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La ménagère

Nom d’un primitif hérétique !

Voici à mots couverts une petite cuillère en proie à la terrible envie de plonger sans délicatesse son creux dans le « Yaourt de l’Echappée Culinaire ».
Mais à la cour du « Bon Roi Liberté », peu de Nobles Courageux réussissaient ce pari.
Dame PC, autrement lue Dame Petite Cuillère, ou si vous préférez, pour simplifier, DPC, sentait bien que le démon de la gourmandise la démangeait, aussi eut-elle l’impulsion d’aller voir « Grand Ecumoir » afin de dédramatiser son addiction pour la réduire en Miettes de Chaînes.
L’action se situe dans la « Cuisine à Purée de Nouzaôtre », à la cour du « Bon Roi Liberté ».
Le Grand Apôtre Toqué œuvre aux fourneaux lorsque DPC frappe à sa porte.
– Maître Nouzaôtre, j’aimerais apprendre à vaincre « Education Stricte », auriez-vous, mon bon Maître, une recette panifiée de Bons Sentiments dans vos archives ?
Maître Nouzaôtre leva un nez de son chaudron, nez largement réputé pour être affûté comme une fleur de Perspicacité, et observa DPC de haut en bas, puis de bas en haut.
– DPC, pourquoi venir me voir, moi, et pas un autre ?
– Parce-que vous êtes le « Grand Ecumoir », Maître Nouzaôtre.
Evidemment, dans le « Domaine de Gastropodamus », la hiérarchie était développée, et chaque acteur ou ustensile avait sa compétence particulière.

D’où la chanson d’Indochine créée sur une confusion du mot.

Aussi, le « Grand Ecumoir », arrivé au sommet du « Domaine de Gastropodamus », avait un statut de grande compétence et savait inventer des solutions pour toutes sortes d’apprentis désireux de concocter un plat répondant aux besoins de la communauté.
– Parlez-moi de vos parents, DPC ?

– Euh ! Ma mère est la « Grande Cuillère à Soupe de la Création ».
– Tu peux m’en dire un peu plus, DPC ?
– Ma mère a largement contribué à la « Soupe de Grande Opposition », l’immense mouvement libérateur de 2001, qui sera transformé plus tard en « Etendard Génétique qui court de branches en branches dans l’Arbre de l’Emancipation Collective ». L’EGCBBAEC : Prononcer « Lègue Bec ».
Dont Michel Houellebecq est le premier converti.
– Très bien, DPC, et votre père ?
– Mon père est un couteau bivalves marin. Il habitait rue de la « Plage de la Grande Critique ». De temps en temps, il nous rendait visite, mais jamais trop longtemps, car sa timidité faisait de lui un père très rare. Quand nous voulions le voir, moi et ma sœur, « Fourchette à Trois Dents », nous mettions un grain de sel sur le « Parvis de la Culture Générale », ça le faisait sortir.
Mais la plupart du temps, nous préférions nous chamailler, ma sœur et moi.
Ce qui prenait un temps et une énergie considérable.
Aussi, avions nous une boîte de réserve d’énergie. La « Cachette Allie Masse ».
– Je vois, je vois. Dit le « Grand Ecumoir », Je vais interroger « Cisaille à Massif d’Obligations » !
– Oh « Bougre de Tartare au bleu » ! Je crains le pire !
– C’est un peu cuisant, j’en conviens. Mais Gastropodamus détient la palme, n’ayez craintes.

Deux jours après, DPC reçut un « Guide de Puissance Souveraine ». Soit un GPS, de la part de « Maître Nouzaôtre ».
Voici ce qu’elle y lut.
Il est écrit dans les « Marmites de Suprême Autorité » que seul un « Agent de la Cuisine A Brac » sera habilité à manier la « Cisaille à Massif d’Obligations ».
Nous avons un autre moyen à proposer, beaucoup plus doux.
Prenez un bol, emplissez le de « Nourritures de Juste Civilité », soyez prodigue de « Forte Douceur Clémente », puis revenez me voir.

A la suite de quoi DPC prit chaque jour une cuillère de GPS.
Sa croissance ne se fit pas attendre.
Cette histoire n’est en rien louche, puisqu’elle ne servit qu’au petit déjeuner dont le bol joyeux se remplit d’heureux accords.

Nom d’une Garriguette au Bec de Lièvre !
C’est tissé de bonne garrigue, ce truc là !
La fraise de mon dentiste se jette dans l’appareil culinaire.
Mais attention ! Le Bon Roi Liberté aime les bons plats.
Allonzyvoir.

« Le chaudron a une anse jaune, des anneaux d’or ».

– La Vallée des Lois te demande, DPC !
– C’est postillonné de « Pluie d’Apaisement », chuchota la flamme de l’âtre en léchant l’arrondi des flancs du chaudron suspendu à la crémaillère.
Le Grand Ecumoir venait d’entrer dans le tiroir du buffet central, invitant Dame Petite Cuillère à répondre à l’ordre.
– Un passage à la passoire des règles ! Elle ne voudra jamais quitter sa tribu. Glissa prudemment une broche du four à sa voisine de compartiment.
– Une fine lame aiguisée peut raser de si près qu’aucune calvitie ne résiste à sa minceur.
– En supposant que la passoire soit très très chauve…
– Souris ! Ça fait frémir le coulis des exigences.

– Chut ! Vous allez vous taire, bande de Graines de Saperlipopette !
– Elle se prend pour qui l’allumée du bulbe des glaïeuls du droit ?

Le Grand écumoir se retourne, s’adresse aux voix murmurées, avec un sourire entendu.
– Mais écoutez-les, ces jacasses baguenaudières, quelles jacquetances curieuses ! Quand ce sera votre tour, n’oubliez pas d’en faire une soupière de révision, le schmilblick est un neuf.
Dame Petite Cuillère écoutait le « Grand Bazar Culino-Ecumé », toutes oreilles grandes exorbitées.
– Wouarf ! Pour un fameux désordre, c’est un vrai poudingue ! Je n’aurais jamais imaginé que l’obtention d’un affranchissement inaltérable passerait par le « Brouhaha tohu-Bohuesque » d’un tel art culinaire.
– Soit, allons rejoindre la Vallée des Lois !
Et, clopin-clopant, « Unijambiste au Manche Zébulonné », (nom donné à Dame Petite Cuillère dans cette épopée) prit la direction de la Vallée des Lois.

Glissant sur le versant aléatoire du temps, une première Loi surgit devant le ressort dépité de DPC, empêchée d’avancer.
– Stop ! Votre trotteuse n’est pas réglée sur la bonne seconde.
– C’est bien normal, je suis la première.
– Papiers d’origine s’il vous plaît. La pente n’a de prises que pour les allumés.
– Ma suspension est branchée !
– Alors vous pouvez passer. Allez donc vieillir dans La Vallée.
Une branche de l’arbre généalogique était en travers du chemin.
– Jusqu’où croyez-vous que vous allez descendre, Mââme PC ?
– Pour l’origine, contrôlez, ma bonne branche !
– Ah ah ! Très drôle ! Mais nettement suffisante ! La bonne blague.
– Vous êtes plutôt du père, ou plutôt de la mère ?
– Circulez ! Quelle question partiale !
– Le parti pris des choses coule de sève, l’ignorez-vous encore ?
Dame Petite Cuillère reprit sa progression jusqu’à ce qu’elle arrive à l’entrée de « La Forêt de Tendre Déperdition ».
– Zut ! Le premier arbre cachait la forêt ! Quels monstres se cachent dans cette densité opaque ?
– Bonjour, je suis le devoir de politesse. Veuillez retirer ces monstres de votre vocabulaire.
– Bonjour, je suis l’huile des rouages. La burette est offerte.
– Bonjour, je suis votre guide de traversée. Veuillez ne pas déranger les habitants d’autochtonie. Ils détestent les nuisances sonores.
La Petite Cuillère, époustouflée, s’épousseta le ressort d’un arrondi brillant.
– La Vallée des Lois présente de bien agréables surprises. Quelle belle organisation !
– Du moment que vous ne lâchez pas des yeux votre guide, tout ira bien !
– Le « Perroquet Perché » a parlé, suivez-moi DPC.
Le guide, taillé d’un bloc, portait des souliers à crampons.
Aussi, PC aborda-t-elle avec lui la question de l’équipement.

– Une fois arrivés à la clairière de l’autonomie, nous reverrons cette question. Pour l’instant, avançons !
– qu’y-a-t-il au-delà ?
– La Falaise de l’Obstination, puis la Mer d’Eminente Circonspection. Je n’irai pas plus loin. Si vous savez faire la planche, vous rejoindrez l’Île de la Métamorphose en passant par Profonde Observation pour acquérir le Marteau de Fin’Aloi. N’en soyez pas esclave. Voici les recommandations du Poste Central Réglementaire. La Divine Liberté est à ce prix.
– Et si je ne sais pas faire la planche ?
Le guide esquissa un sourire.
– Vous devrez faire votre devoir de petite cuillère.
– C’est-à-dire ?
– Vous plongerez dans le « Yaourt de l’Echappée Culinaire », mais cette fois, en ayant acquis la délicatesse.
Voilà, l’épopée de Dame pièce ménagère à dessert terminée, Dame PC, équipée du Marteau De Fin’Aloi put rejoindre son PC d’origine, la ménagère à mots couverts de la Cour du Bon Roi Liberté. Ils furent heureux et eurent beaucoup de brico-dégustations à écrire.


Nom d’un Placard à Ballet de Pointe !


Ecrit pour l’Agenda Ironique de Mai tenu ce mois-ci par Dame Bougon, que j’auto-remercie vivement pour avoir, sans alexandrins, merluchonné la proposition d’écriture du mois.
Ainsi que mes remerciements pour les carnets de la paresse qui ont trouvé le résultat du sondage avant l’arrivée de la lumière et éclairci la futaie de juin en taillant une broussaille du côté de Sabri Na (Voir les commentaires SVP, merci) qui détiendra si vous êtes d’accord la branche de la suite. A nous tous de décider en fonction des négociations futures et variées…
Non ce n’est pas une farce du Grand Ecumoir du Domaine de Gastropodamus, mais une vision auto-prédite par la pré-méditation du Grand Bouddha de l’Agenda.
Avis aux visionnaires de toutes les suggestions imaginables et programmables.
Le cartable de l’ironie n’a pas fini de faire parler de lui.

Après les p’tits poissons à l’encre frétillée de l’agenda ironique d’avril…

Mai
houx haie donc hors nie quart
de tour
D’Agenda ?
Chez Dame Bougon de la Bougonnière, éprise de bons mots,
Et prise d’une idée inspirée d’un auteur peu connu en tant qu’écrivain, mais très célèbre et très aimé.
René d’Anjou, le bon roi René ! Né le 16 janvier 1409 à Angers et mort le 10 juillet 1480 à Aix-en-Provence, le roi René a écrit « le livre du Cœur d’amour épris », personnifiant Cœur, le cœur amoureux, qui va être amené à traverser bien des épreuves pour aller délivrer Dame Merci prise en otage par Rude Danger et Malebouche au Manoir de Rébellion.
Cœur, armé par Désir, ayant pour destrier Franc Vouloir, suivant le style de la quête du Saint Graal, sera amené à rencontrer Dame Espérance, puis la Naine Jalousie, il boira l’eau de la Fontaine de Fortune, traversera le Val de Profond Penser, le Fleuve de Larmes, le Pré de Dure Réponse, le Passage Périlleux, le Tertre Dénué-de-Liesse, sera aidé par Honneur, Bon Renom, passera par le Cimetière d’Amour rencontrera « Courtoisie », etc, etc, etc.

Sur ce modèle, je vous propose de personnifier « Liberté » et de lui faire traverser moult tribulaventures en inventant des noms de lieux et personnages dans le style poétique de cette époque et de ce livre, en incluant dans le texte au moins deux jurons bien tournés dans un langage tout aussi poétique que fleuri.

Aller, je vous souhaite bien de la joie et de l’amusement.
En tartines d’ironie, bien épaisses, bien garnies.
A croquer avec délice pour les amateurs amoureux de joyeuses tribulations, qu’elles soient affligeantes ou pas, que nous sommes.
Et surtout, en compagnie de « Liberté » et de ses amis, ennemis, et traversant toutes les aventures que vous voudrez lui faire vivre.

Nom d’une « andouillette ostrogothique » !
« Ça sent l’chameau ! ».

La clôture des participations est prévue le dimanche 26 mai. Nous voterons entre le 27 et le 30 mai.
Puis le relais sera transmis le 31 au fabuleux agendiste qui le recevra.

Lettre à Marie

Eglefinaud, roi en son monde et doté d’un sang-froid hors du commun des mortels, vivait en paix en tournant dans son bocal jusqu’au jour où, Dieu témoin du fait qu’il commençait à devenir un peu gros pour son récipient, décida de lui offrir plus grand.
Dans son univers, Eglefinaud, que nous appellerons Nono plus simplement, tournait et retournait inlassablement, témoin ravi d’un monde au-delà du sien, sans jamais se sentir à l’étroit dans le sien.
Parfois, une sorte de paresse le prenait aux heures de digestion, il trouvait cela inadéquat.
Alors, dans sa conscience aiguë d’être un poisson heureux, il prit cette décision :
– Je vais me lancer dans la recherche et trouver la résolution de ces défis que me proposent la vie.
Ainsi, équipé de ses bonnes résolutions, il nagea jusqu’au taxiphone le plus proche d’une nageoire résolument tournée vers leur mise en pratique.
– Allo, professeur Espadon ?
– Allo, Nono, tu es au taxiphone ?
– Oui, Pompon !
– Oh, arrête, petit être, avec ce sobriquet ridicule !
– M’enfin !
– Nono, tu pousses…
– Oui, je sais…
– Vas-y, accouche !
– Pfffff… Pas mieux !
Soupir d’Espadon, sourire d’Eglefinaud.
– Pompon, je voudrais résoudre ma paresse post-digestion.
– Ok Nono. Primo, viens me rejoindre à Vierzon.
– Secundo ?
– Il n’y en a pas.
C’est là que Dieu trouva opportun d’intervenir.
Se saisissant de la plus grosse feuille de rhubarbe du jardin de l’Eden, il la remplit d’eau à ras bord et tira sur la bordure du bocal pour le renverser.
Nono aquarit gracieusement de toutes ses écailles aux éclats en plein centre de la feuille.
Dieu s’envola avec Nono et feuille pour rejoindre Vierzon et son canal du Berry.
Afin d’aller retrouver le professeur Pompon.
Vous l’aurez bien compris, lecteurs, tout ceci n’est que la traduction d’une toute autre réalité. Toute évidence se couvre toujours du voile du langage.
Mais d’ici à là, y a Attila, qui ne versa pas une seule larme.
C’est Dodo qui nous en informe par le truchement de l’agenda d’avril.
Attila avait juste assez de tout ce qu’il est nécessaire d’avoir pour entreprendre la conquête de son monde intérieur.
Et résoudre ainsi l’équation du langage.
Porteurs de l’écriture, anoblis du verbe écrire, soyez soyeux, jouez joyeux, vous êtes les éclaireurs du tombeau vide.


MERCI


Initialement imprimée sur les presses de Vesoul-en-Vélin par FRANÇOIS PIERRE DE LA VARENNE, souvent confondue avec le velouté Colombine du même nom, voici la fameuse et originale recette du bouillon de rhubarbe.

Cueillir un gros bouquet de paresse, le plonger cinq minutes dans un sommeil d’Alexandre le bienheureux, de préférence à température de larme de Xénophon.
Puis, réduire en purée d’ici, à là, pour rapporter que la conquête du bouillon n’est pas juste assez épaisse, ou presque achevée, non !
La recette vient juste de commencer.
Vierzon, ville reine et créatrice, conseille de ne pas se précipiter sur l’idée que tout cela ne prendra que quelques minutes.
Le grand Tamerlan, auteur de la fameuse recette, au taxiphone un jour parait-il déclara à Attila en personne qu’il ne suffit pas d’avoir la vie devant soi pour la réussir.
Car, une fois réduite en purée, la paresse s’additionne d’une compotée généreuse à la rhubarbe dont voici le secret.
Nous aurons réservé une belle feuille avec tige qui sera passée sous l’eau du rêve de la fontaine.
Ensuite, découpée en petits cubes de songeries diverses, feuille et tige iront rejoindre la purée afin de composer la mosaïque du consommé réduit non pas le temps de le dire, mais bien le temps de le faire.
Vous suivez jusqu’ici ?
Bein, pas moi.
Des fois, je dois remonter les bretelles du textes pour m’y retrouver.
Bon, je continue quand même.
La curiosité pourra éventuellement venir pimenter l’ensemble avec un « y a quoi » ponctué d’une interrogation digne du monde.
Les théologiens y entendront « tu crois ? » et pourront, s’ils ont l’inspiration, développer cette particule en phénomène onirique épicé, la rhubarbe s’en aromatisera avec délice.
Rapporter une recette de telle envergure est, vous l’aurez compris, une mission trois fois plus complexe que son homologue bulleur de surface.
Prétendre l’achever n’a rien d’une science culinaire dans une soupière de lenteur.

Attendez, la suite arrive…
C’est pas fini.
Rien à voir avec la recette sinon les consignes de départ.


En avril ne te découvre pas d’un fil !
– Moi j’m’en fous, je suis un tout petit poisson, si petit, si petit, que je me demande même si le microscope de Madame Des Curies saurait voir la moindre de mes petites, si petites écailles de mon dos si minuscule.
Alors des fils, à part ceux du laboureur de l’histoire que maman me racontait lorsque je n’arrivais pas à traverser la barrière de corail du sommeil, je n’en connais pas d’autres.
Ah, je parle de deux fils différents, c’est ça, hein ?
En nattendant, ma maman, elle dit que c’est couru d’avance, cette histoire d’expression de fil d’Avril… Alors tu penses bien que pour les jeux des z’eaux lympides, c’est du tout pas cuit, pas cuit, pas cuit-cuit qu’elle me dit comme ça quand je lui demande si les ziboulées de mars sont finies, dérivées de fine et de nie.
La vigne tropicale n’a pas le même problème d’élocution que moi, c’est mon papa qui le dit. Entre la rhubarbe du Népal et l’oignon rocambole, elle a plutôt des facilités.
Cé kil a voyagé, mon papa.
En cachette, je l’appelle mon papounet, il n’en sait rien, hi hi, il déteste les diminutifs.
Le plus rigolo, c’est que son diminutif qui ne diminue rien est plus long que son vrai nom, il s’appelle Pané.
Papa Pané c’est tout d’même moins joli que papounet, hein ?
Ma maman, elle, c’est Rime Pochée. Mais je l’appelle ma frite, elle adore ça. Elle se réinvente, ma maman. Elle me dit que ça lui rappelle le bassin Bonaparte à Anvers, par où qu’elle est passée un jour, et d’où qu’elle a connu papou, né Belge d’origine échappé du bocal.
C’est la mère Curie qui l’avait adopté. Elle se baladait partout avec lui dans son joli récipient en vers de bohémiens. Elle en connaissait un rayon, qu’elle lui racontait au coin du Red star Line Museum, comme ça, en passant.
Elle a eu un passage un jour, un drôle d’instant, où elle a culbuté sur le quai du Cher, à Vierzon.
Faut dire qu’à cette époque là, il était tellement en travaux que pour traverser ce passage, elle ne pouvait guère que faire une culbute.
Je vous passe la suite. Le bocal dont elle ne se séparait jamais versa dans le bassin et mon père tomba tout droit sur ma mère qui faisait visiter les lieux à un banc de turbots. Ça n’a pas fait une plie. Ni un merlan. Ni un loup.
Ça m’a fait, tout court, tout petit, et avec une toute petite cervelle de moineau, qu’ils ont dit quand ils m’ont vu, les homards.
On jouait à cache-cache tous ensemble. Un jour, une coquille Saint Jacques m’a fermé le clapet en me disant qu’elle pourrait bien faire de moi son déjeuner de onzeure.
Elle avait parié que si d’ici à là, y a quoi, tu crois ?
Moi, j’osais pas lui dire que j’comprenais rien à ce qu’elle pariait.
Alors pour pas paraître encore plus moinillon que le couillon de cervelle de moineau qu’on m’avait dit que j’étais, je lui ai répondu que, juste assez, ou presque… c’était un miracle ou un mystère, ou un taxiphone, peut-être ; ou trois porcelaines de Vierzon, que sais-je encore. Quand je suis débordé par la perle culturelle de la coquille, ou de n’importe quelle autre intelligence supérieure, je répond ce qui vient, et voilà.
Du coup, de la surprise, elle a joué la carte de la paresse. Elle m’a pas bouffé.
Remarque, elle aurait pas eu grand-chose dans le bide.
Les anges disent que je suis nain.
Pas le nain de Stanislas, oh non !
Les anges, ce sont eux qui m’ont repêché, après bien des tribulations.
Attends cinq minutes, j’appelle Cyclopédie, elle va vous raconter tout ça mieux que moi.
Cyclo, ohé, Cyclo, ben t’es où ?
Ah, je la vois. Elle arrive.

Pour la beauté du logo. ^^😀😀😀

L’agenda ironique d’avril, c’est chez les carnetsparesseux que le poisson songe à écrire, alors le premier épisode de ma participation ne fait pas de friture sur la ligne que voici.
Vous trouverez l’inaltérable formulation de départ à l’écriture en suivant ce lien :
https://carnetsparesseux.wordpress.com/2024/04/03/un-poisson-pas-que-poisson-agenda-ironique-davril/



Pas de friture sur la ligne

La scène

Dans un salon, un mur entier est constitué d’un aquarium à l’intérieur duquel trois petits poissons évoluent avec grâce.
Un quatrième, minuscule et difficile à repérer tant il se fond dans le paysage, se tient devant une sorte d’autel en pierre.
Peut-être dort-il ?
Aucun mouvement ne semble l’animer.
Il est comme suspendu.
En attente, qui sait ?
Oui, mais en attente de quoi ?
Sur l’autel, un livre.
Un livre qui tourne mécaniquement une page en cadence mesurée.
Tiens ! On dirait que le poisson N°4 ouvre un œil.
Ou peut-être les deux ?
Là où se tiendrait l’observateur le plus attentionné, ne lui serait donnée aucune certitude. N°4 se tient parallèle à la vitre.
Pourtant, une intuition viendrait lui indiquer si le poisson cligne ou pas des yeux.
Un pli sous l’arcade sourcilière de l’animal ?
Une légère dysharmonie de l’ouïe ?
Un mince froncement de la bouche ?
C’est à ce moment là qu’une autre réalité se dessine.
Les lèvres de N°4 commencent à bouger.
– C’est toi ? chuchote le nageur N°4 qui fait du surplace, immobile.
– Blblblblblbl… (Bruit de la pompe à eau)
– Dis, carnet…
– Ffffrouttt… (Bruit de la page qui tourne)
– C’est quoi la paresse ?
– Bling bling bling bling bling… (Bruit de l’écran qui pixelise, les petites briques de l’image dégringolent du mur pour aller reformer une nouvelle image).

Une nouvelle image se reforme

Dans un jardin, un banc avec un chapeau de paille posé sur le banc.
Un peu plus loin, une silhouette penchée sur un sillon.
Il tient une binette dans la main droite.
La rhubarbe, s’adressant à sa voisine, la marguerite.
– Dis-moi, Marg…
– Moi, Rhub !
Rires idiots.
– Elle est usée.
– Oui, mais moi, j’l’aime bien !
– Bon, ok, c’est quoi ta question ?
– Tu crois qu’il va réussir à nous éviter, cette fois ?
– Je ne sais pas, Rhub ! Tiens toi prête à agir !
Le jardinier s’approche.
– Vas-y, Rhub !
La rhubarbe se gonfle des feuilles, puis souffle, puis recommence.
L’air remue, flue, reflue, la marguerite est décoiffée.
Le jardinier se penche, observe le jeu du vent.
Il se redresse, se gratte l’oreille gauche.
– Tiens ? Qu’ont-ils à me dire, ces deux là ?
Marg, tout sourire, s’adressant à Rhub :
– On dirait bien qu’il a compris. Il s’est arrêté.
Le jardinier essuie son front du revers de la main.
Reprend sa binette et continue à désherber son sillon avec un régularité presque métronomique.
Rhub s’adressant à un public hypothétique :
– Mais quand vont-ils donc comprendre qu’il n’est nul besoin de déraciner qui que ce soit pour que la terre reste saine, belle, et surtout habitée du vivant ?
– Ffffffeeeeeh… (Bruit du vent)
L’image semble se décomposer, comme des feuillets minuscules qui s’envoleraient sous le souffle doux d’un rêveur endormi.




L’écran
d’une nuit blanche s’éclaire


Une
ville se dessine. Reconnaissable à son mémorial de
paix.
Vierzon !
Haut-lieu
de vigilance, d’espérance, haut-lieu de vie.
Ville d’eau à
la croisée des cinq rivières que sont l’Yèvre, le Cher, le
Barangeon, l’Arnon, le Verdin.
Et puis le canal de Berry qui
vient les souligner.
– Bing !
Le trait du canal vient
d’atteindre le bouton off.
L’écran s’éteint.

Dring, dring… (un téléphone sonne quelque part)




L’écran se rallume.

Un taxiphone, fixé à l’intérieur d’une cabine rouge, dont le bandeau affichant « téléphone » ne laisse aucun doute sur son utilisation.
Un homme arrive, il est en pyjama, sort de la chambre, entre dans le salon, puis dans la cabine. Il décroche le combiné.
– Allo ?
Une voix chantante au bout de la ligne.
– Bonjour, je suis le poisson d’Avril automatique, il est l’heure, l’heure de se lever, Biiiiip, Biiiip, Biiiip…
L’homme raccroche le combiné sur le socle.
Il sort de la cabine téléphonique, referme la porte, se tourne vers l’aquarium, sourit.
– Tu vois, N°4, dit-il en s’adressant au tout petit poisson qui se tient toujours devant l’autel de pierre.
– La paresse, c’est ça !
Et il retourne dans la chambre, se rallonge, s’étire un peu, puis se rendort.
Au fond de l’aquarium, une nouvelle page se tourne.
Poisson N°4 entrouvre l’œil côté salon.
Une bulle sort de sa cavité buccale.
Puis un son.
– Tu vois, carnet, Xénophon rapporte qu’Alexandre pleura quand il eut achevé la conquête du monde. Tamerlan et Attila, eux, pas une larme.
– Mais toi, carnet, versera-tu une larmes ?

Avez-vous déjà vu…

Un ours en chocolat qui court derrière un œuf ?

Une girafe porteuse d’une minerve ?

Un délicieux rocher Suchard qui ne fait aucune publicité ?

Un clin d’œil du soleil ?

Un sourire d’avril ?

Cui-cui.

Aller, c’est le 1er avril, « on » se fait plaisir !!!

Cyclopédie en écriture timbre une note roucoulante, elle avait promis d’envisager la question du tarin, elle évoque celle de la musique.

de 20 à 100 g

Depuis presque dix ans, penchée sur le solfège, elle trace la partition d’un concert rédigé sur des portées où les blanches soupirent, où les croches ont des pattes, où les dièses ont des clefs.

Parfois elle étale au sol le rouleau décompressé, mesure le silence puis range le parchemin avec délicatesse.

Parfois, l’intensité d’une note réveille une musicalité nouvelle, une hauteur de vue ininscriptible, un point d’orgue typographique sur le vélin joyeux.

Cyclopédie remonte ainsi l’horloge des chants grégoriens dont la modulation et la sensibilité dépassent toute convenance de l’échelle byzantine.

Sur sa Keaton Music Typewriter elle articule l’expression libre d’un mouvement atypique.
La création musicale figure l’ange au sourire de la cathédrale de Reims.
Avec son air taquin, celui-là…

Elle sort du cadre défini par les codes classiques pour aller dépoussiérer les archives du Vatican.

Entendez-le comme bon chacun s’illusionne, entendez-le comme le vent dans les voiles du pavillon.
.

.
La persistance rétinienne d’une fantasmagorie est comparable au panneau indicateur du point de jonction entre l’organe et le récepteur.
L’information est traitée par le filtre pour que le café infuse.
Est-ce ainsi que l’être précurseur capte les lueurs phénakistiscopées par le seuil des deux sens ?
Sensiblement, les molécules parcourent tout le réseau à la recherche du neurone récepteur en adéquation. Là, il se connecte.
La partie branchée éclaire le tronc.
L’expérience est tentée par le cercle des poètes disparus.
Ils se sont rassemblés dans la caverne des anciens où trône un guéridon porteur de la boule de cristal.
Le plus jeune préside l’assemblée, il laisse circuler un premier vers.

« Ah ! Que n’ai-je encore vue »

Qui vient se poser au centre de la boule.
Une fois déroulé, ses mouvements à travers le cristal sont comme potentialisés, ce qui induit dans un premier temps comme une sorte de calenture qui paralyse les poètes au point de galvaniser leur réceptivité aux différents messages qui ne tardent pas à être émis par chacun d’entre eux.
Ainsi, ils ajustent un à un les vers du poème, constituant de la sorte le dictame de la création.

« Sur l’âme du monde, quelle bévue ! »

Ce qui émane maintenant de la sphère est comparable à une flamme.
Les poètes en transe la regardent danser.
Chaque vers suivant les deux premiers devra prendre le risque d’être brûlé pour atteindre le centre, soit qu’il prenne l’élan nécessaire pour détenir la rapidité nécessaire à l’action, (ce qui fait trois répétitions du mot nécessaire*) soit qu’il s’assure d’un procédé ignifuge, soit que le vers accepte de n’être plus que cendre à l’arrivée.
Ainsi

« Je suis le vers ignifugé,
Quelle est donc l’âme à traverser ? »
« Je suis la flamme, je suis l’aurore,
Pourquoi donc je reste dehors ? »
« Je suis le mage, le très grand sage,
Le gardien de ce preux passage. »

A cette étape de l’expérience la boule est en fusion, elle rougeoie.
Le silence alors s’établit et recouvre les radiations du voile de départ où souffle le vent doux du zéphyr qui entretiendra la flamme du cercle des poètes sacrés.

Dans l’ordre d’arrivée des créatures fantastiques
– Le vent
– La rétine
– Le cercle
– Le silence

Sans le désordre d’arrivée de ce qui n’est pas dit
– La connaissance
– La reconnaissance
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Pour ma participation à l’agenda ironique de mars qui transite par presque tout l’opéra de Jean-Louis.
Avec toute ma gratitude pour le mouvement fantascopique qui opéra.

Dans le droit fil d’une logique pompeuse, les Shadoks et les Gibis ressurgirent d’on ne sait quelle histoire au détour d’un dessin que je vous communique ici-dessous.

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Les premiers arrivés sur la terre plate, je vous le donne en mille, furent les Shadoks.
Les seconds suivirent, soit : Les Gibis.
Les troisièmes faillirent trépasser.
Les Shadoks détestaient les Gibis, qu’ils considéraient comme des êtres inférieurs et usurpateurs de leur suprématie.
Ils prenaient de grands seaux d’eau et arrosaient les Gibis qui tentaient de les approcher, car ils croyaient que ces derniers étaient porteurs d’une affection très particulière qui se transmettait à leur insu et risquait de les tuer.
Shadoks et Gibis s’organisèrent de façon à n’être plus en contact. Ils érigèrent un mur, séparèrent la terre plate, de façon à ce qu’aucune communication ne s’établisse à jamais entre eux.
C’était sans compter sur la troisième catégorie que nous appellerons les zambitêtes. N’ayant ni parti pris, ni territoire dédié, ils se débrouillèrent pour se rendre invisibles et se disperser des deux côtés du mur. Leur plus grande détresse étant de ne pouvoir être en relation, le mur les séparant n’ayant ni porte ni fenêtre, ils durent inventer la transmission de pensée. Ce qui leur permis de se tenir informés de l’évolution de chacun des deux espaces, soit, d’un côté, les Shadoks et eux, et de l’autre côté, les Gibis et eux.
Les zambitêtes retraçaient l’évolution d’une espèce pendant que les zambitêtes retraçaient l’évolution de l’autre espèce.
C’est lors d’une réunion au sommet du mur qu’ils découvrirent un phénomène tout à fait intriguant : Leurs observations étaient comme alternatives.
En d’autres termes, ce qu’ils observaient ressemblait par intermittence à ce qui était observé par les congénères symétriques et inversement.
La découverte, foudroyante, mis en lumière…
LE COURANT ALTERNATIF !!!
De là est né tout un réseau.
EDF-GDF vous remercie de votre attention.

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Écrit pour l’agenda ironique de février 2024 hébergé cette fois chez Photonanie qui se presse, tel Beaumarchais, de rire de tout de peur d’être obligée d’en pleurer.

Il ne faut pas tuer la peau de l’ours avant de l’avoir vendue

Premier acte :
Dialogue entre deux chercheurs de l’institut du raisonnement mesuré de Palo Alto. (MRI)
– Ouh la ! C’est zeugmatique cette affaire là !
– Pas plus zeugmatique que pneumatique !
– Je comprends pas.
– C’est parce que l’on n’énonce clairement que ce que l’on comprend bien.

Deuxième acte :
Les mêmes chercheurs, au même endroit. Un autre arrive.
– Ouh la la ! Mais quelle tête vous faites !
– J’aimerais bien t’y voir, tiens !
– On ne fait plus rien…

Troisième acte :
Les trois mêmes, au même endroit.
Didascalie : Le dernier arrivé.
« Ils n’ont vraiment pas l’air heureux, faisons contre mauvaise fortune bon chœur. »
Puis, tout haut :
– Vous voulez que je vous déclame un poème de Léopoldine Plugo pour vous détendre ?
Les deux autres en chœur.
– Aller, vas-y, on t’écoute.


Poème

Sous un ponceau de mots la poésie frissonne,
La Boétie revêt l’épée du sardonique.
Fichtre ! Quel zeugme, nous avons du travail.
Après tout, quel esclave se moquerait de son drame !
Kathiso aux ciseaux découpe la phobie,
Remonte à la surface le plancton de folie.
Ah, quelle douce maldonne !
Quelle madone éplorée
Relève son regard d’une aube pathétique !
Ah l’ouvrage des ripailles,
La constance du brame !
La biche était salée
Comme un hareng poêlé
Où le faon s’affranchit
D’un lucide débris.
Bras ouverts flore et faune
Plongent au fond des poubelles.
Tiens ! Une boite de Saupiquet !
Mais quelle est sa querelle ?

Applaudissement du public. Les acteurs saluent.
L’auteur s’assoit juste à côté de la porte à la sortie pour qu’on le voit bien.
Un spectateur s’arrête.
– Monsieur, quel brio ! Mais quel rapport avec le titre ?
– Aucun, jeune homme. A moins que vous n’en trouviez un ?


fin