Quelle est la différence entre ce que je vois, ce que j’entends, ce en quoi je crois, ce qui m’est dit, ce que j’en pense, ce que je décide d’en faire ?
Instinct, intuition, croyances, conviction, utopie, appelons ça comme on veut.
C’est labile, ça se dissipe, ça revient toujours, ça prend tous les contours, les détours, ça tilte, impacte, s’égare, reprend, soulève, transporte, ouvre des champs, nourrit, réveille, fait rêver, se retire, c’est doux, parfois cruel, ça oblige à se recentrer tout le temps, c’est un sillon qui se creuse, un chemin qui se retrouve chaque fois avec plus de sérénité, un repère, un ancrage, un exercice de style, un entraînement à la longévité, un phare, un éclairage par tous les temps, une nuit sans peur, une solidité, un talon d’Achille, une vague, un monologue qui en rejoint un autre, deux monologues qui se répondent, qui se cherchent, s’entrevoient, s’imaginent, s’assurent, découvrent, constatent, avancent, s’approchent, se frôlent, se touchent, recommencent, disparaissent, reviennent toujours, s’assurent de leur existence, de leur réalité, véracité, stabilité, solidité et fluidité.
La différence est dans le fil de l’air, dans le fil de l’air non filaire, dans le sans fil de l’invisible qui relie.
La différence est dans le lien qui se construit au fil du temps, ce lien qui relie, qui relit, qui revit, qui revisite, ce lien vivant qui n’est pas de fer, pas de sang, pas de pierre, pas d’argent. Qui relie le dedans de l’un au dedans de l’autre. Un lien qui fait un pont. On s’y tient soit d’un côté, près du dedans de l’un, soit de l’autre, près du dedans de l’autre, soit en équilibre, au milieu.
Et en dessous coule l’eau du temps.
La différence est dans le choix, dans le pourquoi du choix.
On n’apprend pas la vie, on la découvre au fil du temps.
Daniel Desbiens
Tu as sûrement raison, mais tout ce fil finit par me faire des nœuds au cerveau, il faut que je démêle ça et que je rembobine la pelote…
Obsession du recyclage ou phobie du désordre, les nœuds de cerveau donnent aussi de bien jolis paysages parfois. 🙂
J’aime beaucoup le passage ou les deux monologues se répondent , ça paraît impossible comme cela mais finalement cela arrive souvent :-).
Bonne semaine Jo 🙂
Je me posais la question de ce qui paraissait impossible, dans l’existence de monologues qui se répondent.
Merci Val, bonne semaine également.
Oui, tout est question de choix. Un texte pertinent qui prend la mesure des poids. On avance comme ça, sur les fils tendus de la vie qui passe et puis un jour, le fil se rompt et il n’y a plus à choisir. Ca fait songer quand on y pense…
Bah ! Une fois que le fil de la vie rompt, vu qu’on est mort, il parait qu’on ne pense plus. Mais jamais personne n’est revenu pour en témoigner. C’est encore une interprétation, au final. Dans l’ignorance, l’humain a toujours besoin de mettre quelque chose pour éviter de fantasmer au point d’en perdre les limites du supportable. Une fois dépassées ces limites, ça rend fou… 😉
Tout cela me fait dire qu’on fait bien de ne pas prendre le Wifi pour Paul Auster !
Cela va me demander réflexion… Mais je prend le temps.
Le temps de comprendre. 😀