Les Shadoks pagayaient sur leur rafiot, ils pagayaient…
Oh non, ce n’était pas le rafiot de la méduse, celui-là !
Z’étaient des pies féroces qui jouaient de la harpe, z’étaient mille pattes trempées à l’encre de plage, un oiseau bizarre juillet-aoûtien qui zizanimait des tas d’objets d’un coup, d’un seul, une jument verte chaussée de petites sandales rouges piquées à son gamin épi qui cogitait du placard, une agengdocienne un peu monesillée par l’inhabitude qui tentait aussi le bouillon de placard, une révolutionnaire qui adhérait au 33 de la rue Jacou la croquette décidée à monter sa propre barricade, épimoi qui m’ébouillantait au café fichu bouillu à cause d’un trac pas possible.
C’était comme ça mais fallait pondre un truc avant le feu d’artifice du 14 suivant.
Mais j’étais à la rame quand même, celle de papier, pied de nez, nez à l’écran, cran en chute, chut j’écris…
Oh pétard, qu’est-ce que j’ai fichu de cette natte de plage ?
– Mamaaaaaaaaan ?
– Quoi ma chérie ?
– Où est la bretelle qui va avec le haut qui va avec le bas de mon maillot qui me va si bien ???
Voilà ! Tous les ans c’est pareil ! Il faut retourner la maison de fond en comble juste avant de partir à la plage…
– Elle est marseillaise, non ?
– Quoi ? Qu’est-ce que t’as dit ?
– J’ai rien dit maman !
– Ne me prends pas pour une bille, j’ai bien entendu ce que tu as dit !
– Mais je t’assure… Pis si t’as entendu pourquoi tu me fais répéter d’abord !
– Tais-toi le parasol, tu vas semer la zizanie ! Tu veux qu’on reste enfermés ou quoi ?
Là, ma fille et moi, on se retourne. Elle me regarde, je la regarde, elle dit rien, je m’écrie.
– J’halluciiiiine !!! On entend des voix ! Viiiiiiite, un psy
– Oh arrête, décroche un peu !
Elle déteste ma nette tendance à m’emparer de tout pour en faire profession de foi. Bref, les vacances commençaient torridement. La canicularité de la situation était à son comble. Et on n’avait pas fini de tout rassembler.
– Aller aller, on se bouge là ! Nous ça fait des mois qu’on n’a pas vu le soleil, alors hein !
Voilà donc comment la prise d’otages à commencé.
L’anse du sac s’est entouré autour de mes chevilles, le parasol s’est rué dans le couloir, s’étalant de tout son long. Il fallait jouer la carte de l’apaisement, ma fille avait vidé l’armoire de fond en comble et s’écriait victorieusement.
– Il était dans la pochette du sac !
Le paréo s’entortillait.
– Fais gaffe, la dernière fois que tu m’as porté, on a failli avoir un accident de voiture !
– Je ne vais pas mettre une armure non plus ?
Arrêt sur image :
« Moi en armure en train de me baigner »
Et puis aussi flash back sur l’anecdote du paréo :
« Une guêpe folle comme un bourdon qui se propulse par la fenêtre côté conducteur, vient échouer sur ma cuisse gauche, me pique à travers le paréo, je lâche le volant sous l’effet de la douleur, ma fille récupère la direction, redresse le volant, je ralenti, freine, m’arrête. Ouf ! On a failli percuter la voiture d’en face.
Bon, en attendant, nous venons de découvrir que le parasol parle, le paréo aussi.
Ma fille, plus scientifique que moi se tourne vers eux et leur demande confirmation.
– Oui, on parle. Et alors ? Vous, les humains, vous vous croyez toujours les seuls êtres intelligents sur Terre ! Ya aussi les elfes, les ogres, les tiques et puces de biocanina, et j’en passe.
Et le parasol de surenchérir :
– Bon, on y va ou quoi ? J’ai envie de mettre mes baleines en éventail moi !
J’ai démêlé les anses du sac, rassemblé tout ce dont on allait avoir besoin.
On est parties à la plage.
C’est comme ça qu’on a su toute l’histoire.
Il était une fois, un dressing où s’entassaient mille choses diverses et variées que l’on entasse sans ordre réel quand on ne sait pas où les ranger.
Seaux, serpillières, valises, boites à outils, bonnets de nuit chemises en pilou et boules quiès. Etc. Etc.
Les jours se succédaient dans le dressing, quasiment identiques les uns aux autres, hormis quelques trucs en plus ou en moins de temps en temps.
Les lunettes de plongées s’ennuyaient ferme.
Un jour un peu pas comme les autres, elle tente un œil hors de son étui. Puis s’aventure jusqu’à la glissière du sac. Là, elle voit tout le bazar. Elle s’exclame :
– Eh bein ! C’est la caverne d’Ali Baba ici !
Grande surprise. Quelqu’un lui répond :
– Ça ! Je ne te le fais pas dire !
– Mais qui parle, ici ?
– Moi. Le parasol. Dit le parasol.
– Moi c’est les lunettes de plongée, dit les lunettes de plongée.
Grand dilemme d’accord de principe. Doit-on dire : « Moi, nous sommes les lunettes de plongée disent les lunettes de plongées. »? Ou bien comme cité plus haut ?
– Comment tu sais parler toi ?
– L’ennui. Il faut bien occuper le temps ! Et toi ?
– Moi ? Idem !
– Ok !
– Tu crois qu’on est les seuls ?
– Non, on est des tas, mais tout le monde doit encore dormir.
– Dommage.
– Je connais un truc pour les réveiller.
– Vas-y.
– Plage !
Fusant de tous côtés
– Quoi, quoi, quoi ! C’est où ? On y va maintenant ?
– Looool, du calme les gens, du calme ! Les lunettes viennent juste d’ouvrir les oreilles, on va y aller mollo hein ? Il fallait bien lui dire qu’elle n’avait pas encore entendu tout le monde !
– Tu lui as parlé de tout ?
– Non non, seulement de vous.
La lunette de plage droite
– Il y a quoi d’autre ?
– Les autres, il y a les autres. Prends ton temps, lunette, cool.
– On est dans une récescéssion. Comme elle nous sort pas souvent, on a un plan.
Elle, c’est celle qui cause, celle qui tape sur le clavier, la mauvaise tête qui grogne un peu quand elle les a en travers, elle dit qu’elle bougonne, mais c’est pour faire bien. Elle gronde, elle roumègue, elle ranconne aussi parfois. Genre procrastineuse, elle s’en sort.
Epi des fois, va savoir, c’est une pâte, genre pas chiante pour un sou. Si si, tu peux nous croire.
– Vous êtes combien en tout vous ?
– Ben on est plusieurs tout d’même non ? Non, dans le dressing, pas… Oh, tu le fais exprès lunette !
– Bon, celle-là, on veut qu’elle nous emmène à la plage.
Alors dès qu’on peut, on te la chope, on te la balade, à gauche, à droite, et on te la secoue un peu. C’est facile, elle ne sait pas qu’on parle. Effet de surprise garanti.
Ça va te la tire-bouchonner, d’un coup sec, comme ça. Et plop ! Le bouchon, il saute et on n’en parle plus. Comme ça…
Elle a l’air de la manière
Les shadoks pagayaient sur leur rafiot, ils pagayaient…
Oh non, ce n’était pas le rafiot de la méduse, celui-là !
Z’étaient des pies féroces qui jouaient de la harpe, z’étaient mille pattes trempées à l’encre de plage, un oiseau bizarre juillet-aoûtien qui zizanimait des tas d’objets d’un coup, d’un seul, une jument verte chaussée de petites sandales rouges piquées à son gamin épi qui cogitait du placard, une agengdocienne un peu monesillée par l’inhabitude qui tentait aussi le bouillon de placard, une révolutionnaire qui adhérait au 33 de la rue Jacou la croquette décidée à monter sa propre barricade, épimoi qui m’ébouillantait au café fichu bouillu à cause d’un trac pas possible.
C’était comme ça mais fallait pondre un truc avant le feu d’artifice du 14 suivant.
Mais j’étais à la rame quand même, celle de papier, pied de nez, nez à l’écran, cran en chute, chut j’écris…
Quand je dis qu’elle commence à radoter… !!!
Et les shadoks barbotaient, ils barbotaient…
Et le parasol somnolait, il somnolait.
La bretelle de maillot bretellait, la bouée bouait, le râteau ratait, la pelle pelait, les palmes ondulaient, la crème faisait écran et les shadoks pompaient, ils pompaient soigneusement, pompeusement, en boucle, l’histoire des joyeux drilles de plage.
Ben euh quoi ? Fallait bien pondre quelque chose !
Pis on n’a pas toujours la même forme.
Cette fois, ce sera en forme de shadok épissétou.
Fusion, profusion, perfusion d’insolite insondable !!! J’adoooore !!!
Le cathéter baroque et toute sa troupe de solutés saugrenus me demandent de te dire merci, alors merciiiiis !
[…] Elle a l’air de la manière de Jobougonne et son placard bavard […]
Toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé ne serait que pure coïncidence fortuite… 🙂
‘lors là j’en reste coi !
quoi ?
coi !
Difficile de dire mieux que toi, paske coi c’est bref, précis, concis, olympien et un je ne sais quoi décoiffoisonnant… 😉
En fait, coi, c’était un peu faignant ; parce que c’est aussi enlevé, surprenant, drôle, malin, étonnatoire, joyeutesque, jubilationnique, jenpassehédémeyeur…
bref, très jobougonnesque en somme.
Youps ! J’en ai le rose qui me monte aux joues…
Joliesquement touchant Monsieur Feignant.
Faut s’accrocher , quel rythme et quel humour! Samaplu.
Merci Domi, le samaplu est en langue placard aussi et il me tarde de lire ce que tu vas nous bricoler avec ton micano de plage.
Je suis super contente de savoir que ton placard se jette aussi dans l’aventure.
Merci pour l’esplication. C’est pareil quand je passe par mon garage qui serratou sauf à garer les voitures. Jusquà présent je croyais entendre des voix, comme Bernadette; je suis rassurée; c’est juste les choses inutiles entassées là, sapeuservir un jour. Je comprends mieux maintenant. Merci, je suis rassurée. 😉
Et ton garage, comment il vit cette situation ? En tant que serratou, où s’entassent des sapeuservir1jour, lol, il doit avoir une patience hors du commun. Ils sont finalement adorables avec nous tous ces objets. Je reconnais que ce sont une sacrée bande de bavards aussi. 😉
On se sent moins seul de savoir qu’on est plusieurs à les entendre…
Et la barricade rebellitionnaire, t’en es où ?
Ben, mon garage pense que la déchetterie serait un bon endroit pour tous ces embarras; mais il n’ose pas le dire trop fort, de peur de semer le désordre, enfin que toutes ces choses mal rangées le dérangent et l’envahissent un peu plus; il tente de les ignorer…
Et je ne suis pas sûre qu’une TCC puisse l’aider…
Embarrassante question en effet. 🙂
Bon, il va falloir que je relise : ils parlent tous en même temps, ces objets… Je respire un bon coup et je reviens demain! 😉
C’est vrai ! Je leur ai pourtant dit un seul à la fois avant de démarrer la pièce, pfff, ils sont têtus ces objets de plage, tu dois en savoir quelque chose toi aussi, non ?
M’en parle pas!
A la plage, on se trimballe dans un grand sac : les parasols (un chacun), deux rabannes, et des pare-vent à planter dans le sable, vu qu’on est en Bretagne et donc aux premières loges pour le vent d’Ouest. Plus un sac avec les crèmes solaires, deux serviettes de plage, deux livres, une thermos d’eau avec des glaçons et un élastique pour tuer les taons (j’expliquerai ça un jour).
Effectivement, on imagine difficilement tout le boucan qu’ils peuvent faire!
Oh mais dis donc, toute hinabituée que suis-je, je peux donner un conseil : il ne faut pas que ce petit monde dépasse du sac de plage ! unpointcétia, ( féminin romain d’un pointcétou !) ils s’arrangent comme ils veulent, ils roumèguent si bon leur semble, mais ils se casent au carré dans le sac de plage, autrement quoi ! Comment veux-tu pomper l’encre de l’autre main !
(comment ca devient plus complexe d’écrire un commentaire que de pondre un article !-))
Fô que je m’entraîne alors ! Sac au carré, c’est pas gagné !
Surtout quand les Shadoks s’emmêlent…
🙂
Les shadoks ne connaissent pas le Rubik’s cube ?
J’ai envie de dire que si, ils ont une logique à toute épreuve… 😀
Mais côté rangement, ordre et rigueur, là, je reste dubitative.
Il faudrait que je leur pose la question. 🙂
Hé bé, on a tous notre petit côté shadock, n’est-il pas ?
Il est, je suis d’accord. 😀
Muhaha ….
J’ai ri comme une baleine
(Me suis totalement identifiée au parasol :-))
« Et le parasol de surenchérir :
– Bon, on y va ou quoi ? J’ai envie de mettre mes baleines en éventail moi ! »
J’avoue que moi aussi, j’ai ris comme la baleine en éventail sur ce détail drolissime !
Grandes rebelles, va !!! 😀
[…] « Elle a l’air de la manière » par jobougon […]