L’agenda ironique d’octobre 2015 sera octobrien ou pas
Chez Jacou : https://jacou33.wordpress.com/2015/10/01/lagenda-ironique-doctobre-2015-sera-octobrien-ou-pas/
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Les pupilles frelatées des carottes de contrebande font scandale à la cour des cancres. Dorénavant, on n’écrit plus, on contre verse dans la mâle façon chez les femmes qui en savent long sur l’écervelage, la cuvette de cerveau, la surdité en pot ou encore la ruse incendiaire d’un présumé innocent par le juge le plus têtu que le commissariat du quartier des détenus puisse connaître. Plutôt que de m’égratigner les mollets dans un buisson épineux je décidai donc d’agir en m’associant au plus gros grain de sucre supporté par le tamanoir poli des plaines de la côte de bœuf. Il fallait griller tout ça en mettant le feu au cabinet pour que l’eau s’évapore et que, sans me salir les mains, je puisse enfin récupérer la clef de la centrale où ces fumeux inspecteurs m’avaient verrouillée, reléguée dans une cellule à peine traversée de temps à autre par une endorphine égarée.
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Tout de même, résistant à la montée des températures, l’abattant des WC en plastique translucide ne gondolait pas d’un micro-décimètre. La chasse d’eau fuyait, les gros bouillons éclaboussaient les parois mais le niveau ne baissait pas, et le surnageant finissait par cloquer comme une peau boursouflée sans que jamais le fond ne laisse briller ou même entrevoir la moindre pièce métallique. J’étais cuite, condamnée à croupir au fond d’un neurone bouclé comme une anglaise. Restait plus qu’à filer à la russe ou à la hussarde. Un grand coup d’épaule dans les barreaux et les gonds allaient céder, il fallait rassembler toutes les forces en présence.
– Force brute ?
– Présente !
– Force de la nature ?
– Présente !
– Force herculéenne ?
– Présente !
– Force démoniaque ?
– Présente !
– Force bleue ?
– Mouais…
– Force 4 ?
– […]
– Force 4 ?
– […]
Bon, ça répondait plus.
Je me suis approchée de la grille. J’ai donné une légère poussée vers l’avant. Rien !
J’ai tiré un peu fort, me suis ramassée sur le fessier.
La porte était ouverte, et ce, depuis le début.
Toutes forces confondues, j’ai regardé à gauche, puis à droite. Personne.
Si quelqu’un m’avait observée à cet instant là, je crois que j’aurais eu la honte de ma vue.
La serrure n’était pas verrouillée et je n’avais jamais pensé à ça depuis le début.
Ça, ils allaient me le payer !
En remontant le couloir, j’ai trouvé une vieille feutrine qui avait due être un chapeau, plus loin les latrines des matons, guère plus propres que celle de ma cellule d’amibe. Quelques micelles pensives balançaient leurs longues tiges filamenteuses au gré des courants d’air. Une vieux cycle de Krebs à la porte s’interposa entre moi et l’oxygène du dehors. Il était temps de laisser les mitochondries de côté et de foncer direct vers un nouveau bol de métabolisme biotechnologique.
J’ai pris mes jambes à mon cou et ventre à terre, me suis glissée comme un ver en direction de la liberté. Une dopamine douteuse traversa mon champ visuel. Me viendrait-elle en soutien ? Je ne m’interrogeai pas davantage. Le cycle de Krebs ne s’attendait pas à ça. Quand il a réagi, il était trop tard, j’étais loin et décidée à ne plus me laisser endormir par un quelconque régime carotte râpée ou centrale d’épuration.
Une fois hors de portée d’un persécuteur potentiel, je m’assis sur un banc pour réfléchir.
Ça pouvait m’arriver.
En fait, je me demandais bien qui pouvaient bien être mes tortionnaires.
Alors j’épluchai ma mémoire, aucun détail ne devait rester sous silence.
Premier détail : Achille avait dit à Samuel qui avait dit à Fatima que le père du bâtard baptisé bientôt à l’église n’était toujours pas identifié.
Mais ça n’m’avançait à rien de plus !
Deuxième détail : Monsieur et madame Richard lui tricotaient une layette, parce-que vous comprenez, ce pauvre petit, avec une mère seule à l’élever, il fallait bien lui venir en aide. La laine était couleur vert caca d’oie mouchetée rose chamallow, une tendance de la mode cet hiver. L’ensemble serait du plus bel effet.
Ce qui écarta toute suspicion de ma part, c’est qu’ils étaient trop ritualisés pour être malhonnêtes.
Troisième indice : La comtesse détestait uriner dans les toilettes publiques.
Ç’aurait été cruel de sa part de mettre quelqu’un en position d’hygiène défectueuse tueuse. Mais à ne pas écarter tout de même.
Et enfin, le quatrième détail était de taille à remporter le plus franc succès de toute ma réflexion. Les pompiers étaient intervenus ce matin au café Jean Valjan, pendant qu’une troupe d’américains se remplissaient l’estomac en bâfrant autour d’une table en terrasse.
Les américains, oui, c’est ça ! C’est bien encore un truc à eux de faire des farces en abandonnant lâchement une native d’ici dans une cellule au nucléole éteint, tout ça parce-que l’indigène locale que je suis regardait de trop près le képi du plus jeune à l’uniforme bien ajusté.
M…e alors !
Si on peut même plus s’en mettre plein les yeux maintenant !
En tout cas, pour les retrouver, ça n’allait pas être coton.
Mais pourquoi des inspecteurs s’en étaient-ils mêlés ?
Si tu veux, j’enquête ?
Oui, il me semble que l’énigme dépasse toute imagination, je veux bien. Mon récepteur adrénergique béta refuse de se mettre au travail.
Mille mercis.
[…] L’ aventure chimiquement neuromitochondriaque d’une pauvre intoxiquée à la carotte, relatée par jobougon […]
Quand récepteur adrénergique béta refuser de se mettre au travail, récepteur adrénergique béta fâché.
Quel gros béta de se fâcher ainsi ! Tout ça pour aller se faire une bonne catalyse en institut et faire redémarrer tout ça ! Je te jure, des fois, ce qu’il faut pas faire pour avancer… 🙂
Trop drôle, inventif, créatif, magistral en un mot comme en cent, qui me laisse pantoise, sur le cul, encore un coup des Américains ! Bravo aussi d’avoir rassemblé sous ton aile musclée les références microbiennes et contagieuses à ce décidément incontournable agenda ironique.
Z’en suis toute rose de plaisir de te lire Anne. Je vais leur envoyer un régiment de leucocytes, ça va leur faire tout drôle aux américains, nan méééhhh !
Du moment que tu n’as pas rencontré de staphylocoque doré, c’est le principal! Sinon ça t’aurait fait ch.er!
Ou un bacille de Hansen vu l’état des murs… je préfère me taire au sujet des symptômes…
J’en reste verte ! quelle épique équipée ! je m’en vais prendre un peu l’air et je reviens !
C’est que la vie de cellule est pleine de risques !
Bon oxygène Mo ! 😉
quel bol !
L’enquête progresse bien à ce que je vois ..j’ai noté un certain nombre de carottes qui ont certainement fait le coup (7 d’un coup d’ailleurs … ) … Comment ça pour les carottes elle sont râpées … ?et elles étaient plus de 7 ! Combien ? Les carottes sont qu’huit ? Ok … )
Qu’huit et panées, poêlées, dérâpées et certifiées inconformes aux normes de la vaillance chez les petits tailleurs de tubercules. Evidemment, tous ces indices, ça oriente bien sur une piste, j’ai envie de dire, Grimm… 🙂
Encore un coup des Grimms …..
Si ce n’est lui c’est donc son frère
…