Premier épisode de la série ici :
Sainte déconfiture* se vote avec sainte quiche dominatrice*
https://jobougon.wordpress.com/2015/05/29/sainte-deconfiture-se-vote-avec-sainte-quiche-dominatrice/
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Récapitulatif des liens de tous les épisodes ici :
Les aventuriers du temps perdu d’avance
https://jobougon.wordpress.com/2015/09/14/les-aventuriers-du-temps-perdu-davance-les-liens-de-tous-les-episodes/
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Bendidonque, t’en as mis du temps pour arriver !
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C’est ainsi que Bastet s’adressa au cuistot. C’est que une, elle avait une faim de loup, et de deux, elle était littéralement en train d’en tomber raide !
Et cette fois, vu que personne ne se précipitait au repas, elle s’assit et se laissa servir un énorme assiette de poulpe manta en robe des chiants. C’était un plat dont elle raffolait particulièrement, à cause des tentations à ventouses, genre de membres particulièrement souples et délicats qui avaient le don d’être difficiles à enrouler autour de la fourchette mais qui une fois en bouche était un pur délice.
Ça commençait bien, l’inauguration du jardin allait se faire en grande fanfare, flons flons et ronflements de cassolettes, joie de vivre et découpage du ruban. Car oui, la colonne de temps vertical avait bien été déménagée, finalement sans barrières de sécurité autour. Tout le monde s’était dit que quitte à ce que quelqu’un d’autre veuille faire son petit voyage vertical, autant laisser le libre arbitre à chacun.
Bastet rayonnait presque aussi fort qu’Atoum, son époux de mari. Ben oui, didonque ! Il lui avait promis d’être là, alors elle rayonnait presque aussi fort que lui tellement elle rayonnait presqu’aussi fort que lui. C’est dire… En général, quand elle mangeait des tentations à ventouses, il adorait l’aider à les enrouler autour des dents de la fourchettes puis chacun d’entre eux attrapaient un bout et le grignotaient jusqu’à rejoindre la bouche de l’autre pour mieux s’en emparer. Bref, elle allait devoir se calmer avant son arrivée, alors, chose qu’elle ne faisait jamais, elle demanda un verre d’eau vertical à saint Dada qui, assis à ses côtés, la regardait benoîtement se bâfrer.
– Mais très chèèèère, vous n’allez pas me renvoyer dans cette mélasse ?
– Tu connais le chemin, et puis tu es le seul à en être revenu.
– Je suis aussi le seul à y être allé !
– Ecoute, je testerais bien ce petit morceau greffé entre mercredi et jeudi, mais quitte à le faire, j’aimerais autant que ce soit avec Atoum. J’avais juste dans l’idée qu’un peu d’eau transversale avant ça m’aurait préparée à l’aventure, mais si tu préfères que j’envoie quelqu’un d’autre, je peux demander à Apophis.
– Ben, comment dire… Ce n’est pas que je n’ai pas envie de régresser, mais oui, je préfère que tu envoie ton stoppeur de char du soleil. Ce n’est pas non plus qu’il ne m’est pas sympathique, mais quitte à perdre quelqu’un, j’aimerais autant que ce soit lui dans l’histoire.
– Ok ! C’est dit !
– Sinon tu vois quelqu’un d’autre ? Lui demanda Saint Dada, le nez caché dans un immense cornet de glace vanille pistache.
– Bah ! Tant pis ! Je me contenterai d’un peu d’eau plate. Je crois qu’Apophis est parti chercher Atoum avec son char solaire.
Sur ce, Platon arriva, tout dégoulinant, en grande agitation.
– Rhô, minette, venez voir un peu ce qui se produit là bas !
– Un peu de retenue, tout de même !
Il se mit à rire à gorge déployée.
– C’est lui, dit-il en montrant du doigt Saint Dada, il arrête pas de vous appeler comme ça dès que vous avez le dos tourné.
– C’est vrai, ça, dit Bastet en se tournant vers Saint Dada.
Il baissa la tête un peu penaud, puis se reprenant rapidement lui rétorqua.
– Vous êtes quoi au juste ? Une déesse ou une des nôtres ? Parce-que moi je vous inclus dans notre groupe, alors j’ai l’habitude d’être un peu familier avec les personnes qui me sont proches. Nous avons partagé quelques aventures depuis que vous êtes chez nous il me semble, cela ne laisse pas indifférent. Mais si vous préférez la distance courtoise, juchée sur des talons non rétractables montés en piédestal, alors je m’y plierai.
– Oh ! Vous avez bu ou quoi, mon ami ? Fut la première réaction de Bastet. Puis elle reprit avec un petit clin d’œil.
– Quelle graine de renard vous faites. Mais vous avez bien raison, c’est pas parce que l’on est un dieu ou une déesse qu’il faut rester de marbre, n’est-ce pas ? Là-dessus, elle lui colla deux baisers bien plantés sur chaque joue. Saint Dada, rouge de confusion, s’interrogeait des raisons pour lesquelles elle lui avait en même temps collé et planté. Elle voulait être sûre que ses baisers pousseraient ou quoi ?
– Allons voir ce que Platon veut nous montrer.
Il les guida au centre du jardin, où se situait la colonne de temps vertical.
– Regardez !
– Oh ! Ma Selmaud, ma bifide, s’écria Saint Dada.
La sirène se tenait au centre du geyser d’eau qui sortait de la colonne, portée par la pression, volant littéralement dans les airs. Elle usait de sa nageoire caudale pour garder son équilibre, et ne pas tomber brutalement à terre. C’est que la colonne d’eau devait faire au moins neuf mètres de haut. Imaginez un immeuble de trois étages. Et l’eau ruisselait partout, arrosant le jardin à dix mètres à la ronde.
– Une échelle ! Hurla Saint Dada, il faut une échelle !
– Tu vas l’appuyer sur quoi, grand benêt ?
– Ah mais oui, tu as raison, Platon ! Je n’avais pas pensé à ça !
– Deux échelles, hurla alors Saint Dada, pendant que la première arrivait.
– Cette fois, je dois dire que je suis médusé ! Trois échelles pour se caler donneront plus de stabilité à l’édifice.
– Ah, oui. Je ne pensais pas que la première arriverait si vite… Réalisa-t-il soudain. Vraiment, se dit Saint Dada, j’ai le cerveau lent.
– Je dirais même mieux, mon bon ami, tu as le cerveau à libération prolongée. Répondit Platon. Mais quand tu penses, tu le fais tellement fort que je t’entends penser !
– On devrait t’appeler Saint Fadaises, toi ! J’ai du le dire tout haut croyant me le dire tout bas. Un peu comme un lapsus, il s’échappe et puis trop tard, l’inconscient lâche le morceau qui ne souhaitait pas passer en plein jour.
– Moi, j’adore la pèche aux lapsus ! Ils sont savoureux et goûtus.
– Bon, elle attend, là, votre sirène ! Piaffa Bastet. Allons placer les trois échelles autour de la fontaine pour l’aider à descendre !
C’est comme ça que Selmaud atterrit dans le monde des hommes de bronze.
Et c’est aussi à cet instant précis que le char conduisant Atoum et Apophis arriva à bon port.
Bastet, aux anges, se jeta dans les bras d’Atoum. Les effusions furent chargées d’émotion. Les clans réunis n’en croyaient pas leurs yeux. Ils brillaient littéralement dans la lumière du soleil, encore au volant du char. C’était un bien curieux spectacle que la vision de l’amour pour les habitants du monde des hommes de bronze. C’était une chose d’en entendre parler, une chose de le voir, et encore une autre de le vivre. Ce qui leur donna le goût de le découvrir ensuite.
Pendant ce temps, Selmaud tentait de se lever.
– Il lui faut des jambes, s’écria Platon.
– Atoum, pourrais-tu faire quelque chose de ce genre ? Marcher sur des nageoires, toutes bifides soient-elles n’est pas très confortable, demanda Bastet.
– ça risque d’être compliqué, mais je devrais pouvoir y arriver. La dernière fois que j’ai fait ça, j’ai eu quelques surprises.
– Tu as déjà fait ça ?
– Pas sur une sirène, mais sur un aveugle. Je lui ai donné la vue et il lui a poussé un œil en plus sur le front.
– Rien de grave ?
– Non, au contraire, mais cela n’a pas du être facile pour lui. Il était le seul de son village à avoir ce troisième œil, et il faisait peur à tout le monde. Et puis petit à petit, ils se sont habitués. Mais ça lui a coûté cher, tu imagines bien, la différence n’est ni facile à porter, ni facile à comprendre.
– Alors elle risque d’avoir trois jambes au lieu de deux. Fais-en une sirène de sexe masculin.
– Ah non, s’opposa Saint Dada, qui voyait arriver le drame.
– Tu veux devenir une femme, Sainte Jument, fougueuse et crinière au vent ?
– Sainte Jument priez pour moi, si cela me permet d’aimer tendrement, soyons fous.
Car oui, Saint Dada en pinçait pour sa belle.
Voilà toute l’histoire du park Cristal. Atoum procéda à la transformation de Selmaud et de Saint Dada, visiblement il avait acquis de l’adresse, car il donna à chacun une part féminine et une part masculine égale. L’histoire ne précise pas comment les sexes avaient été partagés, ou pas.
Le banquet eu lieu dans la liesse générale.
La fontaine du park avait remis le temps en place. L’eau, inlassablement, se déversait en chantant, arrosant la végétation, bouleversant l’organisation en faisant de ce jardin le plus bel espace vert que l’on vit un jour s’épanouir.
Atoum, Bastet, Apophis et le soleil reprirent le char pour d’autres aventures dans d’autres mondes.
Chacun pu prendre sa juste place. Ce fut le début de l’âge d’or.
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La guerre des étoiles, c’est rien à côté. Et Pannneau Ramix peut aller se faire balancer sur des boucliers ailleurs, Atoum, et ses mousquetaires nous en racontent des belles et des pas mûres. Un dimanche qui commence à fond la casse bas ! Basted !
Lol, c’est une grande fanfare que de lire un commentaire aussi tonitruant !
La cueillette des mûres s’effectue en septembre, et la guerre des étoiles n’est jamais qu’une guerre de plus. Le tout conjugué, la confiture de mûrs d’étoiles se cuisine de saison. A la sauce comme il te plaira.
Voyons donc, ne tire donc pas sur tout ce qui bouge.
joli
(commentaire concis, je reviendrais développer 🙂
concidévelopper est un art magistral, merci carnet.
Jolie ménagerie …
Jolie ménagerie qui n’a pas déménagé. 😀
Ah, l’amour, toujours, je ne m’en lasse pas. Surtout raconté comme ça, j’en redemande.
Je suppose que la suite de l’histoire m’appellera un jour. Pour l’instant, mon stylo repose son encre, alors je respecte son silence. Je le soupçonne de mûrir le style, il ne m’en touche pas encore un seul mot.
Le couple mythique de Bastet et d’Atoum m’émerveille aussi. Adultes et en même temps ados, Dieu et déesse si proches des hommes de bronze, et tellement pleins d’amour l’un pour l’autre.
Oui, j’aimerais bien qu’ils viennent me raconter une de leurs prochaines aventures.