Ce mois-ci, Andrea et DominiqueDominique se sont associés pour nous proposer un double agenda ironique septembrien.
Le temps de briller est en réduction pour le soleil, une vague nostalgie des vacances nous mouille les pieds d’une eau suave, il en résulte que, deux propositions valent autant de cogitations qu’une consigne à rapporter dans son sac de vacances, il s’agit donc de suivre à la lettre les prérogatives de nos deux agendistes du mois.
Je me suis pliée en deux pour ce faire.
Et voici ce que les mots du matricule 85893 associés aux mots souterrains de D.H. m’ont déclinés comme les jours.
Léonie et Madeleine vont-elles me faire la remarque suivante ?
– C’est un peu une baisse de léthargie, cette sauce insensée !
Mais non mais non, elles vont faire un défiasco en bi-ironronnisant que le sens, on ne sait pas où il est, et qu’en gros, les mots y sont, alors la consigne étant respectée jusqu’à la trame, comme l’usure, le tissu du récit disparaît pour laisser place à ce qui ne se peut mettre en mots, c’est-à-dire, l’essence même du noyau de l’être.
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A LA LETTRE
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Mon bien cher Jacques,
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Comme tu sais, cette année, les enfants ont choisi la plage de Deauville pour aller passer leurs vacances avec leur mère. Évidemment, tu dois bien imaginer combien je n’étais pas tellement d’accord avec cette idée, connaissant le trou qu’est cette ville, je me suis dit, ces vacances vont être un fiasco assuré, ils vont lui en faire voir de toutes les couleurs noires possibles, je n’étais pas trop loin du dégradé de nuances, mon grand n’a pas quitté son bonnet damier de la quinzaine, et la pépette, enfin, Lionide, elle, n’a eu de cesse de tanner son frère pour qu’il lui prête. Bref, là n’est pas le plus grave de mon propos, car, comme tu me l’as fait entrevoir dans les séances de psychanalyses, c’est le trou qui l’a emporté.
Je vais essayer de reprendre tout depuis le début.
Les deux premiers jours, nous étions ensemble lorsque le téléphone s’est mis à vibrer. Tu sais comment ça se passe, dans mon travail, une urgence et pof, je fais sortir les pingouins du frigo pour les remettre en service le temps du défilé et ensuite, une fois terminé, ils rentrent dans la chambre froide et se rendorment sans poser de problème. Cette fois, c’est le directeur de la pêche à la ligne qui m’a appelé en me disant :
– Duroc, on a un problème !
– Ah ! Vous voulez m’en dire un peu plus, que je lui réponds, au père Marvil.
– Va falloir que vous remballiez vos berniques et que vous réenfiliez votre costume de pingouin, on a une affaire de salsifis sur le dos, et pas la moindre. Il va falloir sortir des ballasts.
– Ah ! Que je lui réponds.
La dernière fois qu’on avait eu une affaire de salsifis sur le dos, on avait du changer tous les meubles de la cuisine, j’en avais encore un souvenir cuisant.
– Bon, j’ai compris ! Que j’ai rajouté tout d’ensuite après. J’arrive !
Une affaire de salsifis, c’est toujours à prendre au sérieux. Aussi, j’ai balluchonné mes affaires, ai pris une soufflante de la part de ma femme, embrassé mes deux poussins, et suis rentré sur Paris par le premier TGV venu.
Prise de remords, ma femme m’a préparé un sandwich au jambon beurre de brebis, que j’ai dévoré avec voracité durant le voyage, un peu piquant, le beurre de brebis, j’en ai fait une flambée inflammatoire à la digestion, mais il avait eu le don de calmer ma fin.
Le père Marvil m’attendait à la brasserie « La Rotonde », comme convenu. Il avait une grosse mèche blanche qui lui barrait le front.
– Qu’est-ce qui vous est arrivé ? Que je lui demande.
– Vous voulez parler de ma nouvelle coupe, Duroc ?
– C’est cela même !
– Vous ne connaissez donc pas le nouveau courant de pensée ? Qu’il me réponds.
– Non ! Que je lui dit.
– Tout Paris est en effervescence avec l’arrivée de l’Alain Jacquemart, le Dijonnais. Il en met plein la vue aux nouveaux créateurs de mode et tout le monde adopte la mèche rebelle tendance, c’est un signe de reconnaissance. On a baptisé le mouvement « Ici l’Aube » et on se salue comme ça.
Et là, il se plie en deux et se relevant d’un coup d’un seul, il envoie la mèche en l’air le temps d’une infinitésimale seconde.
– Et ne me regardez pas avec ces yeux éberlués, Duroc ! Vous allez voir que vous finirez par faire comme nous autres, les saltos à côté, mon bonhomme, c’est de la piquette, loin du pinot noir, la Tintinette blanche, croyez-moi, pour une affaire de salsifis comme celle-là, va falloir en user, et sans modération, encore !
Bon ! Que j’me suis mis à réfléchir en mon intérieur. Va falloir se lacaniser fortiche en allant se promener sous terre.
Ça tombait plutôt bien, nous étions aux invalides, et l’affaire des salsifis ne faisait que commencer.
– C’est un premier indice, Marvil, ça ne suffira pas et vous le savez. Où allons-nous ?
– Départ en métropolitain à la porte Appert, direction Saint Poissy du Pasteur, ligne 14. On observe le ballet des sardines, et on envoie le maximum de pingouins pour déblayer le terrain. Une fois nettoyées, les rames de salsifis seront mises à jour, d’ici là, trouvez-vous une mèche blanche pour vous barrer le front, on vous repérera moins !
Voilà, cher Jacques où nous en sommes de notre enquête. J’avoue ne plus rien n’y comprendre grand chose, aussi je vous demande de vous arrêter un tout petit peu sur la chose écrite pour réfléchir à l’élaboration d’une théorie qu’elle soit fumeuse ou pas ne me gène en rien mais une théorie. Vous comprendrez que sinon, ça suffit, l’angoisse existentielle sort de la boite métallique en fer blanc, et que la mèche en pâlisse d’asepsie. Le procédé souterrain veut sortir au grand jour.
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Avec ci-joint toute mon amitié
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Et la photo des vacances.
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Croque-mort Duroc
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Réponse de Lacan à Duroc,
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Je vous reçois cinq sur cinq.
Mais ne fais aucune supposition.
Vous n’avez qu’à créer une ONS*.
Mais avant, revenez à la conservation naturelle dans le sel.
Vous éradiquerez ainsi toutes les explosions de salsifis en conserve.
Vous n’aurez donc plus à changer les meubles de la cuisine.
Et vous pourrez enfin me payer les arriérés des sept séances d’un coup.
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Avec toute ma gratuitude
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Jacques Lacan
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* ONS Organisation Nécessaire des Salsifis
C’est un chic souk cette histoire !
Deauville :
Brrrhhhh ! Ils ont du sang de poissons pour faire ça !
Deauville, pas très loin de Trouville-sur-mer, séparés par la Touques, c’est en effet un grand désordre quand on voit la vidéo.
Merci chachashire
A la Baule il y a des canards givrés qui font un peu la mème chose, mais avec moins de combi.
Il y a aussi des personnes qui se baignent en combi mème l’été.
le corps s’adapte, c’est assez bon pour le coeur, à condition de ne pas être trop brutale.
Oui mais vous parlez du corps de qui ?
Parce-que j’ai demandé l’avis au mien et on dirait qu’il ne se sent pas concerné par la question de l’adaptation au froid, comme s’il ne comprenait pas. Dois-je en déduire que le cœur de mon corps n’est pas recouvert de sa combinaison et n’ose pas le faire savoir ?
Car le connaissant, en ce qui concerne la brutalité, il n’est jamais d’accord pour la vivre. Ce dont je ne lui en veut pas, bien au contraire, puisque mon cœur et moi-même sommes complices jusqu’au bout des artères.
Au Touquet, les bains du premier janvier sont proposés aux givrés.
Je vais réfléchir un p’tit peu d’abord si vous le permettez, chachashire, d’avance merci.
😉 😉
Mais-nan-mais-nan !!! AH AH AH !!!
Euh… j’en connais une qui va pas aimer qu’on l’appelle la pépette !
Bravo en tout cas !
😉
Pour peu qu’elle vienne bougonner par ici, je sens qu’on va bien rire.
C’était pas coton tu sais ! Je n’avais pas grand-chose pour tramer à part quelques effilochures de salsifis, mais Duroc, tu sais (ou pas), quand il a une idée dans la boite de conserve, il la tartine au mieux avant qu’elle ne fasse trop monter les mots au carbone HB ou 2B.
Après pour gommer c’est plus difficile.
Merci merci.
🙂
Lacan était vénal tout compte fait ! il calculait ses arriérés 😀
C’est une bonne question !
A laquelle je ne sais pas franchement quoi répondre.
Quoiqu’il en soit, et en contre-pied, le don est quelque chose qui est davantage significatif, dans la mesure où il se décline dans toutes les dimensions possibles.
A réfléchir.
😀
C’était un médecin , non ?
Quelles sont les motivations des médecins ? La vanité de toute puissance ? Faire le bien, avec toutes les ambiguités qu’on trouve ? Avoir un statut social élevé ?
Un mélange de tout ça j’imagine, mais je trouve que la vénalité possède la vertu de la rationalité : « oui je fais du bien aux autres, puisqu’ils me payent pour ça ».
Dans un cas comme celui-ci où le débat est ouvert, il est nécessaire de revenir aux fondamentaux, et pour ce faire, de revoir la définition du mot vénal, qui est : Qualifie celui qui vend sa conscience, qui ne fait rien que par un intérêt illicite, que pour de l’argent.
Ah là, quand du roc sourd, comme d’un pot, le flot irrépressible du verbe, même les plus sales des sifis se prennent les pinceaux dans les trous du roc, sous le regard éberlué de l’Acan Tinière, pour notre plus grand divertissement
Et le pot de s’esgourdir les tympans de rire tellement il s’est pris les pieds dans le tapis et renversé tout son café sans réussir à en placer une ! ça sifi, s’écrie l’abdominal gauche en se contracturant les zygomatiques de plus belle. C’est promis, la prochaine fois, je poivronne le tout sans défaillir.
😀
Bon jour,
Je ne me présenterais pas au nom du « matricule 85893 » pour composer ce commentaire, mais en anonyme patenté voire même à « l’essence même du noyau de l’être » dont je suis le contenant inversement proportionnel à la hauteur de cette affaire de salsifis.
Quoi qu’on en dise cette lettre, elle porte le fruit bien juteux et pressé d’une envergure dont la plage de D’eau Ville ne s’est pas noyée aux premiers mots de la « Lettre » qui à toute les composantes d’un … rapport circonstancier en un seul exemplaire. Mais quel exemplaire complètement éveillé sur des faits réels dont le sel zen n’est pas sans rappeler le début des « cinq dernières minutes » … et nous avons le privilège assez extraordinaire d’une réponse d’un certain Lacan un tantinet laxiste (ne pas confondre avec marxiste, d’un bon capital de barbe) sur ses séances impayés. Est-il aussi bon qu’on le dit ?
Quoi qu’il en soit vous fûtes fertilement inspirée par ces salsifis dont l’ombre plane tout le long du trajet entre « jambon beurre de brebis » et « la mèche en pâlisse d’asepsie ».
En tout état de cause vous avez gain de cause et mon respect sur ce moment délicieux.
Un admirateur fervent et discret.
Max-Louis
Max-Louis, j’admire dans le contexte cette belle ferveur discrète qui me va droit au noyau Lacanie-freudique de la pleine inconscience.
Et pour ne pas vous tenir par la barbichette, puisque de barbe, point, je porterai l’affaire salsifis en hauts lieux, au moins 863 centimètres au dessus du niveau de la mer.
Vous allez me dire quel rapport ?
Et bien justement, il n’y en a pas.
C’est Raymond Souplex qui me l’a susurré du haut de son nuage, puisque vous m’en dites un peu quelque chose, je suis sûre qu’il en sera ravi.
D’ailleurs à ce sujet je dois avouer que votre commentaire a le don de me faire aussi cet effet, et vous en remercie lettre par lettre, sans en laxiciser une seule, tout en néopaganisant le texte en largeur comme en diagonale.
Quant au beurre de brebis, je suis ravie que vous l’ayez trouvé délicieux. Il se trouve que les consommateurs nous envient ce produit. Il serait bon de penser à le commercialiser en plus ample quantité avant que les stocks de pansements gastriques ne soient en rupture et pour le plus grand bénéfice des laboratoires Flammarion.
Merci pour la Cause du Gain du délicieux instant.
Jo Bougon.
Remarquable performance !
Bravo
Merci mchristine ! Je n’en avait rien vu dans l’instant, et puisque vous le dites, j’ai bien envie de m’en rendre compte.
🙂
Écrire un texte qui vous colle le sourire tout du long de la lecture, c’est pas facile à élaborer. Et le dialogue, quel naturel. Bravo !
Ben, ça me fait drôlement plaisir ce que vous me dites là, Marguerite.
Merci merci.
🙂
Avec plaisir, c’est tout à fait sincère 🙂
🙂
😀 ! Parce qu’une affaire de salsifis est toujours à prendre au sérieux, j’ai suivi celle-ci avec grand intérêt. Il en ressort un grand plaisir de lecture où l’humour mène joliment le récit. Y a pas à dire, le burlesque te sied à merveille. J’ai beaucoup aimé ! Merci Jo !
Avec des si, refaire le monde ?
Le burlesque me scie aussi !
L’oiseau sur la branche sait qu’aucune branche sciée ne le fera tomber.
Merci merci.
😀
Salut la Bougonne,
Voici le lien où tu pourras lire le récit des uns et des autres.
https://epaisseursansconsistance.com/2018/09/24/textes-et-vote-agenda-ironique-09-2018-5-6/
😉
Allons, ce serait l’heure des votes que cela ne m’étonnerait point.
Je vais de ce pas faire mon devoir de citoyenne.
Merci Andrea.
🙂
Je ne regarderai plus les salsifis de la même façon… 😀 😀 😀
Au beurre persillé, un délice pour le palais.
🙂 🙂 ❤
Allôôô ? La Bougonne ?
Les résultats, c’est par là !
https://epaisseursansconsistance.com/2018/09/30/resultats-agenda-ironique-09-2018-6-6/
😉
Toc toc toc.
Si vous ne pouvez pas vous charger de l’organisation de l’Agenda, vous pouvez peut-être nous faire part de VOTRE IDÉE (de votre thème) pour ce mois-ci. Chachashire veut bien accueillir l’organisation.
Pouvez-vous poster votre réponse ici (dans les commentaires).
Merci Jo !
https://epaisseursansconsistance.com/2018/10/03/alerte-info-message-de-jo-bougon/
Oui je transmets dès que j’ai le temps de formuler l’idée correctement.
Avec plaisir.
Merci de votre belle proposition.
Que l’agenda soit assuré me fait grand plaisir.
😊😊😊
Aaahhh !
Merci tout plein !
😉
Salut Jo,
1. Je te transmets le message de Chachashire reçu ce matin sur mon blog.
« chachashire
Différence Propre et Singularités
2. J’ai créé un article pour annoncer que tu donneras le thème et que Chachashire s’occupera de l’organisation.
https://epaisseursansconsistance.com/2018/10/04/au-suivant-agenda-ironique-10-2018/
Merci !
😉
[…] Et là après palabrages négociatifs et résolutifs, https://jobougon.wordpress.com/2018/09/08/lessence-du-pinot-et-le-salto-des-salsifis/ […]