
Machine à écrire Under Wood N°6
Passer le langage à la machine,
Celle à écrire,
Pour savoir si le sens qui l’anime,
Est solide,
Est-ce qu’on peut ravoir à l’imprimante,
La précision,
La portée d’une pensée transparente,
Le don,
Pour retrouver une verve d’accords,
De ces mots devenus fades,
Convient-il de faire certains efforts,
Acceptables ?
Passer le langage à la machine,
Celle à écrire,
Pour savoir si le sens qui l’anime,
Est solide,
Est-ce qu’on peut ravoir à l’imprimante,
La précision,
La portée d’une pensée transparente,
Le don,
Petit Robert ces mots que tu donnes,
S’oxydent-ils à l’usage ?
Ces bûcherons parfois qui tronçonnent,
Les clefs du déchiffrage.
Ecrire ! A la machine !!
Est-ce l’encre qui fait la misère,
Ou encore l’usage commun ?
L’amalgame d’une culture ordinaire,
Repris par tout un chacun ?
Passer le langage à la machine,
Celle à écrire,
Pour savoir si le sens qui l’anime,
Est solide,
Est-ce qu’on peut ravoir à l’imprimante,
La précision,
La portée d’une pensée transparente,
Le don,
Ecrire ! A la machine !!
Le langage est un ami mais aussi un traître, développons un peu l’idée, et découvrons tout un pan de recherche aussi phénoménal que surprenant.
C’est l’histoire d’un stylo plume qui demande à son propriétaire, prénommons le Jean-Pierre, au hasard, de le recharger en encre.
Extrait d’une autrum propositionnum : (En latin dans le texte)
– Hey, men ?
– Oui, quoi ? Tu veux quelque chose Mont Blanc ?
– Pfffttt ! Tu te moques de moi, JP, je suis tout juste un Caran d’Ache !
– Tiens donc, enlève tes bottes mon vieux, tu as les chevilles qui enflent !
– Oh, c’est bon, hein ! On ne va pas remettre cette discussion sur le tapis vert, ok !
– Toujours cette même tendance à vouloir avoir raison, hein ?
– Mais J’AI ! Raison.
– Mouais ! Tu veux quoi ?
– Pas la peine de maugréer, t’as même pas vu que je suis en panne ?
– ça m’fait des vacances…
– Ah ben merci !
– Et voilà, il boude.
– Non Môssieur, je ne boude pas ! J’exige !
– Et puis quoi encore, il ne manquerait plus que ça !
– J’ai des choses à dire, Môa, Môssieur !
– Bon, aller, sors là ta pastille ! Tu la veux de quelle couleur ta cartouche ?
– Bleu marine.
Et voilà, vous avez bien compris.
Les associations, les mots, les formules, l’idée qui vient en tête dans la majeure partie des cas à la lecture c’est quoi ? C’est Marine ! Et son parti d’extrême droite !
Et tout ce que ce parti véhicule avec lui !
Je ne vais pas en faire le détail ici, là n’est pas le sujet justement.
Mais la question qui vient ensuite est : Qu’est devenue l’idée première, la simple couleur, qui permettrait à ce brave stylo plume de reprendre en toute quiétude son écriture sans se retrouver catalogué de lePéniste ou un truc du même genre ?
Et bien elle est tout bonnement écartée, dégradée, elle a été pratiquement effacée devant le signifié qui s’est collé sur le signifiant.
Ainsi se complexifie le langage en se chargeant ainsi de représentations associées, un peu comme une voiture de jeunes mariés traînant les casseroles de la fête. Et ça fait du boucan !
Cela finit même par constituer des strates, un peu comme les alluvions du Rhône dans lesquelles Monsieur Luc Long a repêché le buste de César en personne.
C’est dire !
Existe-t-il des archéologues du langage pour restituer ses couleurs d’origines ?
Vous voyez bien comment l’invisible peut être sous nos yeux et que nous ne le voyons pas toujours bien clairement ?
La dictature de la formule est une torture pour le sens, apprenons à en jouer pour le déjouer !
Apprenons à écrire à la machine.
Signé : Le stylo plume
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Machine à écrire Eche Velée un peu plus d’origine
Oui, les mots, bien au delà de leur sens strict,t ont une puissance évocatrice qui nous échappe, puisque construction collective donc complexe. Enfin, il me semble. Après, la dictature de la formule n’est peut-être qu’une récupération, parfois inconsciente ou très consciente dans le cadre d’une quelconque propagande. Retrouver l’intégrité des mots pour s’exprimer soi-même en toute intégrité, un sacré défi…
Je suis bien d’accord ! Robert Larousse, que j’ai contacté, me conseille de faire appel à Carl Honoré le tricoteur de toutes définitions justes.
Merci de ton passage en mes terres, coquelicot, ta compagnie est toujours si réjouissante. La couleur, sans doute.
Bien vu pour la couleur 😀 😀
le joli et le souci des mots, c’est qu’il faut les partager avec tout un tas de gens…Je n’ose plus trop siffloter « le sort de la marine » de Brassens, et ça me peine.
Mais je lis avec joie ces bois écarlates, plein de sagesse malicieuse, et que j’entends assez bien Serge Gainsbourg nous chantonner.
Je comprends que tu sois empenné, très cher Dodo. Je me demandais aussi, si Georges avait été peu ou prou dans la marine, (j’aime son ironie), qu’il n’eut pas appris à tourner cette fois sa plume dans l’encrier. Tu me vois ravie de lire ta joie car elle vient décupler tout mon plaisir à ne pas me lasser de ta fantaisie et venant colorer les téguments de notre Serge bien aimé d’un joli carmin, même six pieds sous terre. Entonnons la chanson jusqu’au bout du vocabulaire, et la syntaxe sera bien gardée.
D’où tellement de mots défraichis, où ayant viré de sens, exprimant tout autre chose que leur sens premier usuel…mais bon, au diable la Marine, j’aimerai toujours cette couleur; elle finira bien par passer, pas la couleur, bien sûr, mais l’autre; flûte passer, je pensais à un autre emploi du mot…;)
Pour peu que le vent se mette à souffler, le sens s’en trouve déboussolé, ou pas… La flûte me rappelle le chant des roseaux, tu vois, je n’échappe pas à la stratification géologique des souplesses du terrain. Je vais chercher mon pinceau souffleur et creuser sous l’apparent classicisme de la couleur.
Merci Jacou pour cet air charmant. C’est du panégyrique ou bien ?
D’accord! ça doit être chouette :-)! Merci Jobougon!
Mais oui, ça l’est ! Il existe des rubans encrés de toutes les couleurs, des petits détails de lettres qui font de la machine à écrire un objet unique au monde. On a tous lu des polars faisant état de ce petit « a » légèrement décalé, ou encore ce « B » majuscule à peine plus marqué qu’un autre, bref, tout ce petit monde joyeux des lettres à la mode d’antan qui font toute la différence.
Merci à toi Mari pour ton passage ici même.
C’est très très chouette de ta part.
Je t’embrasse.
C’est parce que votre blog est chouette!
Merci à vous Jobougon!
Je vous embrasse très très fort également! Bisous
Ah ces braves vieilles machines qui ne craignent pas les pannes de courant ou les coupures de liaison internet! Et sur lesquelles on peut joyeusement taper à la lumière d’une chandelle!
Il fut une époque où une simple chandelle pouvait réchauffer en plein cœur de l’hiver. Je me demandais si la bonne vieille machine à écrire pourrait en faire autant… J’ai parfois des questionnements très métaphysiques, tu sais…
Effectivement, c’est bien vu. Je m’abonne immédiatement via la machine à écrire à un blog, comme ça pof, en cas de panne internet, j’ai déjà ma solution de secours. Merci de cet excellent conseil LéO.
M’enfin…
Avec une machine à écrire et une chandelle connectée, ça le fait… 😉
[…] Dans les Bois Écarlates en compagnie de Jobougon. Mot y es-tu? Entends-tu? Et nous, sommes-nous seulement capable […]
Vous chantez Serge Gainsbourg ? Et bien moi je chante Souchon ne vous déplaise en dansant la javanaise …
Et te remercie chère Jo pour ce beau texte 🙂
Hé hé ! Y’en a au moins une qui suit !
Mais c’est bien sûr, l’Alain, qui en me prêtant ses paroles, m’a fourni en invitation à la réécrire, cette chanson de lui.
Merci Merciiiiiii ! Rétablir la vérité, voilà bien une grande mission que tu viens de remplir à la perfection !
Bises et encore des bisous Val.
Cette Marine cache cependant le plus important, à savoir, cet honteux complot fémino-non-paritariste qui interdit au genre masculin l’opportunité de machin-à-écrire sans qu’on se moquasse de son peu de doigté à tapoter les touches… Je m’insurge, me révolte, me chouannise !!
Je comprends ! Et compatisse grave à ton insurgestion, Patte ! Et oh combien je peux admettrre que tu sois chouannisé réactionnellement devant t’une t’elle injustice. Mais au fond, je me demandais si, virgule, tout à fait rationnellement bien entendu, euh, comment dire…
Non, m’enfin, je ne voulais pas dire qu’elle avait peut-être rais…
Quoi ? Hein ? La taille des touches et leur souplesse ?
Voilà, on me souffle que divers paramètres sont peut-être en cause, tels la température de la pièce dans laquelle se tient la machine, le degré d’aération du nerf qui meut le doigt, l’avancée de l’événement dans la journée, le tout étant autant d’éléments orientant l’observatrice vers une réaction de cette nature.
Cette question je dois dire mériterait un travail de recherche approfondi, afin de mettre en lumière les raisons objectives à un tel complot de sa part.
Après, quand c’est bien fait, qu’on s’applique, moi, je critique pas un complot !!
Ben, moi non plus. Du moment que c’est pour la bonne causette. 😀
Tu sais ce qu’elle lui dit la marine francaise à marine ? qu’elle va désormais s’habiller en braquemart pour lui faire un doigt d’honneur !-) alors on pourra tous chanter tranquillement c’est nous les gars de la marine sans avoir à se toucher le pompon pour éviter la scoumoune ! !
Bah, si ça lui fait plaisir…
Bon jour JoB
De l’alevin que je suis je trace des traits à l’encre de seiche (pour les puristes en sépia) c’est dire que cela ne concerne pas les mots mais ma tendance à dessiner des lettres ce qui est bien différent, mine de rien annonce le taille-crayon habillé d’écorce. Car connaître son alphabet sur le bout des nageoires ne présume en rien de connaître le Larousse page 88 ou le Littré page 588 et encore moins de moins à la soustraction divisée par l’étonnement : la définition et je ne cause pas du Robert car je pense directement à une histoire d’O dont vous me faites remarque qu’il y a autre chose dans le giron des découvertes… je ne dis pas que j’opine du chef, ni branler du chef ce qui revient au même selon l’angle de vue et pourtant tu n’as pas tort… quoi qu’il en fût (et pas que de chêne, voir le mot gland) il apparaît que la machine ne fait pas tout même au fait-tout et que la plume de dindon à toute sa valeur pour distiller des traits fins aux galbes d’une mode qui change d’un siècle à l’autre… mais on peut tout à fait penser que d’un trait à un autre des formes s’informent de leur existence comme une possibilité de connaître un autre univers que la page elle-même source d’inspiration ou d’effrayamment s’offre soumise servante à l’office de l’encre à cet extrême qui me fait penser à Franz Von Stuck « Le péché »… et enfin de compte, tout est là, c’est le péché originel « La portée d’une pensée transparente » inscrite dans la chair de la page par les assauts de l’encre aux sensations possiblement que « Le langage est un ami mais aussi un traître »… mais en vérité si toute vie est une farce, toute écriture en est une autre…
Max-Louis tisserand à la plume sous-jacinthe …
Merci M-Louis,
J’ai l’ouïe dure mais ce que tu suis, du mot être ou du mot suivre, nul ne le devine, et pourtant, l’écorce du crayon taillé en lettres de noblesse laisse planer une singulière différence entre la soustraction et le dessein du chiffre 0, intermédiaire entre le monde des morts et celui des vivants, nullement considéré comme tel, puisque amalgamé à l’infini sur lequel se tient toute personne susceptible de passer de l’autre côté de la frontière reconnaissable, reconnaissable à l’éblouissement qui secoue la vision et l’éblouit au point de rencontre d’une balance pesant constamment les plus et les moins pour les maintenir à 0.
Donc au-delà de la brume matinale qui se lève au regard de l’équation, je doute fort mais renforce le fort au détriment du doute, de par la délicate attention à laquelle ma conscience m’invita, afin de ne retenir que le mieux du possible à ce jour. Aussi, je ne saurais trop te remercier pour le morceau de flûte de Pan que tu m’offris en branlant du chef, d’un gland salvateur, à la mode déchaînée d’une pensée siéclée sans tordre aucune fleur ni aucune perspective, l’avancée de celles-ci, fleur et perspective réunies, ne saurait s’ancrer qu’au mieux dans une lettre de noblesse, et pof, la boucle est bouclée, d’une sous-jacintherie toute pertinente.
Soyez donc bienvenu en tissant d’une plume soyeuse à raison de cinq cent fils au millimètre carré de l’hypothèse, dans le dernier mot qui rira bien, car il ne saurait se passer de lui.
Mes filigranes les plus reconnaissants, Max-Louis, dans le tissu du réinventement de la filature.
Jo.B. Dans le plus grand dénuement et en l’attente du vêtement produit des mains tisserandes de votre bonté.