J’ai connu un résistant du travail qui un beau jour eu l’idée lumineuse de se jouer du système productif en allant chasser le lion des savanes. Voici un témoignage de son mouvement.
Si cela pouvait en inspirer d’autres, ce serait merveilleux, le monde reprendrait sa couleur originelle. Merci de venir lire ce courrier qu’il adressa à sa propre personne.
Et venez vous joindre à la résistance si le cœur vous en dit.
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Monsieur le directeur de ma conscience professionnelle.
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Je vous écris du fin fond de la brousse afin de ne plus être victime de surmenage. C’est que voyez-vous, passer du burn-out d’août au out de septembre demande quelques précautions d’usage. Ma santé décline, et obtenir un rendez-vous en brousse est plus compliqué qu’il n’y paraît. Il a fallu louvoyer longtemps pour ce faire, et le dispensaire a fini par le fixer mardi prochain, date à laquelle, quelle mouche me pique, je serai en vue d’être fixé sur l’origine de ma neurasthénie. Le résultat de la démarche ci jointe ne devrait pas se faire attendre. Toute conviction autorisée, je reste confiante sur la pandémie Tsé-Tsé qui s’est abattue sur tout le pays. Quelques chercheurs mènent des travaux sur un vaccin, mais pour l’instant, seul le repos semble être efficace. Vous comprendrez aussi que mon arrêt de travail se prolonge au regard de mes états de service, et vous prie de bien vouloir agréer, monsieur, l’expression de toute ma grande considération. Si le médecin du travail souhaite de plus amples désinformations, il lui suffira de prendre contact avec le généraliste référent du dispensaire.
Je précise enfin que le brun-out, c’est tabou, on en viendra tous à bout. Je reprendrai donc mes fonctions au sein de votre rétablissement lorsque le médecin conseil de la sécurité sociale me donnera le feu vert. J’éviterai cependant de passer à l’orange sanguine, et continuerai à chasser le lion en pleine brousse jusqu’à ce que mort s’ensuive, ou pas. Il me semble que les braconniers ont assez fait de dégâts comme ça. Ce sera donc ou pas. Ebola sévit sur le singe des savanes, monsieur, bien heureusement, vous me proposez un poste futur en pleine forêt d’Amazonie, c’est du luxe. Les bûcherons y sont de deuxième génération, et la hache n’a qu’à bien se tenir.
Je tiens à vous remercier de votre patience à mon égard.
Votre dévoué Jason.
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Voilà, j’ai admiré son style, je voulais partager ça avec vous, et je sens comme un message d’espoir dans ce courrier officieusement officiel. Pourvu qu’il fasse des émules…
L’industrie détruit la terre
4 septembre 2015 par jobougon
J’ai dis une fois: « C’est dangereux le travail ! c’est tellement vrai qu’on met des panneaux le long des routes pour nous en prévenir…et on les laisse trés longtemps »…
Il suffirait donc de ne pas tomber dans le panneau pour se tenir à l’abris du risque ?
Elémentaire, Watson…Elémentaire.
Je ne dois pas être sortie de la maternelle alors ! 😀
Travail : ce mot vient de « tripalium », instrument de torture, comme chacun sait.
Oui, c’est vrai, j’avais oublié. 😀
C’est vraiment de la torture, dirait le smilblick !
Heureusement que certaines professions dépassent le stade de la torture.
Etant une spécialiste (sans me vanter) du burn-out, je peux t’assurer que l’écriture aide bien à s’en sortir et le rire…aussi ! quoiqu’au début on n’en ait pas très envie.
Bises
Je fais du burn-out en dents de scies et je m’étonne de grincer des dents…
En tout cas, l’écriture, ça aide beaucoup, je le reconnais.
Bises
Certains jouent de la scie musicale…c’est un peu grinçant parfois, mais c’est joli !
Un peu comme les vieilles chaises musicales branlantes de l’église saint-Sernin..
Tu me fais rire de bon matin 🙂
« passer du burn-out d’août au out de septembre demande quelques précautions d’usage » 🙂
Certains passages sont laborieux, anticipation, maître mot, mais qui parfois s’échappe quand ça devient trop difficile.
Ravie de t’avoir fait rire. Ma nuit réparatrice m’a rendu le sourire. 😀
Jason veut dire « le guérisseur » , te voilà sur la bonne voie avec ce compagnon voyageur, les mots nous emmènent ailleurs, et prendre ainsi de la distance fait du bien, au risque de faire disparaitre les lions de la savane.
Tu m’apprends quelque chose, je ne savais pas pour « guérisseur », je le connaissais pour la toison d’or.
Merci Domi