Chaque jour passé de la veille s’appelle hier, chaque jour à suivre s’appelle demain, chaque jour présent s’appelle aujourd’hui.
Tous les jours s’appellent aujourd’hui à partir de l’instant présent. Croyez-le bien, ce n’est pas nouveau.
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Episode 1 ici :
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Episode 2 que vous pourrez lire pour de nombreux aujourd’huis encore ici.
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Wernicke est installé devant son bureau, il tient le combiné Amygdalien près de son oreille droite.
A la suite de la conférence relative à la préparation d’astéllairissage sur Xylil, et une fois réinstallé dans le planum temporal de son bureau, il s’est saisi du combiné Amygdalien afin de faire appel aux compétences du Gyrus Temporal Supérieur.
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(Le Gyrus Temporal Supérieur)
– Je vous écoute Monsieur !
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(Wernicke)
– Je viens de rassembler les idées pour préparer l’arrivée sur Xylil.
Figurez-vous que la première idée conceptuelle de l’Homme a prononcé une idée réinventée.
Vous voyez de qui je veux parler, Gyrus ?
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(Le Gyrus Temporal Supérieur)
– Euh… Je suppose que vous parlez de l’idée d’enterrer les morts ?
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(Wernicke)
– A la base c’est ça ! Vous la connaissez ?
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(Le Gyrus Temporal Supérieur)
– Oui, un peu. Elle a ouvert tout un champ.
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(Wernicke)
– De morts ?
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(Le Gyrus Temporal Supérieur)
– Non, d’idées !
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(Wernicke)
– Ah ! J’aime mieux ça !
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(Le Gyrus Temporal Supérieur)
– Et quelle est celle qui résulte de sa réinvention ?
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(Wernicke)
Une idée qui n’est pas la moindre puisqu’il s’agit d’inventer l’histoire de la Géante Rouge. Une histoire bénéfique, chaleureuse, accueillante, une histoire qui donne envie d’aller à sa rencontre sans risque de complication liée à la peur, vous me suivez ? Je fais appel à votre capacité d’imagination, Gyrus. Vous pouvez m’arranger ça ?
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(Le Gyrus Temporal Supérieur)
– J’ai besoin d’une piste !
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(Wernicke)
– Justement, nous allons astéllairir dans deux semaines, arrangez-vous avec les idées pour en avoir.
Et il raccrocha.
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Le Gyrus Temporal Supérieur était assez déconcerté par le travail qui venait de lui être confié par Wernicke.
Sa fonction d’imagination se laissait parfois prendre au dépourvu.
Il avait bien quelques techniques pour y parvenir, comme de fermer l’œil droit et de laisser son esprit divaguer sur une image, de feuilleter un ouvrage et d’y pécher des formules.
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Mais cette fois, dans le contexte, il n’avait pas encore la moindre piste, si ce n’est celle d’accoster une géante rouge complètement inconnue des idées participant au voyage inter-impensé sidéralement de façon impréparée.
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Les idées s’étaient toutes dispersées à la fin de la conférence, (enfin, il avait envie de dire « conférence approchée » voire même « colloque », mais ergoter là-dessus ne changerait rien à son actuel dilemme). Les rassembler à nouveau allait lui prendre un temps dont il ne disposait pas. Il allait devoir couper du pain sur le plancher de son inventivité.
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Bon, se dit-il, commençons par redéfinir ce qu’est l’imagination. Une capacité à créer, à inventer.
Mais encore…
Nous avons une géante rouge qui est un monde inconnu à découvrir.
Et j’ai besoin d’une piste pour commencer à l’imaginer.
N’y aurait-il pas moyen d’entrer en communication avec elle avant d’astéllairir ?
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De la fenêtre de l’espace de travail cingulaire qui lui était réservé, il avait une vue sur l’aura de la géante.
En clignant légèrement les yeux, il s’aperçut avec stupéfaction que l’aura apparaissait puis disparaissait en rythme, de manière si subtile qu’il n’avait pu le remarquer auparavant.
En comptant les secondes qui séparaient chaque apparition, il se rendit compte que quelque chose de cohérent était peut-être en train d’être exprimé à travers ces modifications d’état.
Se saisissant du cornet de glucose du déjeuner de la veille, il orienta son oreille équipée de l’amplificateur de fortune vers le hublot et entendit nettement l’onde sonore.
Ce rythme lui rappelait quelque chose, mais comme sa compétence était plutôt orientée sur la créativité, il ne disposait pas de suffisamment d’éléments en mémoire pour identifier précisément le bruit.
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Une pensée décoiffée passa la tête à la porte en souriant d’un air moqueur.
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(La pensée décoiffée)
– Tu crée de l’enregistrement sucré ou quoi ?
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Puis elle alla se planter devant le hublot à côté de lui.
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(La pensée décoiffée, toujours)
– Ah, je vois. C’est de l’enregistrement couleur. En rouge je dirais hard rock, tendance pivoine avec un brin de coquelicot.
– C’est quoi ce bruit ?
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( Le Gyrus Temporal Supérieur)
– C’est justement ce que j’essaie d’entendre…
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(La pensée décoiffée)
– Ça me fait penser à un battement pulsé. Un bruit de Doppler.
Dieu est en consultation chez son cardiologue ?
Nous allons accoster sur Dieu ?
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Devant le regard embué du Gyrus silencieux elle reprit :
– Non, encore mieux ? C’est le cœur du Cosmos ?
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( Le Gyrus Temporal Supérieur, semblait maintenant sortir d’un songe profond)
– Dis-donc, la décoiffée, tu as sacrément bien fait de ne pas aller chez le coiffeur ce matin.
Ça va m’aider à commencer mon histoire tout ça !
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(La pensée décoiffée, vexée, d’un ton courroucé)
– Quand je pense que j’ai passé une heure à essayer d’avoir l’air dans le vent ! Tout ça pour m’entendre dire des abominations du genre ? Goujat, va !
– Je ne suis pas une idée fixe, moi, bonhomme ! Alors ton coiffeur, tu n’as qu’à l’envoyer se faire brosser ! Tout Gyrus Temporal Supérieur que tu es, tu n’as pas inventé le fil à couper l’électricité en deux. Alors hein !
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Et elle sortit du bureau en claquant de la pensée fulminante et sonore tout en appuyant bien sur les syllabes les plus musclées pour marquer sa contrariété. Au passage, elle renversa une pensée transparente et marmonna une vague excuse inintelligible tout en s’éloignant.
Le Gyrus Temporal Supérieur vint auprès de la pensée transparente pour s’assurer qu’elle n’était pas blessée.
Mais non, elle était simplement médusée. Elle s’en remettrait.
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Couple de pensées médusées transparentes légèrement décoiffées
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(L’idée fixe)
– Je me suivais encore et m’étonnais de ne pas avancer. Mais la décoiffée, elle, ne suit donc que son instinct réactionnel ? Où a-t-elle mis l’ordre de ses cheveux ?
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Sans commentaire
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Après toutes les décharges émotionnelles fortes liées à l’incident de l’égo froissé de la pensée décoiffée, le Gyrus savait que le réseau Parahippocampique et Thalamique avaient besoin de se décanter.
Il décida de remettre au lendemain ce qu’il ne pouvait donc pas faire le jour même.
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La suite de ce troisième épisode ici :
[…] Voyage inter-sidérant (Episode 1) Voyage inter-sidérant (Episode 3) […]
Bon jour,
J’aime bien ce rappel du aujourd’hui est toujours dans le présent de maintenant, sachant qu’il vient du futur pour terminer dans le passé. Drôle de vie pour le aujourd’hui qui se voit changer à chaque instant. Il n’est pas encore dépressif ?
Enfin bref, je note sur ce nouvel épisode qu’un acteur … une actrice (une femme avec une idée) 🙂 est entrée en scène par la grande porte mais plus encore c’est l’idée décoiffée à qui je remets la palme car elle permet, par ce paradoxe soumis à sa propre loi, qu’elle coiffe, chapeaute, la genèse de l’idée de la Géante Rouge …
Nous pourrions nous attendre à l’idée pluriels qui cueille à champ déployé ses bourgeons d’idées à suivre … mais Dieu ne met pas témoin que je pose mon stylo neuronal et attend ce quatrième épisode … je sais qu’il y a à « couper du pain sur le plancher »…
Max-Louis
L’acteur « Aujourd’hui » ne manquera pas de répondre le plus complètement impossible à votre judicieux commentaire. En ce qui concerne votre question concernant son hypothétique dépression, je me demandais s’il n’était pas stablonnisé pour résister à sa chute vers l’infini et puis non, je viens de recevoir le rapport médical d’embarquement, merci d’avoir évoqué cette question pas subsidiaire du tout.
Quant à la femme à l’idée, ne pas confondre avec la femme Hallyday, elle s’avoue flattée de cette remise de palme aussi inattendue qu’une apnée subaquatique aurifère.
Pour ma part, je me demandais, Dieu s’en remet à moi pour ce faire, si le quatrième épisode n’allait pas découper de l’idée bourgeonnante en quatre.
Je veillerai personnellement à ce que le chapeau déploie un champ nouveau de salades de printemps.
En vous souhaitant bonne réception.
P.S. Où avez-vous trouvé votre stylo neuronal ?
Je rêve d’être pourvue d’un outil aussi prestigieux depuis tant d’années. Et vous me dites que vous en possédez un ?
Oui absolument. Alors effectivement il est d’une nature capricieuse même s’il est de bonne nature et il doit être un minimum dompté, ce qui n’est pas simple. Il faut vous dire qu’il vient d’une galaxie assez primitive d’une richesse assez conséquente mais cela doit resté entre nous. Il y a des idées reçues sur son compte qui circulent dans tous les sens mais surtout dans le sens anti-giratoire ce qui peut déboussoler …
Quoi qu’il en soit vous avez toutes les qualités pour vous en procurer un exemplaire. Il est situé dans les profondeurs d’un cervelet spiralé à double hélices. Vous pouvez demander à Purkinje par l’entremise de Golgi…
Voilà voilà …:)
J’ignore si vous savez, Max-Louis, qu’être à l’ouest sert de boussole ? Il suffit pour cela de regarder le point de lever du soleil, de tracer un trait entre ce point et là où vous vous situez, et vous retrouvez sans boussole et par déduction les points Nord et Sud en angles droits à cette ligne. C’est à mon avis l’endroit le plus simple pour se repérer.
Je ne saurais trop vous remercier pour votre éclairage sur Purkinje que je stabylote sur mon écran pour retrouver facilement les références du stylo.
Les idées reçues ne précisent pas par qui elles l’ont été. Je ne manquerai pas d’aborder cette question lors d’un prochain épisode afin d’envisager une enquête de précision visant à y répondre. La perte de certaines idées serait contraire à la mission.
Merci merci.
😉
Je n’ose intervenir dans ces débats interneuronaux d’idées qui sont loin d’être mises au placard risquant de se réinventer à chaque circonvolution. L’idée fixe m’a beaucoup plu surtout dans le tourné de son volume et le cambré des volutes. Je dois dire que Max-Louis amène au débat des idées nouvelles qui viennent de sortir de leur boîte à peine arrivées et qui ont la saveur des mini-jupes après des années de corset. A propos, l’idée corsetée est-elle toujours en prison ? L’hypothalamus a-t-il fini par prendre des vacances ? J’ai hâte de lire la suite afin d’être sûre que l’idée infernale n’intervienne pas dans l’astéllairissage ce qui pourrait les conduire à leur perte !
Bon jour Anne,
» … qui ont la saveur des mini-jupes après des années de corset » une allégorie que j’apprécie particulièrement 🙂 Merci 🙂
Max-Louis
Comme vous avez bien fait d’intervenir, très chère Anne !
La connaissance de l’existence de l’idée emprisonnée dans un corset a donné de brûlantes sueurs à l’idée de liberté. Elle a décrit comme des bouffées de chaleur, comparables aux feux infernaux, avec odeur de grillé et tout et tout, qui a rappelé Jeanne d’Arc sur son bûcher à l’idée de sorcellerie.
Heureusement que « hier », avec ses manifestations, ses banderoles, ses grèves de port du corset et ses descentes en enfer pour aller déloger le diable par la queue et lui coller une bonne fessée, l’a libérée depuis. « Pas de prison chez les idées » est devenu depuis le slogan du présent, et le présent étant de nature à se renouveler indéfiniment, les idées sont libres pour l’éternité. Le diable qui a les fesses rouges d’un babouin est reparti chez lui tout penaud, sans demander son reste.
Depuis, les corsets ont la paix. Ils sont au chômage mais pas en vain. Le gouvernement du vocabulaire envisage l’ablation du ‘t » pour un recyclage insulaire.
Pour ce qui est de l’Hypothalamus, l’idée de soleil l’a conduit à repartir sur Terre et nous avons reçu une carte postale de lui, il est sur la côte de maille de la Manche gauche de sa veste inter-saison, allongé sur un transat entre l’Atlantique et l’été.
Merci pour l’idée fixe, elle apprécie d’être appréciée.
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« Chaque jour passé de la veille s’appelle hier, chaque jour à suivre s’appelle demain, chaque jour présent s’appelle aujourd’hui. Tous les jours s’appellent aujourd’hui à partir de l’instant présent. Croyez-le bien, ce n’est pas nouveau. »
ça devrait être dans la Genèse, un paragraphe pareil !
bon, petite pause pour aller préparer le manger.
🙂
Je pourrais peut-être le suggérer à l’auteur de la Genèse en lui écrivant.
Bon ben bon appétit alors.
😀
[…] c’est du moins ce que l’on prétend. . Episode 1 ici . Episode 2 ici . Episode 3 ici . Episode 4 ici . Episode 5 ici . Mercredi 6 juin, le bruit résonnant de la raison vint sortir du […]