Qui ne fait suite à rien.
Qui n’a ni queue ni tête.
Mais on s’en fout !
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On explore ?
Aller ! On explore ! Tous les styles, tous les genres !
Des fois, mon éditeur m’engueule parce-que je ne respecte aucune chronologie. Moi, comme dirait l’autre, je lui crisse à la craie ! Nan méh !
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Pour la lire, faites comme lui, installez-vous confortablement à votre table, branchez la machine à coudre, enfilez le fil de la bobine du haut suivant le schéma d’emploi, puis ensuite à travers le chas de l’aiguille. Ensuite, celui de la canette du bas. Faites tourner la manette une fois dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, placez le tissu sur les griffes, actionnez le pied de biche pour le positionner en position basse. Vous êtes droitier, c’est le pied droit qui écrase la pédale, pas trop fort, pas trop vite, juste ce qu’il faut pour entraîner le tissu.
Piquez.
C’est que saint Dada avait décousu la poche de son jean troué. Et le plus curieux de l’histoire, c’est que ce faisant, je veux dire, actionnant la pédale, il recevait des images mentales prophétiques, certaines dissonantes, d’autres pas. Celle de l’écuyère le marquait beaucoup.
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L’écuyère
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Elle dort sur le côté,
Un voile de brume recouvre délicatement sa silhouette.
Elle vient de chuter.
Sa monture emballée galope sur l’horizon.
Elle gît, là, petite chose encore en vie il y a à peine deux secondes.
Deux secondes comme une fourchette à dents.
Deux secondes comme deux dents de la vie.
Deux secondes comme une morsure d’abîme.
La mort.
Elle dort sur le côté, un voile de bruine se dépose sur son dos.
Délicatement, tendrement, une dent de la mort entre dans la morsure.
Sous la peau, le sang se nacre des humeurs. Tumeur.
Et les mouches affolées commencent leur ballet.
C’est un corps d’écuyère au fond d’une forêt.
Son cheval emballé l’a désarmée d’un trait.
Et c’est décomposée qu’elle gît sur le côté.
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Celle de la moutarde lui piquait les yeux. Cette graine un peu spéciale aimait la divergence, secouer les tapis, semer la flamboyance. Divaguer pour piquer, piquer la poche franche, jusqu’à la faire pleurer. Eternuementation histamine et poivrance, ce n’était histamine que pour la poche de danse. Vous me direz le style est glabre, la moutarde un trésor ?
Mais oui, car bien piquer n’est que l’art qu’il adore.
Toutes les mouches se piquaient de la graine de moutarde.
Comme un très grand grisou éclate en grand vacarme.
Pourtant écoutez bien, car la machine à coudre,
Ronronne également sous le pied et la poudre,
Une engeance pareille, vengeance, bzz fit l’abeille,
Etrangement pareille au doux bruit du moteur,
Ce grand capharnaüm qui prenait la moiteur,
De la poche du jean comme d’un sac enchanteur,
Ne vous y trompez pas, le jean était Denim,
La couture de côté parcourue de son fil,
Tranchant couleur orange sur la tranche du jean,
De son bleu délavé aux pupilles en étrille.
Il y’avait quelques franges, c’est l’usure et ça brille,
Et saint Dada lisait l’évangile de son fil ,
Qui conduisait bien droit la vieille machine à coudre.
A repriser tranquille de son vieux grain à foudre,
Vous aimez le café ? Serré ou allongé ?
Vous lisez dans le Marc, lui dans la basilique.
Au langage dissocié, au café liturgique.
N’allez pas le forcer, trop corsé il arrache,
Laissez l’arôme entier, en bouche et en Apache,
(Ou en panache…)
Libérez la saveur de la machine à moudre,
Puis allez vous coucher, un peu en coup de poudre,
Exhalez d’une aiguille dans une motte de foin,
Alors la prophétie vous attendra de loin.
Sémaphore silencieux comme films au cinéma,
Répare à la machine le vieux jean décousu,
Et ronronne tranquille au coin de l’âtre bue,
Les soirs de pacotille ou saint Dada Zébu,
Outre son air en l’air et son regard aigu,
Fait son plus beau banquet où Platon associé,
Discoure étrangement sur le méconte de faits.
Bref ! La moutarde me monte au nez ! S’exclama saint Dada.
Ainsi l’écrivit scrupuleusement l’écuyère décomposée.
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Et puis le trafalgar moire de mémoire
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Coup de trafalgar chez la mouche,
Une mouche paresse dangereusement,
Dans le fromage de maître,
Madame s’assit vigoureusement,
Sur le fauteuil du traître,
Une traîtrise à mal escient,
Si bien que dangereusement,
Elle aida la mouche à renaître,
Du côté du mal, heureusement,
La vache put donc y paître,
De lard le plus benoîtement,
Et de façon la plus champêtre.
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Un p’tit dernier pour la route ?
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Tournebouli, tourneboulla,
Le loup y est aux grands abois,
Tourneboulis, tourneboullas,
Il me rendait folle de joie.
Escartefigues sans tralalas,
Il rebroussa chemin de roi,
Sans trililis, sans tralalas,
Le roi enfourcha la grand foi,
C’est qu’il est croyant au-delà,
Et que ma foi, il est mon roi !
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Ce jour là, j’ai rendu copie vierge, me fit tirer les oreilles, ai crié.
Depuis, j’ai perdu d’un zéro pointé.
D’une grosse larme écoulée.
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Mais on s’en fout, ça, on s’en fout !
La prophétie de Saint Dada
8 septembre 2015 par jobougon
joli ! très je reviendrais en dire plus après café bu 🙂
J’ai failli ne pas attendre… 😀
Misère, quelle énergie, de cette machine à coudre vernie, par le roi de l’inspir en elle, on sent comme un soupir, d’une logorrhée sans cesse renouvelée, à l’instar d’un ciel étoilé, dont on ne voit jamais la frontière ni l’arrêt (prononcer la raie pour la rime, svp.). Je dis donc bravo pour faire un l’écho d’une admiration béate quoi qu’un peu maladroite.
C’est qu’à jouer l’hypoppotamus, il en devient maniac.
Non pas que la poussière soit mon truc, mais bon…
Je vais faire un peu de ménage-ri.
j’suis impressionné par le flot, la richesse, la justesse et la joliesse des images et des sons qui se bousculent.
tournebouli, tourneboulla, encore !
Sûrement un coup de sirocco sableux comme le vent des steppes.
Merci carnet de ne pas trop bousculer, je n’ai plus les mots. Alors merci.
plus les mots ? avec tous ceux qui précèdent et ceux qui vont suivre ? c’est momentanée et passager !
Oh beh oui va ! 😀
Mais dis-moi, c’est une machine à coudre hallucinogène? C’est ce que je me demande en parcourant les images suscitées par la couture d’une poche de jean…
Hallucinant, non ? Particulière devrais-je dire.
Tourneboullé je suis, et pas bouli ou boulla…
Où là là…C’est bien bon tout ça…
Hervé, Herva…
Tralala….
Un raccommodage sans prétention. Merci manhé manha.
Tu es loin d’avoir rendu coupe vierge … Me voici toute tourneboulée 🙂 … Sans trililis, sans tralalas…..
Peut-être coupe pleine alors.
Bises
Pfft j’écris copie et mon téléphone marque coupe 😦
Lol, joli hasard… Ou pas !