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Mais quelle bande de malotrus !
Et puis il a un nom, l’autre, m’enfin !
Le gueuleton battait son plein lorsque retentit la sonnerie d’un téléphone. Tout le monde sursauta en se demandant ce que c’était que ce bruit strident, personne ne connaissait encore l’existence de cet appareil vu qu’il n’avait pas encore été inventé. Bastet sortit son portable de la poche de son jean, et décrocha. C’est qu’elle était moderne, la bougresse. A force de se balader dans les coulisses du temps, elle avait repiqué, de ci, de là, les bon côtés de chaque époque. La technologie, c’est quand même bien se disait-elle souvent. Imaginez un peu l’époque des lavandières… Vous vous voyez, vous, à genoux au lavoir en train de battre les draps de tout un hiver, bravant la salissure et la grisaille à la brosse et à la cendre ? La machine à laver, tout d’même, quand on y pense… Machine à larver, ce s’rait plus rigolo. Genre, pendant que bosse la technologie, jouer sa flemmasse de base ne discréditerait personne… !!! D’ailleurs, amusez-vous à cette petite expérience très simple. Plantez-vous devant une personne qui travaille, observez ses efforts à l’ouvrage. Profitez-en pour discuter de riens qui vont bien. Ne ressentez-vous pas un énorme bienfait, une sensation de repos manifeste ? J’ai toujours pensé que de regarder les autres travailler, ça produisait un effet nettement reposant. C’est un travail que je vais donc devoir apprendre à faire. Car c’est un art, de regarder les autres travailler ! Ne croyez pas que c’est donné à tout le monde !
Bref, c’était son Jules de mari qui cherchait à la joindre. Sa voix, d’un rare intonation caressante, ne manquait pas de faire chavirer Bastet à chaque fois, provoquant des boums boums résonnant dans toute sa cage thoracique. Atoum*, grand démiurge parmi les démiurges, était particulièrement vénéré pour sa capacité à donner la vie en crachant. Procédé original n’ayant pas encore donné lieu à un dépôt de brevet, mais dont l’efficacité n’était plus à prouver. Atoum était inquiet. De son temple, il avait vu passer une droite à la verticale vertigineuse, il pensait que trop de verticalité tue la verticalité et voulait en avertir son épouse. Celle-ci comprit tout de suite la gravité de la situation et prit donc immédiatement la situation en main. Il fallait fractionner, redistribuer, tempérer. Les techniciens de niveaux allaient devoir se mettre au travail. Aïe ! Dans travail, il y a « tra », « vé », et « ail ». On connaissait déjà le roi Louis croix vé bâton,
mais le « ail », il faudrait trouver une recomposition pour le tourner du bon côté. « Tra » à la limite on pouvait en faire quelque chose, suffit d’ajouter la et l’air, « vé », en Provence, ça passait bien aussi, mais aïe, tout de même. Bon, quand c’est urgent, et qui plus est important, certains sacrifices sont parfois nécessaires, alors les techniciens allaient devoir s’y mettre un tout p’tit peu tout d’même, et sans chômer, encore. Donc ils reprirent chacun leur agenda et se fixèrent des temps dédiés à la redistribution de cette verticalité vertigineuse. Tout d’abord, on construisit un périmètre de sécurité autour du temps vertical, afin d’éviter tout risque d’accident. Avant de toucher à quoi que ce soit, il valait mieux s’assurer de ne pas compliquer encore la situation. C’était sans compter sur saint Dada, prophète, dont le style n’était plus à prouver. Celui-là collait des bouts de phrases récupérées les unes aux autres et s’étonnait d’y trouver encore matière à poésie. Citons son texte le plus célèbre :
«A sept heure du matin, le lendemain était de nouveau assis sur sa pierre devant sa caverne car en cet endroit, il se pressait en avant dans l’air clarifié. Et si vous fêtez de nouveau cette fête de l’âne, rafraîchissez dehors votre chaude impétuosité d’enfants, la morale est affaire de gens qui ne peuvent se libérer d’elle. »
Distrait comme peut l’être un dadaïste assermenté quatrième génération, Dada galopait dans la semaine en question lorsqu’il buta sur une souche transverse. Bing, une fois chût, il perdit connaissance un dix milliardième de seconde, se réveilla traversé par des notes musicales d’une finesse extraordinaire, comme transporté dans un monde parallèle. Un morceau de Vivaldi*, se dit-il. Enchanteur Antonio, car voici que la musique l’hymnotise, le dirige jusqu’aux barrières de sécurité qu’il enjambe pour s’engouffrer dans le temps lévistationnaire dressé au milieu. La force était si puissante qu’elle le projeta en altitude séculière* et le fit sortir par le haut. L’imprévue complication qui ne devait pas arriver était advenue. Ce qui allait rendre complexe toute redistribution quantifiable avant de retrouver saint Dada perdu t’on n’sait t’où.
Comme quoi, au final, à tout vouloir sécuriser, ne provoque t-on pas finalement le contraire ? Les aventuriers du temps perdu d’avance se posaient âprement la question.
Si des fois vous aviez une paire de réponses à ça, n’hésitez surtout pas à leur en faire part. Ils vous en remercieront futurement le plus simplement du monde. Tout démarchage à l’assurance interdit, pas de publicités, merci.
*Atoum : https://fr.wikipedia.org/wiki/Atoum
*Vivaldi Maître des émotions.
https://www.youtube.com/watch?v=GBOaXhohJ3U
*Séculier : Mot devenu célèbre grâce à cette réplique célèbre…
https://www.youtube.com/watch?v=pdk0ELhnFdQ
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Tu sais qu’il faut se méfier du travail? si j’ai bien compris, il vient du latin tripalium qui désignait un instrument de torture!
Et le travail de l’accouchement…
Doit-on s’en méfier aussi ?
Je ne pensais pas à ce travail là ni à ce qu’on appelle « le travail de deuil », d’ailleurs. Je suis à cours d’expressions, là..
N’y a-t-il pas un isthme nommé ainsi en l’honneur de saint Dada ? Bon je disparais au galop, lire, enfin, déguster les plaisirs des textes de l’agenda ironique d’Aout que je n’avais eu le temps que de survoler !
🙂 😀 J’ai mis du temps à comprendre…
Je reconnais qu’avant le café du matin, c’est peut-être un peu…
Je vais prendre le mien et je reviens !
Il faut quand même dire que je suis allée jusqu’à chercher sur internet « isthme Dada » ! Trop bon !
Bon café monesille, le câlin m’a fait le plus grand bien. 😀
Des fois, je me regarde travailler. Dans ces moments-là, j’ai tendance à me reposer sur moi. Si je me privais de travail, par conséquence collatérale, je ne pourrais plus me reposer sur moi. Je devrais donc trouver un palliatif et un/une travailleur-euse pour me reposer sur elle afin de ne point me fatiguer à ne pas me reposer sur quoi que ce soit.
A cette heure, je me repose en regardant le docteur achever la lobotomie et je suis encore capable de trouver cela agréable !
Ah oui, c’est pas mal comme solution ça. Se reposer sur soi. La pratique des fondamentaux a du bon.
Félicitation pour ton sens pratique chirurgical. Non vraiment…
La lobotomie, frontale ou bien collatérale ?
La première étant directement en relation avec l’étonnant Tolstoï dans guerre ou guerre, la seconde étant légèrement déviée, ce qui donne plus de lenteur dans le réseau, mais plus d’amplitude et d’équilibre en ce qui concerne l’effet recherché.
C’est Jekyll qui opère ?
Atlas répond, le monde choit !
Pas étonnant que Cronos soit aussi chuté en avalant un caillou… 🙂
[…] leur surprise, les clans reprirent le projet « lissage* » du temps vertical. CF épisode ici : https://jobougon.wordpress.com/2015/08/01/les-aventuriers-du-temps-perdu-davance-5/ Il fallait redistribuer le temps vertical, le danger n’était plus à prouver, Dada en avait […]
[…] 10 Les aventuriers du temps perdu d’avance* (5) https://jobougon.wordpress.com/2015/08/01/les-aventuriers-du-temps-perdu-davance-5/ Episode 11 Les aventuriers du temps perdu […]