Un agenda à la masse moléculaire aussi serrée demande une telle attention que la pression produit un grand nombre de bulles. Toutes ne sont pas exploitables, mais la canne à pèche vocabulairienne suffit à en attraper quelques unes. Par contre, il arrive parfois qu’un temps d’attente soit nécessaire. Raison pour laquelle j’ai cru bon d’envoyer un message d’information à ma vieille amie, Anne, organisatrice pour moitié de l’agenda ironique de décembre. L’autre moitié étant l’étrange odorat développé par madame les narines de crayon, ou plus précisément, l’étrange personne que ce crayon aux narines résolument réceptives.
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Ce message, le voici :
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« Quant à moi je suis encore chou cru couac et tic.
Les quelques éléments qui se promènent sur le papier me semblent être tout à fait hors propos, hors des haricots et sans attrait pour la grande flambée de décembre au coin du feu. J’ai presqu’envie de laisser la malle des Indes sous silence on tourne, et de proposer la fin des coquelicots avec un léger sous-décalage tempestif, mais j’ai tellement peur de la guirlande de Noël qui prend ses virages serrés sans mettre son clignotant que je tiens le boa serré entre mes dents.
Anne, sœur Anne, j’aimerais tellement que le chapeau melon cesse de prendre la cape pour l’épée.
Mais le gras nie Smith et le boulevard hausse man. J’en pipe pas un lampadaire.
Je vais tenter une décomposition quand même, d’ici 7 jours en trois lignes comme en trois, regarder passer les mots les pieds en avant, et m’asseoir au milieu des roseaux pour écouter chanter les parapluies de la comète. »
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La comète dû m’entendre, car mon clavier s’est soudain remis à respirer du chant. Merci pour les narines madame des crayons, et merci pour le Kilimandjaro Madame la Papesse Ane.
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A la suite d’un considérable travail de recherche sur le diamètre, dia (à travers) et mètre (mesure), Myron d’Athènes entretint une abondante correspondance avec nombre d’hommes de science. L’habitude de ces échanges épistolaires lui permit ainsi d’établir une base de langage symbolique riche, tant sur le plan conscient qu’inconscient. Alors qu’il travaillait sur la création du discobole, il fit un rêve marquant dans lequel il reçut une lettre de lui-même adressée à la statue, qu’il eut la présence d’esprit de retracer par écrit suffisamment précisément pour que ce texte soit conservé et archivé durant des siècles et des siècles, amen.
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Cette lettre est une première bulle que voici :
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Cher discobole,
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Tu me demandes ce que je lis de ce tableau. Je n’ai pas la prétention d’être calé en analyse mais voici ce qu’il évoque à mon esprit.
Il y a, dans un chapeau melon, autant de pépins que dans la grenade lorsqu’elle est bien mûre.
L’artiste ici n’est pas passé à côté de cette observation. Car le symbolisme de chaque objet peint dans ce tableau de Magritte vient étayer la théorie de la jeune pousse, consistant à prouver que toute racine bien arrosée ne croît pas de la même manière.
L’exemple le plus évident étant ici illustré par le truchement de la native Vénus, dont la nageoire caudale prolonge un torse quasi-parfait, mais ne permet pas à cette dernière de nager, puisque fixée par la pesanteur sur son canapé de marbre.
Vénus bien arrosée lui fera frétiller la nageoire, mais en aucun cas ne suffira à la plonger dans un liquide pour recevoir une poussée verticale, dirigée de bas en haut, et opposée au poids du volume déplacé. Dans le cas suivant, avec le volume du canapé inclus, un parapluie amortira la puissance mais nom d’une pipe, n’allez pas confondre un parapluie avec une sirène en boite, surtout quand elle est suivie d’une valise ouverte dont se sont échappés les grands fléaux d’une humanité éclairée que sont les pommes vertes vouées à être conditionnées sous vide sous la forme de délicieux chutneys prêts à consommer sans modération.
Mais de modération en modération, les bottes se font le chrysanthème pour peu que la nageoire ne soit pas angulaire.
Toutes considérations faites, il n’est pas exclu d’y voir, caché dans les nuages, l’allégorie de la grande roue.
L’artiste souligne la question des ombres existantes, mettant en relief l’impact indirect de la roue du soleil sur certains objets, alors que d’autres en sont dénués. Ainsi le demi disque, de rouge passant au disque complet-vert, laisse supposer que la verticalisation est bien effectuée. Ici, plus aucune ombre, sous le soleil exactement.
Bien à vous.
Myron d’Athènes
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Deuxième bulle, « Prête moi ta voix » :
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– Quoi, qu’est-ce que tu dis ?
– Je dis que si Vénus n’a plus ses bras et qu’en plus elle a une queue de poisson à la place des jambes, c’est une femme tronc.
– Tu es en train de me dire que Vénus est un arbre si j’ai bien compris ?
– En effet ! Et ce qui est remarquable, c’est que c’est un tronc couché.
– Un arbre qui se tiendrait parallèle au sol…
– Dont les racines et les branches ne seraient orientées ni vers le ciel, ni vers la terre, c’est assez troublant.
– Ce tronc ne serait pas relié. Mais alors, comment notre Vénus réussit-elle à vivre ? !
– C’est bien là tout le mystère de la vie. Pour l’instant, elle n’est que repos éternel allongée sur son banc.
– Est-il possible qu’elle puisse se redresser ?
– Il faudrait que Jésus passe et lui dise lève-toi et marche !
– Elle a une queue de poisson pour marcher sur l’eau, sans doute.
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Conclusion :
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– Plus besoin de déambulateurs diesels deux temps pour traverser les flots.
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Troisième bulle, « Microcène décembrienne »
Un temps horizontal conjugué à un temps vertical, c’est un temps cruxiforme orthogénétique.
Nom d’un chewing-gum à pois, elle l’a fait ! Elle l’a écrit, elle l’a dit, elle y est. Youpi, houra, vive la reine mère ! Vive la France (enfin, là, j’exagère un peu), vive l’agenda ironique qui permet aux bougonnes de la terre de tergiversifier pour mieux s’expansifier. J’adore ces capsules et puis, ce commentaire préambulien totalement indispensable à l’introduction de leur introduction. Trois notes réflexives sur la condition d’apesanteur du temps microgrammé par rapport à la verticalité toujours supposée d’un corps diamétré tout autant que paramétré. Un travail de fourmi, réalisé par une authentique paléontologue, sans qui le réel n’aurait plus le poids de l’aplomb. Une démarche qu’il faut saluer. Je salue.
Je suis totalement hilarisée par la qualité du chewing-gum rouge à pois vert que votre souveraineté me paramètre d’un fil d’orfèvre totalement perpendiculaire à la médi-Ane de l’apesanteur et que votre tamanoir de compagnie eut l’aplomb de mesurer.
Euh ! J’en étais où ?
Ah oui, c’est ça ! Mes amitiés à la papesse mère, je ne verrai plus les arcanes de Louvain-La-Reine de la même manière, que la Belgique soit bénie en terre sainte très chère. Je vous dois bien le plus grand kilogramme de chocolat Léonidas que la terre n’ait jamais créé. Hommage à la fourmi dans sa capsule au passage. Deux avé, trois pater noster, et au lit.
Claquez lui deux bises sonores et toute ma gratitulation pour vous.
Je crois que je vais avoir besoin d’au moins dix déluges de repos secs pour me remettre de mes émotions.
[…] Et de dix car Jobougon, cent coudées au-dessus de notre amateurisme historico-scientifique, nous intronise par capsules interposées à la condition d’apesanteur du temps microgrammé par rapport à la verticalité toujours supposée d’un corps diamétré tout autant que paramétré. Un travail de fourmi, réalisé par une authentique paléontologue, sans qui le réel n’aurait plus le poids de l’aplomb. Une démarche qu’il faut saluer. Vous voulez en savoir plus ? Courez lire le melon d’Archimède. […]
[…] Jobougon et Max-Louis de Iotop rejoignent le peloton de tête ! C’est fait. […]
Wouuuuh Jobougon! Ca décoiffe! Dois-je avouer que je n’ai rien compris à la première bulle , mais beaucoup ri! Je ne dois pas avoir l’esprit assez scientifique! Quand aux suivantes et au préambule, la logique est en imparable n’est-ce pas? Bravo Jo!
Ce qui est le plus rigolo, c’est que je n’y comprends pas plus que vous, madame des Narines, et que le plus amusant, c’est bien que cela n’a pas vraiment grande importance. Tant que la logique est là, imparable comme un anneau de saturne, c’est que tout va bien.
Merci pour le décoiffeur, il s’agit probablement d’un coup de vent, cela arrive lorsqu’une bulle trop gonflée éclate de rire.
La science soutiendra les crayons quoiqu’il advienne dorénavant. C’est tout d’même grâce à vos belles couleurs qu’elle s’est développée.
Un temps horizontal conjugué à un temps vertical, c’est un temps cruxiforme orthogéniqu
oups, j’ai cliqué trop vite ! je voulais ajouter ceci : ‘tout est dit, rien à enlever ! »
Pardon, je corrige mon erreur. « Orthogénétique ».
Comme quoi, me dire « rien à enlever » me permet de rectifier en rajoutant « ET » à orthogénique pour qu’il devienne orthogénétique.
Rien à voir avec le contrôle des naissances ou l’eugénisme, mais bien avec la direction. J’ai mis un moment avant de comprendre comment le mot avait pu se glisser sans ma permission dans le texte. Quand je dis que je ne les tiens plus !!! 😉 pffff !
Merci Carnets.
Et que voici un billet moléculaire comme la cuisine du même métal!
Bravo à toi princesse des bulles ni papales ni savonneuses mais bien bougonneuses.
C’est du dense-métal, touffu et serré comme un dessert d’Antoine.
Tu sais, l’aviateur, là. Un mouton de rose sur l’abbé 612.
Ah ! Un seul Hesse ?
Bulles bougon, bulles bougon, mais dis-moi, Leo, c’est fort de Champagne, non ?
Bonne molécule de savon culinaire à toi, Madame l’ancre royale.
Merci
Digne d’une bande décimée comme écrit Marcus Malte. Tiens, une petite recette avec des bulles en attendant Marie si tu savais, en mêlant à une bouteille de clairette de Die, une louche de jus de citron, une louche de sirop de canne et une louche de cointreau, tu bouches si tu veux, mais tu peux servir aussitôt, sans autre touche perso ça suffit comme ça, tu fais déguster et ne t’inquiètes plus pour l’orthogénie orthogénétique, la nature se débrouillera.
Merci pour la découverte, et de l’auteur, et de la recette.
C’est entendu pour le conseil. Digne d’une nature porte comme l’écrit si bien Willem Claeszoon Heda.
[…] –Le Melon d’Archimède, de Jobougon […]
Ah oui, quand même… Quelle inspiration ! 🙂 Décidément cet agenda de décembre est incroyablement imaginatif ! Bravo Jo !
Merci Laurence. Pourtant j’t’assure, j’l’ai pas fais exprès. 😀
Décembre aurait des qualités insoupçonnées, cette belle inspiration que je découvre chez toi, merveille des merveilles du bleu aérien océanique.
https://palettedexpressions.wordpress.com/2017/12/12/flotter-au-dessus-du-vieil-ocean-et-voir-courir-le-ciel/#comments
Des bises pour toi par delà les océans. 🙂
C’est encore meilleur quand la spontanéité est au rendez-vous 🙂
Oh, touchée… Merci Jo. Bises itou 🙂
« J’ai presqu’envie de laisser la malle des Indes sous silence on tourne, et de proposer la fin des coquelicots avec un léger sous-décalage tempestif, mais j’ai tellement peur de la guirlande de Noël qui prend ses virages serrés sans mettre son clignotant que je tiens le boa serré entre mes dents » ….c’est tout juste BEAU et presque cinématographique 🙂
bises JO 🙂
Merci Valentyne. La malle cinématurgraphique aimée te remercie vivement.
Et ensemble nous te souhaitons de passer d’agréables dernières heures 2017, ainsi qu’un bon passage par la porte de l’an 2018.
L’an guirlande a retrouvé son clignotant, et le sapin gardera tout son piquant.
Bises zitou za toi. 🙂