Ici l’exercice consiste à écrire des phrases contenant des mots commencant tous par la même lettre, (on appelle ça un tautogramme), puis de les réutiliser librement afin de construire un texte contenant tout ou partie de ces phrases.
Les phrases utilisées sont :
Lentement libérées, les lourdes libellules lévitent légèrement, limitant là les libations libertaires licites.
Ma merveilleuse maman me mitonne méthodiquement mon moelleux muesli.
Chapelier cinglé crayonne ce charmant chat chanteur.
Ca clapote certainement car contre celui-ci, ceux-ci comprennent comment charmer ce cruel crotale.
Regardez la rivière ruisselante se recouvrir d’une ravissante robe de rosée.
Le vertige du vigile devant la vérité du verdoyant vestige de Virgile.
Similitude entre seïsmes solitaires soliloques et soyons sauvages selon les styles stéréotypés.
Mon mur mitoyen me mutile méticuleusement mon marteau.
Riez rois rêveurs, reconnaître Raymonde restera risqué.
De fil en aiguille une histoire ça s’habille
Lentement, la similitude entre ce qui se voit et ce qui habite émerge des mots. Exercices, tentatives, la trame qui en ressort sans cesse fait écho à ce qui est en moi. C’est un clapotis qui résonne, et soudain la rivière ruisselante recouverte d’une ravissante robe de rosée m’emporte de ses flots qui ne sont que des mots. Comment emportée par ses bouillons fracassants vais-je réussir à deviner la similitude entre un séisme sauvage et un solitaire soliloque ? Méticuleusement, je pose une à une mes idées sur le papier et presque mutilée de ma pensée, je sens le marteau de mes mots qui bat à mes oreilles. Mon crayon cinglé clapote sur la feuille griffonnée et me voilà baignée dans l’histoire avec pour seul compagnon le petit Robert à mes pieds. C’est ainsi que lentement libérées, les phrases s’élèvent, lévitantes, pour s’ordonner dans le texte. Lourdes libellules ou charmant chat chanteur, tout ici est permis y compris l’impossible, surtout l’impossible devrais-je dire. Si un mur mitoyen se met à mourir, personne ici ne trouvera rien à redire. Riez rois rêveurs, tournez manèges enchanteurs. Moi ma merveilleuse maman me mitonne méthodiquement mon moelleux muesli et le nez encore enfoui, j’entends le bruit de l’eau qui bout, annonçant le café du matin.
Bon jour,
Je viens de finir à l’instant ce petit texte avec cet exercice imposé. Je le ferais paraître demain sur mon blog 🙂 avec un lien vers votre article si vous le permettez. J’aime ce que vous avez composé avec ce « crayon cinglé clapote sur la feuille griffonnée » dont vous avez le secret et dont : « l’émerveillement survient encore ». 🙂
La Raymonde restera à la maison du maître pour son plaisir. C’est risqué, il faut le reconnaître, seuls les rois rêveurs n’osent y croire. Riez ! J’entends mon mur mitoyen vibrer comme un appel intérieur de la brique, il me mutile méticuleusement mon marteau de chaque ouïe. C’est au plus haut point stressant. Et puis cette similitude entre séismes solitaires (masturbation pour les puristes) et vibration des soliloques du matériau adossé à mon lit, me dérange les neurones et certains diront : “soyons sauvages selon les styles stéréotypés”. Je dis : non ! Si je prends l’exemple d’hier, le vertige du vigile devant la vérité de sa propre identité d’enfant abandonné n’avait rien à voir avec le verdoyant vestige de Virgile. Et pourtant, il dit : “Ne rougis pas de ton troupeau” comme ne rugit pas à ton vrai nom, vigile, tu es des nôtres quoi qu’il advienne. Je l’aime bien ce vigile du super marché. Oui, c’est vrai. D’ailleurs, il m’a dit, un jour de pluie : “Regardez la rivière ruisselante se recouvrir d’une ravissante robe de rosée.” J’ai trouvé ça beau, très beau. Je n’ai rien dit, parce que je ne suis pas poète. J’ai souri. Il m’a souri. Je suis parti. J’ai retenu la phrase. Voici que revient mes visions de nuit. Ça clapote dans mon cerveau, très certainement car contre celui-ci, ceux-ci comprennent comment il réagit au manque de sommeil, au manque tout court de la vie normal, moi qui suis le gardien du manoir de monsieur et qui sait charmer ce cruel crotale quand il lui prend des crises de paranoïa contre tout le monde que même le chapelier cinglé crayonne ce charmant chat chanteur dans son vestibule à chaque visite, il lui prend de l’étrangler sur le champ et que moi je le retiens de toutes mes forces et le jette à terre comme un vulgaire sac à patates. Je me retourne une énième fois dans mon lit. J’attends l’aube et ma merveilleuse maman me mitonne méthodiquement mon moelleux muesli au petit déjeuner du matin. Vieille mère, toujours aimante et attentive, ce mot ne va pas sans l’autre. Et puis, d’un demi sommeil à un autre, le réservoir de mes pensées fuit au goutte à goutte, je pleure un peu, je me détourne de mes cauchemars. Raymonde est partie après son office de chair. Il va faire jour, heureusement, je suis encore vie, une journée de plus, je me lève, j’entrouvre mes persiennes, et lentement libérées, les lourdes libellules lévitent légèrement, limitant là les libations libertaires licites. Je souris. J’entends maman. Je t’aime.
Max-Louis
[…] Jobougon : Exercice (si vous avez un peu de temps, je vous invite à effectuer cet exercice pour le plaisir …). […]
Quel souffle !