’exclama un autre.
– Meuh non, y vit pas en tonneau ! Rétorqua le troisième en hurlant de rire.
Et tous les trois suffoquaient, larmes aux yeux, ne pouvant lutter contre l’hilarité irrépressible qui les saisissait soudain.
Voilà encore le genre d’effet absolument imprévisible que ce vieux sage pouvait produire.
Une fois relevé, le vieil homme épousseta sa longue barbe et prit la parole.
– Et bien, que vous arrive-t-il mes bons, que vous ayez besoin de mon aide ?
Alors les chefs de clan lui expliquèrent toute l’ampleur de la situation, le temps, le découpeur de temps, le coucou, le grand déréglage qu’ils n’arrivaient plus à enrayer, les rendez-vous devenus impossible à honorer, et qu’on était loin d’avoir encore tout vu, tout ça tout ça… Bref, tout le monde parlait en même temps tant ils étaient excités.
Platon compris très vite les enjeux en jeu. Tout en s’arrachant un poil du nez, qui le chatouillait et le faisait éternuer, et où était resté collé un brin de motte, il réfléchissait et, après avoir longuement tourné et retourné, renversé et analysé le problème, il se prononça.
– Faites un banquet. Puis revenez me voir. D’ici là, les tonneaux auront coulé sous les tables.
Et il rentra chez lui.
Les chefs, troublés par cette sibylline réponse, s’en trouvaient fort déconcertés.
Mais ils avaient confiance en lui. Alors ils repartirent en direction de leurs territoires afin d’aller rassembler les meilleurs cuisiniers pour préparer ce banquet.
Personne ne pu jamais mesurer le temps qu’il fallut pour y arriver. Régulièrement, les télescopages temporels venaient mélanger les époques. Pour peu que l’un d’entre eux se fasse happer, il disparaissait, puis réapparaissait, ramenant d’autres plats inconnus ou recettes diverses par la même occasion. Le menu prenait une allure de jamais vu vu qu’on n’avait jamais vu ça.
Le jour « J » flottant arriva enfin.
La table de fête était dressée au centre de l’espace commun aux trois peuples.
Voici ce que les cuisiniers proposèrent au menu de ce banquet.
– Ouvre-gueules et pétillant de mammouth
– Friands à la brandade d’oiseau rare
– Râbles de lumière et sa compotée de reflets pochés
– Surnageant d’île de Pâques et ses crevettes minérales accompagnées de totems flottants
– Fricassée de fils d’Ariane au jus de toile d’Enéïde
– Plateau d’incrustes à l’aïe et ses piques au vinaigre
– Carpaccio de sèche aux taches d’encre
– Croustade de rhinocéros à la graine de lampion arrosé de son coulis de renard bleu du désert
– Chapon rouge déconfit farci à la pierre de taille et sa sauce sept cailloux d’un coup*
– Salade de nœuds papillon et sa sauce de semis tendres
– Coucou de la Castafiore servi serti dans un grand coffre de déraison
– Aileron de serpent grillé au roux de plancton
– Salade d’éthique et sa garniture de fautes de frappe
– Hure de triton à la mode retard (ou libération prolongée, c’est comme on veut)
– Braises des bois en mayonnaise salmonellée* flambées au cognac geai
– Et enfin, flancs de poux au caramel Marie-Rose en dessert.
– Le tout arrosé d’un vin cru du pouilleux Saint Georges
– Sans oublier le café au grain et son pousse-breuvage
La table pouvait recevoir jusqu’à à peu près deux mille convives, soit la totalité des habitants des trois territoires. Les trois chefs, qui, on s’en souvient, ne pouvaient se séparer faute de ne pouvoir se fixer une date de rassemblement étaient présents, ainsi que les dix sept cuisiniers, ce qui faisait donc vingt à table.
Ils attendirent.
– Bon, si personne n’arrive, on pourrait peut-être commencer l’apéritif sans eux.
– Est-ce que quelqu’un a pensé aux invitations ?
– Peuchère, non !
– Mouais, c’est pas faux. Platon a parlé de banquet, pas d’invitations.
– Bah, on n’aura p’tête pas tout perdu d’essayer son idée en tout cas.

– Aller, tchin les gars ! On va pas s’arrêter à ça !
Et ils trinquèrent en chœur.
Pendant ce temps, la brise dispersait les effluves de fumets alentour.
L’odeur commençait à en intriguer plus d’un.
Pas ceux qui étaient à table. Oh non, ceux là avaient les narines saturées et ne sentaient plus rien. Non. Les autres, ceux qui n’avaient pas été invités, et qui reniflaient, subodoraient qu’il se passait quelque chose d’extraordinaire.
Ils se placèrent dans le sens du vent et progressèrent vers le lieu de toutes les émanations.
C’est comme ça que, les uns après les autres, les membres des clans se retrouvèrent tous attablés, à déguster les divins plats, discuter, qui d’une chute de jour, d’un néandertal croisé au supermarché, d’un train de retard, comprenant enfin ce qui les avait jetés dans cette folie de dérèglements en tout genre.
Comme quoi, les sens sont une ressource non négligeable qu’il convient d’utiliser à bon escient.
De la surprise, le sablier en fut tout retourné. Il en reprit, sous le choc émotionnel, son réglage initial, rectifiant son décalage.
Le découpeur de temps, la bouche pleine de suaves saveurs, cessa toute activité illicite illico. On lui ôta sa batterie, le mettant définitivement hors d’état de nuire.
Et la vie reprit son cours, en toute quiétude, voire même encore plus belle qu’avant.
Car il fut décidé de refaire un banquet au moins une fois par mois.
Platon fut remercié. On lui offrit une coupe de barbe pour lui éviter à nouveau de tomber et une autre de champagne pour arroser tout ça.
Et on se fichait bien dorénavant de savoir comment on allait sonner les heures. Après tout, il suffisait d’aller la lire à la source, c’est-à-dire au cadran soli-lunaire, directement. Et puis cette nouvelle aventure leur avait mis la puce à l’oreille. On ne joue pas avec le feu impunément sans s’y brûler un peu.

Fin

Finalement la fin a entraîné une suite. Pour la lire c’est ici :
https://jobougon.wordpress.com/2015/06/16/rebondissement-dans-laffaire-du-banquet-1/

* Expression issue du patois ardennais
* Référence à un commentaire pantois (lire Hervé « manh14 »en deuxième partie)
https://jobougon.wordpress.com/2015/06/10/le-banquet-quil-a-du-bon-et-quil-est-bon-1/

* Tout le monde a compris que Frigor est dans le coup, et là, je redirige vers le feuilleton brûlant de Valentyne
https://lajumentverte.wordpress.com/2015/06/10/daujourdhui-joublierais-certainement-demain-que-10-juin/

* Sept cailloux, sept nains, un môme perdu, une poule et un huitième caillou chez carnetsparesseux
https://carnetsparesseux.wordpress.com/2015/06/11/loup-poule-ou-pomme-les-sept-cailloux-7/

* Sans oublier le caillou six dont le rôle très prisé a été joué par Brad Pitt chez 1pattedanslencrier
https://1pattedanslencrier.wordpress.com/2015/05/25/inside-the-story-of-the-7-petits-cailloux-blockbuster-hollywoodien/

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L’épisode précédent est ici : https://jobougon.wordpress.com/2015/05/29/sainte-deconfiture-se-vote-avec-sainte-quiche-dominatrice/

Le coucou est un animal indressable. Nous avons mis un temps infini à le comprendre puis tout autant à l’accepter. A la place de « cou », il ne cessait de répéter « bon ». Et puis il fuguait pour aller couver les nids de poule, rêvant d’y voir éclore des dragons rouges. C’est comme ça qu’un beau jour, on a vu s’élever des grandes flammes. Alors, on a envoyé sainte ignifuge de la pompe calmer ses ardeurs de couvaison. Mais sans succès. Les flammes étaient tellement hautes que même en temps de nouvelle lune, l’œil pâle de la nuit reflétait son regard éclairant sur l’horloge, qui de solaire le jour devint lunaire la nuit. La question de la lecture des heures nocturnes s’était résolue par hasard.
Pendant ce temps, l’insurrection battait son plein. Le sablier décréta qu’il se limiterait à deux minutes et trente trois secondes au lieu des trois minutes de l’origine. Ce qui dérégla tous les calculs. Les choses devinrent tellement compliquées que même les chercheurs ne réussissaient plus à appliquer leurs théorèmes. Le découpeur de temps se fit moins précis. Des copeaux de secondes dispersées par les vents, désagrégées par les intempéries se perdirent définitivement. On ne s’y retrouvait plus. Les tranches découpées puis déplacées s’ajustaient mal, si bien que parfois et de plus en plus souvent, on ne fixait plus leurs déplacements. C’est comme ça qu’un jour on retrouva une minute de préhistoire entre deux jours de présent. La situation devenait grave, mardi double décalait mercredi et on craignit de ne plus pouvoir faire tenir dimanche dans la semaine.
Mais le pire, c’était qu’il devenait de plus en plus compliqué d’être à l’heure aux réunions de clan. Plus personne ne réussissait à se trouver en même temps aux rendez-vous, quels qu’ils soient, il devenait impossible de se rencontrer.
Bref. C’était l’anarchie, le délitement de leur société, il fallait agir.
Saint Jean Bon de bohème était le seul à ne pas s’affoler. Il continuait à flâner tranquillement au gré de l’aventure et du hasard et ne comprenait pas vraiment l’angoisse et les incertitudes de ses congénères. Lui, les rendez-vous, il n’en prévoyait jamais. Les rencontres en chemin suffisaient à le combler, il ne programmait rien, se contentait d’accueillir chaque situation comme elle venait. Saint Jean Bon de bohème était un homme libre qui vivait hors du temps.
Mais tout le monde n’avait pas les moyens de faire comme lui.
Alors on alla consulter un vieux sage qui vivait dans une cabane au milieu des bois.
La délégation était composée des chefs de clan, qui, soit dit en passant, ne se quittaient plus, de peur de ne pouvoir se retrouver. Leur vie était devenue un véritable sacerdoce.

La suite est là : https://jobougon.wordpress.com/2015/06/11/le-banquet-quil-a-du-bon-et-quil-est-bon-2-suite-et-fin/

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