Texte écrit pour l’agenda ironique de mars 2019, c’est chez Max-Louis, ledessousdesmots, couplé au passage par hasard avec Y a comme un grain…
Bin oui, ça allait bien…
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N’avez-vous jamais entendu parler de Chesterfield, cette ville mythique qui a réussi le pari de faire nager ses habitants dans les mots ?
La ville détenait à cette époque encore l’immense bibliothèque qui faisait sa renommée, et le maire, bien décidé à construire une fabrique de réinvention, envisageait d’implanter un puits au centre du patio.
Le cloître n’avait plus reçu de visiteurs depuis l’époque Gallopécienne, plus connue sous la dénomination évocatrice de « Field en ta chambre ».
Bref, à cette époque là, donc, les mots, qui racontaient un peu ce qui leur passait par le texte, faisaient un bruit de grand n’importe quoi et se refusaient à tout rompre sous le fallacieux prétexte qu’ils étaient libres d’écrire ce qu’ils voulaient.
Lorsque les habitants de Chesterfield empruntaient un ouvrage, ils devaient se placer en mode sub-Atlantique, celui que les Atlantes pratiquaient dans la plus grande clarté de la nuit des temps, afin d’accéder aux données.
On imagine une abbaye, un cloître, un puits, un bac à fleurs, une cathédrale, une immense bibliothèque sacrée, les mots qui jaillissent du puits pour remplir le bac, et les pèlerins qui viennent baigner leurs pieds dans les mots.
Les lampadaires vont être inventés plus tard pour éclairer les baigneurs sur l’essence du message que l’ensemble des écrits cherche à transmettre.
Le surnageant constitue comme une signature dans la particularité de son agencement et va se réajuster dans un nouvel ouvrage qui rejoindra ensuite la grande bibliothèque du cycle des eaux pédestres.
Donc, le décor, c’est ça. Une cacophonie polyglotte manifeste, on voit bien comment depuis le début du texte ils se déroulent sans ordre particulier et sens dessus dessous. On a même vu arriver un jour un pêcheur de mots qui cherchait le mot le plus hameçonné. Manque de bol, il a attrapé un gros mot bien décidé à ne pas le lâcher et en s’emmêlant dans le fil de la canne a disparu au fond du puits. Il est parait-il dans le livre des esprits entre la page 25 et 26, bien encré dans une illustration.
On a eu affaire à une invasion de géants de papier le jour où les mots du conte de Perrault perché sont apparus. Les géants ont cru pouvoir avaler l’ensemble du bac mais lorsqu’ils ont vu arriver un allumeur de réverbère à l’allumette enflammée, ils ont eu peur de finir en incendie pour peu que la flamme les touche de trop près.
Donc pour résumer, il y a des mots, il y a des pèlerins, et il y a la bibliothèque.
Dans le principe d’arrivée les mots crus passent d’abord au four à 180° pendant 30 minutes, les mots d’amour infusent, les participe-passés sont remis au goût du jour, les oubliés se revisitent, les désuets se dépoussièrent, les cartésiens s’émancipent, et les autres, bah, les autres, on en parlera mais pas aujourd’hui car nous avons une expérience de la plus haute échelle graduée qui touche le fond de la piscine à réaliser, alors ma foi, nous avons une priorité adroite :
Nous avons à déterminer quel est le mot qui va éclairer la sédimentation des autres.
A partir de là, nous déclinons toute responsabilité quant à la résultante expérimentale.
Il s’agit d’attendre que la nuit soit pleinement de nouvelle lune, et d’allumer les réverbères d’un coup d’un seul, sachant qu’ils ont été plantés à six pieds de distance chacun, et pas sous terre, soit environ tous les deux mètres, que le bac mesure 25 mètres sur 50, que les pieds de lampadaires ont été plantés à 1 mètre de distance du bord du bac, combien faudra-t-il d’allumeurs de réverbères pour allumer l’ensemble instantanément ?
On imagine alors les mots, surpris, rester si immobiles que la logique de leur ajustement en strates fera comme un dessin d’enfant, une décantation coq-à-l’ânée. J’ai parié que le sac de grains de folie une fois passé au moulin de la beauté irait essuyer le sel sur la peau de la malice dont la chair de poule est hérissée, picots de sable couleur de blé mûr.
Il faudra aussi veiller à parsemer l’idée d’écrire en décousu de petits commentaires et d’évoquer l’idée de réécrire entièrement et plusieurs fois le texte jusqu’à finalisation complète.
Le maire recrute 32 allumeurs de réverbères, en attendant le résultat exact nécessaire. 32, c’est l’âge de la rose des vents du capitaine qui navigue à vue sur le bac à mots du cloître, les mots tus sont priés de ne pas se manifester, les mots tard n’ont qu’à arriver à l’heure, les mots durs à mi-mollet sont à écailler, les mots tout bas grimpent à l’échelle, les mots doux caressent l’idée et l’ensemble vous salue bien éclairé. Si vous en avez d’autres, veuillez les déposer en vrac, ils seront tous bien accueillis.
L’expérience du mot me chuchote que le temps de sédimentation est largement dépassé, et que le ciment n’a plus besoin de tenir l’ensemble tant les différentes strates s’ajustent parfaitement.
Je tiens tout particulièrement à remercier tous les mots qui ont bien voulu coopérer à l’écriture échevelée d’un récit de surface plane, à l’angle de l’échelle des mots mie, bile, lire, laisse, lait, lard, nez, quai, râle, cœur, rose et du mot tif.
Ainsi que l’auteur de la célèbre citation finale, « pour qui sont tous ces mots qui résonnent dans nos têtes ? ».
Je remercie également mes parents pour m’avoir donné la vie, ma famille pour avoir soutenu l’hypothèse de la lumière, mon Maître de Français pour m’avoir initiée à l’usage des mots dans la langue de Molière, mes amis et mes proches qui ont soutenu que l’écriture avait une source, le puits d’être un ami proche de la science, l’hôpital qui se moque de la charité, le geai qui aime, l’épingle de ma nourrice, le casting du réverbère et la bille de mon stylo.
Je remercie aussi Robert qui me souffle le sens, la rousse illustre qui le fait en couleur, l’étoile qui me guide et l’art qui accompagne la joie de jouer avec tout ceux qui ont gardé leur âme d’enfant.
Ainsi que la ville de Chesterfield qui sut m’accueillir comme une reine.
Et puis tiens, je vous offre une petite pointe de lumière pour finir :
En mars, si la lumière éclaire le lampadaire, laisse la faire.
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N.B. Zut de chez zut !
J’ai oublié d’insérer l’évocateur outre-émétique des quatre mots qui penchent la tête pour traverser l’Atlantique à la nage, voilà qui est réparé.
Bonne brasse à tous.
Jo, la Bougon qui bougonne à l’oreille des pèlerins.
traversée réussie Capitaine Jobougon 😀
J’ai connu un allumeur de réverbères très compétent, il aurait pu faire l’affaire… mais on a perdu sa trace quand le Petit Prince est reparti !
Merci Mon Commandant ! J’ai Surcoufé la mer en long en large et en travers sous la lumière du réverbère pour retrouver le petit Prince et il est, aux dires d’une baleine, retourné dans dormir sous les étoiles. Nous avons une chance encore de retrouver l’allumeur de cet éclairage étonnant perdu au milieu de l’océan.
Woow, quel texte original! J’adore!
Merci Mari, les mots sont d’exquis farfelus qui ont le don de surgir au milieu du papier sans que rien ne soit prémédité, bizarres, ils sont bizarres.
Tu as eu le don de les entendre, et ils en sont particulièrement heureux.
🙂 vos mots m’ont profondément touchée. Je reviendrais bientôt pour en rencontrer d’autres…
Bon jour,
Cela foisonne à mots remodelés, fredonnés, pelotonnés, et pelotés (en tout honneur de l’amour des mots, il va sans dire tout en l’écrivant). Bref, toute la verve dans toutes les directions pour une seule lumière : Vous. Car l’autrice (il paraît que cela devient l’usage) a ce pouvoir d’effet sur les lignes que les mots vivants trouvent en Vous, artiste (euh … j’ai pas trouvé le féminin), dont Vous tenez le flambeau … euh, la plume … enfin, ce qui tient l’encre dans un tube et qui s’applique avec Vous en cheffe (deux ff, chef) d’orchestre de la plaine à l’horizon tout en haut de « l’immense bibliothèque » dont je suis humblement « un pêcheur de mots qui cherchait le mot le plus hameçonné » et ce mot : Vous, dans le contexte « de nouvelle lune » qui arpente, son lampadaire sur son dos, l’espace d’une vision sublime, le texte déplié de ses ailes presque fantastiques entre l’imaginaire velouté et redouté du lecteur tout à la fois sublimé et océanographe … je Vous découvre.
Quoi qu’il en soit, je me suis également penché (tout en retenu – e ?) sur le problème, qui n’a pas soulevé, chez le matelot Chesterfield, le moindre sourcille ment de l’œil gauche, celui de la lunette portée à main nue, bras tendu, sur l’Atlantique et l’émétique retenu (2 fois) dans la pharmacie de bord par le préposé surnommé l’Évocateur au regard d’un visage vaguement vomitif et inégal à bien des égards surtout entre deux flambants lampadaires (et non, rêve Herbert).
Donc, dis-je il n’y pas « 32 » manières de résoudre mon penchant sur les mathématiques euclidiennes à double averse à la racine bien ancrée et ni factoriser la chose : le bac, d’une belle envergue s’il s’agit d’un bac à sable. En fait, j’ai calculé que si je prenais pour référence le sac de voyage pour étalon (et pas l’équidé pour l’équation), je tenais une part du problème sans pour autant tourner du moulin neuronal. A brève échéance, j’aurais la beauté de la chose et élucidé avant l’énigme : qui de la poule de l’oeuf, cette folie des humains à comprendre que l’essentiel n’est pas de veiller à dénouer cette devinette car son sens est dans la malice, mais « combien faudra-t-il d’allumeurs de réverbères ». Ce questionnement est, à bien des égards, un labyrinthe pour essuyer des échecs à répétition. En effet, le sel de la chose dont Vous avez déjà résolu, sable le chemin de la curiosité vers le champ de blé nourricier du mystère qui se nourrit des hordes des signes mathématiques qui flottent sur le paysage d’un tableau noir et où le papier est un bateau qui prend l’eau à parsemer ses encres sur la peau d’un océan qui ressemble au principe d’incertitude …
Bref, j’espère qu’il aura un grain, de mon volubile commentaire, de lumière dans vos yeux et qui n’est que le verso de mon admiration sincère et sans égal à l’addition de ma respectueuse allégeance comme soumis par l’effet d’une étoile qui me guide sur les lignes d’un versant fabuleux …
Max-Louis
tout est dit.
🙂
C’est vrai, carnets ! J’aurais presque pu me passer de répondre au fond !
Mais c’est plus que dire que de rajouter encore et encore de la paresse aux feuillets.
Bonjour Max-Louis,
Je dois bien vous avouer que la réponse à votre éloge va me demander d’y réfléchir à la condition que mon neurone de la discrétion veuille bien éméthiquement parlant m’indiquer l’essentiel de la composition de l’œuf absolu, sans que la poule en soit érabyrinthée.
Bien, ceci dit, qui ne veut absolument rien démalicer, je vais répondre très simplement que votre long et fabuleux commentaire a su réjouir mon globe pariétal à ce point qu’il se saisit d’une ligne de flottaison pour surfer sur la vague océanique à la crête du rouleau parcheminé des mots les plus extravagants. Voilà bien de quoi affirmer combien ce qui ressemble à un échec comme deux gouttes d’eaux minérales de source sûre peut annoncer la plus grande des palmes de canne de jeunesse.
Combien faudra-t-il encore d’œil gauche pour adroitement ramener la longue vue à l’hameçon de la mécanique quantique ?
La volhubileté de la femme habilis musarde entre les lignes et s’en amuse volontiers en participant aux équations de genre sans rentrer dans aucune catégorisation, de fait, la danse n’en est que plus légère.
Avec toute ma gratitude, Max-Iotop, car je sens bien que le dit neurone de départ s’en trouve complètement illuminé. Je viens de voir passer une étincelle. Voyons de plus près si elle est de Génie. Je vous en tiens informé dès que c’est au plus vite.
JoBougon de la plus haute branche. 😉 😀
Vous êtes si … séduisante … Jo … 🙂
Des mots qui sont si … élogieux … Max-Iotop !
Si j’osais, je vous poserais la question de savoir en quoi vous me trouvez si séduisante ?
J’ose ? Très bien, vous l’aurez voulu ! 😉
En quoi me trouvez vous si séduisante ? 🙂
Mince, je crois que mon fromage est tombé !!!
Bon jour,
… je viens de le rattraper de justesse (le fromage) entre deux tranches, de pain, beurrées … 🙂 (je pense à lloi de Murphy …)
Séduisante … oui … à vos mots comme une posture (ou des ) … qui habillent ou déshabillent … avec élégance et tout à la fois cette folie douce sans retenue … vos textes et commentaires sont aériens … et de cette personnalité de l’écrit, il y a « l’autre chose » … 🙂
Voilà, voilà … bon, je vais prendre le frais d’un bol d’air en altitude … 🙂
Max-Louis
[…] 1)- Le 3 mars 2019 : Texte de Jobougon : Le dessous des mots. […]
Que peut-on rajouter après Max-Louis ? Je me le demande…
En tout cas, bravo pour cette performance, même si l’on sait que tu te surpasses à chaque fois.
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Se surpasser, se dépasser, se repasser, à l’envers comme à l’endroit, s’est se tenir sur nos propres bords et bondir ou se glisser à chaque fois un peu plus loin, l’idée me plaît.
Merci Madame la Merveilleuse et Gentille fée inspiratrice Célestine.
Excellent!
Pour les mots des Plumes, tu les a presque placés dans l’ordre… Les mots tôt et les mots tards ! 😀 😀 😀
Et puis les mots potron-minet et le moccident, équivalents du jour dans l’ordre d’arrivée du char solaire jusqu’à son envol de l’autre côté. Merci Emilie, ce sont les graines fertiles de ta cueillette qui ont eu envie de pousser la porte chez moi.
proprement excellent ; et puis la question finale, « qui éclaire le réverbère ? », voilà qui éclaire tout le récit (et les alentours itou)
bref, voilà un très beau départ, va falloir ramer (chouette !) pour passer l’Atlantique sans émétique
🙂
Voilà ! C’est qu’au lieu de soulever l’estomac, la rame de papier avance en douceur vers l’autre rive.
C’est absolument relié à cela !
Merci Carnets d’éclairer l’éclairage qui éclaire l’éclaireur.
🙂
Un beau « sac de grains de folie », chapeau!
Un sac à malice pour graines de coquelicot.
Et un chapeau à larges bords pour que le soleil ne flétrisse pas les pétales.
Quel beau galure !
Quelle valse de mots, c’est sûr qu’il faut avoir un grain de folie, ou venir de Chesterfield ou de l’Atlantide, s’en est presque… émétique, oups trop tard! Pardon mais fallait pas le dire 😉
Le grain de la danse n’atteint l’outre de la nausée qu’avec Jean Sol Partres. Mais si tu le dis, c’est de valse lente dont il s’agit peut-être ? Nous pourrions demander une consultation à Johann Strauss Sohn pour avis spécialisé. Tu fais bien d’en parler.
A suivre…
Je suis en retard, je suis en retard !!!

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Je reviens très vite pour vous répondre…
Et bien voilà qui est fait ! Hop hop, à rebientôt.
😀
C’est toujours un plaisir (et une vraie curiosité) de venir te lire. Mention spéciale pour les remerciements qui à eux seuls racontent une nouvelle histoire 🙂
Mesure-t-on jamais assez la chance que nous avons d’être là où nous sommes ? Tu as raison, l’amplitude de la profondeur de champ se mesure à la curiosité de la découverte.
😀
[…] 1) – Le 03 mars 2019 => Texte de Jobougon : Le dessus des mots […]
y a pas les mots, ça compte pour du beurre, y a pas les mots !
ça compte pour du fromage, y’a les mots dans la note d’écrémage de la fin !
yatoulémonanméééééééééééééééhhhhhhhhhooooooohhhhhhhh !!!!!
yenamêmepleinenplusse, pfff !!!
Tout ça paske c’est du beurre breton ! Et l’huile d’olive, et la margarine allégée, c’est de la gnogniotte ?
😉 😉 😉
Quel art du reflet !
La surface, quand ça réfléchit, ça réverbère.
ça peut même éblouir.
😀 😀
[…] rassemblés sur le dessous des mots (comprend qui peut). Il y a donc, par ordre d’arrivée, Le dessus des mots (allez y comprendre !) de Jobougon, Adrienne et son F comme Flaubert, Anne Coquelicot Attendant le […]