« Les lois de la gravité sont bien légères », une aventure épique amstramgrammée par deux équipes d’alpinistes en fait foi.
Voici comment naissent les mythes :
Jünger et Ecartüng, tous deux fils de berger et frères de sang, vivaient dans le petit village de Lingtröm, flanqué au pied de la montagne Suédoise Blömsberg.
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Mont Blömsberg, Suède
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Passionnés d’escalade, ils passèrent leur jeunesse à gravir la montagne et en explorer les moindres recoins.
Hélas, cent fois hélas, la modernité, cueillant toujours les plus beaux fruits, vint à les déloger de leur coin de paradis en les envoyant étudier à la grande ville, l’un choisissant la science, l’autre la philosophie.
Eloignés par la distance, les deux frères se différencièrent tant que bientôt, leurs courtes retrouvailles au domicile familial lors des vacances devint rapidement source de malentendus et de conflits divers les opposant impunément.
Ce qui d’ailleurs, les laissaient insatisfaits et aigres comme deux cornichons baignant dans leur bain d’acide acétique.
Ils échangèrent de longues missives teintées au vitriol durant toute leur scolarité et ne cessèrent de se chamailler, qui d’une molécule distordue, qui d’un savoir considéré comme roide par l’autre frère.
Sortis tous deux diplômes en poches, les deux frères, n’ayant encore pas trouvé d’emploi à leur convenance, revinrent au foyer familial, sur insistance du père qui, étendant son troupeau de nombreuses têtes, avait besoin du soutien actif de ses deux fils.
Il fallut aménager la relation qui, bien qu’elle ne retrouva pas la chaleur d’origine, resta d’intelligence toute sage.
C’est dans ce laps de temps que se produisit la chose.
Apolline Descrières était venue de Paris en vacances en Suède pour parfaire sa pratique d’alpiniste et avait choisi le Mont Blömsberg sur conseils d’un ami Jurassien.
Hélas, re-cent-fois-hélas, lors du gravissement en cordée, ses deux guides et elle-même disparurent lors d’une avalanche.
Les recherches des sauveteurs professionnels restèrent sans résultat durant trois jours, temps nécessaire pour que l’information arrivât à l’endroit de Jünger et Ecartüng, alertés le troisième soir par les villageois.
Ils décidèrent, d’un commun accord, d’aller secourir les trois disparus.
Le lendemain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la montagne, ils partirent.
Ils prirent soin de contourner l’abysse de Jérimabielke avant de gravir la pente aiguë de Leijonhufvud* et d’accéder ainsi aux éboulements neigeux récents.
Dans l’effort associé, aucun d’entre eux ne pensait plus à s’opposer à l’autre, car unissant leurs forces et leurs connaissances, ils réussirent ainsi à déjouer les écueils que la montagne ne manquait pas de leur offrir.
Perchés sur le rocher Uggla, baptisé de la sorte par les montagnards car placé au presque sommet, il y faisait un froid glacial, ce qui, par déformation de « glagla », devint « Uggla », les deux frères contemplaient l’ampleur de la tâche en se frottant les mains pour se les réchauffer.
– Tu n’aurait pas une allumette par hasard ?
Interrogea Ecartüng le philosophe à son frère scientifique.
– La science, mon frère, a tout prévu sauf ça !
Répondit Jünger d’un ton complètement mi-figue, histoire de casser la glace entre eux.
– Bah ! Si la science a entièrement mi-raison, répartit le premier, si tu veux te réchauffer la piquette qui te transit le bout des doigts, j’ai pris sur moi l’allume gaz électronique de la philosophie que voici, comme quoi, penser n’est pas vain.
C’est alors qu’il vint, à la flamme du partage, une petite étincelle qui s’envola vers un point de la pente d’où dépassait un bout de laine de l’écharpe rouge bordée de pompons verts correspondant exactement à la description de ladite Apolline Descrières.
L’on put rapidement dégager les corps de l’épaisseur neigeuse et réanimer les trois vies aussi précautionneusement que nécessaire pour ne pas les abîmer.
Ainsi, mariées science et philosophie, les deux frères en déduisirent que les lois de la gravité sont bien légères lorsqu’elles voyagent aux sommets, embarquées par une poudreuse réfléchissante de scintillements.
Il se dit dans les chaumières que ces deux là avaient été traversés d’un rayon vert, lors de l’embarquement.
Il se dit encore, que c’est Dieu lui-même qui envoya ses émissaires pour que s’accomplisse le miracle du sauvetage d’Apolline Descrières.
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Apolline Descrières, à l’âge de neuf ans
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*Suède en kit : Que signifient les noms de familles Suédois ?
Une fois de plus, la police WordPress est bien fantaisiste…
Pour avoir parcouru les déserts et les regs ,toute ma vie, puis des randonnées en montagnes , la plus dure : le tour du MT Blanc, pour une débutante , j’ai adoré .Cette histoire fort bien racontée de ces deux frères me touche énormément .Merci. Dan
PS: »L ‘aventure » , pour moi, a été ma vie »!
Bienvenue à une première amie en ces hauteurs neigeuses, Dan !
Comme je suis contente de vous revoir.
Mais dites-moi, très chère fleur du désert, seriez-vous prête à repartir pour un petit tour de deudeuche en direction du sud ?
Parce-que je viens de préparer un carnet de voyage au demeurant fort bien documenté, comprenant les sites remarquables les plus insolites qui soient, et incluant toutes sortes de digressions possibles qui vous feraient plaisir et dont chaque touche personnelle vous offrirait un peu plus de sel dans les kilos de riz que nos familles nous fourniraient avant de partir camper sur les sables brûlants de ces steppes rugueuses aux oasis ombragés de palmiers chargés de dates.
Comment vous dire combien je serais ravie de partager une telle aventure avec vous.
Belle invitation! Mais « virtuelle ».La jeune aventurière « des années 1960, dix ans avec une « Deudeuche », et un « coéquipier d’enfer », et une tente d’expédition, est devenue une « mamie » de bientôt 80 ans! « No comment ». Que ce soit au Moyen-Orient (Palmyre), au Maroc. il fut rare de trouver des Oasis de palmiers! A part les plus belles plages des Antilles et en Californie! Ou le soleil de minuit au Cap Nord! Ensuite, avec mon fils de ses 9 mois à ses 17 ans (toute l’Europe).Après il préféra le « Club »! Hélas. C’est moi, qui préparais tous les carnets de voyages, 1000km par jour, et toutes le merveilles qui m’avaient fait rêver, dans mon enfance! La nourriture était celle des pays visités, plus les sérums (scorpions, serpents etc. et dysenterie).Mon rêve fou : »rejoindre Brel » aux Iles Marquises, mais si j’ai rencontré « des montagnards », je n’ai pas eu la chance de rencontrer des navigateurs, dommage pour « un poisson », non?
Merci de cette pensée touchante.
Amitié Dan
Toute virtuelle, soit ! Mais au fond de l’océan de vos rêves, en tant que poisson, il doit bien y avoir quelque part un vaisseau porteur de trésors gardé par des corsaires sirènes qui sauront bien vous entourer de leurs danses féeriques. Je vois d’ici une légère plume de songe relever le trois mât et vous offrir la plus belle croisière que l’onirisme ait jamais offert à personne, celle des Marquises sous les vents de Jacques, lorsqu’il chantait avec élégance « J’arrive », la chanson qui ne lasse pas de nous voir tous arriver un jour.
Avec toute mon amitié la plus chaleureuse, et mes pensées les plus réalistes qui soient cette fois.
Jobougon
Bon jour Jo,
J’ai lu avec cette attention particulière: lunettes de hauts reliefs, bonnet de bouc, pieds de bouquetin pour savourer cette histoire de cordée de frères qui d’une vie à une autre d’un état d’esprit à un autre à la circonstance une passerelle comme un vortex le « rayon vert » de la concorde (Paris-New-York, hélas, ligne super-cordée, rompue) de rallier les sciences si ce n’est les cœurs …
Mais, je le reconnais humblement c’est avant tout : « rayon vert » qui m’a flashé … Jules Verne … toute ma jeunesse … avec Asimov … etc …
Merci pour ce partage montagnard avec ces sympathiques « deux cornichons » 🙂
Max-Louis
Bon joli soir Max-Louis,
Je rêve devant la splendeur du spectacle où, affublé d’une tenue bouquetante et goûtant aux joies du dernier sabre laser star wars au rayon vert chatoyant fusant de nulle part au dessus des têtes littéraires connues dont vous Sithez les noms, vous ralliez les cœurs dans la plus grande paix. Un flash back collection « bouqu(et)in » dont vous avez la plus grande culture, bon sens sachant cultiver, me ravit au plus haut point de ce fameux relief haut en lunettes. Ce qui, invariablement, me fait penser à celle des W-C, c’est d’un mauvais goût pitoyable mais veuillez m’en détenir rigueur sans amertume, les gentils ânes sont tellement têtus parfois qu’ils s’accrochent à leurs âneries comme des lierres à leurs chênes. Mais bon, que la montagne est belle. Comment, ne pas imaginer, en grimpant aux flancs de l’une d’elles, que la jeunesse avait flashé. Quant aux sympathiques cornichons, je les soupçonne de passer bientôt de la conservation dans l’acide ascétique à celui plus doux du miel de montagne, les frissons des glaglas ont du gagner leur immunité respective.
Avec mes remerciements les plus bêlants possible, soyez vortexé en toute sécurité jusqu’à vos pénates sans en être réfrigéré par la rupture de cordée de cette pleine escalade.
JoBougon,