.
Ce mois-ci, Alphonsine et Marianne nous demandent d’écrire en musique, sur la musique, avec la musique, de la musique et en avant la musique… avec un impératif, « se laisser inspirer par Quelqu’un m’a dit de Carla Bruni ». Et puis, c’est peut-être un détail pour vous, cinq titres d’autres chansons.
.
.
Quelqu’un nous a dit que consonnes et voyelles s’accouplaient la nuit pour créer les syllabes, et puis, que les syllabes entre elles s’associaient, en nuées cristallisées, de différentes tailles et différentes formes.
Il paraît que les nuées s’ajustent en longues guirlandes ponctuées d’ailes d’oiseaux (1), de clochers (2), de lunes (2) ou encore d’hameçons (3).
Il se dit aussi que des ampoules s’allument au passage du fil de la guirlande pour peu qu’il soit ajusté à la pensée qui le reçoit, ou qu’un hameçon d’interrogation (3) s’accroche à un poisson éclair ou une baleine en chocolat du premier avril.
Il se dit pour finir que les mots volent au vent en pâtés croustillants, en drapeaux ondoyants, en éclats de soleil ou reflets irisés, et que de ces lumières naissent parfois les concerts.
Nous, peuple des étoiles, avons vu naître un chœur de ces notes discrètes, de ces pointes de si, de ces rondeurs de la, du sol penché vers l’eau d’où émergea une île.
Divers sons fulguraient, attachant au passage par des liens invisibles une guirlande d’idées à un temple lumière, un chapelet chantant à un roseau penseur, ou encore un feston de culture à une inspiration, ainsi l’orgue de vie enflait sa vague lente en Alpha Lyrae, et Sirius s’éveillait.
Sous cette étoile rouge, Madame Cyclopédie entendit la musique. Prise de frénésie elle voulut en rendre compte et dressa « le tableau » de la liste des titres du PACV (4) de l’instant T, ce fut Laurent Voulzy, pour en brosser une synthèse rapide.
Puis, dans une tentative illusoire de ranger l’espace, le temps, le monde, elle en fit une lettre succincte et sans fioritures qu’elle lui adressa, soigneusement cachetée à l’estampille d’ « Amélie Colvert ».
.
En voici le duplicata.
.
Très cher Laurent,
.
Après avoir eu longtemps le cœur couleur menthe à l’eau (5), j’avoue que la découverte de la grenadine a radicalement transformé mon approche du solfège.
« C’était déjà toi » qui m’avais appris que « le pouvoir des fleurs » dépasse celui, plus discret, « caché derrière » les « quatre nuages » disposés « sous la lune ».
« Il nous reste » l’ « idéal simplifié » tu sais ! Celui où le « soleil donne » « le rêve du pécheur », tu te souviens ? « Belle île en mer, Marie Galante », « le piano de la plage », tu m’appelais l’Océane.
Quelqu’un m’a dit que « là où je vais », « du temps qui passe » le plus « clair » de « la nuit » à me faire rêver, je deviens chaque jour plus « folle de toi ».
Alors, si tu veux bien, j’insisterai pour que tu viennes boire un « cocktail chez mademoiselle », là où « le ciel et la terre » se rejoignent, et apprennent par cœur et en chœur « le cantique mécanique » « dans le vent qui va » en direction de ta voix si douce.
Je te salue comme il se doit, dans ce courant de « flirt » à la « Madrague» qui couvre l’époque « d’une héroîne » « rockollection », où « les interrogations d’Elisabeth » sur « la neuvième croisade » ne se répondent pas dans les salons de « Karine Redinger » mais « à bicyclette » comme avec Paulette.
Avoir un ré accroché à l’alizé, il me semble que ça pourrait faire un sacré concerto !
A si bientôt, très cher ami, de la fa son. Pardon, je résume, à très bientôt de façon musicale.
.
Ton attachée de presse, fan jusqu’au boutisthme.
.
Marie-Magdeleine Cyclopédie
.
(1) Apostrophes et virgules.
(2) De clochers, de lunes, faisant référence à la première strophe du poème d’Alfred de Musset, ballade à la lune.
« C’était, dans la nuit brune, Sur le clocher jauni, La lune, Comme un point sur un i. »
(3) Hameçons : S’inspirer n’est pas copier, mais clairement je n’aurais pas eu l’idée de l’hameçon pour qualifier le point d’interrogation si carnetsparesseux ne l’avait utilisé pour la cédille.
(4) PACV : Premier artiste chanteur venu.
(5) Cherchez l’intrus. 😀
(6) Tous les titres des chansons de Laurent Voulzy utilisés sont entre guillemets et en rouge.
.
.
ah oui quand même ! je reviendrais relire, parce qu’il y a de la lecture pour plusieurs yeux, sans cédillemet… euh, sans guilleçon… heu, bon, je reviendrais !
Minimum deux yeux à la fois, quoiqu’un seul… Serait relatif à la suite de Musset, 😉
« Lune, quel esprit sombre
Promène au bout d’un fil,
Dans l’ombre,
Ta face et ton profil ?
Es-tu l’œil du ciel borgne ?
Quel chérubin cafard
Nous lorgne
Sous ton masque blafard ? »
Jamais à court d’humour, toujours un temps d’avance : Le Dodo !
Merci Carnet
Il y a là deux textes et qui peuvent se lire indépendamment l’un de l’autre car ils constituent une réelle identité propre et même distincte. Sans jouer les analystes, ce que je fais pourtant totalement ici, le premier est vraiment incroyablement dansant, rythmé et aurait pu à lui seul répondre aux contraintes du mois de l’agenda. Elle me plait cette île et les sons qu’elle évoque. La lettre enguirlandée, seconde partie, double celle que Carla nous adresse et pourrait à l’infini nous emmener dans les titres d’autres chansons. Deux univers reliés par le brio de Jo qui nous emmène chanter de nouveaux tubes « en ré, accrochés aux alizés ». Deux morceaux de choix pour le prix d’un, what else ?
Madame Cyclopédie a hésité avant d’écrire à Laurent, elle avait aussi pensé à Georges pour la couleur café, à Serge pour son aquabonnisme, à Léo pour avoir chanté Verlaine, à Jacques pour la valse qu’a mille temps, re-à Georges mais de sète çuissi pour ses trompettes et sa renommée, à Charles pour avoir traîné à regarder danser la mer, à Julien pour sa préférence à lui, c’est la grenadine qui a eu sa préférence à elle.
Qu’en dit la psychanalyse ?
Ce n’est pas un peu dispersé tout ça ?
Je lui enjoins de rassembler les troupes ?
Merci Anne de ce petit côté appréciateur éclairé qui fait toujours du bien à lire. Avec toujours autant de distinction. 🙂
Nous avons les mêmes références car nous sommes des fans de goût !
Je déguste ce commentaire avec délectation.
La grenade est d’un goût divin, est riche de nombreuses vertus, et sa couleur est celle de la vie.
Merci Anne !
C’est dense… Je crois avoir saisi que tu nous donne la genèse des mots et de la musique, sans oublier les titres de chansons. Si je n’ai pas saisi, c’est que j’en ai été empêchée par un éblouissement momentané!
Bises
Mo
Tu as pris le jus ? Encore un coup du Georges, il fait du bon jus.
What else ? Comme le dit si bien notre psychanalyste favorite, Anne de Louvain la Neuve.
Bises Mo
Wouah ! je fais le tour des blogs participant a cet exercice et je vais de surprise en surprise en lisant toutes ces propositions ! je dois dire que la tienne est surprenante et riche de sens ! Je vais prendre le temps de relire et relire et relire tout ca pour m’en impregner mais j’aime deja l’histoire qui nous transporte et ces mots qui dansent tout simplement divin ! Au plaisir de revenir tout vite ici
Prends le temps, puisqu’il s’offre généreusement au fil des pérégrinations agendaires, et merci pour ce bel enthousiasme sensible qui me touche beaucoup.
Je me permets de t’offrir cet hameçon question : « Quand c’est qu’on y va ? »
😉
Ah ben tiens Carnet m’enlève les mots de la bouche. J’ai pensé la même chose à la fin de ma lecture !
Un grand travail d’orfèvre, une vrai fan de Voulzy aussi 🙂 Bravo Jo !
Ah zut, j’ai été trop vite… je voulais ajouter : c’est aussi un bel hommage. 🙂
C’est que l’île est telle une émeraude taillée par un orfèvre talentueux, un oasis de verdure au milieu d’un océan turquoise.
Merci Laurence. Bisesss
Je lis en souriant et en sirotant ma grenadine du matin
Et je vois dans les commentaires que tu as d’autres idée de lettres pour Mme Cyclopedie 🙂
Muhaha le boutisthme:-)
Rien ne t’échappe, la jument verte dada !
Madame Cyclopédie ira jusqu’au boutisthme pour boire la tasse de grenadine.
Elle adore écrire des lettres quand elles se font enguirlander ensuite par un enguirlandeur d’enluminures illuminées.
Mais attention, l’inspiration vient en expirant, et pour l’instant, madame Cyclopédie fait une longue pose respiratoire. 😉
En fredonnant « il faut que tu respires » de Mickey 3D ? 💨
Et en dépausant, pour éviter de suffoquer… 😉
woo ça vole très haut ici !
Presqu’aussi haut que les baleines en chocolat.
Merci roigaicommeunpinson